PAtober - édition octobre 2023

[dark revenger]

Six pieds (1/10)

Six pieds de long, c'était la taille qu'il faisait à l'apogée de sa gloire. Cent ans avant le Cataclysme Magique, il était au faîte des tours de son château d'or aux milles dimensions, rêvant dans le blanc des nuages, accroché aux cimes des Montagnes Infinies des plaines de Sibéria, près du Glacier d'Insmed. Après avoir volé comme un dragonoïde, il volait comme un souillon, essayant de se dépatouiller de son existence dans la pauvreté et le manque. Et le voilà qui s'enfuyait devant des gens d'en Haut qui lui étaient devenus supérieurs en toutes choses.
- Stoppez-le... !! Arrêtez ce voyou des Bas Quartiers !! Au voleur !!!
Sous les interpellations de la jeune dame à la Xibeline ivoirine, il agrippait fermement la pochette aux teintes ivoirines qu'il avait volé, évitant les regards médusés des passants aux pardessus sombres et aux clacs enrubannés de rouges. Trop choqués ou indifférents par ce qui se passait, il interférait peu dans sa course, esquivant de ceci de cela quelques mains tendus. Il se perdit dans la foule bondée et ne vit plus aucun poursuivant. Rassuré, il prit refuge dans une obscure ruelle, s'appuyant contre le mur aux briques décrépites et retrouvant son souffle, trop court pour continuer. Encore une journée de galères au froid sans fond, pensa-t-il.

Araignée et nez crochu (2/10)

Des cils noirs en patte d'araignée et un nez crochu blême enrobant des orbes glaciales, c'était le plus marquant dans son visage pourtant quelconque aux premiers abords. À première vue de sa visée de gars des rues, il se l'était dit maintes fois, elle avait les attributs et le caractère d'une sorcière. Alors pourquoi ne voulait-elle pas l'être ?
- Bec de corbeau et œil de triton, voilà les paroles que tu t'attendais à me voir éructer. T'as beau être un ancien dragonoïde de plus d'un millénaire, tes pensées se lisent comme dans un livre ouvert, Sashmalhek. Je suis une enchanteresse !!! Point final.
Le jeune blond ferma la porte de bois bruni et entra dans la pièce aux ombres mouvantes, s'asseyant près de la cheminée crépitante, il délia son écharpe d'un gris terne et deux yeux aussi flamboyants apparurent derrière.
- Griesedt, tu sais bien que ma puissance n'est plus ce qu'elle était et que je suis rendu en peau de chagrin et de mélancolie. Ma gloire est passée depuis trop longtemps et je me fais claudiquant à protéger mes pensées constamment.
Elle lui décocha une moue, sa figure éclairée par la potion qu'elle tournait dans son chaudron. Il réprima un sourire. On aurai dit une....
- Arrête ! Je suis une enchanteresse !! Rien de plus... Néanmoins, il en va de ta survie, reprit-elle après un touillage... Tu es bien loin de tes contrées. Un dragonoïde, même déchu, vaut de l'or...

Kraken (3/10)

Des perles cristallines s'échouaient sur les toits, dévalaient les pentes et les gouttières, et s'étalaient en grosses flaques qui commençaient à givrer. La pluie tombait, rendant les rues glauques d'une neige boueuse et nauséabonde. Cependant, deux hommes en pardessus noir ne bougeaient pas. Un faisait le guet pendant que l'autre était accroupi, son nez de fouine à l'affût d'une trace quelconque.
- Alors ! Qu'est-ce qu'il y a, Kraken...
- Drakken !! Tu le sais bien. Je m'appelle Drakken !!! houspilla-t-il en se relevant vivement devant lui et le dominant de sa taille.
- Kraken. Drakken. Quelle est son importance ? Du moment que tu sais qu'on te désigne bien !
- Mélavt ! Chacun a son nom. Si tu commences à le déformer, c'est le début de la fin pour moi ! Je ne serais plus désigné comme Drakken le saigneur. Que ce soi Kraken ou le gros poulpe, aucune insulte ne sera tolérée par moi. Et celui-là qui le fera en paiera de sa vie. Même toi, mon frère.
- Depuis le temps, tu aurais dû me trucider milles fois !! se moqua-t-il vaillamment.
Son frérot à la chevelure d'albâtre soupira, agacé et désespéré par son comportement puéril.
- Un jour, je le ferai quand tu ne t'y attendras pas. On est des assassins après tout, murmura-t-il sombrement.
Le gros Mélavt déglutit, ne sachant si c'était une blague.
- Cessons un peu ces enfantillages ! Revenons à la mission ! Mes indics m'ont prévenu ! La cible ne doit pas être loin. On en a eu des traces, ici, à Yervine, dans ce quartier. On a plus qu'à la détecter.
Ils se mirent en mouvement et glissèrent sur les toits, entres les ruelles. Partout où ils pouvaient.

