PAtober - édition Octobre 2022

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Seja
Admine
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Seja »

29 | Nuit d'orage
Les nuits d'orage
Les nuits d’orage, de drôles de choses se passaient.

Déjà, toutes les portes claquaient en même temps. Genre, exactement au même moment et dans toute la maison.

Puis, c’était les fenêtres qui s’y mettaient. Mais elles le faisaient avec une seconde d’écart. Exactement une seconde.

Enfin, le plancher s’y mettait aussi. Il grinçait et hurlait comme si on était en train de le débiter en morceaux.

Bref, les nuits d’orage, la maison vivait. Et ses habitants claquaient des dents.

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Raza
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Message par Raza »

Jour 29 - nuit d'orage

En cette nuit décisive, une armée de nuages occupait le ciel au-dessus d'elle, prête à fondre sur la plaine rouge. La poussière au fond de la fosse absorbait les premières gouttes envoyées en éclaireur, l'air pesait sur ses épaules. Derrière elle, ses huit frères et sept sœurs avaient pris leurs positions, chacun avec les armes qu'ils avaient forgées ensemble. Elle tenait son katana des deux mains, le sourire sur les lèvres. Bientôt, le combat commencerait. Bientôt, il serait décidé qui serait parmi la nouvelle génération. Les premiers éclairs zébrèrent le ciel, leur tonnerre frappa la terre. Le stade hurla. Elle leva sa lame, et se rua en avant.

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Yvaine
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Message par Yvaine »

30 octobre - Au bord du gouffre


Sous ses yeux inquisiteurs, l’abîme ne cesse de trembler. Il se noircit, pour s’éclaircir à nouveau ; change de couleur, de teinte, de forme, d’épaisseur, tantôt poreux, tantôt vengeur. Il semble avoir une âme bien à lui, une âme qui brûle de tout emporter sur son passage, de ravager Monroe et tout ce qu’il a jamais aimé.

Monroe est au bord du gouffre. Il le connaît bien – il fait partie de lui, après tout –, pourtant il ignore toujours comment éviter d’y sombrer. Et comment ne pas s’y noyer.

Tu n’as pas besoin de nager, Monroe, tu as simplement besoin de voler. La chute te briserait les os, pas les ailes.

Il pense à tout ce qui le fait voler, à tout ce qui le rend libre. Les pièces de Shakespeare. Celles d’Anouilh, de Racine, de Vigny et de Mouawad. Le regard de Raphaëla quand elle rit. Ses larmes que lui seul essuie. Les poèmes qu’il compose, la musique qui s’ajoute à la prose. Oui, Monroe est libre, après tout, car Monroe vit.

Il regarde l’abîme et fait un pas en arrière. Tu n’as nul besoin de sauter pour déployer tes ailes, Monroe.

Et, au bord du gouffre, une âme apprend à vivre.

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LionneBlanche
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Message par LionneBlanche »

Jour 30 : au bord du gouffre

Elle avait voyagé longtemps pour vérifier par elle-même, elle s’était entraînée, aussi. Pour franchir les montagnes et les glaciers, seul, sans risquer d‘y perdre la vie, il fallait être sacrément bien préparé. Une seul oublie et faux pas pouvait mener à la catastrophe.

À Présent, elle tournait un peu en rond avec sa boussole à la main, à vérifier sa position GPS. Ce n’était pas loin, vraiment pas, mais pas facile à trouver. Pile au bon endroit, elle posa une bâche sur le sol pour s’en isoler et s’allongea au bord du gouffre.

Elle observa, le moindre mouvement, bruit ou éclat de lumière. Elle braqua tous ses sens sur la glace bleutée qu’elle dominait, et enfin, elle vit.

Merde, il avait raison !

Sous elle, c’était tout un petit monde, miniature. Les gens ne faisaient pas plus de quelques centimètres et évoluaient dans un véritable univers, comme une fourmilière de glace. Elle aperçut même des animaux, des sortes d’ânes recouverts d’épaisse laine blanche. Des êtres primitifs, mais bien réels, qui vaquaient à leurs occupations, charriaient la viande chassée, taillaient des silexs et parlaient autour du feu. Comment était-ce possible ? C’était à la fois magnifique et effrayant, elle en avait le vertige et son cœur battait à tout rompre.

