PAtober - édition Octobre 2022
- Ewen
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Re: PAtober - édition Octobre 2022
27 octobre – Brume
Au matin au soir
les brumes gomment l’espace —
Linceul automnal
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- LionneBlanche
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Re: PAtober - édition Octobre 2022
Jour 27 : bière
Quand j’ai entendu le mot « bière », mon moral est remonté en flèche. Enfin, ils allaient tous arrêter de chialer, de ressasser mes soi-disant bonnes actions, souvent exagérées d’ailleurs, pour fêter ma mort comme il se doit ! Je les avais prévenus maintes fois, j’avais dit ce que je voulais en guise d’enterrement, et j’étais heureux qu’ils m’écoutent enfin.
Moi, je ne voulais pas de musiques larmoyantes et de curées en robe, de belles paroles et de larmes de crocodile. Je voulais que mes copains et ma famille parlent de moi dans mon bar préféré, tous avec une bonne bière à la main. Et on rirait de mes bêtises, celles d’hier et d’aujourd’hui. J’aurais pu m’amuser avec eux avant de partir plus haut ; une dernière fois.
Mais visiblement, les gens sont égoïstes, centrés sur leur propre peine, incapables de respecter les choix et volontés du défunt.
Parce qu’ils ne parlaient pas d’alcool, mais de « mise en bière ».
Et c’était triste à mourir, même quand on l’était déjà.
Quand j’ai entendu le mot « bière », mon moral est remonté en flèche. Enfin, ils allaient tous arrêter de chialer, de ressasser mes soi-disant bonnes actions, souvent exagérées d’ailleurs, pour fêter ma mort comme il se doit ! Je les avais prévenus maintes fois, j’avais dit ce que je voulais en guise d’enterrement, et j’étais heureux qu’ils m’écoutent enfin.
Moi, je ne voulais pas de musiques larmoyantes et de curées en robe, de belles paroles et de larmes de crocodile. Je voulais que mes copains et ma famille parlent de moi dans mon bar préféré, tous avec une bonne bière à la main. Et on rirait de mes bêtises, celles d’hier et d’aujourd’hui. J’aurais pu m’amuser avec eux avant de partir plus haut ; une dernière fois.
Mais visiblement, les gens sont égoïstes, centrés sur leur propre peine, incapables de respecter les choix et volontés du défunt.
Parce qu’ils ne parlaient pas d’alcool, mais de « mise en bière ».
Et c’était triste à mourir, même quand on l’était déjà.
- dark revenger
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Re: PAtober - édition Octobre 2022
Bière (28/10)
Que c’était beau la nuit étoilée quand elle vous souriait. Malheureusement elle était de mauvaise humeur en cet instant. Il faut dire qu’on l’avait dérangé. A chaque fois, c’était le calme qu’elle voulait. C’était quoi tout ce bruit ? Ainsi elle décida, pour mater ces délinquants, de faire tomber la brume puis la pluie.
Super ! Une averse nous trempait comme une soupe. Déjà que c’était difficile de résister à l’autre balèze ! C’était le mot. Il martelait mon épée. J’esquivais tous ces coups plus que je les bloquais. Il m’harcelait constamment. Il grognait avec ça. Méchant chien qu’il était. Il ne lâchait pas sa proie. Au bout d’un moment, je reculais vivement et tombais. Cela me désarma. Il fut sur moi. Il allait m’achever d’un coup d’épée quand je lui donnai un coup de pied dans ses jambes pour le déséquilibrer. Cela ne lui fit presque rien. De sa main, il se stabilisa juste en face de moi. Dangereusement, son épée égratigna mon flanc. J’hurlais puis me repris. Je tâtais en arrière pour récupérer mon arme. Je tenais quelque chose de dure sous mes doigts et lui lançais à la gueule. Cela l’assomma. Je constatais que ce n’était pas mon épée. C’était juste une chope de bière ou la vie qui traînait ? Bizarre ! Je récupérais ma lame et fuis pour me donner du temps. Par peur ou par stratagème. Je ne savais plus où j’en étais à cet instant.
- Ça va mon loup ? Il t’a bien amoché. Mirna vint sur ces entrefaites.
