PAtober - édition Octobre 2022

Avatar du membre
Isapass
Modératrice
Messages : 6272
Enregistré le : 06 janv. 2018, 14:37
Localisation : Euh... je suis où, là ?
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Isapass »

29 octobre – Nuit d’orage

L’orage est là, sur nous. Je l’ai entendu approcher, en comptant les secondes entre les éclairs qui jaillissent entre les interstices des volets et les roulements de tonnerre, comme quand j’étais petite. À présent, tout explose en même temps : les flashs de lumière, les craquements secs. On dirait que le ciel se fend. La tempête se déchaîne sans interruption, gronde, éclate avec des airs d’apocalypse. Le vent secoue les arbres qui protestent en frappant les murs de leurs branches maltraitées. Je me demande même si la maison entière ne se soumet pas aux bourrasques. Est-ce une secousse qui remonte des fondations et se propage jusqu’au lit ? Ou simplement mon imagination ?
Je voudrais des éclairs plus violents, des coups de tonnerre plus intenses. La fin du monde, le déluge. Être propulsée en plein océan dans la chambre douillette. Car chaque éclat, chaque grondement est un prétexte pour me serrer plus fort entre tes bras.


30 octobre – Au bord du gouffre

– Ça va ? Tu tiens toujours ?
Nickel, t’inquiète ! Je descends bien.
– Et tu vois quelque chose ?
Pas vraiment, non. À part de la roche et de la mousse. En plus, il fait de plus en plus noir.
– Allume ta lampe, non ?
J’hésite. Y a une odeur bizarre. Un peu dégueu. Peut-être qu’il y a des gaz inflammables.
– Ah, ouais, allume pas, alors.
Ah merde…
– Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Ça va ? Tu veux que je te remonte ?
Ben… j’ai plus de corde. T’es à fond, là ?
– Oui, plus de mou à te donner. Bon, ben remonte, on a prévu trop court, on reviendra.
Attends, je crois que je vois le fond. Pas trop loin…
– Comment ça pas trop loin ? Tu penses à quoi, là ? Pas de connerie, hein !
Je vais lâcher, ça devrait bien se passer, y a presque rien comme dénivelé.
– NON !
Aaaaaaaaaaaah…
– Michel ? MICHEL ?
– …
Putain Michel, fais pas le con, réponds-moi ! MICHEL !
– …
– Micheeeeel, qu’est-ce que t’as fait ?
–…
– Michel, mon pote…
Hervé ? T’es là ?
MICHEL ! T’es vivant !
Tu peux aller chercher une corde plus longue ?
Oui, j’y cours, t’inquiète pas, je fais vite, à fond ! Je vais te sauver, mon pote, tiens bon !
Non mais c’est bon, te presse pas trop.
– T’es pas blessé ?
Non, je suis tombé sur un truc mou. Et puis surtout, y a des gars, ici. Ils sont un peu bizarres, blancs comme des culs, avec des écailles et tout, mais super sympas. Ils me payent l’apéro. Je bois un godet ou deux et je remonte.

Feydra
Messages : 173
Enregistré le : 02 juil. 2022, 12:46
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Feydra »

Les trois textes se suivent. ;)

28 octobre - Bière

Seul assis dans son canapé, face à la fenêtre de son salon, derrière laquelle s’étend la nuit, il sirote sa bière. Cela fait une bonne heure qu’il attend, là, dans le noir. Il sirote tout doucement la boisson légèrement ambrée et amère. Devant lui, sur la table basse, déjà quatre ou cinq bouteilles vides sont alignées avec soin. L’homme est perdu dans ses pensées, mais lorsqu’il juge sa bière trop chaude, il la refroidit d’un petit geste de ses doigts. Et il attend, face à la nuit, un petit sourire aux lèvres.

29 octobre - Nuit d'orage
Lorsque le premier coup de tonnerre éclate, le sorcier se lève et s’approche de la fenêtre. De gros nuages noirs ont envahi le ciel nocturne. La pluie ne tard pas à tomber, en lourdes gouttes et l’homme ne peut que deviner les silhouettes des passants, au pied de son immeuble, qui s’enfuient en courant pour se mettre à l’abri du déluge. Bienheureux les ignorants ! Ils n’auront qu’une petite averse à combattre. Mais, lui, il devrait affronter un démon. Il laissa un sourire étirer ses lèvres alors que ses yeux se perdaient dans l’orage qui devenait de plus en plus violent : les éclairs illuminaient la ville d’un éclat froid et légèrement bleuté ; le vent sifflait et hurlait et la pluie devenait grêle. Parfait ! Ses siècles d’attente allaient s’achever maintenant, cette nuit. Le sorcier ferma les yeux et se concentra un instant. Oui ! Alors il était là !
Il attrapa son épaisse cape et sa canne-épée, qui l’attendaient non loin de là. Il murmura quelques paroles qui auraient fait frissonner n’importe quel humain qui les aurait malencontreusement entendu. La réalité sembla se déchirer juste derrière lui. Il se retourna avec un sourire, fit un pas et disparut dans la brèche.

