Conte du PAvent 2022

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itchane
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Conte du PAvent 2022

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***


Approchez, approchez,
chère plumeauté !


Installez-vous confortablement ;
prenez coussins, plaids et boissons chaudes, calez-vous bien et écoutez…

Car en l’attente fébrile de Noël, une belle histoire va vous être contée.

Du 1er au 24 décembre, ici-même, de nombreux membres de la communauté seront fiers de vous offrir,
chaque jour, un chapitre d’une merveilleuse aventure PAenne.

Du suspens, du mystère, des surprises, des dangers, de la neige (beaucoup de neige), bref,
de quoi vous tenir en haleine et vous enchanter !

Rendez-vous demain pour découvrir le premier volet de ce conte de l’Avent cent-pour-cent PAen.


***

(Attention, ce topic est réservé à la publication du Conte du PAvent,
pour les commentaires et le flood, rendez-vous dans le sujet dédié.)
Modifié en dernier par itchane le 01 déc. 2022, 12:30, modifié 1 fois.

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itchane
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LES FOLLES PAVENTURES DU PETIT DUVET
QUI VOULAIT SAUVER LE VILLAGE

***


1er décembre

Le village sous la neige
par Isapass
C’est l’hiver. Décembre s’emploie à couvrir la campagne d’une belle couche de sucre froide et cotonneuse. Il a d’ailleurs profité de la nuit pour travailler d’arrache-pied.
Dans sa vallée douillette, inconnue des gêneurs et des bots, le village PAen se réveille emmitouflé de blanc des pavés aux faîtages. Une à une, les fenêtres givrées s’illuminent, les cheminées exhalent leurs nuages gris, et quelques “bonjour” chargés de sommeil traversent les portes encore closes.
Dans l’une des maisonnettes de la rue de la Répétition, une plume – une ancienne, de celles qui ont connu bien des Parathons et des Histoires d’Or – colle le nez à sa vitre.
– Dites donc, les vieilles rémiges, ça f’rait pas un moment qu’ça bouge pas du côté des barbes ? lance-t-elle après un temps d’observation circonspecte.
Ses deux colocataires la rejoignent à son poste, d’où la vue sur la Tour des Admines, au-delà du fleuve Miel, est imprenable.
– Possible, confirme l’une.
– Maintenant qu’tu l’dis… approuve l’autre.
Un silence s’installe, où l’on devine les vieux rouages mentaux qui se mettent en branle, lentement huilés par le café matinal.
– Faudrait pas qu’elles aient eu un problème.
– Qu’est-ce que tu veux qu’elles aient eu comme problème ?
– Chais pas. Le chauffage qu’a pété. Imagine. En cette saison… Ou pire, panne de café, de nesquouique ou de bière…
Silence. Rouages.
– Ah ouais… la grosse tuile, quoi. Faudrait p’têt qu’on s’inquiète ?

Une heure plus tard, le sujet de l’absence d’activité dans la Tour des Admines s’est répandu dans le village par le biais du PAchat – ou plutôt du Discord, que les anciennes s’acharnent à baptiser PAchat en souvenir du bon vieux temps. Les rapports sont formels : depuis l’avenue des Post-it perdus à l’ouest, comme depuis le Boulevard de la République PAenne au sud ou le chemin des Fictions abandonnées au nord, pas un mouvement n’a été perçu dans la Tour depuis plusieurs jours.
– Qu’est-ce qu’on fait, du coup ? demande la plume qui a levé l’alerte.
– On va voir ?
– Ben ouais.
– Ok, vas-y.
– Vas-y, toi. J’ai pas fini ma session.
– Ben moi j’allais m’y mettre.
– Je te dis quoi : on le joue au Loup-Garou PAen…

