Récit #3 - Le choix du point de vue
Récit #3 - Le choix du point de vue
Le point de vue est à l’auteur ce que la caméra est au réalisateur : c’est lui qui définit l’angle sous lequel est racontée l’histoire. Vous comprendrez dès lors que selon votre choix, ça changera toute la perspective du récit. Il existe différents points de vue possibles : l’un n’est pas forcément meilleur que l’autre, mais à vous de déterminer lequel servira le mieux votre histoire.
Le point de vue omniscient
On parle de point de vue omniscient ou de focalisation zéro quand le narrateur de l’histoire sait absolument tout sur tout de tous les personnages : leurs pensées intimes, leur passé, présent et futur, ce qu’ils font chacun de leur côté et ce même s’ils sont séparés par des milliers de kilomètres. Votre narrateur est Dieu. Dans ce genre de récit, on glisse du point de vue d’un personnage à celui d’un autre, parfois sans transition, comme si on pouvait voyager de tête en tête. Le lecteur peut même savoir des choses que tous les personnages de l’histoire ignorent ! Comme l’explique très bien la Wikiversité « aucune réalité, la plus dissimulée soit-elle, la plus complexe, la plus inconsciente même, ne lui échappe [au narrateur] et donc n’échappe au lecteur ». Le point de vue omniscient est particulièrement intéressant quand votre intention d’auteur est, par exemple, de brosser un tableau de psychologies avec le plus d’exhaustivité possible ou de dévoiler un monde dans ses moindres rouages. En revanche, si vous maniez des récits où les secrets, les zones d’ombre ou le suspense sont des ingrédients importants, le point de vue omniscient sera à manier avec des baguettes. Quelle que soit votre motivation, soyez conscients de votre « caméra ». Si vous glissez d’une subjectivité à l’autre sans y avoir réfléchi, sans même vous en apercevoir, ça se ressentira à la lecture.
Le point de vue externe
Le point de vue externe peut être soit neutre, soit impliqué.
- Le point de vue externe neutre est l’antipode du point de vue omniscient. Le narrateur reste un témoin extérieur à l’histoire (ce n’est pas un personnage) et en plus il ne connaît rien d’autre que ce qui est montré. Avec ce genre de focalisation, tout se passe comme si votre lecteur assistait à l’histoire comme à un film, sans voix off pour dire ce qui se passe dans le crâne et dans le coeur des personnages. Vous, auteur, vous vous cantonnez à décrire les actions et les dialogues, sans émettre de jugement personnel, en toute objectivité. Tout au plus, vous pouvez attirer l’attention sur telle expression du visage, sur tel geste équivoque, sur tel détail important, comme le ferait le zoom d’une caméra. Ce point de vue est intéressant si votre démarche d’auteur est d’atteindre une objectivité totale, si l’action du récit, les faits présentés sont plus importants que la psychologie intime des personnages.
- Concernant le point de vue externe impliqué, la démarche est la même que ci-dessus, à cette différence près que votre narrateur prend de la consistance et s’autorise des commentaires personnels. Il ne connaît toujours pas les pensées et les sentiments intimes de vos personnages, il n’est toujours pas lui-même un protagoniste intérieur au récit, mais il raconte l’histoire en y mettant sa petite touche personnelle. Un peu à la façon du très pessimiste narrateur des Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire de Lemony Snicket.
Le point de vue interne
Le point de vue interne plonge directement votre lecteur dans la peau du personnage. Nous ne voyons que ce que votre héros regarde, nous n’entendons que ce qu’il écoute, nous suivons le processus de ses raisonnements et nous assistons à l’ébullition de ses émotions. Bref, toute la perception de la narration est concentrée sur la sienne. Si le point de vue interne est systématique dans les récits écrits à la première personne (« je »), il est tout à fait possible de le trouver aussi dans des récits écrits à la troisième personne : c’est ce que fait par exemple J. K. Rowling dans les Harry Potter. Il est aussi possible de recourir à cette narration pour produire des effets de surprise. En effet, le point de vue interne n’empêche pas votre personnage de dissimuler des informations au lecteur, de se mentir à lui-même, d’être prisonnier de sa subjectivité : ces zones d’ombre sont autant de pistes de réflexion intéressantes. L’usage d’un seul point de vue interne prend toute son utilité si votre récit comporte beaucoup de zones d’ombre que seul votre héros doit explorer. De cette façon, le lecteur fera chaque découverte au même rythme que lui.
Si un roman peut être entièrement écrit du point de vue d’un seul personnage, il peut également l’être du point de vue de plusieurs personnages, sans que ce soit pour autant un point de vue omniscient. Le lecteur ne sait rien d’autre que ce que les personnages savent eux-mêmes. Dans Le Trône de fer, de George R. R. Martin : un chapitre est égal à un point de vue. Si votre action se déroule simultanément dans plusieurs endroits à la fois et si vous vous heurtez aux limites d’un seul point de vue, adopter plusieurs points de vue prend tout son intérêt. Faites juste attention à ne pas déboussoler votre lecteur en glissant d’un personnage à l’autre dans une même scène et à éviter les redondances entre ce que les personnages pensent et ce qu’ils se disent.
Quel point de vue adopter ?
Réfléchissez à ce que vous voulez mettre en lumière et ce que vous voulez garder dans l’ombre, puis adoptez votre angle de caméra en conséquence. Quel que soit votre choix, écrivez en l’ayant bien à l’esprit tout au long du récit.
