La religion

[Eurys]

Salut ! C'est un topic qui m’intéresse et me parle beaucoup. Personnellement je suis Chrétienne d'Orient de rite maronite, Je suis libanaise et je vis dans un pays multiconfessionnel, dans sa dermographie, son histoire et sa politique.

J'ai toujours eu un lien particulier avec la religion mais bien qu’étant chrétienne de naissance, j'ai eu une période d’éloignement avant de m'en rapprocher. Il faut dire, il y'a des choses que je ne comprenais pas et qu'on arrivait pas a m'expliquer. C'est après des années a me documenter ( aujourd'hui j'adore l'histoire des religions et la théologie) que j'ai fini par retrouver ma foi.

Comme il a été dit, de là ou je suis je sens un rejet de la religion ainsi que du christianisme en France. Et je pense que ca ne vient pas instinctivement a l’idée des gens d’intégrer dans leurs récits quelque chose qui n'est pas habituel pour eux ou même qu'ils rejettent.

Aussi, la religion, pour moi fait parti de ces choses qu'il est difficile a aborder sans en connaitre le sujet. Certains n'y pensent pas, d'autre préfèrent éviter de peur de faire une gaffe. Quand on sait comme cela peut blesser étant donné que la foi, peu importe laquelle, est importante pour les gens qui la pratiquent, je préfère cela que lire n'importe quoi sur le christianisme pour ma part, par exemple.

Mais tu as raison sur un point: la foi change la personne. Elle lui donne une perception des choses et des événements qui peut différer. On réduit parfois la religion en une croyance en un ou plusieurs dieux et des rites. Mais c'est plus profond. C'est une philosophie de vie et une philosophie de pensées. C'est une idéologie a part entière.

Et du coup je remarque que dans mes projets, j'aborde toujours la religion. Evidemment ca dépend des univers et de l’époque ( écrivant surtout de l'historique, c'est plus naturel de parler de foi durant cette période la XD) Mais il y aura toujours de la foi, des personnages croyants et des références a cette foi tout au long du projet !

[Sabi]

Je trouve pour ma part qu'il est très intéressant de lire les écrits de personnes qui vivent leur religion en profondeur, et non pas que comme un code moral.
En France, nous avons Georges Bernanos qui explore les abysses du mal dans un monde "sans dieu", un peu comme Dostoïevski en Russie. Nous avons aussi la poésie de Marie Noël qui montre toute l'étendue du déchirement intérieur que représente sa foi : "Mon Dieu, je ne vous aime pas"... Magnifique !

En fait, tout réside dans le fait que la religion donne un but à l'existence, un cadre permettant d'expliquer l'expérience humaine. Sans religion, ou sans but supérieur de l'existence, on ne trouve que des hommes condamnés à chercher en aveugle une raison d'être sur cette planète.
C'est pour ça que je trouve très intéressant de lire des auteurs religieux. La perspective de vie dans laquelle ils intègrent leur réflexion fait de leurs romans des ouvrages aux propos très profonds.

[Audrey Lys]

Sans religion, ou sans but supérieur de l'existence, on ne trouve que des hommes condamnés à chercher en aveugle une raison d'être sur cette planète.
C'est pour ça que je trouve très intéressant de lire des auteurs religieux. La perspective de vie dans laquelle ils intègrent leur réflexion fait de leurs romans des ouvrages aux propos très profonds.

J'avoue que j'ai du mal avec ce que tu dis. Tu sous entends qu'en étant non-croyant, on perd quelque chose. Je vis très bien mon agnosticisme, je ne me sens pas condamnée à cherche à l'aveugle le but de mon existence.
Et pour en revenir aux livres, je suis d'accord que la religion puisse apporter quelque chose en "plus" à un récit, mais je ne vois pas en quoi ça le rendrait plus profond. J'ai lu des tas d'histoires très profondes, avec ces croyants ou non, et je n'ai jamais vu la différence.

