Conte du PAvent 2022

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EryBlack
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Re: Conte du PAvent 2022

Message par EryBlack »

20 décembre
L'Oubli...
par EryBlack
Oublions, se dit le petit duvet. Oublions ça tout de suite. Enfouissons cette vision au plus profond de notre être. Ça n’a jamais eu lieu. C’était bien trop… NON ON A DIT QU’ON N’Y PENSE PLUS.

Au niveau de l’horloge, ça commence à être vraiment craignos. Le petit duvet n’ose plus vérifier l’heure, espérant qu’un miracle aura eu lieu et que les dix minutes se seront démultipliées. Il poursuit sa route aussi vite que possible. Bientôt, le voilà devant un imposant bâtiment, au cœur du village, à deux pas de la Tour : la splendifique bibliothèque PAenne…

Oh ! Maintenant qu’il y pense, on lui a expliqué à son arrivée que la Tour des admines possède son propre accès à la bibliothèque en passant par les jardins intérieurs ! Voilà un vrai raccourci – du moins, il espère très fort ne pas se tromper cette fois-ci (ON N’Y PENSE PLUS). Ainsi il se hâte à l’intérieur du vénérable lieu. Ici, un silence doux et une bonne odeur de papier règnent perpétuellement. Ici, à toute heure du jour et de la nuit, on trouve des Plumes enroulées dans les multiples plaids disponibles en accès libre et plongées dans les mille et unes histoires du fond PAen.

Les étagères regorgent de merveilles. Où qu’on pose le regard, on aperçoit les œuvres des Plumes : couvertures illustrées ou reliures de fil artisanales, énormes pavés et feuillets volants, des fanarts à tomber par terre, des titres alléchants, des mots, des mots, des mots partout… Il y a même un petit rayon fanfictions où – pour une raison obscure – plusieurs affiches criardes vantent les mérites du hula hoop.

Cette nuit, le lieu est désert. Le petit duvet fait de son mieux pour avancer résolument vers la sortie qui donne sur les jardins. Il aura tout le temps de profiter des lieux quand le village sera sauvé. Il s’efforce de ne pas laisser ses yeux s’attarder sur les fauteuils moelleux, les alcôves à lumière tamisée aménagées dans les murs, le stand de boissons en libre service et ses affichettes si mignonnes (“pensez juste au coup d’éponge et apportez vos propres mugs ! Concours trimestriel du meilleur mug de mauvais goût : inscriptions dans le cahier couleur batracien”), la réserve de muffins et de casques anti-bruit…

Allez. Juste un muffin… Il n’a rien mangé depuis un moment.

Le petit duvet choisit un muffin vegan à la myrtille, dodu et bien doré. Il se remet en marche vers les jardins mais, tiens, comme c’est drôle, la porte paraît plus lointaine…

Bon. Il peut quand même croquer dans ce muffin tout en marchant, non ?

Ce goût, ce goût, ce goût… oh que c’est doux ! Une bouchée, un pas, une bouchée, un pas, une bouchée, une bouchée, tiens ça a l’air rigolo ce bouquin-là, une bouchée, rooooh et cette trop belle affiche là-bas qui représente la photo de classe de tous les personnages élus aux Histoires d’Or, une bouchée, un pas (mais dans quelle direction ??), une bouchée de plus, un manuscrit ouvert, tellement tentant, le petit duvet sent déjà le rire et les larmes lui affluer dans la gorge à la perspective de la lecture…

Sans même se rendre compte de ce qu’il fait, il lit une page, puis deux, puis trois ; il passe d’histoire courte en roman-fleuve et déguste extrait après extrait, marque des pages pour y revenir plus tard, s’absorbe dans ces vies imaginées par les Plumes, au point qu’il en délaisse son muffin et… et quoi d’autre ? Qu’est-ce qu’il faisait juste avant, déjà ? Qu’est-ce qui pourrait y avoir de plus important dans la vie que de lire tout son soûl dans cette si belle bibliothèque ?

Le petit duvet s’immerge, se noie, se laisse glisser et submerger et engloutir par toute cette masse incroyable de récits.