- Va le finir. Je te rattraperais, ordonna Okami en se tenant la tête.
- D’accord. Ça va être marrant comme une fête.
Nuit d'orage(29/10)
Mon ombre chinoise se faufilait parmi les fourrées de la forêt. C’était un spectacle splendide et effrayant à la fois. Un orage, du tonnerre et tout foudroie. Tout file droit comme moi. Un lapin n’aurait pas fait mieux dans sa course. Un éclair cueillit un arbre près de là et fit la feuille plus que rousse. Je cherchais désespérément un endroit loin du danger. Je n’en eus pas le temps. Des bruits de pas et des feuilles qui se trémoussaient. Quelqu’un me poursuivait. J’accélérais pour le distancer. Quelques temps après, j’étais essoufflé. Au milieu d’une petite clairière, je m’arrêtais.
Le poursuivant fut bientôt derrière moi et je me rendis compte qu c’était une poursuivante qui allait faire cet assassinat. Avec un sourire d’apparence avenante, elle me notifia :
- Laisse-toi faire et tout se sera moins douloureux pour toi.
Qu’est-ce qu’elle croit? Je ne me laisserais pas faire comme ça.
Je sortis mon épée de son étui.
- D’accord. Tu m’obliges donc à user de la manière forte. Pas de soucis pour moi. Je n’attendais que ça.
La lutte fut intense et sans pitié. Je n’aurais jamais imaginé qui aurait pu l’emporter.
Okami s’était remis debout rapidement. Autant que possible même si Mirna et l’autre élu étaient maintenant bien distants. Il les rattraperait. Il avançait malgré ce mal de tête persistant. Ce n’était pas ça qui allait l’abattre si facilement. Et pourtant. Il arriva dans une petite clairière. Le clair de lune éclairait sa surface. La blanchissant. Ce n’était pas aussi blanc que le corps qu’il vit quelques mètres au loin en ce moment. C’était hallucinant.
Gouffre (30/10)
- C’est la tuile… Putain, c’est la tuile !!!
Aaaaaah ! Quel nigaud j’étais ! Dans quel guêpier je m’étais engouffré ?! Pourquoi j’étais là ?!! Pourquoi j’avais fait ça ?!! Je gueulais à réveiller la nuit. Les nuages me maudissaient de les avoir réveiller. Ce n’était pas ma faute. Dans ce ciel trop sombre, ma tâche était trop éblouissante. Ma culpabilité ne laissait aucun doute et ils allaient s’en foutre. Dans ma forêt vrombissante. Depuis longtemps, ils attendaient cela. Ils ne le méritaient pas. J’avançais pour ma survivance. Ils hurlaient en moi comme milles voix. Ils ne s’arrêteraient pas. Tout mon corps s’effleurait de ce constat. Ma douleur se mettait à louvoyer. Mon sang dégoulinait de ma plaie. Je n’avais pas voulu tant de violence et je m’en foutais d’une juste paix. Cela ne me concernait pas ? Pas de réponse. Je n’en aurais pas. Je n’aurais que la fin. Au bord du gouffre, coulait une rivière. C’était là ?! Las, j’attendais peu et si vainement. Voilà le pas qui m’ assommait.
- Alors tu es prêt ? dit une voix abrupte, les crocs sortis. C’est marrant. Tu mourras comme Windoïr au même endroit.
- Tu me demandes si je suis prêt. (Un silence. Un rire.) Depuis longtemps.
Il attendit à peine. Il se jeta sur moi. Sa rage contre ma détermination. Il me donna un coup et je fus un peu assommé. Je lui agrippai le bras et nous jetai dans l’eau glacée. Ah, c’était donc la fin ! Mon amour, je te rejoins enfin. Ce fut ma dernière pensée avant de couler.
Le premier jour du reste de ta vie (31/10)
C’est comme si, dans l’eau, je m’étais évanoui mais ainsi je suis ici.
Teresa reste sur un banc comme il le faisait avant.
Cependant, elle en a vite marre, c’est très évident.
Où es-tu papa? s’interroge cette charmante enfant.
Si ce n’est dire une ado qui va fêter un triste avent.
Les flics sont prévenus ; cependant
Ils ont dit que son père était grand.