Et vous ? Avez-vous conscience du point de vue que vous adoptez en écrivant ? Avez-vous une technique de préférence en tant qu’auteur et/ou en tant que lecteur ?
Le point de vue omniscient
On parle de point de vue omniscient ou de focalisation zéro quand le narrateur de l’histoire sait absolument tout sur tout de tous les personnages : leurs pensées intimes, leur passé, présent et futur, ce qu’ils font chacun de leur côté et ce même s’ils sont séparés par des milliers de kilomètres. Votre narrateur est Dieu. Dans ce genre de récit, on glisse du point de vue d’un personnage à celui d’un autre, parfois sans transition, comme si on pouvait voyager de tête en tête. Le lecteur peut même savoir des choses que tous les personnages de l’histoire ignorent ! Comme l’explique très bien la Wikiversité « aucune réalité, la plus dissimulée soit-elle, la plus complexe, la plus inconsciente même, ne lui échappe [au narrateur] et donc n’échappe au lecteur ». Le point de vue omniscient est particulièrement intéressant quand votre intention d’auteur est, par exemple, de brosser un tableau de psychologies avec le plus d’exhaustivité possible ou de dévoiler un monde dans ses moindres rouages. En revanche, si vous maniez des récits où les secrets, les zones d’ombre ou le suspense sont des ingrédients importants, le point de vue omniscient sera à manier avec des baguettes. Quelle que soit votre motivation, soyez conscients de votre « caméra ». Si vous glissez d’une subjectivité à l’autre sans y avoir réfléchi, sans même vous en apercevoir, ça se ressentira à la lecture.
Le point de vue externe
Le point de vue externe peut être soit neutre, soit impliqué.
- Le point de vue externe neutre est l’antipode du point de vue omniscient. Le narrateur reste un témoin extérieur à l’histoire (ce n’est pas un personnage) et en plus il ne connaît rien d’autre que ce qui est montré. Avec ce genre de focalisation, tout se passe comme si votre lecteur assistait à l’histoire comme à un film, sans voix off pour dire ce qui se passe dans le crâne et dans le coeur des personnages. Vous, auteur, vous vous cantonnez à décrire les actions et les dialogues, sans émettre de jugement personnel, en toute objectivité. Tout au plus, vous pouvez attirer l’attention sur telle expression du visage, sur tel geste équivoque, sur tel détail important, comme le ferait le zoom d’une caméra. Ce point de vue est intéressant si votre démarche d’auteur est d’atteindre une objectivité totale, si l’action du récit, les faits présentés sont plus importants que la psychologie intime des personnages.
- Concernant le point de vue externe impliqué, la démarche est la même que ci-dessus, à cette différence près que votre narrateur prend de la consistance et s’autorise des commentaires personnels. Il ne connaît toujours pas les pensées et les sentiments intimes de vos personnages, il n’est toujours pas lui-même un protagoniste intérieur au récit, mais il raconte l’histoire en y mettant sa petite touche personnelle. Un peu à la façon du très pessimiste narrateur des Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire de Lemony Snicket.
Le point de vue interne
Le point de vue interne plonge directement votre lecteur dans la peau du personnage. Nous ne voyons que ce que votre héros regarde, nous n’entendons que ce qu’il écoute, nous suivons le processus de ses raisonnements et nous assistons à l’ébullition de ses émotions. Bref, toute la perception de la narration est concentrée sur la sienne. Si le point de vue interne est systématique dans les récits écrits à la première personne (« je »), il est tout à fait possible de le trouver aussi dans des récits écrits à la troisième personne : c’est ce que fait par exemple J. K. Rowling dans les Harry Potter. Il est aussi possible de recourir à cette narration pour produire des effets de surprise. En effet, le point de vue interne n’empêche pas votre personnage de dissimuler des informations au lecteur, de se mentir à lui-même, d’être prisonnier de sa subjectivité : ces zones d’ombre sont autant de pistes de réflexion intéressantes. L’usage d’un seul point de vue interne prend toute son utilité si votre récit comporte beaucoup de zones d’ombre que seul votre héros doit explorer. De cette façon, le lecteur fera chaque découverte au même rythme que lui.
Si un roman peut être entièrement écrit du point de vue d’un seul personnage, il peut également l’être du point de vue de plusieurs personnages, sans que ce soit pour autant un point de vue omniscient. Le lecteur ne sait rien d’autre que ce que les personnages savent eux-mêmes. Dans Le Trône de fer, de George R. R. Martin : un chapitre est égal à un point de vue. Si votre action se déroule simultanément dans plusieurs endroits à la fois et si vous vous heurtez aux limites d’un seul point de vue, adopter plusieurs points de vue prend tout son intérêt. Faites juste attention à ne pas déboussoler votre lecteur en glissant d’un personnage à l’autre dans une même scène et à éviter les redondances entre ce que les personnages pensent et ce qu’ils se disent.
Quel point de vue adopter ?
Réfléchissez à ce que vous voulez mettre en lumière et ce que vous voulez garder dans l’ombre, puis adoptez votre angle de caméra en conséquence. Quel que soit votre choix, écrivez en l’ayant bien à l’esprit tout au long du récit.
Et vous ? Avez-vous conscience du point de vue que vous adoptez en écrivant ? Avez-vous une technique de préférence en tant qu’auteur et/ou en tant que lecteur ?
