Cool d'avoir lancé le sujet, ça manquait un peu dans le coin
Alors, de mon côté, je suis une autrice hybride, c'est à dire que j'ai des choses aussi bien en maison d'édition qu'en autoédition. J'ai d'abord été éditée, puis je me suis lancée dans l'AE en alternant AE / ME.
Est-ce que vous avez préféré cette expérience à celle d’éditer en ME ?
Du coup, dans mon cas, la démarche entre l'AE et la ME va être différente. De manière générale, l'AE va être pour moi pour les projets sur lesquels je me sens de travailler par moi-même, comme les romans. Pour que je me tourne vers une ME, il faut qu'elle m'apporte quelque chose de plus que je ne pourrais pas faire moi-même. A titre d'exemple, je suis passée par une ME d'histoires interactives sur téléphone (une sorte d'évolution du roman dont vous êtes le héros), une autre ME de séries littéraires (toujours sur appli), une ME de textes courts avec un réseau de distributeurs dans les lieux publics en France et à travers le monde, etc. Donc pour résumer, pour qu'une ME m'attire, il faut qu'elle se démarque, qu'elle soit un peu expérimentale. Après, je ne dirai pas que je préfère une expérience à une autre : chacune a ses spécificités.
Quel a été vos plus gros challenge ?
La légitimité. En France, on est encore très très très ancré dans l'idée que AE = rejet des ME. Dans beaucoup de cas, malheureusement à raison, parce qu'on a encore une quantité phénoménale de bouquins qui sont des premiers jets à peine corrigés. Mais il y a toute une branche de l'AE qui est une AE professionnelle. Là, on n'atterrit pas par défaut parce qu'on a été refusé par une ME, on y atterrit parce qu'on l'a choisie depuis le départ. C'est clairement mon cas, vu que tous mes romans autoédités n'ont jamais été envoyés à des éditeurs. Donc oui, clairement, la difficulté dans tout ce paysage, c'est de se sentir légitime à s'appeler auteur ou autrice quand on complète en disant qu'on a une grande partie de son oeuvre autoéditée. Mais eh, je travaille à éduquer l'opinion publique
Pourquoi on dit souvent que c’est plus difficile que soumettre un texte en ME ?
Aucune idée xD En vrai, les difficultés sont différentes et localisées à des endroits différents. Le travail avec une ME, ça peut être une chose merveilleuse avec des personnes trop cool, ça peut aussi être une structure qui va démolir ton texte et toute ton estime de toi, sous couvert d'être intéressé. J'ai eu les deux cas xD Mais l'AE, c'est pas non plus le bonheur tous les jours. Tu es seul•e et tu vas devoir faire tout le taff toi-même. Bien sûr, tu peux engager des personnes (des correcteurs, des metteurs en page, des illustrateurs, etc). Ca, c'est un choix qui va à chacun.
Y a-t-il des charges/responsabilités administratives en plus, ou plus laborieuses ?
Personnellement, je déclare mes revenus AE de la même manière que mes revenus ME, c'est à dire à l'URSSAF Limousin (qui est un des cercles de l'enfer, mais ça, c'est une autre discussion xDD)
Est-ce que les manuscrits auto-édités peuvent être vendus en librairie ?
Les livres, tu veux dire ?

Oui, il y a des possibilités via certains imprimeurs. De mémoire, Book on demand le fait. Par contre, ton bouquin ne va pas être vraiment en librairie, il sera dans une base de données qui permettra au librairie de le commander pour son client, client qui viendra le chercher quelques jours après. (Après, perso, mon expérience avec BoD n'est pas fameuse, notamment avec des impayés de royalties, mais p'têt que j'ai juste pas eu de bol). L'autre solution, c'est d'aller démarcher directement les librairies pour leur demander s'ils seraient intéressés par le fait de placer quelques exemplaires à toi chez eux. Mais à approcher avec précaution, ne pas harceler non plus les pauvres librairies xD
Après, la manière de procéder à l'autoédition est nombreuse. On peut faire imprimer chez l'imprimeur d'à côté et distribuer soi-même. On peut confier le boulot à des plateformes d'impression à la demande (le bouquin est imprimé quand quelqu'un le commande) comme Amazon. On peut faire du crowdfunding. On peut faire tout-tout plein de choses.
De mon côté, pour mon autoédition classique, j'ai testé pas mal de choses, mais j'ai fini par m'arrêter sur KDP d'Amazon. Alors, oui, Amazon, pas bien, toussa. Mais d'un point de vue autrice, c'est la plateforme la plus réglo avec laquelle j'ai bossé. La qualité des ouvrages imprimés s'est d'ailleurs bien améliorée sur les quasi dix ans que je pratique l'AE.
J'ai également tenté le crowdfunding, comme CelCis, il y a quelques années pour la clôture d'une grosse saga. C'était une expérience très différente de l'AE à laquelle j'étais habituée, mais vraiment très intéressante et gratifiante. Bon, je me suis juste pas facilité les choses en lançant simultanément les deux derniers tomes de la saga, mais eh, on apprend en tentant

Si jamais, j'avais fait un bilan de cette expérience
ici.
Bref, tout ça pour dire que l'autoédition est une démarche que personnellement, j'aime beaucoup. J'aime la liberté, j'aime la créativité dont on peut faire preuve, j'aime bricoler l'objet et le voir finalisé. Mais ce n'est pas quelque chose que je conseille. Pour la bonne et simple raison que ce n'est pas à moi de conseiller. L'autoédition doit être une démarche personnelle, on doit en avoir envie et comprendre toute la charge de travail que ça va impliquer.
Ah et une dernière petite chose : ne publiez pas vos premiers jets en autoédition. Par pitié