La flicaille. Que des cons insouciants !
Les jours défilent et aucun changement.
Noël, elle le fête avec la grande-maman.
Dinde trop cuite et dessert peu affriolant.
Je reste dans le noir, elle a dit à grande-maman.
J’attends le père Noël pour qu’il me donnent mes présents.
La vieille dans son peignoir fleuri l’a préviens instamment.
‘’Tu peux attendre longtemps. Ce vieux barbu est un absent.’’
Elle l’ignore. Elle a mis son souhait dans une chausse argent.
Tout au bout, vous la voyez, elle brille là-haut au firmament.
Elle rêve d’un bien avant. Un nuage étincelant.
Elle s’éveille comme si c’était un coup du temps.
Puis un bruit, aveugle, ici, tout se fait grisonnant.
Elle éternue à l’instant.Voilà son doux présent ?
Au dehors, souffle la nuit :‘’C’est le premier jour du reste de ta vie’’.
Que c’était beau la nuit étoilée quand elle vous souriait. Malheureusement elle était de mauvaise humeur en cet instant. Il faut dire qu’on l’avait dérangé. A chaque fois, c’était le calme qu’elle voulait. C’était quoi tout ce bruit ? Ainsi elle décida, pour mater ces délinquants, de faire tomber la brume puis la pluie.
Super ! Une averse nous trempait comme une soupe. Déjà que c’était difficile de résister à l’autre balèze ! C’était le mot. Il martelait mon épée. J’esquivais tous ces coups plus que je les bloquais. Il m’harcelait constamment. Il grognait avec ça. Méchant chien qu’il était. Il ne lâchait pas sa proie. Au bout d’un moment, je reculais vivement et tombais. Cela me désarma. Il fut sur moi. Il allait m’achever d’un coup d’épée quand je lui donnai un coup de pied dans ses jambes pour le déséquilibrer. Cela ne lui fit presque rien. De sa main, il se stabilisa juste en face de moi. Dangereusement, son épée égratigna mon flanc. J’hurlais puis me repris. Je tâtais en arrière pour récupérer mon arme. Je tenais quelque chose de dure sous mes doigts et lui lançais à la gueule. Cela l’assomma. Je constatais que ce n’était pas mon épée. C’était juste une chope de bière ou la vie qui traînait ? Bizarre ! Je récupérais ma lame et fuis pour me donner du temps. Par peur ou par stratagème. Je ne savais plus où j’en étais à cet instant.
- Ça va mon loup ? Il t’a bien amoché. Mirna vint sur ces entrefaites.
- Va le finir. Je te rattraperais, ordonna Okami en se tenant la tête.
- D’accord. Ça va être marrant comme une fête.
Nuit d'orage(29/10)
Mon ombre chinoise se faufilait parmi les fourrées de la forêt. C’était un spectacle splendide et effrayant à la fois. Un orage, du tonnerre et tout foudroie. Tout file droit comme moi. Un lapin n’aurait pas fait mieux dans sa course. Un éclair cueillit un arbre près de là et fit la feuille plus que rousse. Je cherchais désespérément un endroit loin du danger. Je n’en eus pas le temps. Des bruits de pas et des feuilles qui se trémoussaient. Quelqu’un me poursuivait. J’accélérais pour le distancer. Quelques temps après, j’étais essoufflé. Au milieu d’une petite clairière, je m’arrêtais.
Le poursuivant fut bientôt derrière moi et je me rendis compte qu c’était une poursuivante qui allait faire cet assassinat. Avec un sourire d’apparence avenante, elle me notifia :
- Laisse-toi faire et tout se sera moins douloureux pour toi.
Qu’est-ce qu’elle croit? Je ne me laisserais pas faire comme ça.
Je sortis mon épée de son étui.
- D’accord. Tu m’obliges donc à user de la manière forte. Pas de soucis pour moi. Je n’attendais que ça.
La lutte fut intense et sans pitié. Je n’aurais jamais imaginé qui aurait pu l’emporter.