Souveraine des citrouilles (4/10)

- Il te faut des graines de courge ?! s'étonna Patriztcha.
- Non. Tu n'as pas compris ! Il doit me rester quelques pépins d'or d'une Popkinienne dans un flacon d'un beau vert tendre. Et la seule que j'ai connu, est l'ancienne souveraine des citrouilles et autres familiers végétaux, hybridés par Faésyr à leurs humains. Au nord de Zamen. À l'époque où tu étais encore qu'une enfant, j'ai pu en prélever quelques uns alors que j'étais une thanypracteur. D'ailleurs, ce fut un bel enterrement. Je me souviens...
La longue spatule en l'air, elle la pointa sur son apprenti comme si elle agitait une baguette de haut en bas comme pour bien accentuer chaque mot du début de son histoire. Puis, elle continua à mélanger sa potion dans le chaudron, le lâchant du regard.
- Ah d'accord ! Je retourne à la réserve pour voir si j'en trouve, la coupa-t-elle en s'enfuyant pour ne pas avoir à entendre encore une des anecdotes à rallonge de sa mentor. La jeune blonde aux longues tresses et aux yeux bleu topaze en avait assez pour toute une vie.
Seul Sashmalhek était encore dans la pièce, devant la cheminée, se réchauffant du froid qui l'avait trempé jusqu'à l'os. Ses yeux mordorés, presque fluorescents sous les flammes du foyer, faisaient des va et vient dans l'espace, écoutant d'une oreille distraite le long récit que Griesedt faisait de son passé. Le passé ? C'était le plus horrible et cela l'avait fait gamberger. C'était ce qu'il ne voulait plus entendre. Au moins, toutes ses paroles l’inondaient et évitaient de penser à son propre passé.

Pendant ce temps, à l'extérieur, deux hommes bouillaient d'agitation, fendant les flocons.

[Dédé]

3 octobre : (rattrapage)

3. Kraken
— Monsieur l’Agent, je sais ce que j’ai vu.
— Monsieur Patober, vous venez de dire que vous avez dormi. Vous êtes sûr de ne pas avoir rêvé ?
— Non, non. Je me suis souvenu.
— D’une cheville ?
— D’un tatouage de kraken sur une cheville.
— Une des chevilles des six pieds de votre première déclaration ?
— C’est exact, monsieur l’Agent.
— Le tatouage… Il était sur une cheville droite ou une cheville gauche ?
— Attendez que je me souvienne… Cheville gauche. Oui, cheville gauche.
— Je note, je note.
— Je me souviens qu’il était très inquiétant, ce tatouage. J’ignore à quel visage il appartient mais je n’ai pas très envie de croiser cette personne.
— Je comprends. Monsieur Patober. Vous êtes certain que le tatouage, c’était un kraken ?
— Oui.
— Pas un poulpe ? Une méduse ? Un hippogriffe ?
— Non. Un kraken, monsieur l’Agent.
— Ni une étoile de mer ou un yéti ?
— Non. Un kraken.
— Ce n’est pas commun comme tatouage. Enfin, je crois… Nous allons vérifier cela.
— J’espère que ce kraken va vous aider à retrouver votre tueur. Il y a eu un mort, c’est très grave. Justice doit être rendue. Je ferai tout pour vous aider.
— Vous avez juste à témoigner. Nous faisons le reste.
— Je me tiens à votre disposition si vous avez besoin de mon aide.
— Si un autre souvenir vous revient, n’hésitez pas à revenir me voir. Autre chose à rajouter ?
— C’est bien une coiffure d’araignée que vous avez sur la tête ?
— Comment ?
— Euh… Non… Rien…

[Carolyn]

PAtober 4 octobre - Souverain-e des citrouilles

Faut dire que ça fait vraiment un super nom de groupe de rock d'anars châtaigne.

Alt : un squelette enveloppé dans un vêtement rouge vaporeux joue de la batterie sur un instrument en forme de citrouille. Sur la grosse caisse est écrit le nom du groupe : "Souverain-e des citrouilles"

[EryBlack]

4 octobre - Souverain·e des citrouilles

Chacun·e son domaine, chacun·e son importance. Le seigneur des tapis n'est pas moins éminent que la reine des maracas ou la dame des multiprises. Toustes ont leur place dans le grand panthéon et un droit égal à la dignité.