Aucun bruit dans la bibliothèque.

Mais une affichette un poil usée trône derrière son cadre, bien en vue, tout près de là où le duvet s’est arrêté. Une petite pancarte à côté indique sa provenance : les PArchives, et la date correspondante renvoie aux premières années d’existence du site Plume d’Argent.

Sur cette affichette grisâtre, on lit “PLUME D’ARGENT - Créer l’oubli…

(C’était peut-être à prendre au pied de la lettre, finalement.)

Une Plume malicieuse a ajouté un petit commentaire sous la pancarte : “oppération réussie”.

(Ah ça oui, c’est réussi… tout est fini !!)

... à demain pour la suite des aventures du Petit Duvet !

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itchane
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Message par itchane »


21 décembre

L’aide inespérée
par Alice Lath
— Alors, ça se tourne les pouces ?

Le petit duvet sursaute. Autour, les étagères semblent immobiles et la lumière tamisée laisse de larges pans de la pièce dans l’ombre. Pas un souffle, rien. Il frissonne. Qui a parlé ?

— Qui a parlé ?

Il lui semble que sa voix s’étouffe entre la moquette et le papier, que les murs rétrécissent. Il sent son cœur qui bat de plus en plus vite, sa tête se met à tourner… Est-ce qu’un premier roman en quatre volumes de deux cent mille mots chacun ferait une arme suffisante en cas d’attaque ? Il en avise un sur les étagères, prêt à s’en saisir quand la voix reprend, doucereuse :

— Je ne te veux aucun mal. Juste te guider. Tu as de la chance, j’ai pu t’obtenir un délai, tu auras cinq minutes de sursis supplémentaires après notre conversation, ce sont là les limites de mes pouvoirs.

Le petit duvet bondit sur ses pattes, frémissant :

— Qui êtes-vous ?

Alors, une silhouette s’extrait de l’ombre d’un bureau. Ses yeux brillent comme deux soleils et sa longue cape est cousue de plumes de corbeau et de voiles arrachés à la nuit. Le duvet aurait bien aimé voir son visage, mais ce dernier est dissimulé derrière un masque de bois où apparaissent – scintillant faiblement – des messages comme “ça ne marche plus” “c’est injuste” “non pas le ban, PAS LE BAN!” avant de disparaître, remplacés par de nouveaux en une litanie sans fin. Il n’en faut pas plus. Le petit duvet sait à qui il a affaire. Aussitôt, il se signe du symbole de la plume, se touchant le bas du ventre, les côtes, le cou puis le front.

— Tu sais qui je suis, souffle la silhouette. Dis-le.

Sa cape se met à briller doucement à la lumière des lampes. La respiration heurtée, le petit duvet lâche :

— Une modotte…

La modotte acquiesce délicatement.

— Je te suis depuis longtemps. Depuis le début de ta quête. Tu n’as jamais été seul, j’ai toujours été cette silhouette en fond prête à te protéger. Tu l’aurais remarqué, si tu avais bien observé. Je ne comptais pas intervenir, mais là, tu oublies le danger, petit duvet. Rappelle-toi ta quête. Rappelle-toi ce qui attend le village.

Le petit duvet blêmit. D’un coup, ses jambes se mettent à flageoler, son coeur se crispe, il en a les larmes aux yeux.

— Oh non, j’ai été si nul, j’ai été si bête… Je suis désolé, désolé encore…

— Ni nul, ni bête, glisse la modotte en s’approchant d’un pas pour lui tapoter la tête. Accepte tes faiblesses, nulle plume n’est infaillible. Tout le monde apprend. Relève le menton, duvet, tu as encore de grandes choses à accomplir. Aider et être aidé, voici un cycle sans fin que tu dois apprendre à accepter. Être vulnérable et accueillir les vulnérabilités des autres.

Peu à peu, les tremblements du petit duvet s'espacent. La voix encore hésitante, il tente :

— Vous… vous prenez les stagiaires ? Je serai juste là dans un coin, mais voilà quoi, je me dis que ça peut être pas mal, alors… Juste en observation, comme ça je peux vous regarder non-stop pendant toute la journée, enfin avec votre consentement bien sûr, hein hahahaha…. Non, mais pas de façon bizarre, mais voilà…

La modotte rit, et son rire a la douceur du velours.