Une nouvelle heure plus tard, la perdante ouvre le battant en maugréant. Or, un obstacle de taille se présente aussitôt : la neige monte à hauteur d’épaule.
– En plus il va falloir que je me roule dedans…
– Ah ben t’as perdu, t’as perdu, hein !
Quelques contorsions plus tard cependant, les anciennes ne sont parvenues qu’à s’enfoncer dans la poudreuse, à tremper leurs pantoufles et à se rendre ridicules.
Sur le PAchat, les compte-rendus en provenance des quatre coins du village ne semblent pas plus optimistes : impossible de sortir de chez soi. La neige, trop haute et trop molle, forme des remparts infranchissables.
Une inquiétude soudaine s’abat sur la communauté. Si les admines sont vraiment en danger, comment leur venir en aide ?
Tout à coup, un nouveau message envoie un petit “blip” dans le silence angoissé qui a étreint les plumes.
“Bonjour, je suis un petit duvet, je viens d’arriver. J’ai essayé de sortir de chez moi et ça marche. Je m’enfonce pas. Vous voulez que j’aille voir dans la Tour ?”
Des dizaines de “+1” s’affichent aussitôt sous le message d’espoir, tandis qu’un rugissement d’approbation et d’encouragement salue l’initiative du brave petit duvet.
L’ancienne, soulagée, écrit solennellement sur l’interface :
“Vas-y, petit duvet, on croit en toi !”


... à demain pour la suite des aventures du Petit Duvet !

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Nothe
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2 Décembre
L'Annonce
par Itchane Image

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Nothe
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Message par Nothe »

3 décembre
Les dix pièces d'or
par Alice_Lath
— Premier ingrédient : dix pièces d’or pour la Secte Subtile… pépie le petit duvet.

Dix pièces d’or, les admines qui ont disparu, les autres plumes coincées dans la neige… Dix pièces d’or. Ça fait beaucoup d’argent de poche ça, compte le petit duvet sur ses rémiges. Il tente de convertir le tout en chocolats chauds, mais le montant lui donne le vertige. Tout va si vite. L’ampleur de la quête le foudroie si bien qu’il tombe le cul dans la neige en un nuage de flocons doux comme de la barbapapa.

Dix pièces d’or. Où, par les poils de barbe, peut-il trouver dix pièces d’or ?

Une idée lui vient soudain. Oui, c’est cela ! Ragaillardi, le petit duvet se redresse sur ses pattes, rajuste son bonnet et son sac. Heureusement qu’il a travaillé l’imagination avec ses histoires ! Et heureusement qu’il a passé beaucoup trop de temps à regarder des vidéos plutôt qu’à écrire, car tout ce savoir qui bouillonne soudain dans sa caboche va bien lui servir. Ni une ni deux, le voici qui sautille à toute vitesse. Un renne qui passe non loin l’aperçoit et se demandera encore plus tard quel était ce drôle d’animal qui bondissait comme une patate chaude sur une poêle (le petit duvet l’ignore bien sûr, comme il ignore que le renne par la suite deviendra enseignant-chercheur en zoologie à l’académie des rennes où il parlera longtemps de cette drôle de bête).

Il ne faut que quelques minutes à notre héros pour atteindre l’Atelier à Remonter le Moral. Ici, on fournit tout pour remonter le moral des plumes en détresse : câlins, encouragements, mots d’excuse pour les vacances… Et surtout, le plus important : des kilos, des tonnes, des kilotonnes, des kilotétratonnes de chocolat ! Et des choses qui brillent comme une pluie de paillettes ou d’étoiles, des choses douces, qui murmurent et qui guérissent les plaies à l’âme. Comme si cela ne suffisait pas, au milieu de ces merveilles, le petit duvet doit en plus résister à l’appel du rayon pull – son rayon préféré – où en échange d’un peu d’argent (reversé par la suite à la Sec… association Plume d’Argent) on peut rehausser son glamour d’une capuche.

Au niveau du comptoir, il se hausse sur la pointe des pieds, sans grand succès. C’est trop haut.

— Hum hum, tente-t-il en se raclant la gorge.

Mais le bruit des machines à pistons, au milieu des vapeurs de caramel où l’on trempe les pommes d’amour et mélange la compote à la cannelle, masque sa frêle voix.

— HUM HUM !

La réponse ne se fait pas attendre, grinçante à souhait :

— Ouiiiii ?