Mais quand même, il a du mal à se faire à l'idée. Souverain des citrouilles, ça vole vraiment pas haut...

[Herbe Rouge]

4 octobre : Souverain-e des citrouilles

C’était elle la plus grosse, la plus belle, elle dominait toutes les autres et rayonnait au milieu du potager ! Cette année, aucun doute, ce serait elle la souveraine.
Elle avait hâte de voir si la légende était vraie, et si, dans quelques jours, le 31 octobre très exactement, elle serait sauvée de la casserole pour être rendue plus belle encore.

[Dédé]

4 octobre :

4. La Souveraine des Citrouilles
— Patober, il faut enquêter de notre côté.
— Tu crois ?
— Oui. L’Agent te dira rien. Il se sert juste de toi pour gagner des témoignages.
— C’est vrai.
— Nous savons même pas si l’individu au tatouage de kraken t’a vu sur les lieux du crime. Si jamais, tu pourrais être en danger…
— Je ne m’inquiète pas trop pour ça, Paëlla.
— Je m’inquiète alors pour deux.
— En effet.
— En attendant, j’ai déjà contacté plusieurs tatoueurs. Demain, j’ai obtenu un rendez-vous chez la Souveraine des Citrouilles.
— Chez la… quoi ?
— La Souveraine des Citrouilles. C’est le surnom de la tatoueuse. Je l’ai eue au téléphone. Elle est très sympa. Elle m’a confirmé que les tatouages de krakens sont rares. Chez elle, il y a un modèle en exposition. Il faut voir ça de plus près.
— Tu es vraiment motivée, Paëlla !
— Il faut vérifier si le tatouage correspond à celui que tu as aperçu. Il est aussi essentiel de découvrir qui l’exhibe sur sa cheville gauche.
— Tu m’impressionnes !
— Tu sais très bien que les affaires policières… j’en fais mon affaire.
— Tu t’es encore lancée dans un marathon de séries policières, n’est-ce pas ?
— Coupable, votre Honneur Patober !
— Tu sais qu’il y a un monde entre la réalité et la fiction ?
— Pas tellement. Il y a des fictions très réelles et parfois, des réalités très fictionnelles.
— Certes.
— Dis-moi pas que t’as peur d’aller voir la Souveraine des Citrouilles ?
— Paëlla ! Tu me prends pour qui ?
— Pour le Patober que tu es.
— Je suis très curieux de connaître l’histoire derrière le surnom de la tatoueuse. Et, résoudre cette affaire, pourquoi pas en faire mon affaire aussi, en passant.
— On fait équipe, alors ?
— Bien évidemment !

[Gabhany]

3 - Kraken (en lien avec la nouvelle du 1er et celles de l'année dernière)

⁃ Maman, c’est qui le monsieur ?
Lina fixe avec insistance et sans aucune discrétion le dos de l’homme qui nous précède sur un sentier bucolique. Je devine ce qui l’impressionne : une immense pieuvre est tatouée sur son crâne rasé et descend jusque dans son cou. Ses tentacules s’étendent au-dessus de ses oreilles, sur la naissance de ses épaules qu’on devine sous son t-shirt léger.
Même pour moi, l’effet est des plus saisissants.
La pieuvre disparaît soudainement quand l’homme se retourne.
⁃ Je m’appelle Karl Krakauer. Mais tu peux m’appeler Kraken, comme tout le monde ici. Je suis là pour vous trouver une maison, maintenant que vous n’êtes plus en quarantaine. Je vous emmène visiter ?
Mes enfants se tournent vers moi, l’air confus. Je leur ai expliqué, pourtant, que c’est ici, désormais, notre maison.
Mais ils ne comprennent pas. Ma Lina ne pose pas de questions mais... elle détourne le regard et laisse ses yeux dériver au loin, elle qui est joyeuse comme un feu d’artifice. Quant à mon Nino… lui réclame son père à grands cris.
⁃ Je n’ai pu vous obtenir qu’une petite maison de plain-pied. Elle est proche du Bouclier, ce n’est pas l’idéal, mais c’est tout ce qu’il nous reste. On n’avait pas prévu de… enfin, on était censés être au complet.
Kraken pointe le doigt vers une maisonnette aux murs d’un jaune pimpant, volets verts pile comme je les aime, avec un petit jardin devant. Je ne comprends pas quel est le problème avec cette maison.
Jusqu’à ce que je voie le Bouclier. Et les Radiés derrière, grimaçants et fébriles, qui tournent en rond comme des animaux en cage.