— Je promets que j’ai des idées, bégaye le petit duvet, on pourra mettre euh des animaux dans le village, enfin encore plus, je sais pas par exemple vous aimez bien les phacochères ?

— Assez parlé, file, glisse la modotte et sa voix transpire un sourire solaire. Le temps va reprendre son cours, et tu n’auras plus que cinq minutes devant toi. On discutera de ce stage une autre fois.

— Oui, oui ! Merci encore ! lance le petit duvet.

Le petit duvet vérifie les sangles de son sac et s’élance vers le couloir menant à la Tour des admines. Mais quand il se retourne pour saluer la modotte, il ne trouve plus que des ombres et des étagères vides. A-t-il rêvé ? Non, impossible. Songeur et inquiet, il pousse le battant et pénètre dans l’antre des disparues.


... à demain pour la suite des aventures du Petit Duvet !

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Nothe
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Message par Nothe »

22 décembre
L'échec... ?
par Itchane
Vite, vite, le temps est presque plus qu’écoulé ! Le petit duvet entre dans la Tour des admines et monte les escaliers, haletant, pour rejoindre la grande salle de réception où il pourra y déposer tous les ingrédients trouvés.

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Bientôt la délivrance, bientôt le fin mot de l’histoire. Et bientôt les félicitations et les honneurs sans doute aussi, ne peut-il s’empêcher de penser en rosissant. Ça, c’est de la graine de petit duvet ! se dit-il, assez fier de lui.

Alors qu’il gravit les marches, un murmure se fait entendre dans les étages, qui se change bientôt en brouhaha. Il atteint le palier de la salle de réception et en pousse la porte. Il la découvre pleine à craquer de plumes qui se tournent vers lui d’un seul mouvement.

― Alors ? demandent-elles en chœur.

― Et bien… c’est-à-dire que, je, j’ai rempli la mission ! dit-il en brandissant la liste d’ingrédients.

― Houra ! s'exclament les plumes, le village va être sauvé !

Les anciennes comme les nouvelles accourent pour lui taper dans le dos et le féliciter. Le petit duvet n’en peut plus de joie, il voudrait que ces minutes de grâce durent pour toujours.

― Attendez, interrompt soudain une ancienne à la plume noire de jais. C’est pas tout ça mais elles sont où les admines, vous vous sentez sauvées vous ?

L’euphorie collective retombe d’un coup et un long silence s’installe.

― Tu as tous les ingrédients ? demande une plume aux oreilles de renard.

― Eh bien je,… oui, oui ! dit le duvet en montrant la liste et vidant le contenu de son sac sur la table la plus proche.

― Mais, attends voir, dit une plume portant un lys dans les cheveux. C’était quoi la dernière ligne, là, celle qui est coupée ?

― Celle, celle qui est coupée ? demande le duvet qui sent un courant glacé lui courir le long du dos.

― Ben oui, là, en bas, il manque la dernière instruction, lui montre-t-elle.

La dernière instruction ? Le duvet constate avec effrois qu’effectivement, le bas de la liste est arraché et qu’une dernière phrase a été emportée.

Quand ? Comment ? En plongeant dans la rivière Miel ? En s’accrochant dans la cage du PActilator ? En avançant dans le noir pour rejoindre la cave ?
Quelle instruction manquait-il ? Que fallait-il faire de plus ? Un ingrédient de plus à trouver ? Une dernière mission à remplir ?

N’en pouvant plus, le petit duvet craque et fond en sanglots.

― J’avais tout bien fait, tout ! J’ai tenu bon, j’ai affronté le chaton-garou, j’ai pris une morsure de dentier, j’ai volé jusqu’aux étoiles et j’ai condamné le village quand même !

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― Allons, allons, s’efforce de le consoler une ancienne.

― On n’aurait pas fait mieux, ajoute une autre en lui tapotant le dos.

― Il faut bien mourir un jour… tente une troisième, peu sûre de son argument.
... à demain pour la suite des aventures du Petit Duvet !