Okami s’était remis debout rapidement. Autant que possible même si Mirna et l’autre élu étaient maintenant bien distants. Il les rattraperait. Il avançait malgré ce mal de tête persistant. Ce n’était pas ça qui allait l’abattre si facilement. Et pourtant. Il arriva dans une petite clairière. Le clair de lune éclairait sa surface. La blanchissant. Ce n’était pas aussi blanc que le corps qu’il vit quelques mètres au loin en ce moment. C’était hallucinant.
Gouffre (30/10)
- C’est la tuile… Putain, c’est la tuile !!!
Aaaaaah ! Quel nigaud j’étais ! Dans quel guêpier je m’étais engouffré ?! Pourquoi j’étais là ?!! Pourquoi j’avais fait ça ?!! Je gueulais à réveiller la nuit. Les nuages me maudissaient de les avoir réveiller. Ce n’était pas ma faute. Dans ce ciel trop sombre, ma tâche était trop éblouissante. Ma culpabilité ne laissait aucun doute et ils allaient s’en foutre. Dans ma forêt vrombissante. Depuis longtemps, ils attendaient cela. Ils ne le méritaient pas. J’avançais pour ma survivance. Ils hurlaient en moi comme milles voix. Ils ne s’arrêteraient pas. Tout mon corps s’effleurait de ce constat. Ma douleur se mettait à louvoyer. Mon sang dégoulinait de ma plaie. Je n’avais pas voulu tant de violence et je m’en foutais d’une juste paix. Cela ne me concernait pas ? Pas de réponse. Je n’en aurais pas. Je n’aurais que la fin. Au bord du gouffre, coulait une rivière. C’était là ?! Las, j’attendais peu et si vainement. Voilà le pas qui m’ assommait.
- Alors tu es prêt ? dit une voix abrupte, les crocs sortis. C’est marrant. Tu mourras comme Windoïr au même endroit.
- Tu me demandes si je suis prêt. (Un silence. Un rire.) Depuis longtemps.
Il attendit à peine. Il se jeta sur moi. Sa rage contre ma détermination. Il me donna un coup et je fus un peu assommé. Je lui agrippai le bras et nous jetai dans l’eau glacée. Ah, c’était donc la fin ! Mon amour, je te rejoins enfin. Ce fut ma dernière pensée avant de couler.
Le premier jour du reste de ta vie (31/10)
C’est comme si, dans l’eau, je m’étais évanoui mais ainsi je suis ici.
Teresa reste sur un banc comme il le faisait avant.
Cependant, elle en a vite marre, c’est très évident.
Où es-tu papa? s’interroge cette charmante enfant.
Si ce n’est dire une ado qui va fêter un triste avent.
Les flics sont prévenus ; cependant
Ils ont dit que son père était grand.
La flicaille. Que des cons insouciants !
Les jours défilent et aucun changement.
Noël, elle le fête avec la grande-maman.
Dinde trop cuite et dessert peu affriolant.
Je reste dans le noir, elle a dit à grande-maman.
J’attends le père Noël pour qu’il me donnent mes présents.
La vieille dans son peignoir fleuri l’a préviens instamment.
‘’Tu peux attendre longtemps. Ce vieux barbu est un absent.’’
Elle l’ignore. Elle a mis son souhait dans une chausse argent.
Tout au bout, vous la voyez, elle brille là-haut au firmament.
Elle rêve d’un bien avant. Un nuage étincelant.
Elle s’éveille comme si c’était un coup du temps.
Puis un bruit, aveugle, ici, tout se fait grisonnant.
Elle éternue à l’instant.Voilà son doux présent ?
Au dehors, souffle la nuit :‘’C’est le premier jour du reste de ta vie’’.
Re: PAtober - édition Octobre 2022
Bière – 28 octobre
Dedans ou dehors ?
Après tout, mieux vaut la boire
Que d’y être mise
Dedans ou dehors ?