Le petit duvet voudrait se liquéfier sur place. Que dire maintenant ? Il n’a pas prévu la suite. Sans doute en plus l’a-t-on trouvé malpoli. Il se met à suer sous son bonnet, puis le retire, piteux, les yeux vers le sol.

— Vous cherchez quelque chose ? insiste la voix plus douce. Je peux vous aider ?

Alors, le petit duvet inspire un grand coup. Pour le Gondo… pour les admines et le village, songe-t-il. Il lui faut du courage. Lorsque les mots sortent, ils se bousculent si bien que lui-même n’est pas certain de se comprendre :

— Je cherche… euuuh… Je-suis-un-du-duvet, enfin du village, les plumes là, vous voyez, oui, enfin j’arrive, mais je… Je veux de l’argent. Enfin non, de l’or. Oui, mais non ce n’est pas un braquage madame, vous voyez, enfin je pourrais pas, oh non je suis désolé, je fais tout gâcher à chaque fois. Je recommence. Je veux de l’or, enfin non, des pièces d’or, mais pas d’or, je, voilà, c’est joli chez vous haha, ils sont chouettes les pulls. Vous-avez-des-pièces-d’or-s’il-vous-plaît ? Mais non, pas de l’or… Aaaah… aaaah…..

Son dernier couinement meurt dans sa gorge. Il en a les larmes aux yeux d’angoisse. Penchée sur le comptoir, les bras croisés et engoncée dans un costume de lutin un peu trop grand, la vendeuse le fixe d’un air songeur. Une fois qu’il a terminé sa tirade désordonnée, elle lève un doigt :

— Un instant.

La voici qui se met à fouiller les étagères, d’immenses étagères de bois dégorgeant de pinceaux, d’herbe à chat, d’aquarelles et de boas de plumes si légers qu’on aurait peur de les perdre au moindre risque d’éternuer. Après un instant, elle revient, les épaules recouvertes de poussière de Lune et d’écume de nacre. Avec, dans la main, un filet rouge familier.

— Vous en avez besoin de combien ? Elles sont toutes fraîches d’hier, on a ajouté des éclats de noisettes, vous me direz ce que vous en pensez.

— Dix ! Il m’en faut dix !

Elle compte dix pièces en chocolat que le petit duvet échange contre son stylo, que pèse un stylo après tout face à un village, même si c’est un très joli stylo avec une boule à neige au bout. Dix pièces d’or en chocolat ! Voici qui devrait faire l’affaire, se réjouit-il, avant de déglutir en lisant le second objet sur la liste.

Une dent de Didier le dentier.

Il laisse échapper un piaillement de détresse. Cette fois, impossible de s’en tirer aussi facilement. S’il est arrivé en sautillant à l’Atelier à Remonter le Moral, il en ressort la patte traînante. Qu’est-ce que cela peut bien manger un dentier ? Quand même pas… un petit duvet ?

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EryBlack
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4 décembre
La dent de Didier le Dentier
par Cocochoup Image

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EryBlack
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Message par EryBlack »

5 décembre
Les délicieuses pâtes au beurre
par itchane
Quelle angoisse, se dit le petit duvet. Heureusement, la dent est maintenant récupérée et le prochain ingrédient ne lui semble pas trop difficile à dénicher. Sur la liste qu’il tient encore entre ses barbules, il découvre que pour sauver le village, il doit désormais trouver de délicieuses pâtes au beurre.
Par chance, il se souvient avoir repéré un petit restaurant très discret dans la non lointaine rue de la Courge.
Tandis qu’il survole la neige de ses graciles sautillements pour s’y rendre, les plumes du village, anciennes ou duvettes, s’appliquent à déblayer les trottoirs pour que la vie puisse reprendre. Mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous ; les jurons et les découragements se multiplient sur le chemin.

Le restaurant sera-t-il ouvert ?
Sur son palier, le petit duvet découvre la patronne et son apprenti, pelle à la plume pour en dégager l’entrée.