30 octobre - Au bord du gouffre
Le sorcier émergea de l’autre côté de la brèche, dans une rue sinistre de la banlieue. L’orage était de plus en plus puissant : la pluie et le vent le giflait, le tonnerre grondait et les éclairs zébraient la surface noire du ciel, comme si Zeus lui-même exprimait sa fureur. D’autres bruits s’y mêlaient : le crachotement des flammes, le grésillement des câbles électriques arrachés secoués par le vent, les klaxons des voitures malmenées et les gémissements des humains. Le sorcier voyait très bien ce qui avait provoqué cela : juste à ses pieds, là où se trouvaient la veille maisons, immeubles et chaussées, un gouffre si profond que l’on percevait la lumière mouvante et ardente du magma qui roulait dans la croute terrestre s’était ouvert.
Soudain, un grondement sourd en sortit ; la terre trembla sous les pieds du sorcier. Celui-ci sourit, les yeux fixés sur la faille, la main posée sur le pommeau de sa canne épée. Les secousses s‘intensifièrent, le grondement devint rugissement puis soudain, deux énormes mains griffues jaillirent et s’agrippèrent au contour déchiqueté de la faille. Puis des cornes d’un noir de jais apparurent, suivies de deux yeux reptiliens brillant d’une haine féroce, qui s’étrécirent immédiatement en apercevant le sorcier et enfin une gueule recouverte d’écailles d’un vert foncé aux crocs démesurés, de laquelle s’échappait des volutes d’une fumée grisâtre. Le sorcier, dénué de peur, avec un grand sourire, recula d’un pas, dégaina son épée et attendit.

Avatar du membre
Raza
Messages : 405
Enregistré le : 10 sept. 2020, 16:04
Localisation : Quelque part entre les mondes
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Raza »

Jour 30 - au bord du gouffre

Il avait erré longtemps dans les rues de son quartier, son sac et ses doutes sur le dos. Quelques-uns l'avaient dissuadé, d'autres l'avaient encouragé, mais il avait pris sa décision.
Il trouva ce dont il avait besoin. Il prit alors sa progéniture dans les mains avec la ferme intention de s'en débarrasser, mais une dernière hésitation arrêta son geste. Son engeance avait le ventre plié, en équilibre au bord du gouffre. Il ne devait pas faiblir, jamais sa création ne serait parfaite, il la poussa donc avec force dans la bouche de la destinée. Après tout c'était pour cette fin qu'il l'avait écrite.

Avatar du membre
Ewen
Messages : 79
Enregistré le : 15 nov. 2020, 23:00
Localisation : Jamais bien loin de quelque part
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Ewen »

30 octobre – Au bord du gouffre
FIER ESCARPEMENT NU QUE LE VENT FOUETTE AU SANG
ABRUPT ET GLACIAL, GRIS VERT INDIGO
LUSTRÉ BRISÉ PAR SEL ET EAU
ATYPIQUE MASSIF
IGNORANT TOUT DE SON RELIEF
SURVEILLANT LE CIEL, ÉCARTANT LA MER
ET QUI POURTANT S’ÉCROULE OÙ MON PAS VA ET RÔDE
Spoiler
Il s'agit là d'un acrotéleuton, c'est-à-dire un poème combinant l’acrostiche (texte dont les premières lettres de chaque vers forment un mot ou une phrase) et le téléstiche (texte dont les dernières lettres de chaque vers forment un mot ou une phrase).

Avatar du membre
Nascana
Messages : 1885
Enregistré le : 07 janv. 2018, 07:28
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Nascana »

Jour 21 Fontaine

La nuit est douce alors que nous nous baladons en ville. Je ne connais pas le coin, mais c’est assez touristique pour être calme en période estival. Miri tient ma main. Alors que je scrute le moindre recoin de ce qui nous entoure, elle donne une impression d’insouciance qui pourrait se révéler énervant. Ce n’est qu’une image.
– Regard Cef ! Une fontaine !
Quoique… Elle est si difficile à percer à jours.
En l’espace de quelques secondes, la rouquine m’entraîne jusqu’au rebord de la construction. Un ouvrage tout en forme géométrique. Ça ne me transcende pas. Des jets d’eau sortent du cube posé sur une sphère impressionnante.
– Tu as une pièce ? Il faut faire un vœu !
Sur la mosaïque bleue qui tapisse le fond de l’ouvrage, les pièces s’accumulent.
Faire un souhait dans une fontaine aussi moche me laisse perplexe. Sauf que c’est Miri qui me le demande, alors je me résous à lui faire plaisir. Dans sa main, je glisse un peu de monnaie. Ses doigts s’accrochent aux miens.
– Fait un vœu, Cef !
La pièce plonge et est englouti par les flots.
– Qu’est-ce que tu as fait comme vœu ?
– Celui que tu réussis à choisir ton repas avant le retour du serveur !
Elle se retourne, sourcils froncés.
– Mais… C’est pas un souhait ça, c’est juste une façon de te moquer de moi !
– Tu sais tellement bien tendre le bâton pour te faire battre ! À croire que tu aimes ça.
Avec une moue boudeuse, elle se retourne en direction de la fontaine. Ses doigts caressent la surface de l’eau d’un geste négligeant.
– Viens ! Tu vas finir les fesses dans la fontaine si ça continue !