Après tout, mieux vaut la boire
Que d’y être mise
Re: PAtober - édition Octobre 2022
PAtober 28 - bière
Re: PAtober - édition Octobre 2022
Bière
Lorsque chacun aura reposé son crayon
Heureux et satisfait de sa composition
Il pourra savourer, si le cœur lui en dit
Une bière bien fraîche, en bonne compagnie
Car, après tant d’effort, de soupirs et de doutes
Il sera temps alors de reprendre la route
Afin de retrouver dans nos mondes secrets
Personnages et héros, objets de nos pensées
Lorsque chacun aura reposé son crayon
Heureux et satisfait de sa composition
Il pourra savourer, si le cœur lui en dit
Une bière bien fraîche, en bonne compagnie
Car, après tant d’effort, de soupirs et de doutes
Il sera temps alors de reprendre la route
Afin de retrouver dans nos mondes secrets
Personnages et héros, objets de nos pensées
Re: PAtober - édition Octobre 2022
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Modifié en dernier par Zlaw le 06 avr. 2023, 20:39, modifié 1 fois.
- Isapass
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Re: PAtober - édition Octobre 2022
26 octobre – Lanterne
Il tendit ses dernières pièces et entra sous la tente, impatient. Les bruits de la fête, déjà atténués dans ce coin reculé du village, furent totalement étouffés lorsque l’épaisse portière retomba derrière le vieux forain. Il prit place sur un tabouret, face à un écran noir. Toutes les lumières moururent, à l’exception de la lanterne.
Celle-ci se mit à tourner lentement, projetant sur l’écran ses silhouettes auxquelles la flamme donnait vie. Un village défila sur la toile, puis une maison. Non, un chapiteau. Un homme, âgé si l’on en croyait sa posture, en accueillait un autre. L’histoire, familière, le fit sourire jusqu’à ce qu’un frisson le saisisse. Ce visiteur, se pouvait-il… ? Il reconnaissait son propre chapeau, son long manteau, sa canne ! À présent, le personnage était assis sur un tabouret. Il se levait ensuite, montrant les poings au ciel. Le voilà qui sortait de la tente ; un long serpent de feu venu du ciel le survolait, menaçant ; sur l’image suivante, il gisait, mort, étranglé par le serpent.
La lueur de la lanterne diminua, ne laissant qu’une pénombre difficile à percer.
Il se leva, la bouche déjà pleine d’insultes pour ce vieil homme qui transformait en cauchemar un souvenir d’enfance. Mais il eut beau scruter tous les recoins, le forain avait disparu. Fou de rage, il brisa la lanterne. Un restant d’huile imbiba sa manche qui prit aussitôt feu. Il la secoua, mais s’aperçut bientôt que les flammes s’étaient propagées. La tente s’embrasait comme une torche. Il se précipita dehors au moment où cédait l’une des cordes du petit chapiteau. Celle-ci cingla l’air dans une pluie d’étincelles, retomba sur lui, s’enroula autour de son cou. Il mourut en se débattant.
27 octobre – Brume
C’est l’histoire d’un poids plume
Qui prend froid et s’enrhume
Dans ce très gros volume
De brume
Il essaie les agrumes
Les herbes qui enfument
Rien ne désaccoutume
Son rhume
Pesant comme une enclume
Il cogne le bitume
On lui met un costume
Posthume
Puis on l’inhume
28 octobre – Bière
– Y a rien à boire, alors ?
– Non, rien du tout. Et puis je t’assure que c’est pas vraiment l’ambiance, hein.
– Mais je peux dépanner, j’ai trois packs dans le coffre.
– Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’a pris d’aller acheter ça maintenant ?
– Ben quand on m’invite quelque part, je viens pas les mains vides, moi, surtout quand je suis invité par la famille de madame. Je sais vivre, hein.
– Tu sais vivre, t’es sûr ? Parce que la tenue, c’est pas trop ça non plus. T’aurais pu faire un effort.
– Ben quoi, c’est mon plus beau t-shirt. Il est marrant, regarde ce qu’il y a d’écrit dans le dos : « Tu pètes, Arlette, ou tu rotes, Charlotte ? »
– Oui, justement ! Tu vas quand même pas rentrer là-dedans comme ça !
– Là-dedans ? Mais c’est là-dedans, que ça se passe ? Ben dis donc, c’est pas très festif, quand même. Ils auraient pu trouver une petite salle des fêtes ou un hangar, non ? Surtout que ça va couler partout et ça va un peu saloper les dalles, les bancs, tout ça... C’est sûrement pas facile à lessiver, ces machins-là.
– Ça va couler ? Mais qu’est-ce qui va couler ?