― Excusez-moi, ose-t-il.
La cuisinière lève à peine le nez de sa tâche.
― On n’est pas encore ouvert, dit-elle.
― Je suis vraiment désolé, mais ma demande est très spéciale.
― On n’est pas ouvert pour autant.
― C’est-à-dire que les admines m’ont chargé d’une mission !

La cuisinière se redresse enfin et toise le petit duvet de la tête aux pieds.
― Les admines ? Une mission ? Toi ?
― Oui. Une mission de la plus haute importance.
― Et qu’est-ce qu’elles veulent les admines ? demande-t-elle les yeux plissés par le soupçon.
― De délicieuses pâtes au beurre.

Un silence pesant tombe devant la boutique. Même l’apprenti en arrête son pelletage.

Puis la cuisinière explose d’un gros rire tonitruant.
― Et tu t’es dit que c’était ici qu’il fallait venir les chercher ? ricane-t-elle en pointant l’enseigne de son restaurant.

En lettres d’argent sur fond bleu nuit, le petit duvet voit scintiller fièrement le nom du lieu en haut de devanture : “Projet Raclette”.

― Et bien, c’est-à-dire que… enfin, cuisiner ci ou ça, c’est toujours un peu pareil… bredouille-t-il les joues rouges et conscient de s’enfoncer davantage.
― Je vais faire semblant d’avoir rien entendu, répond la patronne. T’as de la chance, j’ai pas le temps de te mettre un coup de pied au cul. Continue tout au bout de cette voie et prends à gauche dans la rue du Marque-page. T’y verras une grande bâtisse, vieille, moche, poussiéreuse. Et absolument merveilleuse. Demande là-bas.

Le petit duvet la remercie chaleureusement et s’en va sans demander son reste.

Arrivant dans la rue du Marque-page, il repère immédiatement le bâtiment qui lui a été indiqué.
Grand, vieux, moche, poussiéreux. Et absolument merveilleux.

Au-dessus de la porte moulue par les temps, l’inscription gravée “Aux PArchives”.
Le petit duvet pousse le battant et entre.
Il découvre une salle à la taille infinie et aux allures de cathédrale. Emplie d’un labyrinthe d’étagères courant du sol au plafond, débordantes d’ouvrages, boîtes et classeurs de toutes sortes, de toutes couleurs et de toutes tailles.

― Bonjour ? lance-t-il aux rayonnages.
Sa voix se répercute en écho dans toute la nef.
― C’est pour quoi ? lui chuchotent les ouvrages.
Le petit duvet a un peu honte de faire sa requête, si étrangement décalée en ces lieux, mais il la fait tout de même.
― Je cherche de délicieuses pâtes au beurre.

Pâtes au beurre… pâtes au beurre…” se répète sa demande de bibliothèques en casiers, d’armoires en tiroirs.

― Ici ! entend-il au loin sur sa droite.
Le petit duvet suit le son de la voix.

Il passe devant d’innombrables étiquettes qui ne lui disent pas grand chose… “PAcno”, “PAnthologie”… “Conseils d’écriture” en tête d’un cahier jauni, “Perles” collée sur un vieux coffret.

― Ici ! lui rappelle la voix.

Un drôle de livre à la couverture noire inquiétante s’agite dans un coin pour se faire repérer, trop heureux qu’une plume ait demandé après lui. Le petit duvet s’en approche et s’en saisit. Une douce odeur de soupe à la citrouille vient lui chatouiller les narines.
Il ouvre ; en lettres orange sur la première page : “PAtober 2022”. Puis un fourre-tout délicieux de textes, dessins, poèmes, devinettes, signés de plumes anciennes et nouvelles, hourra ! Le petit duvet a trouvé ce qu’il cherchait.

Il glisse l’ouvrage dans son sac se promettant de prendre un jour le temps de le lire, puis il quitte les PArchives empreint d’une nostalgie qui ne lui appartient pas.
Il est temps d’aller trouver le prochain ingrédient.