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itchane
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Message par itchane »


23 décembre

Le miracle de l’Hiver !
par Isapass
Dans la grande salle de réception de la Tour, le silence et la déception pourraient se couper au couteau, si le petit duvet en avait un sur lui. Or, non seulement il n’en a pas, mais il a plutôt l’impression que c’est une enclume, qu’il porte, tant la tristesse de toutes les plumes pèse sur ses frêles épaules.
– Alors ça y est, dit une ancienne, notre havre de pet… de paix va disparaître. Nous allons devoir retourner IRL.
– Je… je suis désolé, souffle le duvet. J’ai vraiment essay…
Un affreux couinement – à mi-chemin entre le miaulement d’un chat à la queue coincée dans un grille-pain et le chant d’une fraise de dentiste – interrompt son autoflagellation.
– La porte d’entrée… chuchote quelqu’un.
Tous les visages se sont tournés vers le seuil de la salle. L’atmosphère est tendue comme un lance-pierre, si bien que le petit duvet se demande si l’assemblée ne risque pas de s’éjecter vers le plafond d’une seconde à l’autre. De la purée de plumes sur les moulures, ça serait une fin peu reluisante, pour le village.
Des pas. Un rire. Un rot. Trois silhouettes se dessinent dans l’ouverture.
– Grouh, lance une voix coassante.
– Salut les plumes ! Bisous laineux !
– Poils aux yeux.
Sous les regards hallucinés des plumes, les admines viennent de se matérialiser dans la salle, sourires resplendissants, teint hâlé, colliers de fleurs autour du cou. Un colibri tourne même autour de Dan – jusqu’à ce que Seja le gobe d’un jeté de langue.
Le silence s’épaissit parmi l’assistance, sans paraître affecter le moins du monde les arrivantes. Au bout d’un temps infini – au moins 5 secondes – la vieille rémige qui avait lancé l’alerte parvient à émettre :
– Ben… vous étiez parties ? Sans prévenir ? C’est que… on s’est inquiétées un chouia, nous.
– Ouais, on avait besoin de vacances, explique Seja en recrachant une minuscule plume bleu électrique. Alors on est parties aux Bahamas.
– Oh oui, c’est vrai qu’on aurait pu vous prévenir, mes chères, chères plumettes, poursuit Cricri en rosissant, mais c’était trop tentant.
– Poils aux dents, ponctue Dan.
– De toute façon, c’était ça où on bannissait tout le monde, coâ.
– Poils aux doigts.
– Oh, et merci pour vos participations au patréon ! Ça nous a bien servi ! Le all-inclusive, toussa… Bisous laineux ! Mais quand même, ça fait du bien de revenir là où on habite !
– Poils à la b… bronchite.
Un chuchotis perplexe se propage parmi les plumes après toutes ces informations. Le petit duvet en profite pour s’avancer, tête basse, vers les trois intimidantes patronnes. Il sent qu’il doit avouer – peut-être même expier – sa faute immédiatement, sous peine d’être rongé par le mauvais esprit de la page blanche, celui du syndrôme de l’imposteur et bien d’autres horreurs encore pendant des siècles.
– Bonjour, articule-t-il dans un filet de voix. Je… Vous ne me connaissez pas encore bien, je suis arrivé il y a peu, mais c’est moi qui ai pris en charge la mission que vous aviez confiée au village. Et… ben, je me suis planté, quoi. Il manquait pas grand chose pour réussir, mais pourtant… Je suis vraiment désolé. Je me sens complètement cruche…
– C’EST TOI LA CRUCHE ! JE PEUX TE BANNIR ! hurle tout à coup Dan avant de s’interrompre, confuse.
Seja lui tapote le dos gentiment, tandis que le petit duvet respire par le nez pour essayer d’apaiser son rythme cardiaque.
– Oups, dit Dan, une réminiscence. Poils à la panse.
– Bon c’est pas tout ça, mais on a des trucs à faire, nous. Alors tout le monde dehors. Oust ! Rentrez chez vous, coâ !
– Et revenez dans une heure. Bisous laineux !
– Poils aux cheveux.
Mais les plumes restent figées.
– TOUT LE MONDE DEHORS OU JE VOUS BANNIS À VIE, COÂ !
Dans la cohue qui s’ensuit, le petit duvet, désorienté, écrase le pied de la vieille lanceuse d’alerte sur la première marche de l’escalier. Il bafouille une excuse, mais l’ancienne lui sourit.
– Eh ben, petit duvet. C’est ça, la vie au village, on s’ennuie jamais. On est pas à l’abri d’un happy end, si ça se trouve… Ou on peut mourir dans d’atroces souffrances. C’est cool non ?