- Sissi84
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Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
Bonjour les plumes,
Je fais remonter cet article de Cricri, parce que j’ai un souci concernant le choix du point de vue que je vais adopter pour ma trilogie.
Déjà, j’ai du mal à les reconnaître. La preuve, je pensais que la saga HP avait été écrite d’un point de vue omniscient et pas interne. C’est sans doute cette méconnaissance qui me fait hésiter. J’ai lu des centaines et des centaines de livres sans jamais me poser la question. Après le BAC, je suis entrée aux Beaux-Arts, je n’ai donc pas fait d’études littéraires, d’où mon ignorance.
Autre chose, je discutais avec @Lohiel à propos de sa dilogie « La Source des Siècles ». Je pensais aussi qu’elle avait adopté un point de vue omniscient, alors qu’elle m’indiquait que c’était un point de vue 3e personne interne-distant. Je me suis dit « ohlala ! Ce ne sont pas trois points de vue, mais de multiples possibilités qui s’offrent à nous »… et me voilà perdue !
@Rachael avait souligné ce gros problème que j’ai, dans ses commentaires, à propos d’un de mes livres. Alors, si j’ai beaucoup progressé grâce à vous, à vos conseils, il me reste encore à m’éclaircir l’esprit sur cette histoire de points de vue.
Comment choisissez-vous le vôtre ?
Comment rester cohérent avec le point de vue choisi ? Vous posez-vous la question à chaque moment ou est-ce devenu un réflexe pour vous ?
Est-ce que le point de vue omniscient laisse vraiment le lecteur éloigné des personnages ou y a-t-il un moyen de contourner ce problème ?
Merci
Je fais remonter cet article de Cricri, parce que j’ai un souci concernant le choix du point de vue que je vais adopter pour ma trilogie.
Déjà, j’ai du mal à les reconnaître. La preuve, je pensais que la saga HP avait été écrite d’un point de vue omniscient et pas interne. C’est sans doute cette méconnaissance qui me fait hésiter. J’ai lu des centaines et des centaines de livres sans jamais me poser la question. Après le BAC, je suis entrée aux Beaux-Arts, je n’ai donc pas fait d’études littéraires, d’où mon ignorance.
Autre chose, je discutais avec @Lohiel à propos de sa dilogie « La Source des Siècles ». Je pensais aussi qu’elle avait adopté un point de vue omniscient, alors qu’elle m’indiquait que c’était un point de vue 3e personne interne-distant. Je me suis dit « ohlala ! Ce ne sont pas trois points de vue, mais de multiples possibilités qui s’offrent à nous »… et me voilà perdue !
@Rachael avait souligné ce gros problème que j’ai, dans ses commentaires, à propos d’un de mes livres. Alors, si j’ai beaucoup progressé grâce à vous, à vos conseils, il me reste encore à m’éclaircir l’esprit sur cette histoire de points de vue.
Comment choisissez-vous le vôtre ?
Comment rester cohérent avec le point de vue choisi ? Vous posez-vous la question à chaque moment ou est-ce devenu un réflexe pour vous ?
Est-ce que le point de vue omniscient laisse vraiment le lecteur éloigné des personnages ou y a-t-il un moyen de contourner ce problème ?
Merci
Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
Coucou @Sissi84
Je vais laisser la parole aux autres sur ce sujet (qui me passionne trop pour que je ne sois pas un peu envahissante) mais la capacité de gérer naturellement des points de vue un brin épineux ne vient pas du tout de la formation initiale, à mon sens. Plutôt de la structure mentale de l'auteur, d'après ce que j'ai compris de mes propres recherches. Et au final, ça ne change rien à la qualité du texte, du moment que tu as déterminé ton meilleur registre.
Certains peuvent "se servir de leur esprit" presque comme "d'une caméra" et le "déplacer" pour visualiser la scène sous différents angles - et d'autres, non. Mais les seconds peuvent aussi devenir de très grands écrivains.
Patrick K. Dewdney, par exemple, le génial auteur du cycle de Syffe, dit qu'il considère la gestion de points de vue multiples comme un véritable exploit technique, qui le stupéfie (*). Lui, il écrit à la première personne... et en fin de compte, c'est magnifique. Mais beaucoup de plumes pourront sûrement en témoigner, les points de vue multiples, pour elles... ce n'est pas la mer à boire (et il y a quelques œuvres très abouties qui en témoignent, ici).
(*) https://www.lagardedenuit.com/entretien ... k-dewdney/
Bisou
Lo
Je vais laisser la parole aux autres sur ce sujet (qui me passionne trop pour que je ne sois pas un peu envahissante) mais la capacité de gérer naturellement des points de vue un brin épineux ne vient pas du tout de la formation initiale, à mon sens. Plutôt de la structure mentale de l'auteur, d'après ce que j'ai compris de mes propres recherches. Et au final, ça ne change rien à la qualité du texte, du moment que tu as déterminé ton meilleur registre.
Certains peuvent "se servir de leur esprit" presque comme "d'une caméra" et le "déplacer" pour visualiser la scène sous différents angles - et d'autres, non. Mais les seconds peuvent aussi devenir de très grands écrivains.
Patrick K. Dewdney, par exemple, le génial auteur du cycle de Syffe, dit qu'il considère la gestion de points de vue multiples comme un véritable exploit technique, qui le stupéfie (*). Lui, il écrit à la première personne... et en fin de compte, c'est magnifique. Mais beaucoup de plumes pourront sûrement en témoigner, les points de vue multiples, pour elles... ce n'est pas la mer à boire (et il y a quelques œuvres très abouties qui en témoignent, ici).