4- Souverain des citrouilles (rien à voir avec le fil rouge XD)

La porte défraîchie de la grange désaffectée, perdue au milieu des champs, s’ouvre brutalement.
Un enfant à tête de citrouille en jaillit, criant à pleins poumons :
⁃ Maman, maman, j ai gagné !
Il court de toute la vitesse de ses jambes.
Il n’a pas vu le caillou sournois qui est sur le point de ruiner toutes ses espérances.
SCHLAC !
Il se prend les pieds dedans.
PLAF !
Il s’étale par terre et pousse un cri déchirant.
SPROTCH
…
…
…
…
Plus tard dans cette tragique soirée, la pluie a emporté ce qui restait du souverain des citrouilles.

[Raza]

4 octobre - souverain des citrouilles

La grande impératrice avait convié tous ses plus fidèles sujets, afin de déterminer le partage des puissances occultes. Assise sur son trône, elle distribuait les rôles depuis douze heures déjà. Lasse, mais satisfaite, elle arrivait au bout de sa liste. Ne lui restait plus à distribuer que les citrouilles, les potirons, et les pastèques. Elle aurait quelques reproches à faire à son conseiller, mais après tout, l'ordre n'avait pas d'importance.
L'homme qui devait recevoir le royaume des citrouilles n'était cependant pas celui qu'elle attendait. Long et fin, il avait un vague air de ressemblance avec celui qu'elle avait choisi. Un cousin, peut-être ?
— Mon oncle est mort cette nuit, j'en ai bien peur. Etant son héritier désigné, je suis là pour lui.
La fatigue eut raison de l'impératrice.
— Soit, soit. Ainsi donc, par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous nomme... ?
— Jack.
— Je vous nomme, Jack ... ?
— Juste Jack.
— Je vous nomme, Jack, souverain des citrouilles.
L'homme éclata alors d'un rire affreux.
— Enfin, enfin ! Que mon armée se mette en marche, je suis désormais inarrêtable...

[Ewen]

4 octobre – Souverain.e des citrouilles
La souveraine des citrouilles
- Cucurbita, de son prénom -
Ne se creusait pas trop la tête
Alors nous l'avons fait pour elle :

Deux yeux qui louchent pour se voir
En profondeur, une lueur
Donnant la mesure du vide
Entre ses parois filandreuses.

Son visage sourit toujours
Mais à quoi songe-t-elle au fond ?
Complexe-t-elle sur son teint ?
Ou sur son frêle pédoncule ?

Elle a la tête comme une autre
- Commune citrouille, disons -
Laissons-la poireauter dehors !
La reine en prendra de la graine.

[Dédé]

5 octobre :

5. Le chemin était un cercle
— Patober, il nous faut retourner sur les lieux du crime.
— Ah bon ?
— On va pas rester les bras et jambes croisés en attendant notre rendez-vous avec la Souveraine des Citrouilles.
— C’est vrai… Tu as raison, Paëlla.
— Alors ? Le meurtre, ça s’est passé où ?
— Euh… Il faut que je te dise quelque chose.
— Oui, que tu me révèles l’adresse du lieu du crime.
— Non, autre chose.
— Quoi donc ?
— J’ai menti, Paëlla.
— Menti ?
— Menti. À l’Agent.
— Toi ? Patober ? Tu as menti ?
— Je ne lui ai pas dit chez qui j’étais ce soir-là.
— Tu étais chez qui ?
— Chez Rizotto.
— Rizotto ? Comme Rizotto, ton ex ?
— Oui…
— Patober ! Je croyais que tu voulais plus le voir celui-là.
— Je sais… Mais, la vie est… bizarre des fois.
— Comment ça ?
— Elle nous propose de drôles de chemins.
— Ah ?
— Des fois, le chemin de la vie n’est qu’un cercle.
— Le chemin de la vie ? Un cercle ? Parce que tu refais les mêmes erreurs encore et encore ?
— Oui et non.
— Explique.
— Ce soir-là, j’ai eu besoin de lui parler. J’avais encore des choses à lui dire. Il a cru que nous allions nous remettre ensemble. Mais, non. Je voulais juste savoir s’il m’avait déjà menti.
— Et ?
— La boucle a été bouclée, Paëlla.
— D’accord… ce qui veut dire ?
— Il a avoué qu’il m’avait menti. La boucle est bouclée.
— Ton chemin jusqu’à lui est un cercle. Un cercle qui doit prendre fin, Patober.
— C’est fini, fini, maintenant.
— Tu as l’air très sûr de toi.
— Il est parti, Paëlla.
— Parti ?
— Parti loin. Parti pour toujours.