... à demain pour la suite (et fin ?) des aventures du Petit Duvet !

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itchane
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Message par itchane »


24 décembre

Le village sous la neige
par Soah(texte) et Gueule-de-Loup(illustration)
— En voilà une drôle de façon de faire, balbutie le petit duvet lorsqu’il est mis à la porte de la tour en compagnie de toutes les autres plumes.
— Oh tu sais, il ne faut pas mal le prendre, ça a toujours été comme ça ici, s’amuse une ancienne plume en pressant les épaules de la nouvelle recrue. Tu t’y feras. Que serait PA sans les facéties des admins, mh ?
Alors, certes, cela apporte une certaine saveur à l’ensemble du village mais le bannissement ne lui paraît pas être une bonne situation dans laquelle se trouver – bien qu’il sache qu’il n’y ait pas de bonne ou de mauvaise situation, seulement des rencontres. Quelque peu confus, le petit duvet décide de regagner sa maisonnette. De toute façon, il n’y a plus rien d’autre à faire et attendre une heure dans le froid, ce n’est pas réellement la chose la plus confortable surtout lorsque l’on a autant transpiré dans une journée.
À son arrivée, la chaumière accueillante lui paraît bien calme à côté de tout le remue-ménage de la journée. Sur son bureau trône une feuille de papier vierge ainsi qu’une plume prête à être trempée dans l’encre. Cela serait peut-être l’occasion de se lancer et d’écrire ? Cependant, tandis qu’il prend place devant la page pour faire face à l’inspiration, quelqu’un frappe à la porte.
— Oui ? C’est pour quoi ? souffle-t-il en anticipant une nouvelle demande extravagante.
— L’heure est presque passée, on peut retourner à la tour, maintenant, déclare la plume qui vit juste à côté.
Lanterne au poing, c’est tout le village qui chemine vers la grande tour des admines, comme une myriade de lucioles fêtant la venue de la nuit. Ombres et contre-jour filent devant les fenêtres de la tour, il semble y avoir de l’agitation. Finalement, après un dernier BLONK suivant d’un ZBIM, la porte s’ouvre sur les trois comparses.
— Alors voilà, commence Cricri, si on vous a demandé de patienter c’est parce que…
— Vous êtes toustes banni·es ! Voilà ! s’exclame Seja.
— Poils aux bras.
— Roh mais non ! Nous vous avons préparé un petit quelque chose, entrez donc !
Sous le regard brillant de malice des admines, le village s’invite à l’intérieur. Et quelle surprise, en effet ! Dans une pièce de la tour richement décorée de velours rouge, vert et où des petites étoiles d’argent accrochées au plafond luisent, un buffet a été dressé. Nourriture et boissons abondent sur les tables tandis que près d’une fenêtre un énorme sapin fait de toutes les belles histoires du village égaye l’une des grandes fenêtres.
— TADAAAH ! Une grande fête ! Servez-vous, servez-vous ! claironne l’écharpe.
— Poils aux genoux !
— Mais pas trop, sinon, c’est le ban ! conclu la grenouille avec un sourire.
Le petit duvet, émerveillé, arpente la salle et observe l’éclat des décorations. Puis, coupette de bulette sans alcool à la main, il s’installe près de la cheminée pour mieux profiter de la soirée. Près du sapin d’histoires, des plumes rient et échangent les dernières nouvelles. Il ne peut pas dire qu’il les connaît bien mais, maintenant, elles lui sont familières. Après une gorgée, il pousse un soupir en se disant que sans ce parcours fou au travers de tout le village, son arrivée aurait sans doute été bien plus douce mais également bien moins amusante.