(*) https://www.lagardedenuit.com/entretien ... k-dewdney/
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- EryBlack
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Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
Question épineuse ! Comme Lohiel, je ne dirais pas qu'une formation en Lettres soit nécessaire pour bien gérer les pdv ^^ Si la mienne m'y a aidée, c'est surtout grâce à tous les textes vus, dans lesquels j'ai pu observer les effets de l'un et de l'autre. Donc tout d'abord, je t'encourage @Sissi84 à faire particulièrement attention à ce point dans tes prochaines lectures (bon, tu n'as sans doute pas besoin de moi pour y penser ). C'est notamment en observant et en appréciant qu'on apprend !
Si j'interviens, c'est parce que c'est une question que je me pose depuis un moment par rapport à mon livre. Un auteur qui m'a lue m'a dit que ma narration avait quelque chose de "cacophonique", c'est-à-dire qu'on passait souvent d'un point de vue omniscient à l'intimité des personnages, et de plusieurs personnages. J'ai rectifié certaines choses depuis, qui tenaient surtout à la fluidité, mais je tiens à ma cacophonie cependant. J'alterne donc pdv omniscient et interne de plusieurs personnages, à la 3ème personne en général (mais j'ai utilisé la première un peu plus tard dans l'histoire pour un personnage bien particulier), en recourant souvent au discours indirect libre, dont j'aime l'aspect désordonné qui reflète bien l'intériorité d'un personnage.
Si je devais justifier ce choix, je dirais que c'est parce que je ne raconte pas qu'une seule histoire : j'ai deux personnages principaux, dont l'une est plus importante que le deuxième, mais je raconte quand même leur histoire à tous les deux ; et l'histoire au-delà d'eux, car tout un pan de mon récit les dépasse complètement (notamment au niveau de la temporalité mais pas seulement). J'ai besoin de la cacophonie pour transmettre tout ce qui doit l'être. Le défi est ensuite d'ordonner tout ça. Deuxième raison pour laquelle j'ai besoin de la cacophonie : il est parfois tout simplement plus intéressant d'appréhender une scène à travers le regard d'un autre personnage que mes persos principaux. J'ai réécrit cinq fois le début de mon tome 2 en cherchant "par qui" le raconter. Je ne veux pas me fermer des possibilités en ne choisissant que quelques personnages narrateurs et en m'en tenant strictement à eux, j'ai aussi besoin de pouvoir m'en éloigner.
Du coup, eh bien, pour rester cohérente, je réfléchis avant tout en termes de besoins narratifs. Si une scène est plus intéressante du pdv d'un perso même secondaire, c'est celui-là que je vais adopter (mais ça n'arrive pas si souvent, ce sont de brèves intrusions chez l'un et chez l'autre). Ce n'est pas une méthode que je recommanderais (c'est même carrément déconseillé en général), surtout si la gestion des pdv représentent une inquiétude... Cependant, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de se conformer à la définition d'un certain point de vue pour écrire. Ce qui compte, c'est la justesse. Chaque pdv aura ses facilités et ses difficultés, on a le droit de jongler avec. J'aurais donc envie de te conseiller de tester plusieurs choses. Par exemple, choisir une scène que tu apprécies particulièrement et l'écrire plusieurs fois en variant le pdv. Te demander ensuite lequel t'a mise le plus à l'aise, lequel t'a paru le plus correspondre au ton que tu veux donner, lequel est le plus fluide à la relecture...
Encore une chose. Je crois que plus on progresse en écriture, plus on peut se permettre de choses. Dans mes premiers écrits, on trouve de la 1ère personne (avantage de la focalisation), de l'omniscient (avantage du grand angle) et un peu de 3ème personne "interne", alternante entre plusieurs personnages d'un chapitre à l'autre (avantage de la diversité, des noeuds d'intrigue...). C'est seulement après avoir jonglé avec tout ça que je me suis permis des fantaisies cacophoniques ^^ Et puis ça convenait bien à mes anciennes histoires, voilà tout !
Courage avec tout ça Sissi, je dirais qu'il ne faut pas trop se prendre la tête mais ça ne doit pas être un bon conseil, si tu viens en parler c'est que tu en as besoin. J'espère que d'autres Plumes pourront t'éclairer un peu plus !
Si j'interviens, c'est parce que c'est une question que je me pose depuis un moment par rapport à mon livre. Un auteur qui m'a lue m'a dit que ma narration avait quelque chose de "cacophonique", c'est-à-dire qu'on passait souvent d'un point de vue omniscient à l'intimité des personnages, et de plusieurs personnages. J'ai rectifié certaines choses depuis, qui tenaient surtout à la fluidité, mais je tiens à ma cacophonie cependant. J'alterne donc pdv omniscient et interne de plusieurs personnages, à la 3ème personne en général (mais j'ai utilisé la première un peu plus tard dans l'histoire pour un personnage bien particulier), en recourant souvent au discours indirect libre, dont j'aime l'aspect désordonné qui reflète bien l'intériorité d'un personnage.