L’un des petits humanoïdes sembla enfin l’apercevoir, braqua le doigt vers elle, et tous les visages la scrutèrent.
C’est là qu’elle entendit un énorme fracas : elle comprit trop tard qu’il s’agissait d’une avalanche.

maanu
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par maanu »

30 octobre, Au bord du gouffre - Hors d'atteinte

Le gouffre s’est ouvert après un orage d’été particulièrement violent. Le sous-sol est un vrai gruyère, par ici. Ça fait des millénaires que l’eau s’infiltre dans les cavités. Elle a fragilisé la roche a force de lui couler dessus, et ça a fini par s’effondrer.
L’accès a aussitôt été interdit, à des fins à la fois sécuritaires et scientifiques. Dans la région, on a trouvé beaucoup de vestiges très (très) anciens. Des outils, des os d’animaux grattés par les dents d’hommes et de femmes qui ont côtoyé le gruyère il y a très longtemps, et même quelques restes humains. La mâchoire d’une petite fille, et quelques morceaux d’un homme très âgé (ou très amoché par la vie).
Et puis des peintures, bien sûr. Des silhouettes à peine esquissées, et des troupeaux entiers qui galopent encore, des dizaines de milliers d’années plus tard.
Lorsque le gouffre est apparu, une équipe de paléoanthropologues s’est aussitôt formée, pour monter un dossier de financement. Et puis les problèmes se sont succédé, et ont repoussé sans cesse l’obtention des autorisations. Aujourd’hui, on ne se fait plus beaucoup d’illusions.
Le gouffre est toujours là, béant mais inapprochable. Des choses attendent au fond, sans doute, coincées dans la roche, ou gravées dessus, plongées dans le noir, avec pour seule compagnie le goutte-goutte des infiltrations d’eau, qui résonnent sous les voûtes de pierre.

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Renarde
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Renarde »

Au bord du gouffre – 30 octobre

Si j’avais lu ça
J’aurais évité de faire
Un pas en avant

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Sorryf
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Message par Sorryf »

PAtober 30 - au bord du gouffre

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En entier :
Spoiler
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Zlaw
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Message par Zlaw »

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MichèleDevernay
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par MichèleDevernay »

Bon, comme je ne fais pas le pont, je n'aurai pas le temps de poster demain, alors je prends un petit jour d'avance.

28-29-30-31 Octobre - Bière, Nuit d'orage, Au bord du gouffre, Le premier jour du reste de ta vie
Je rappelle que ce texte est la suite des précédents qui se trouvent ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici.

La jeune fille dansa d’un pied sur l’autre pendant quelques secondes, ne sachant pas si c’était du lard ou du cochon, mais la sorcière avait l’air on ne peut plus sérieux et elle finit par obtempérer. Haussant les épaules avec fatalisme, elle tourna les talons et escalada les marches, non sans jeter un dernier coup d’œil dubitatif au duo atypique qui se disputait encore dans son dos. Le chaos du rez-de-chaussée lui sauta de nouveau aux yeux et ses épaules s’affaissèrent. Au moins n’y avait-il plus de dragon à craindre dans les parages, c’était toujours ça de pris.

Elle s’avança avec précaution dans la cuisine et ouvrit la porte du frigidaire à la recherche de lait. Elle ne trouva qu’un fond de bouteille de bière entamée, dont tout le gaz s’était échappé. Faire un chocolat chaud sans lait allait s’avérer compliqué. Pour peu qu’il n’y ait pas de chocolat non plus… Elle soupira, soudain découragée. Elle avait l’impression d’osciller au bord du gouffre et d’avoir une décision à prendre, une décision capitale. Elle regrettait surtout amèrement d’avoir suivi les conseils de sa grand-mère en acceptant de devenir l’apprentie d’Evinrude.

Car si cette dure journée n’était que le premier jour du reste de sa vie, il ne fallait pas être devin pour subodorer que cette dernière s’annonçait aussi sombre qu’une nuit d’orage. Un vent glacial s’engouffra dans la pièce par la porte restée ouverte. Malgré l’hiver qui semblait décidé à prendre la place de l’été indien sans laisser voix au chapitre à l’automne, un entêtant parfum de liberté se dégageait de la cour envahie par les courges, et des bois au-delà. Apolline jeta un bref coup d’œil vers l’escalier de la cave, prit une grande inspiration et quitta la chaumière dans une envolée de feuilles mortes.

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Seja
Admine
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Seja »

30 | Au bord du gouffre
Tomber
— Il est impressionnant, ce gouffre.
— T’imagines, tomber dedans ?
— …
— …
— Ouais, ça ferait une sacrée chute.
— Je sais pas si tu t’en rendrais compte.
— Hm.
— J’veux dire, les premiers cent ou deux cents mètres, tu crierais à t’en arracher les cordes vocales.
— Ouais, sûrement.
— Et après ?
— Après… la question se pose. J’ai entendu dire que certains voyaient leur vie défiler.
— Défiler où ?
— Devant leurs yeux, tu sais.
— Comme un truc, là ? Un film ?
— Ouais, comme un film. Du coup, j’imagine que pendant encore quelques centaines de mètres, on pourrait revoir sa vie.
— Et après ? Parce que c’est un sacré gouffre.
— Après, j’imagine qu’on pourrait réfléchir plus calmement.
— Vers là où on se dirige ?
— Ouais, et comment on en est arrivé là.
— En tout cas, j’espère ne jamais tenter ça.
— Moi non plus. Surtout que le bord, il est vachement gliss…

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