Malgré ses regrets vis-à-vis de l’échec de sa mission, le petit duvet réfléchit alors à sa décision de venir au village, de s’y installer “juste pour voir si ça me plaît”. Il se souvient même, non sans une certaine ironie, avoir quelque peu froncé le nez en lisant le règlement pour finalement le trouver chouette.
— Alors, tu apprécies la fête ? demande Dan en s’approchant du petit duvet, une écume de bière couvrant sa moustache lustrée.
— Moi, je trouve que ça manque de ban, souligne Seja après avoir bu une gorgée de café, un sourire en coin sur ses lèvres de grenouille.
— Oh mais dis donc, vous allez lui faire peur, c’est pas très gentil ça, s’exclame alors Cricri en riant, une tasse de chocolat chaud entre ses mains de laine.
— Ah, oui mais… Enfin, je me dis que… Comment dire, ce que j’ai fait n’a pas servi à grand chose, vous savez, avoue-t-il penaud. J’ai pas réussi à faire ce que vous avez demandé avec les ingrédients et en plus, je suis presque sûr d’en avoir perdu un ou deux en route.
Un rire gêné l’agite alors qu’il retourne les poches de sa veste : l’une est trouée, la poudre d’or macule le tissu.
— Oh mais ce n’est pas grave ça, voyons, le rassure l’écharpe.
— Tu ne finiras pas dans le parking à boulets… pour l’instant, ajoute Seja.
— Sais-tu pourquoi nous voulions qu’une Plume accomplisse tout ça ? questionne la bûcheronne après avoir terminé sa chope, celle-ci aussitôt remplacée par une modotte tapie dans l’ombre.
— Non… Enfin, je ne suis pas sûr.
— Regarde donc autour de toi.
Le regard du petit duvet balaie la salle. Tout le monde rit, chante, mange de bon cœur et pour une fois, les menaces de finir dans la cave ne résonnent pas. D’ailleurs, il lui semble même apercevoir quelques frimousses rencontrées dans les tréfonds de cette dernière. Avec émotion, il repense à cette aventure folle mais surtout aux personnes qui, tout au long du chemin, n’ont pas hésiter à cesser d’écrire pour lui prêter main forte.
— Je crois que je comprends, déclare le petit duvet, les joues roses de bonheur.
— Enfin, ne crois pas que c’est tout ce que nous avions en tête, coasse Seja avec un air malicieux. Tu l’aurais su, si la dernière ligne de la liste n’avait pas disparu, mais en fait, ces ingrédients avaient bien une utilité…
— Ah bon ? Laquelle ?
— Eh bien, c’est évident ! Te faire vivre une histoire !
— Quoi ?!
— Oui ! Que serait une bonne fête de fin d’année sans une bonne histoire ? s’exclament les trois admines.
— Je ne suis pas sûr de comprendre…
— Regarde ! Il manque celle qui décorera le haut du sapin. Veux-tu la raconter ?
— Je peux ? Vraiment ? trépigne le petit duvet avant de devenir un peu blême.
Il se racle la gorge, prêt à commencer son histoire. C’est alors qu’il remarque que tout le village s’est rassemblé près de l’âtre. Dehors, il recommence à neiger à gros flocons. “C'est un peu comme passer sur radioPA mais devant tout le monde”, tente-t-il de se dire pour se rassurer.
— Alors… Par où commencer… Euh… J’ai pas trop l’habitude, j’ai jamais terminé un premier jet, alors…
Le silence se fait dans la pièce, on entend plus que le crépitement des flammes. Dans sa poitrine, le cœur du petit duvet bat la chamade mais dès qu’il pose son regard sur l’assemblée, devant les yeux brillants de malice des habitant·es du village, l’inspiration lui vient. Avec un sourire, il déclare :

— C’est l’hiver. Décembre s’emploie à couvrir la campagne d’une belle couche de sucre froide et cotonneuse…

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FIN


:snowflake: Plume d'Argent vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d'année ! :snowflake:
et vous remercie d'avoir suivi les aventures du Petit Duvet : )

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