Si je devais justifier ce choix, je dirais que c'est parce que je ne raconte pas qu'une seule histoire : j'ai deux personnages principaux, dont l'une est plus importante que le deuxième, mais je raconte quand même leur histoire à tous les deux ; et l'histoire au-delà d'eux, car tout un pan de mon récit les dépasse complètement (notamment au niveau de la temporalité mais pas seulement). J'ai besoin de la cacophonie pour transmettre tout ce qui doit l'être. Le défi est ensuite d'ordonner tout ça. Deuxième raison pour laquelle j'ai besoin de la cacophonie : il est parfois tout simplement plus intéressant d'appréhender une scène à travers le regard d'un autre personnage que mes persos principaux. J'ai réécrit cinq fois le début de mon tome 2 en cherchant "par qui" le raconter. Je ne veux pas me fermer des possibilités en ne choisissant que quelques personnages narrateurs et en m'en tenant strictement à eux, j'ai aussi besoin de pouvoir m'en éloigner.
Du coup, eh bien, pour rester cohérente, je réfléchis avant tout en termes de besoins narratifs. Si une scène est plus intéressante du pdv d'un perso même secondaire, c'est celui-là que je vais adopter (mais ça n'arrive pas si souvent, ce sont de brèves intrusions chez l'un et chez l'autre). Ce n'est pas une méthode que je recommanderais (c'est même carrément déconseillé en général), surtout si la gestion des pdv représentent une inquiétude... Cependant, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de se conformer à la définition d'un certain point de vue pour écrire. Ce qui compte, c'est la justesse. Chaque pdv aura ses facilités et ses difficultés, on a le droit de jongler avec. J'aurais donc envie de te conseiller de tester plusieurs choses. Par exemple, choisir une scène que tu apprécies particulièrement et l'écrire plusieurs fois en variant le pdv. Te demander ensuite lequel t'a mise le plus à l'aise, lequel t'a paru le plus correspondre au ton que tu veux donner, lequel est le plus fluide à la relecture...
Encore une chose. Je crois que plus on progresse en écriture, plus on peut se permettre de choses. Dans mes premiers écrits, on trouve de la 1ère personne (avantage de la focalisation), de l'omniscient (avantage du grand angle) et un peu de 3ème personne "interne", alternante entre plusieurs personnages d'un chapitre à l'autre (avantage de la diversité, des noeuds d'intrigue...). C'est seulement après avoir jonglé avec tout ça que je me suis permis des fantaisies cacophoniques ^^ Et puis ça convenait bien à mes anciennes histoires, voilà tout !
Courage avec tout ça Sissi, je dirais qu'il ne faut pas trop se prendre la tête mais ça ne doit pas être un bon conseil, si tu viens en parler c'est que tu en as besoin. J'espère que d'autres Plumes pourront t'éclairer un peu plus !
- Fannie
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Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
Il me semble que cette manière d'aborder les points de vue est un concept du XXIe siècle, peut-être de la fin du XXe.
Personnellement, je n'en ai pas entendu parler de cette manière durant mes études. Mais j'avoue que je n'ai fait qu'une matu (l'équivalent du bac) avant de me diriger vers la musique.
Il faudrait que je relise des livres en observant cet aspect ; mais je ne crois pas que les écrivains d'autrefois s'en souciaient vraiment. À mes yeux, se forcer à rester dans ces cases— surtout dans l’une d’entre elles —, revient à s'imposer une contrainte qui n'est pas nécessaire. Je dois avouer que j'ai toujours écrit sans me poser cette question et qu'il m'arrive de glisser d'un point de vue à un autre. Autrefois, j'allais jusqu'à insérer sans vergogne un flash back dans un dialogue dont les deux interlocuteurs qui l'évoquaient ne pouvaient pas en connaître les détails, n'y ayant pas assisté. Aujourd'hui, ça me dérange, alors je ne le fais plus. Mais je ne cherche pas particulièrement à me tenir à un de ces points de vue et jusqu'ici, les personnes qui m'ont lue ne m'ont pas reproché d'incohérence à ce niveau.
Donc je soutiens @EryBlack : je suis en faveur de "la cacophonie".
Personnellement, je n'en ai pas entendu parler de cette manière durant mes études. Mais j'avoue que je n'ai fait qu'une matu (l'équivalent du bac) avant de me diriger vers la musique.
Il faudrait que je relise des livres en observant cet aspect ; mais je ne crois pas que les écrivains d'autrefois s'en souciaient vraiment. À mes yeux, se forcer à rester dans ces cases— surtout dans l’une d’entre elles —, revient à s'imposer une contrainte qui n'est pas nécessaire. Je dois avouer que j'ai toujours écrit sans me poser cette question et qu'il m'arrive de glisser d'un point de vue à un autre. Autrefois, j'allais jusqu'à insérer sans vergogne un flash back dans un dialogue dont les deux interlocuteurs qui l'évoquaient ne pouvaient pas en connaître les détails, n'y ayant pas assisté. Aujourd'hui, ça me dérange, alors je ne le fais plus. Mais je ne cherche pas particulièrement à me tenir à un de ces points de vue et jusqu'ici, les personnes qui m'ont lue ne m'ont pas reproché d'incohérence à ce niveau.
Donc je soutiens @EryBlack : je suis en faveur de "la cacophonie".
Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
Je crois que @Lohiel est très douée pour remarquer les endroits où le point de vue blesse (J'ai un petit souvenir à ce sujet très édifiant et très formateur )
Je pense aussi que tout est dans la façon d'amener ce changement de point de vue, de le présenter et de l'"habiller". Ça ne peut pas se faire brutalement.