[Rimeko]

Je rejoins l'avis d'[mention]Audrey Lys[/mention]... Je trouve ça intéressant de lire des romans traitant de religion (d'ailleurs, ce poème de Marie Noël est effectivement très beau !), notamment parce que je ne comprends pas vraiment la foi et que ça m'intéresse d'essayer de l'appréhender, et aussi parce que ça ouvre d'autres pistes de réflexion - mais "intéressant", au même titre qu'un roman parlant de, je sais pas, d'amour, ou de quoi que ce soit qui définit nos expériences humaines.
Oui, la religion est un moyen très répandu de donner du sens à nos vies, ou plutôt, j'ai l'impression que c'est un début dans ce sens, parce que les croyants me semblent tout aussi tourmentés par le doute quant aux questions métaphysiques que le non-croyants. Personnellement, je "crois" au miracle de la vie et de la science, et à la grandeur de l'humanité, de ce peuple de singes qui aura marché sur la Lune ; je pense que découvrir, apprendre et aider les autres, c'est bien assez comme but.

[Xendor]

Bonsoir,

Je confirme que dans mes univers inventés, chaque peuple possède une religion, sachant que j’entends aussi par là des comportements issus d’une conviction forte dans quelque domaine que ce soit.

Pour moi, la présence de la religion est importante, et je trouve que le récit peut être une base pour en dépeindre les bons comme les mauvais côtés, sans forcer ni sur les uns ni sur les autres. À titre personnel, c’est adopter une certaine forme d’honnêteté et de reconnaissance vis-à-vis de ce qu’elle est.

Aussi, je trouve que peu importe la manière de concevoir une religion, c’est l’occasion de « simuler » l’impact de celle-ci sur une population donnée. Si, par exemple, avoir le Grand Maître Lama comme divinité d’un monde ou non, qu’est-ce que cela change dans la vie de ses sujets ? Intégrer la religion dans un livre permet d’en explorer les nombreuses formes, et d’essayer de se projeter sur les conséquences individuelles et sociétales qu’elle peut engendrer.

En somme, je conseille de se frotter à la question, parce que ça permet de se questionner sur le sujet, envisager d’une autre manière la foi/les convictions sous un prisme autre que celui de la religion telle qu’on la conçoit (j’imagine) majoritairement en France, c’est-à-dire à la ressemblance du catholicisme romain.

Pour les livres paens s’y essayant, je conseille de lire Les Quatre Terres de [mention]Codan[/mention], ou encore la Chuchoteuse du Roi de [mention]Cocochoup[/mention], où sont représentées deux formes de ce que peut être la religion.

Voilà, Tchuß !!

[Sabi]

Je vais orienter le sujet vers une autre direction par une simple question :

Quelles religions vous intéressent ? Et pourquoi ?

[Napalm Dave]

Je vais orienter le sujet vers une autre direction par une simple question :

Quelles religions vous intéressent ? Et pourquoi ?

ça c'est une excellente question.
Pour de vrai je m'intéresse à toutes mais avant tout à leur mystique et à leur histoire plus qu'au cœur du dogme.
Étant de culture chrétienne, gallo etc. j'ai mes propres convictions et mes propres éléments de mystique mais je tâche de comprendre comment s'est formé une croyance, un dieu (qui, après tout, n'est que la somme des espoirs, là où le mal est un ersatz de croyance, la somme des désespoirs, des mauvaises pensées).
Je me suis par exemple intéressé à la pensée musulmane sunnite suite aux différents évènements de 2017 où justement, certains "chantres" de le laïcité ont arboré publiquement des idées qui me semblaient réductrices et toxiques, je me suis intéressé par exemple à l'Islam Syrien, ses différentes tendances, et j'ai compris beaucoup de choses.
Ce n'est qu'un exemple qui est lié à mon cheminement perso bien sûr.

[MatthiasRouage]

La personne qui partage ma vie est de confession juive, d'un courant qui n'existe quasiment plus aujourd'hui et a fait un doctorat en théologie et science des religions. Autant dire que je baigne dedans h24.

Evidemment, la religion dont je suis le plus proche est la religion juive, en ayant appris à la connaître. Et il faut se rendre à l'évidence, d'un point de vue extérieur, c'est très obscur, opaque et difficile à comprendre.
Mais je m'interesse en fait à plusieurs religions : Zoroastrisme, Asatrù, druidisme, hindouisme, taoisme. J'ai plus de mal avec les religion new-age type Wicca, même si je comprends et respecte la démarche des pratiquants.

Je pense que dans un roman (en fantasy particulièrement) il est plus "simple" et moins casse-gueule de créer une religion. Tout simplement car prendre une religion déjà existante, c'est prendre le risque de dire des ânneries, ce qui arrivera tôt ou tard tant le sujet est complexe. Il faut accumuler des siècles d'histoire de l'homme pour comprendre ce que fait, ou pense tel ou tel courant.

