PAtober - édition octobre 2023

[maanu]

14 octobre - Marche ou rêve

Je marche depuis un long moment maintenant et je ne sais pas trop quoi penser. D’un côté, tout a l’air normal – les pavés se succèdent bien comme il faut sous mes pas, les magasins défilent et les gens aussi – mais de l’autre il faut bien dire qu’il y a des choses qui ne vont pas.
Dans le bassin de la fontaine qui glougloute, sur ma gauche, deux hommes très élégants ont une discussion très animée, de l’eau jusqu’aux chevilles. Ça n’a pas l’air de les déranger, et ceux qui passent devant eux non plus. Peut-être que c’est normal, en fin de compte.
Sur ma droite, une petite fille croque avec voracité dans le ballon de foot qu’elle tient entre ses mains. Elle a l’air de se régaler.
Devant elle, un couple rayonnant de fierté tient, chacun par une patte, un chat qui s’exerce à marcher sur ses membres postérieurs, encore tout pataud.
Au sol, la silhouette sur roues peinte sur la chaussée pour signaler la piste cyclable pédale, très pressée, fait résonner sa sonnette avec humeur et les passants, marmonnant des excuses, s’écartent précipitamment pour la laisser passer.
Oui, décidément il y a quelque chose qui cloche, mais je n’arrive pas tout à fait à mettre le doigt dessus…

[EryBlack]

14 octobre - Marche ou rêve

si tu ne sais pas où aller
couche-toi et laisse venir le sommeil
ce qui surgira derrière tes paupières
te soufflera la direction

[dark revenger]

Marche ou rêve (14/10)

- Je m'appelle Amarok.
Indécis sur la démarche à adopter, Sashmalhek se tut et se leva difficilement. Pris d'un vertige, il s'appuya.
- Doucement. Tu es encore faible. Fais-le avec précaution.
Il l'aida. Sa force était prodigieuse et l'avait mis quasiment debout tout seul.
- Merci, bredouilla-t-il, tout déstabilisé qu'il était.
Une fois ses pensées remis dans l'ordre, il demanda :
- Où sommes-nous exactement ?
- Nous sommes au sud de Yervine, crétin. Tu ne m'as même pas demandé comment j'allais, ingrat !
- Pat'. Ah ouais ! Je t'avais oublié. Il faut dire que t'es tellement discrète, dit-il, sarcastique...
Les yeux de cette dernière s'assombrirent et, si l'éclair avait été réelle, la foudre de Kutridd (le dieu Norskien du tonnerre et de la guerre) se serait abattue sur lui.
- ... Comment vas-tu ?
- Bien ! cracha-t-elle comme si on l'avait écorché vive.
Il lui fit un sourire pour se faire pardonner mais elle détourna son attention vers l'extérieur de la yourte. Il suivit son regard et observa un drôle d'événement.
- C'est quoi ça ?! demanda-t-il, interloqué.
- C'est notre veillée pour honorer les dieux de la nature et les esprits de nos ancêtres.
Il fit quelques pas, se dirigeant en dehors, vers ce spectacle. Il lui expliqua.
- Marche ou rêve. C'est pareil dans le monde des esprits et la veillée permet d'y entrer.
- J'en avais entendu parler mais là, cela dépasse mon entendement.
Dans la nuit profonde, en un grand cercle vide, vers les habitations, des ombres dansaient autour d'un feu qui s'élevait presque jusqu'aux astres. Des gens étaient masqués et gesticulaient, comme en transe.

[Sorryf]

Jour 13 - une musique au loin

[Nascana]

14 octobre

Sur le banc à l’ombre, j’attends. Je rêvasse. Qu’importe si je ne suis pas actif, je me sens bien. J’ai le temps pour regarder les silhouettes se presser sur le trottoir en face. Où vont-ils ? Au travail ou à l’école ? Il s’agite, court, se bouscule.
Je pourrais marcher comme eux. J’ai choisi de rêver.