L'idée de la caméra est intéressante, car lorsqu'on visualise ses scènes avant de les écrire, on sait qui va "parler". Je fonctionne essentiellement comme ça.
Certaines narrations se prêtent de toute évidence à une focalisation interne, d'autres non. Tout dépend s’il est possible de se détacher du contexte pour faire une narration formelle et neutre (pdv omniscient) ou si on suit le personnage principal (l'auteur a alors le choix entre être dans sa tête ou simplement le suivre dans ses aventures) ou encore alterner avec tout ça et il y a aussi la possibilité de suivre en interne ou en externe d'autres personnages de la même histoire. TOUT est possible au sein de la même histoire et en fonction des choix de l'auteur et de sa sensibilité, mais je le répète, il faut amener cette focalisation par d'autres éléments (le changement de chapitre peut être la solution la plus simple).
Après, il est tout de même plus aisé de choisir le point de vue principal en début d'écriture, par exemple le point de vue interne du personnage principal permet mieux l'identification, le point de vue omniscient permet au lecteur de disposer de tous les éléments, donc tout dépend du public et encore une fois de "l'ambiance" qu'on veut donner.
Comme j'écrivais pendant que Fannie postait, j'ajoute après avoir lu son post, que personnellement je ne me suis jamais posé la question non plus et que j'écris mes scènes comme je les visualise. Mais notre antique génération n'a jamais eu à décortiquer autant les manières d'écrire dans l'études des oeuvres. Rien n'était répertorié, précisé, disséqué comme ça l'est aujourd'hui et je crois bien que les auteurs de l'époque ne se posaient guère de questions.
Je pense aussi que tout est dans la façon d'amener ce changement de point de vue, de le présenter et de l'"habiller". Ça ne peut pas se faire brutalement.
L'idée de la caméra est intéressante, car lorsqu'on visualise ses scènes avant de les écrire, on sait qui va "parler". Je fonctionne essentiellement comme ça.
Certaines narrations se prêtent de toute évidence à une focalisation interne, d'autres non. Tout dépend s’il est possible de se détacher du contexte pour faire une narration formelle et neutre (pdv omniscient) ou si on suit le personnage principal (l'auteur a alors le choix entre être dans sa tête ou simplement le suivre dans ses aventures) ou encore alterner avec tout ça et il y a aussi la possibilité de suivre en interne ou en externe d'autres personnages de la même histoire. TOUT est possible au sein de la même histoire et en fonction des choix de l'auteur et de sa sensibilité, mais je le répète, il faut amener cette focalisation par d'autres éléments (le changement de chapitre peut être la solution la plus simple).
Après, il est tout de même plus aisé de choisir le point de vue principal en début d'écriture, par exemple le point de vue interne du personnage principal permet mieux l'identification, le point de vue omniscient permet au lecteur de disposer de tous les éléments, donc tout dépend du public et encore une fois de "l'ambiance" qu'on veut donner.
Comme j'écrivais pendant que Fannie postait, j'ajoute après avoir lu son post, que personnellement je ne me suis jamais posé la question non plus et que j'écris mes scènes comme je les visualise. Mais notre antique génération n'a jamais eu à décortiquer autant les manières d'écrire dans l'études des oeuvres. Rien n'était répertorié, précisé, disséqué comme ça l'est aujourd'hui et je crois bien que les auteurs de l'époque ne se posaient guère de questions.
Modifié en dernier par Aranck le 06 déc. 2020, 22:15, modifié 1 fois.
- EryBlack
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Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
J'ai envie de préciser une chose, en tant que prof de lettres cette fois : si les auteurs et autrices du passé ne se préoccupaient pas de la question des points de vue, si ces points de vue n'étaient pas théorisés et enseignés comme ils le sont aujourd'hui (et je ne suis pas experte donc peux difficilement certifier ça), en revanche il est certain que les auteurs en choisissaient un plutôt qu'un autre pour des raisons de style. Tout comme on ne peut pas dire qu'un auteur a "choisi de faire une métaphore ici pour exprimer ceci ou cela" mais qu'on peut analyser cette métaphore comme un procédé d'écriture et interpréter ce qu'elle apporte au texte, on peut parler de l'effet produit par tel ou tel point de vue dans les textes littéraires.
Je pense à Sartre dans Le Sursis notamment, que j'ai lu en licence, et qui déconstruit toute structure au niveau des points de vue de façon assez époustouflante. Je pense aussi à Gary dont j'ai découvert cet été Les racines du ciel qui entremêle aussi plein de focalisation différentes... À Woolf et son stream of consciousness, littéralement "flux de conscience". Et bien sûr à La Princesse de Clèves, un de mes romans fétiches, qui a posé les bases du roman moderne avec son ouverture à l'introspection ; point de vue totalement omniscient mais aussi tellement intime ! Bref... Tout ça pour dire que même si je suis tout à fait d'accord pour dire qu'il ne faut pas trop se poser la question en tant qu'autrices, il faut quand même être conscientes que nos choix, même spontanés, portent un sens et peuvent être analysés. Il faut donc décider ce qui servira le mieux l'histoire ; la forme qui correspondra le plus au fond... ou le contraire, si on est joueur ! Cette liberté est formidable et la théorie littéraire ne doit pas venir l'entacher, simplement nous faire prendre conscience de toutes les possibilités.