Exemple tout bête, mais peux-tu faire la différence entre des chretiens, des catholiques, des adventistes, des pentecôtistes, des orthodoxes, des evangelistes, des membres du renouveau charismatique, des methodistes, des calvinistes, etc, etc, etc...

Chaque religion a des branches, des courants qui diffèrent d'une base commune, mais gare à ne pas se tromper, car c'est sûr que sinon des pratiquants te tomberont dessus.

Je rejoins donc [mention]Eurys[/mention] quand elle dit qu'il faut connaître le sujet... et pas qu'un peu. Il y a des courants dans certaines religions qui sont particulièrement frileux et réagissent au quart de tour.
Et je suis encore d'accord quand elle dit que la religon change un homme, car elle change la vision du monde. En bien ou en mal, ça, ça dépend des gens et de leur perception de la religion.

[Napalm Dave]

certaines "jeunes" religions comme la Wicca se rapprochent de ce qu'était le proto-christianisme sous l'Empire Romain (les vieux sénateurs et chevaliers disaient du christianisme, avec mépris, que c'était la nouvelle religion des femmes et des esclaves): Une nouvelle pensée très imprégnée de libération, de remise en cause de l'ordre établi etc. La Wicca, pour simplifier grossièrement, remet en cause le paternalisme de la classe politique et des clergés des autres religions "du livre", prône un retour à l'essence du paganisme (la religion du "pagus", du pays, du paysan) et à la magie ("magia", art de manipuler les énergies), c'est bien sûr la religion qui redonne le pouvoir aux femmes...

Tu as bien raison de souligner le fait qu'il vaut mieux inventer, dans le cadre d'une œuvre de fiction, ses propres religions et cultes, même si ceux-ci ne jouent qu'un rôle lointain et ne sont qu'un élément d'univers. Bien sûr, l'inspiration historique ou d'actualité n'est jamais très loin... Dieux et déités ne sont que trop humains dans leurs conceptions. Les anciennes divinités à forme animale, hybride ou simplement étranges sont des constructions de l'esprit au même titre que les peuples imaginaire que sont les elfes, nains, orques, et autres esprits-renards.

J'ai oublié de dire, dans mon précédent post que je m'intéressait aussi au syncrétisme, c'est à dire les points de convergence entre religion, j'adore vraiment le mot "syncrétisme", c'est l'un des plus beaux mots de la langue française, à la fois sur la forme et dans sa signification.
Lorsque j'étais jeune guide dans une petite bourgade bretonne, il y avait par exemple un pèlerinage islamo-chrétien des sept saints sous la colline, la cérémonie était administrée par des prêtres catholiques romains mais des musulmans venaient y assister et la Mosquée de Paris envoyait un de ses représentants. C'est un bon exemple de syncrétisme.

[Audrey Lys]

Je vais orienter le sujet vers une autre direction par une simple question :

Quelles religions vous intéressent ? Et pourquoi ?

En écriture ce qui me passionne le plus sont les religions chamaniques ! En fait c'est ce que j'ai trouvé de plus éloigné de ma culture judéo-chrétienne, et donc de plus nouveau.
Le chamanisme, c'est une conception de la vie tout à fait différente que celle prônée par les monothéismes. J'aime beaucoup cette relation avec la nature. Et puis comme c'est un type très large, on peut broder facilement.
Dans gros projet Danse étoilée dont la religion est une part importante, j'ai pris beaucoup de plaisir à inventer une religion chamanique ses rites, ses croyances en m'inspirant des Amérindiens, des Celtes, et de lectures.

En temps que fan de la mythologie grecque, j'aime aussi créer des panthéons. Cependant la création de ce type de religion passe beaucoup par des mythes, des histoires donc, ce qui schématiquement revient au même qu'écrire un scénario (pour simplifier). C'est en revanche dans les idoles, les monuments et les rites que je m'éclate le plus.

Pour finir je suis passionnée par les monothéisme, parce que c'est plus banal pour moi, et aussi parce que j'ai du mal avec ces religions, je l'avoue. Cependant je remarque que ça ne les empêche pas d'être présent dans ce que j'écris. Ce qui ne mène par forcément à de bonnes représentations...