– Ben la bière ! Des fois ça déborde avant de pouvoir capsuler et on en fout partout.
– Mais… mais tu crois que c’est quoi exactement, une mise en bière ?
Il tendit ses dernières pièces et entra sous la tente, impatient. Les bruits de la fête, déjà atténués dans ce coin reculé du village, furent totalement étouffés lorsque l’épaisse portière retomba derrière le vieux forain. Il prit place sur un tabouret, face à un écran noir. Toutes les lumières moururent, à l’exception de la lanterne.
Celle-ci se mit à tourner lentement, projetant sur l’écran ses silhouettes auxquelles la flamme donnait vie. Un village défila sur la toile, puis une maison. Non, un chapiteau. Un homme, âgé si l’on en croyait sa posture, en accueillait un autre. L’histoire, familière, le fit sourire jusqu’à ce qu’un frisson le saisisse. Ce visiteur, se pouvait-il… ? Il reconnaissait son propre chapeau, son long manteau, sa canne ! À présent, le personnage était assis sur un tabouret. Il se levait ensuite, montrant les poings au ciel. Le voilà qui sortait de la tente ; un long serpent de feu venu du ciel le survolait, menaçant ; sur l’image suivante, il gisait, mort, étranglé par le serpent.
La lueur de la lanterne diminua, ne laissant qu’une pénombre difficile à percer.
Il se leva, la bouche déjà pleine d’insultes pour ce vieil homme qui transformait en cauchemar un souvenir d’enfance. Mais il eut beau scruter tous les recoins, le forain avait disparu. Fou de rage, il brisa la lanterne. Un restant d’huile imbiba sa manche qui prit aussitôt feu. Il la secoua, mais s’aperçut bientôt que les flammes s’étaient propagées. La tente s’embrasait comme une torche. Il se précipita dehors au moment où cédait l’une des cordes du petit chapiteau. Celle-ci cingla l’air dans une pluie d’étincelles, retomba sur lui, s’enroula autour de son cou. Il mourut en se débattant.
27 octobre – Brume
C’est l’histoire d’un poids plume
Qui prend froid et s’enrhume
Dans ce très gros volume
De brume
Il essaie les agrumes
Les herbes qui enfument
Rien ne désaccoutume
Son rhume
Pesant comme une enclume
Il cogne le bitume
On lui met un costume
Posthume
Puis on l’inhume
28 octobre – Bière
– Y a rien à boire, alors ?
– Non, rien du tout. Et puis je t’assure que c’est pas vraiment l’ambiance, hein.
– Mais je peux dépanner, j’ai trois packs dans le coffre.
– Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’a pris d’aller acheter ça maintenant ?
– Ben quand on m’invite quelque part, je viens pas les mains vides, moi, surtout quand je suis invité par la famille de madame. Je sais vivre, hein.
– Tu sais vivre, t’es sûr ? Parce que la tenue, c’est pas trop ça non plus. T’aurais pu faire un effort.
– Ben quoi, c’est mon plus beau t-shirt. Il est marrant, regarde ce qu’il y a d’écrit dans le dos : « Tu pètes, Arlette, ou tu rotes, Charlotte ? »
– Oui, justement ! Tu vas quand même pas rentrer là-dedans comme ça !
– Là-dedans ? Mais c’est là-dedans, que ça se passe ? Ben dis donc, c’est pas très festif, quand même. Ils auraient pu trouver une petite salle des fêtes ou un hangar, non ? Surtout que ça va couler partout et ça va un peu saloper les dalles, les bancs, tout ça... C’est sûrement pas facile à lessiver, ces machins-là.
– Ça va couler ? Mais qu’est-ce qui va couler ?
– Ben la bière ! Des fois ça déborde avant de pouvoir capsuler et on en fout partout.
– Mais… mais tu crois que c’est quoi exactement, une mise en bière ?
Re: PAtober - édition Octobre 2022
28 | Bière
La chute
La chute
La bouteille s’est brisée en tombant. C’était quoi, d’ailleurs ? Sûrement de la bière.
La bouteille s’est brisée en mille morceaux et maintenant, le sol, on peut plus marcher dessus. On peut plus sans finir avec les éclats dans les pieds.