Je pense à Sartre dans Le Sursis notamment, que j'ai lu en licence, et qui déconstruit toute structure au niveau des points de vue de façon assez époustouflante. Je pense aussi à Gary dont j'ai découvert cet été Les racines du ciel qui entremêle aussi plein de focalisation différentes... À Woolf et son stream of consciousness, littéralement "flux de conscience". Et bien sûr à La Princesse de Clèves, un de mes romans fétiches, qui a posé les bases du roman moderne avec son ouverture à l'introspection ; point de vue totalement omniscient mais aussi tellement intime ! Bref... Tout ça pour dire que même si je suis tout à fait d'accord pour dire qu'il ne faut pas trop se poser la question en tant qu'autrices, il faut quand même être conscientes que nos choix, même spontanés, portent un sens et peuvent être analysés. Il faut donc décider ce qui servira le mieux l'histoire ; la forme qui correspondra le plus au fond... ou le contraire, si on est joueur ! Cette liberté est formidable et la théorie littéraire ne doit pas venir l'entacher, simplement nous faire prendre conscience de toutes les possibilités.
- Sissi84
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Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
Je suis déjà rassurée puisque vous avez l’air toutes d’accord que mon manque de bagage littéraire n’est pas un obstacle pour que j’arrive un jour à maîtriser les PdV.
Quand tu parles @EryBlack de ta « cacophonie », il me semble que tu la maîtrises parfaitement et que lorsqu’elle te fait des farces tu arrives à la dompter. La mienne ressemble plus à un tintamarre avec une dissonance qui n’échappe pas à mes lecteurs. Si j’arrive aujourd’hui à m’en apercevoir en me relisant, je n’arrive pas à résoudre le problème. Par exemple, j’ai deux personnages qu’on va appeler A et B et un troisième C qui arrive. A et B n’ont pas du tout le même avis sur C. Dans un dialogue ça ne pose pas de problème, mais si je veux exprimer les pensées respectives de A et B ( afin que l’on comprenne plus loin leurs réactions ) je vais devoir choisir entre les deux si je suis en PdV interne, mais en PdV omniscient on va trop sentir l’intervention du narrateur d’où le risque de perdre le lecteur.
Je ne sais pas si je suis très clair.
@Lohiel tu sembles avoir résolu ça avec ton PdV 3e personne interne-distant et toi EryBlack avec ta gestion cacophonique maîtrisée et ordonnée, mais personnellement je suis loin de surmonter cet obstacle.
Ça fait donc quatre fois que je réécris mes trois premiers chapitres sans trouver de solutions, si ce n’est d’abandonner certaines choses pour les placer plus tard ailleurs. C’est assez frustrant en fait.
Quand tu dis Lohiel
@Aranck oui, changer de point de vue d’un chapitre à l’autre je le conçois facilement, mais à l’intérieur d’une même scène j’ai tendance à le faire pour exprimer que A et B ne pensent pas la même chose et ça choque apparemment. Maintenant, tout comme @Fannie et toi je fais partie de cette génération qui n’avait jamais entendu parler de PdV dans ma jeunesse, même dans des émissions littéraires.
Oh ! Erynblack, je n’avais pas vu ton dernier post. Oui bien sûr, mais ce que des écrivains de la pointure, dont ceux que tu cites, peuvent se permettre ce genre de fantaisie, c’est parce que leur plume est suffisamment aiguisée pour le faire
Quand tu parles @EryBlack de ta « cacophonie », il me semble que tu la maîtrises parfaitement et que lorsqu’elle te fait des farces tu arrives à la dompter. La mienne ressemble plus à un tintamarre avec une dissonance qui n’échappe pas à mes lecteurs. Si j’arrive aujourd’hui à m’en apercevoir en me relisant, je n’arrive pas à résoudre le problème. Par exemple, j’ai deux personnages qu’on va appeler A et B et un troisième C qui arrive. A et B n’ont pas du tout le même avis sur C. Dans un dialogue ça ne pose pas de problème, mais si je veux exprimer les pensées respectives de A et B ( afin que l’on comprenne plus loin leurs réactions ) je vais devoir choisir entre les deux si je suis en PdV interne, mais en PdV omniscient on va trop sentir l’intervention du narrateur d’où le risque de perdre le lecteur.
Je ne sais pas si je suis très clair.
@Lohiel tu sembles avoir résolu ça avec ton PdV 3e personne interne-distant et toi EryBlack avec ta gestion cacophonique maîtrisée et ordonnée, mais personnellement je suis loin de surmonter cet obstacle.
Ça fait donc quatre fois que je réécris mes trois premiers chapitres sans trouver de solutions, si ce n’est d’abandonner certaines choses pour les placer plus tard ailleurs. C’est assez frustrant en fait.
Quand tu dis Lohiel
Personnellement ce que je vois ce sont les décors, les personnages, les scènes d’action tout ça ne me pose pas de problèmes, mais j’ai l’impression que la seule chose qui compte, c’est ce que l’on ne voit pas. Donc si la scène est hors champ caméra, évidemment ça coince. C’est ça ou je suis complètement dans l’erreur ?Certains peuvent « se servir de leur esprit » presque comme « d’une caméra » et le « déplacer » pour visualiser la scène sous différents angles — et d’autres, non.