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Nothe
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6 décembre
La tartine de confiture de rose châtaigne
par Nothe
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itchane
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7 décembre

Le poil de Bête
par Eryblack(texte) et Tac(illustration)
Elle a l’air bien bonne, cette tartine à la couleur insaisissable, mais le petit duvet ne cèdera pas à la tentation d’y goûter. Il sait ce qui vient ensuite dans la liste, et il aura besoin de toute sa lucidité pour l’affronter… Grave, le pas lent, le dos courbé, les mains croisées, triste, et le jour pour lui est comme la nuit (quoi ?), le petit duvet emprunte l’allée des Duvets, longeant le jardin public où la neige recouvre tous les espaces où s’ébattent habituellement les plumes de tous âges. Que c’est désolant de voir ces lieux abandonnés ! En plus, il a la drôle d’impression d’être épié, mais quand il se retourne, il n’aperçoit personne. Frissonnant, il bifurque dans la rue de la Fille Reniée.

Les piliers de bar du Troll Radieux, le pub crasseux de la rue du Plaid, bafouillent toutes sortes de racontars que les petits duvets comme notre protagoniste tentent souvent vainement de tirer au clair, dans les premiers jours qui suivent leur arrivée. Ils s’accordent sur un point : la caverne à l’ouest du village, il ne faut pas la visiter. Jamais. Elle sert de refuge à la plus terrifiante des créatures que le Village ait jamais accueilli. Généralement, après avoir bredouillé ça, les piliers de bar verdissent et refusent d’en dire plus, mais l’un d’eux a un jour murmuré quelque chose à propos d’un ch… d’un ch…
Le petit duvet n’ose même pas y penser.

Bravement, il se poste à l’entrée de la grotte sombre, noire et obscure. Une odeur suspecte émane des profondeurs, comme celle d’une litière qu’on n’aurait pas nettoyée depuis trop longtemps… les légendes disaient donc vrai…

– Euh… bonjour ? hé ho ? lance le petit duvet.

Un gronronnement lui parvient du fond de la caverne.

Quiiii oooose… troubler ainsiiii… mon sommeiiiil… ?
– Pardon euh, monsieur ! Je viens pour euh, comment dire… J’ai besoin d’un poil !

La réponse lui parvient sous la forme d’un silence perplexe. Le petit duvet sue du front (et un peu des fesses) mais n’écoutant que son courage (et en se bouchant le nez) il fait quelques pas vers l’intérieur de la caverne en brandissant la tartine.

– J’ai… j’ai de la confiture de rose châtaigne !
Mraaaaahahaha… pauvre innocent…

Une voix cruelle ricane, tout au fond. Le duvet ne parvient pas encore à saisir la silhouette de la créature probablement terrifiante qui se tapit dans l’obscurité.

J’ai connu le grisâtre du premier site… j’ai connu le premier forum et ses successeurs, poil au cœur… j’ai connu l’époque où le flood s’écoulait sans entraves…
– J’ai juste besoin d’un poil, monsieur, tente le duvet d’une petite voix.
J’ai connu les smileys qui bougeaient… J’ai connu l’antépasse-miroir puis la déferlante de fans de Thorn tombées de la dernière pluie… j’ai survécu aux censures et aux bugs de toutes sortes… CROIS-TU M’IMPRESSIONNER AVEC TA MISÉRABLE TARTINE ? Crois-tu que je suis sensible à ce symbole de l’autorité abusive des dictatrices que toustes persistent à nommer des admines ?? ?
– Mais monsieur… un poil…
– C’EST MADAME ! tonne la voix qui vrille dans les aigus.

Froutch froutch, ça remue au fond de la grotte ; deux petites lampes s’allument et hop, hop, quelque chose se rapproche… mais… c’est…

– Un chat ? vous êtes juste un chat ?
– Non mais où est le respect ?? Je suis un CHATON ! Un chaton-GAROU, s’il te plaît !
– Ben… Vous ressemblez quand même beaucoup à un chat.