Ca aurait sans doute été plus simple avec des chaussures, mais des chaussures, c’est pas facile d’en trouver en ce moment.
Tout est devenu compliqué à obtenir : des chaussures, un manteau qui tient chaud, ou même une miche de pain.
Tout est compliqué, mais au moins, ils sont toujours en vie. Au moins, le missile est tombé un peu plus loin.
Re: PAtober - édition Octobre 2022
28 octobre, Bière - Mots de comptoir
L’homme derrière le comptoir essuie distraitement un verre. Dehors, le ciel est blanc, l’air est sec et le froid pique.
Il regarde une femme, devant la porte, qui hésite à rentrer, emmitouflée dans sa grosse écharpe et son bonnet. Il ne lui voit que les yeux, et un bout de nez tout rouge.
Elle finit par se décider à entrer.
« Bonjour, Madame. Qu’est-ce qu’il vous faut ? »
La réponse lui parvient étouffée.
« Bière ?
-Très bien, Madame, je vous fais ça tout de suite. »
En bon professionnel, il remplit une chope d’un coup de main expert, et la pose devant sa cliente.
« Ce sera tout ? »
La femme fait tanguer le pompon de son bonnet, en faisant non de la tête.
« Bière.
-Une autre ? Très bien. »
Et rebelote. La deuxième pinte rejoint la première sur le comptoir, devant la femme qui les regarde en haussant un sourcil.
« Et voilà.
-Don. Bière.
-Encore une ? »
Il est d’un naturel très agréable, mais il commence à s’agacer un tout petit peu.
« Écoutez, le mieux c’est que vous me disiez directement combien vous en voulez. Vous attendez du monde, c’est ça ?
-Oui ! Bière ! »
Elle le regarde d’un air entendu au-dessus de son écharpe, en attendant que la lumière se fasse. Il la regarde, fronce les sourcils quelques secondes. Puis il ouvre, lui aussi, de grands yeux, ainsi qu’une grande bouche toute ronde.
« Aaah ! s’exclame-t-il. Vous attendez Pierre, c’est ça ? »
Elle pousse un grand soupir à la fois satisfait et excédé, en levant les yeux au ciel.
« Bougez pas, je vais vous le chercher. »
Elle réajuste son écharpe devant son visage en le regardant s’éloigner. Fichu rhume.
L’homme derrière le comptoir essuie distraitement un verre. Dehors, le ciel est blanc, l’air est sec et le froid pique.
Il regarde une femme, devant la porte, qui hésite à rentrer, emmitouflée dans sa grosse écharpe et son bonnet. Il ne lui voit que les yeux, et un bout de nez tout rouge.
Elle finit par se décider à entrer.
« Bonjour, Madame. Qu’est-ce qu’il vous faut ? »
La réponse lui parvient étouffée.
« Bière ?
-Très bien, Madame, je vous fais ça tout de suite. »
En bon professionnel, il remplit une chope d’un coup de main expert, et la pose devant sa cliente.
« Ce sera tout ? »
La femme fait tanguer le pompon de son bonnet, en faisant non de la tête.
« Bière.
-Une autre ? Très bien. »
Et rebelote. La deuxième pinte rejoint la première sur le comptoir, devant la femme qui les regarde en haussant un sourcil.
« Et voilà.
-Don. Bière.
-Encore une ? »
Il est d’un naturel très agréable, mais il commence à s’agacer un tout petit peu.
« Écoutez, le mieux c’est que vous me disiez directement combien vous en voulez. Vous attendez du monde, c’est ça ?
-Oui ! Bière ! »
Elle le regarde d’un air entendu au-dessus de son écharpe, en attendant que la lumière se fasse. Il la regarde, fronce les sourcils quelques secondes. Puis il ouvre, lui aussi, de grands yeux, ainsi qu’une grande bouche toute ronde.
« Aaah ! s’exclame-t-il. Vous attendez Pierre, c’est ça ? »
Elle pousse un grand soupir à la fois satisfait et excédé, en levant les yeux au ciel.
« Bougez pas, je vais vous le chercher. »
Elle réajuste son écharpe devant son visage en le regardant s’éloigner. Fichu rhume.
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