[Dédé]

Rattrapage

12 octobre :

12. OUVREZ-MOI !
— Monsieur l’Agent, ouvrez-moi !
— Le Bureau de Police est fermé à cette heure-ci, monsieur Patober.
— Mais…
— Mais, rien du tout. Les heures, ce sont les heures.
— Et, si je vous dis que je peux faire avancer votre enquête sur les six pieds que j’ai vus l’autre soir ?
— Ah oui ?
— Oui. Vous m’ouvrez la porte ?
— Non. Nous sommes fermés, monsieur Patober.
— J’ai le nom de celui qui porte un tatouage de kraken à la cheville gauche.
— Ah oui ?
— Oui, monsieur l’Agent.
— Comment s’appelle-t-il ?
— Ouvrez-moi la porte.
— Monsieur « Ouvrez-moi-la-porte » ?
— Non. Ouvrez-moi et je vous réponds.
— Non. Le Bureau de Police est fermé, monsieur Patober.
— J’ai son nom, son adresse, sa profession. Ouvrez-moi et vous l’arrêtez dans l’heure qui suit.
— Non.
— Monsieur l’Agent, vous ne voulez pas résoudre cette affaire ?
— Bien sûr que si.
— Et alors ?
— Alors ? Le Bureau de Police est fermé.
— Interrogez-moi à travers la porte ?
— Je ne sais pas.
— Comment ça ?
— Le Bureau de Police est fermé.
— Oui. Mais, si vous recevez mon témoignage en maintenant la porte fermée, vous pourrez faire avancer l’enquête.
— Ça se tient.
— Le temps presse.
— Alors, monsieur Patober, que savez-vous sur l’homme au tatouage de kraken à la cheville gauche ?

13 octobre :

13. Une musique au loin
— Paëlla ! Paëlla !
— Patober ! Ça a l’air urgent… Que se passe-t-il ?
— L’Agent a arrêté le docteur Canet-Lony.
— Aussi vite ?
— J’ai beaucoup insisté pour qu’il entende mon témoignage.
— Je t’avais dit qu’il était tard. L’Agent, il est comme les autres. Il respecte les horaires à la minute près.
— Une porte fermée nous séparait. Mais, il m’a écouté.
— C’est un bon Agent.
— Oui.
— Le docteur a avoué être l’assassin ?
— Je ne sais pas. Je n’arrive pas à joindre l’Agent depuis tout à l’heure. Dès que j’appelle, je tombe sur son répondeur.
— Son répondeur ?
— Oui. Une espèce de musique au loin. Impossible de laisser un message.
— Il t’a mis en attente.
— Non, non. Je sais à quoi ressemble une musique d’attente.
— Ah ?
— Il ne décroche pas, tout simplement. Il doit être occupé.
— C’est moi ou tu le boudes plus du tout ?
— Après mon témoignage, il s’est habillé en civil et il a ouvert la porte. Nous avons beaucoup discuté.
— Me dis pas que tu l’appelles sur son numéro personnel ?
— Il me l’a donné après la longue discussion.
— Je comprends mieux pour la musique au loin.
— Ah ?
— Sur les téléphones personnels, c’est fréquent. J’ai lu que ça servait à calmer la frustration de celles et ceux qui appellent.
— Ah…
— La musique lointaine mise à part, vous avez blablaté tant que ça, l’Agent et toi ?
— Plutôt, oui.
— Vous avez causé de quoi ? Il est célibataire ?
— Il dit que oui.
— Il te plaît ?
— Je dois dire que sa compagnie m’est agréable. Nous avons abordé plein de sujets.
— Comme sa coiffure d’araignée ?
— Ce n’est qu’une coiffure. Aucune araignée ne s’est nichée sur son crâne, Paëlla. J’ai vérifié.

[Herbe Rouge]

14/10/2023 : Marche ou rêve

- Bon alors, tu marches ou tu rêves ?
Lorsque ma mère me disait ça enfant, je la regardais toujours d’un air étonné, m’interrogeant intérieurement sur le bien-fondé d’une telle demande. Rêver, c’est toujours le meilleur choix non ?
Puis en grandissant, j’ai compris. J’ai compris que dans la vie, si tu ne marches pas, si t’es déglinguée - même rien qu’un peu – faut que tu rêves. Faut que tu rêves pour supporter la réalité. Faut que tu rêves. Dans la vraie vie, si tu boites ou que t’es coite, si t’as pas de bras ou que t’es pas très droite, faut que tu rêves. Parce que si tu ne rêves pas, tu crèves. Dans la vraie vie, ce n’est pas « marche ou rêve », mais bien « marche ou crève ».
Alors pendant longtemps, j’ai tout fait pour avancer, pour marcher. Je refusais de laisser mes rêves l’emporter sur la réalité. Pensant naïvement que me forcer à marcher serait suffisant pour ne pas m’écrouler. Je me suis trompée.
Désormais je sais que ce n’est pas moi le problème. C’est la réalité le problème. Car ce n’est pas normal de survivre alors que tout ce qu’on veut, c’est vivre.
Alors maintenant, enfin, je m’autorise à rêver.
Quitte à en crever.