@Aranck oui, changer de point de vue d’un chapitre à l’autre je le conçois facilement, mais à l’intérieur d’une même scène j’ai tendance à le faire pour exprimer que A et B ne pensent pas la même chose et ça choque apparemment. Maintenant, tout comme @Fannie et toi je fais partie de cette génération qui n’avait jamais entendu parler de PdV dans ma jeunesse, même dans des émissions littéraires.
Oh ! Erynblack, je n’avais pas vu ton dernier post. Oui bien sûr, mais ce que des écrivains de la pointure, dont ceux que tu cites, peuvent se permettre ce genre de fantaisie, c’est parce que leur plume est suffisamment aiguisée pour le faire
Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
Je pense qu'avant tout c'est une question d'aisance mais aussi de ressenti.
Le goût et les couleurs, c'est quelque chose de très particulier. En tant que lectrice, je sais que je n'aime pas les détours soudains dans les têtes de personnages très secondaires ou distants du personnage principal (ou du groupe de personnage principal), surtout si l'on me donne un grain à moudre qui est totalement inutile.
Mon tout premier essai de roman, je l'ai écrit à la troisième personne et, malheureusement, je voulais que celle-ci ne concerne "que" mon héroïne. Manque de bol : cette liberté m'a fait allée ailleurs et au final, avec le recul, je n'ai pas aimé ce que j'avais fait. La ""cacophonie"" qui plaît tant à Ery, elle ne me plaisait pas. Je n'avais pas l'impression que c'était moi. Et bien que contente d'avoir terminé mon texte, j'étais déçue car ce n'était pas "moi". Ce texte était une version de moi qui avait envie d'écrire pour les mauvaises raisons, sans "méthode" sinon son expérience du RP textuel ce qui faisait que ce n'était pas "bon" selon moi.
J'ai ensuite attaqué Givre, en écoutant ce que me disait mon instinct. Un texte à la première personne, uniquement focus dans la tête de mon héroïne. J'ai terminé la V1, j'étais heureuse, puis, j'ai attaqué une V1.5 tout en travaillant également sur La Reine. Et je pense que c'est cette expérience qui fait que, je sens, que je sais que ma manière d'écrire est celle-ci. Il y a pas longtemps, j'ai essayé d'écrire de nouveau à la troisième personne, je ne m'y sentait pas bien, trop éloignée trop extérieure à mes personnages.
N'imaginant rien (comme le cite Lohiel), j'ai le sentiment que le "je" me pousse à puiser dans mes sens, mon corps, ma chair pour mettre des mots sur les concepts que j'ai envie d'évoquer. La troisième personne n'en empêche, mystérieusement.
Mais avant tout, je pense que c'est une question de tripe et de ressenti au plus profond de soi
Le goût et les couleurs, c'est quelque chose de très particulier. En tant que lectrice, je sais que je n'aime pas les détours soudains dans les têtes de personnages très secondaires ou distants du personnage principal (ou du groupe de personnage principal), surtout si l'on me donne un grain à moudre qui est totalement inutile.
Mon tout premier essai de roman, je l'ai écrit à la troisième personne et, malheureusement, je voulais que celle-ci ne concerne "que" mon héroïne. Manque de bol : cette liberté m'a fait allée ailleurs et au final, avec le recul, je n'ai pas aimé ce que j'avais fait. La ""cacophonie"" qui plaît tant à Ery, elle ne me plaisait pas. Je n'avais pas l'impression que c'était moi. Et bien que contente d'avoir terminé mon texte, j'étais déçue car ce n'était pas "moi". Ce texte était une version de moi qui avait envie d'écrire pour les mauvaises raisons, sans "méthode" sinon son expérience du RP textuel ce qui faisait que ce n'était pas "bon" selon moi.
J'ai ensuite attaqué Givre, en écoutant ce que me disait mon instinct. Un texte à la première personne, uniquement focus dans la tête de mon héroïne. J'ai terminé la V1, j'étais heureuse, puis, j'ai attaqué une V1.5 tout en travaillant également sur La Reine. Et je pense que c'est cette expérience qui fait que, je sens, que je sais que ma manière d'écrire est celle-ci. Il y a pas longtemps, j'ai essayé d'écrire de nouveau à la troisième personne, je ne m'y sentait pas bien, trop éloignée trop extérieure à mes personnages.
N'imaginant rien (comme le cite Lohiel), j'ai le sentiment que le "je" me pousse à puiser dans mes sens, mon corps, ma chair pour mettre des mots sur les concepts que j'ai envie d'évoquer. La troisième personne n'en empêche, mystérieusement.
Mais avant tout, je pense que c'est une question de tripe et de ressenti au plus profond de soi
- Fannie
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Re: Récit #3 - Le choix du point de vue
Pour certaines personnes, comme @Sissi84 et probablement moi-même, ces points de vue ne sont pas évidents. Serait-possible des les illustrer par des extraits pour que tout le monde puisse s'en faire une idée ?
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Dans le cas cité par Sissi, des personnages A et B qui n’ont pas du tout le même avis sur C, qui va arriver, comme dans le cas où deux personnages se rencontrent, je trouve en effet intéressant de pouvoir exprimer ce que chacun pense de l'autre sans pour autant adopter un point de vue omniscient.
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Dans le cas cité par Sissi, des personnages A et B qui n’ont pas du tout le même avis sur C, qui va arriver, comme dans le cas où deux personnages se rencontrent, je trouve en effet intéressant de pouvoir exprimer ce que chacun pense de l'autre sans pour autant adopter un point de vue omniscient.
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