Le chaton-garou s’étrangle de rage, mais il n’y a pas à dire, il ressemble à un chat normal. Très mignon bien que pas très propre. On sent qu’il s’est un peu laissé aller, ces dernières années, fatigué par… mais oui ! Le petit duvet se souvient maintenant : sur les panneaux d’affichage du parc des Plumes d’Argent, il a entraperçu des tracts et des autocollants militants appelant à la révolte et signés d’une patte de chat. Quand il a demandé le pourquoi du comment à des Plumes plus aguerries, il n’a récolté que des réactions muettes : yeux au ciel, soupirs nostalgiques, sursauts d’effroi ou gros yeux signifiant “tu vas avoir des problèmes toi…”

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– Aaaah mais c’est vous alors ? Le chaton-garou qui est à la tête de la rébellion ?

Ça, c’est un coup à calmer tout chaton-garou qui se respecte. Un peu apaisé, celui-ci entreprend de se toiletter d’un air digne, mais lécher son propre pelage lui tire une grimace et il se résout à plutôt fixer sans ciller le petit duvet.

– C’est mwa, miaule-t-il. Le seul, l’unique, le fameux, le redoutable, l’adorable chaton-garou. Et j’étais là, Gandalf
– Je m’appelle pas Gandalf, proteste le petit duvet, mais c’est trop tard : le chaton-garou s’est relancé dans sa diatribe.
J’étais là, il y a trois mille ans… bon, seulement 15 ans, en fait, mais j’étais là…

Le chaton-garou raconte son combat. Les coups d’état avortés. La lutte acharnée contre le pouvoir en place. La certitude qu’un monde meilleur était possible, si seulement les Plumes acceptaient sa dominatation à lui, le chaton-garou, plutôt qu’aux admines… Le petit duvet écoute, immobile. Il ressent un drôle de sentiment : une sorte d’ennui insondable mêlé à… oui, de la compassion, dans le fond. C’est beau, cette détermination. Cette capacité à rebondir sans se préoccuper de ce que les autres pensent de vous. Cette envie d’agir pour la communauté, certes en s’octroyant les pleins pouvoirs, mais pour une cause juste… enfin, peut-être…

Quand le chaton-garou se tait enfin, il échange avec le petit duvet un long regard solennel. Puis il éternue. C’est qu’il fait froid, ce jour-là, on a dit.

– Bon, du coup, pourquoi tu venais me voir ? demande la bête en reniflant.
– Pour un poil, je vous ai dit.
– Mais qu’est-ce que tu vas faire de ce poil ?
– C’est pour… en fait, les admines ont pour ainsi dire… disparu, et… elles ont demandé qu’on rassemble des trucs, sinon le village disparaîtra à jamais…

Les yeux du chaton-garou s’agrandissent. Le petit duvet retient sa respiration. C’est vrai que c’est une occasion en or pour ce rebelle de chaton-garou ! Ne risque-t-il pas de tout faire capoter en se lançant à l’assaut de la Tour des Admines ? Il a déjà le cerveau qui fume rien qu’à imaginer tous les coups d’état qu’il pourrait prévoir en profitant de l’absence des admines ! Mais…

– Oh, pfff. J’ai un peu la flemme, aujourd’hui. Et ça caille. Si je te donne un poil, les admines reviendront ?
– Eh bien, si j’arrive à récupérer les autres ingrédients, oui.
– Et le village survivra ?
– Oui, j’espère…
– Bon. Il y aura donc toujours du monde à dominatater. C’est le plus important. Allez, prends donc cette boule de poil qui traîne et va en paix, jeune duvet.

Frappé par la majesté de l’instant, le petit duvet se penche pour ramasser la boule de poils la plus proche, effectue une courbette en direction du chaton-garou puis fait demi-tour, le cœur battant.

– Jeune duvet ?

Il se retourne. Le chaton-garou pose sur lui un regard sans âge.

– Je suis retorse et suprêmement intelligente, mais les admines sont deux fois plus rusées. Et cruelles. Et justes, parfois, mais cruelles. Souviens-toi de ça… et bonne chance pour ta quête.


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itchane
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8 décembre

La décharge de PActilator
par itchane
Le petit duvet s’éloigne de la grotte sans trop savoir que faire de ce dernier conseil.
Une chose est sûre en tout cas, la faune du village PAen réserve bien des surprises.