[Sorryf]

Jour 14: marche ou rêve

Spoiler

c moi

[Solamades]

14 : Marche ou rêve

Méline écoutait son interlocuteur, un bel italien avec un regard un rien blasé, qui lui racontait combien son travail dans la finance était passionnant. De temps en temps, elle hochait la tête pour ne pas paraitre impolie, mais… en vrai, elle décrochait sans cesse.

— Et vous ? demanda-t-il soudain d’un ton charmeur. Qu’est-ce que vous aimez ? 
— Euh… et bien…

Un truc, n’importe quoi…

— Est-ce que… comme moi, vous adorez les bus ? proposa-t-elle.

Elle vit qu’elle l’avait déstabilisé. Un bon point pour elle, d’après les organisateurs de ce speed dating.

— Les autobus, je veux dire. Il y en a des anciens qui ont une odeur particulière d’essence et de poussière, des plus jeunes qui sentent le cuir. Moi, je préfère les anciens. Ceux où les sièges sont défoncés… pourquoi sont-ils plus rebondis alors qu’ils ont plus servis ?

Elle avait dû frapper vraiment fort parce qu’il ne disait plus un mot et la dévisageait avec intensité.

— Quand j’y entre, continua-t-elle, je peux entendre la mécanique du moteur, ça me détend tellement que souvent, je m’endors !

Elle s’enlisait. Et lui ne disait toujours rien…

— Et hum… du coup, j’hésite toujours à prendre le bus pour aller travailler parce que j’ai peur de louper mon arrêt. Mais c’est quand même loin, à pied…

Il sembla se ressaisir, mais trop tard, la sonnerie annonçant la fin du round interrompait leur échange. Il se leva, pinça les lèvres, puis pouffa.

— Donc en gros, tous les matins, c’est marche ou rêve ?

Elle ouvrit la bouche et la referma, médusée, séduite. Et lui qui partait en riant aux éclats. Bon sang, elle venait de trouver l’homme de sa vie.

[Dédé]

14 octobre :

14. Marche ou rêve
— Patober, avec l’Agent, tu as deux possibilités : marche ou rêve.
— Marcher ou rêver ?
— Marcher sur une ligne droite, déserte et infinie ou rêver d’un bonheur à portée de main.
— Décidément, Paëlla, tu veux vraiment que je sorte avec lui ?
— Quand tu en parles, tu as des étoiles dans les yeux et des papillons dans le ventre.
— Tu n’as peut-être pas tort…
— Donc, marche ou rêve ?
— Je ne sais pas.
— Je te conseille de rêver.
— Tu crois ?
— Après Rizotto, tu as le droit au bonheur.
— Je n’en sais rien. Des fois, je me dis que non. Que le bonheur n’est pas fait pour moi.
— Même Moussaka est d’accord avec moi, Patober. Tu mérites d’être heureux.
— Tu en as parlé à ta sœur ?
— Bien évidemment. Elle et moi, on se dit tout.
— Toi et moi, aussi, nous nous disons tout.
— Normalement.
— Comment ça, normalement ?
— Tu veux pas admettre que tu veux sortir avec l’Agent.
— Parce que ce n’est pas si clair dans ma tête.
— Marche ou rêve. Vis ou vis pas.
— À choisir, je préfère vivre.
— Donc, rêve. Propose à l’Agent de l’inviter au restaurant.
— Et s’il fait une réaction allergique plus ou moins mortelle en plein milieu du rendez-vous ?
— Propose-lui un cinéma, dans ce cas.
— Et s’il déteste le film ? Ou pire, s’il impose le film que nous allons regarder ?
— Propose-lui une promenade en ville.
— Et s’il a peur de la foule ?
— Dans la nature.
— Et s’il n’aime pas le calme de la campagne ?
— Patober…
— Oui ?
— Tu as peur de te lancer dans une nouvelle relation, n’est-ce pas ?
— Je ne sais pas.
— Je t’ai dit « marche ou rêve », pas « marche ou crève ». Un rendez-vous, ça craint rien.