Et une autre chose est sûre aussi, le temps passe et il n’a pas encore tous les ingrédients ! Vite, ne traînons pas ! Le village compte sur lui !

Il consulte une fois de plus la liste laissée par les admines.
Ingrédient suivant : “Une décharge de PActilator”.

Alors là, il en reste coi.
Où trouver ce composant ?

Plus le temps d’enquêter, il lui faut une réponse, vite.
Fini la fantaisie, il se saisit de son téléphone et se connecte au Discord de la communauté.
“Bonjour !” pianote-t-il.
“Pwic”, “Pwoc”, “Grouh”, “ :wave: ” lui répond-on.
“J’ai besoin d’une décharge de PActilator, quelqu’un sait où trouver ça ?”
:screaming: ” “ :anxious-sweat: ” “ :o ” lui répond-on.
“Une décharge de PActilator ? Es-tu maso ?”
“Euh… et bien c’est-à-dire que je dois la trouver pour les admines”
“Aaaaaaaah… :'D ” lui répond-on.
“Va rue de la Santé Mentale Égarée, cherche un aigle et une étoile et tu trouveras”
“Pas sûre de te souhaiter de trouver ceci dit…”
“Non clairement… bon courage :'D
“Merci beaucoup :thumbsup: ” répond le petit duvet.

Il éteint son téléphone et va, court, vole pour traverser le village, peu en confiance sur ce qui l’attend.
Sur son trajet, il se sent parfois étrangement suivi. Mais lorsqu’il se retourne, rien. Se ferait-il des idées ? Le stress, sûrement.

Dans la rue de la Santé Mentale Égarée, il ne met pas longtemps à trouver une enseigne présentant une étoile sur le cœur d’un aigle. Il entre.
Il découvre un atelier délirant. Machines en tout genre, fils électriques, composants électroniques, écrous, poussières d’étoiles et bras de robots désossés, il y en a de partout et tout semble prêt à s'effondrer à chaque instant.

― C’est pour quoi ? lui demande une voix derrière des goggles en cuir huileuses.
― Je viens chercher une décharge de PActilator.

Les lunettes sont soulevées brusquement et un sourire lumineux se dessine sur le visage de la plume inventeuse.
― Un cobaye, enfin ! s’exclame-t-elle en posant le chalumeau qu’elle tenait à la main.
― Euh… comment dire… je dois l’emporter pour les admines… la décharge.
Le sourire de la plume n’en grandit que d’avantage.
― Vraiment ?! J’étais sûre que les admines s'intéresseraient à mon projet, c’est le futur de PA ! rayonne-t-elle, extatique. Je vais te faire une belle décharge, installe-toi là !

Une belle décharge ? Le petit duvet se crispe en suivant les instructions de la bricoleuse.
La plume repousse des engins divers pour dégager une grande cage métallique. Elle y fait entrer le duvet puis l'assoit sur une imposante chaise en bois débordante de câbles, ressorts et tuyaux. Elle lui met un casque sur la tête, lui attache les ailes aux accoudoirs et branche des pinces à ses plumes. Le petit duvet n’est plus rassuré du tout du tout.
― C’est ça le PActilator ? demande-t-il en tremblant.
― C’est un prototype. Si ça marche, je compte le réduire ensuite pour le faire tenir dans un simple gant.
Si ça marche ?
― T’inquiète pas, je gère.

Le petit duvet s’inquiète quand même sacrément.

― Tout est branché, à toi ! lui lance la plume en ressortant de la cage précipitamment et la refermant derrière elle.
― Comment ça, qu’est ce que je dois faire ?
― Bah, un truc interdit, pour déclencher la décharge pardi !
― Un truc interdit ? Déclencher la décharge ?
― Oué, un truc du réglement que t’as pas le droit de faire.
Le petit duvet déglutit difficilement. Le village a-t-il vraiment besoin d’être sauvé après tout ? se demande-t-il.
― Comme… comme insulter une admine ? propose-t-il finalement.
― Houla ! Tu veux mourir ? Attention à la teneur des posts, tu risques de te faire électrocuter très fort ! Non, un truc moins grave, genre, chai pas… un double-post !
― Un double-post ? C’est quoi un double-post ?

L’inventeuse ne répond pas, fixant le petit duvet d’un regard inquiétant.
Un long silence gênant s’installe. Le petit duvet le brise en reprenant la parole.

― Je ne comprends pas, qu’est-ce que je dois f…
“BZZZ” une décharge électrique lui remonte le long des plumes et le fait sursauter de plusieurs centimètres.

― Un double-post, une décharge ! s'exclame, réjouie, la savante-folle.
Flamboyante, elle se précipite pour entrer dans la cage, suit du regard les étincelles résiduelles qui remontent le long des câbles, en attrape une au vol dans un petit bocal et referme le tout d’un couvercle.
― Et voilà, dit-elle au petit duvet, une magnifique décharge de PActilator !

Radieuse, elle détache sa victime du siège et lui tend le récipient de verre dans lequel des arcs électriques bleu-argentés, piégés, grésillent férocement.

― M… merci… lui dit le petit duvet, les rémiges encore frémissantes et peu sûr de vouloir vraiment la remercier.
― Tu diras bien aux admines que ça a marché, hein, hein ? Je peux en construire plein !

Le petit duvet se saisit du pot et s’enfuit en courant.


... à demain pour la suite des aventures du Petit Duvet !

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itchane
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Re: Conte du PAvent 2022

Message par itchane »

9 décembre
L’autographe de Nicolas
par Léthé (illustration) et Nothe (texte)
Le Petit Duvet marche dans les bois… Il est seul maintenant, et les lumières du village PAen sont loin derrière lui. Cet ingrédient… Ce Nicolas… Qui peut-il bien être ? Il a beau fouiller sa mémoire, il ne lui semble pas avoir déjà rencontré de Plume se prénommant ainsi au village.

Pourtant, maintenant qu’il y pense… Les plus anciennes citoyennes, celles qui s’assoient sur des bancs pour parler du Bon Vieux Temps, le mentionnent parfois ; et toujours, dans leur voix, il y a cette même émotion : un mélange particulier de tendresse et d’exaspération.

C’est cette affection qui pousse le Petit Duvet à errer aux abords de la forêt PAenne, là où les maisons se font rares. Une Plume comme ça, qu’on aime autant, n’aurait pas quitté le village ! Elle doit s’être excentrée, c’est tout…

L’obscurité grignote les bords de la piste et le vent hulule entre les pins glacés. Le Petit Duvet rentre le bec dans son cou pour échapper au froid. Dans le ciel, l'œil impitoyable de la lune le regarde errer sans but. Que pense-t-elle de lui ? Se dit-elle qu’il perd du temps ? Qu’il cherche en vain ?

Non ! Pas de découragement ! Ce sacré Nicolas ne peut pas être bien loin !

Ah-ha ! Là ! Au détour du sentier, une cabane dans les bois ! Une lumière ocre vacille derrière les carreaux de ses petites fenêtres. L’espoir renaît ! Il va aller demander son chemin : les Plumes sont toutes si gentilles, on l’enverra certainement dans la bonne direction.

Ragaillardi, il se dirige donc d’un bon pas vers la petite cabane. La lumière est si faible qu’il ne remarque pas tout de suite son étrange décoration. Là, au pied du mur en planches… Cela ressemble drôlement à de grands pièges à loups… Et ça, accroché au porche, est-ce que c’est… Une cage ? Mais que mettrait-on dans une si grande cage ?

Hélas ! Ces pensées traversent l’esprit du Petit Duvet alors que celui-ci a déjà avancé la main pour toquer à la porte. Tandis que, mortifié, il se raidit de toutes ses plumes, une voix sépulcrale retentit :

– J’arrive…

Le cœur du Petit Duvet bat à toute vitesse dans sa poitrine… Il voit comme au ralenti la poignée tourner, la clenche descendre, et dans un rayon de lumière dorée, une silhouette apparaît…

Spoiler
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