Jour 22 Dentier

Je remonte le jouet. Lorsque je le pose sur la table, il ne met à avancer alors que ses dents claquent. Sans savoir pourquoi ça me fait sourire. Ce dentier mécanique est un cadeau de mon oncle Salvador. Une sorte de porte-bonheur pour les moments où mon moral est en berne. Lorsque c’est le cas, je le remonte pour le regarder marcher.
D’habitude, ça marche ! Sauf que là, je pense à lui, qui est à l’hôpital. Il me manque…

Jour 23 La nuit des mort-vivants

Défilé des casses-couilles… La soirée continue et ne va pas en s’améliorant.
Je tente d’avancer, mais la voiture est prise dans les embrouillages. Pour prendre mon mal en patience, je tapote sur le volant avec le bout de mes doigts. Un geste vain…
De toute façon, je suis a cran depuis que Betty a annulé son rendez-vous. Motif : Covid. À croire que je suis le seul à ne pas chopper cette foutue maladie.
Le feu passe au vert. J’avance pour piller. Une bande de con visiblement alcooliser s’amuser à courir entre les voitures. Vu leur démarche, j’ai l’impression d’être face à une bande de zombies. À croire que c’est la nuit des morts-vivants… Ou plutôt des connards vivants qui risquent de ne pas le rester longtemps.

Jour 24 escalade

– Papa, comment on fait pour aller en haut de la falaise ?
La petite fille lève la tête pour tenter d’apercevoir le dessus du précipice.
– On escalade.
– Avec quoi ?
– Avec ses mains !
Elle cligne des yeux.
– Tu y arriverais à monter sur la falaise, papa ?
Comme tous les enfants, elle s’imagine que ses parents sont des super-héros.
Cliff secoue la tête.
– Il faudrait du matériel particulier. En plus, je n’ai pas envie de le faire, si toi, tu restes en bas.
Satisfaite par la réponse, la fillette se saisit de la main de son père.
– Un jour, je voudrais escalader la falaise, déclare-t-elle d’un air sûr d’elle. Quand je serais grande, je le ferai avec toi.
À cet instant, son père espère qu’elle n’aura oublié, une fois adulte.

Jour 25 Chocolat chaud

– Quelqu’un a commandé le menu enfant ?
Je dépose une tasse fumante sous le nez de ma compagne. Un sourire se dessine sur son visage.
– Merci Cliff, tu es incroyable !
C’est un peu trop pour un simple chocolat chaud. Je m’installe à ses côtés, et elle vient se blottir contre moi.
– Je n’ai jamais eu autant envie de chocolat chaud que depuis que je suis enceinte, plaisante-t-elle.
Avec douceur, je pose ma main sur son ventre. Un geste qui m’était difficile au début, et maintenant, me rassure. Lorsque le bébé bouge, je me dis qu’elle va bien.
– C’est elle qui veut qui adore le chocolat, j’en suis sûr.
Mo plonge ses lèvres dans la boisson chaude. Au même moment, la petite s’agite en elle.
– Elle est contente d’avoir son chocolat !

Jour 26 Lanterne

Je fixe la citrouille creusée qui attend devant la fenêtre. Il y a dans l’air un parfum d’Halloween qui ne me plait pas. La maison est semblable aux autres du quartier. Une façade blanche, un petit jardin, une allée pavée qui mène à la porte, des décorations en forme de citrouille qui doivent s’illuminer quand la nuit tombe…
Même les cordons de sécurité ne paraissent pas surprenants en cet période. Dommage que ce soit des vrais…
J’approche de la porte.
À l’intérieur, la scène est chaotique. Une lanterne contenant un fantôme s’est éclaté sur le sol. Du verre a volé dans toute la pièce. Un peu plus loin gît un corps.
Sur le parquet, je découvre une banderole « bienvenue chez les morts », le reste s’est imbibé de sang. Ces quelques mots sonnent comme une terrible prophétie.

Avatar du membre
LionneBlanche
Messages : 1265
Enregistré le : 25 juil. 2018, 09:50
Localisation : Je ne sais pas, me suis perdue.
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par LionneBlanche »

Jour 31 - le dernier jour du reste de ta vie

Tous les jours depuis un mois, autant te dire que tu en as pris l’habitude ! C’est devenu une sorte de petit rituel, une gourmandise quotidienne, pas toujours forcément facile à consommer. Mais ça trottait, ça trottait ! Là, dans ta tête : il faut que je pense au PAtober.

Parfois, en voyant le thème, tu faisais carrément la gueule ; il fallait te torturer les méninges pour trouver une idée alléchante, qui sorte au moins un peu de l’ordinaire, histoire de distraire quand même un peu les autres. Bien sûr, tu as fait une ou deux fois dans le banal, par manque d’inspiration, mais au moins, tu es allé au bout de défit, et tu peux en être fiers ! Tu n’es même pas comme certains qui ont osé râler une ou deux fois contre le sujet !

Non, il n’y a pas à dire ça va quand même te manquer, même ces jours ou tu n’avais ni le temps, ni le mental, ni l’énergie, et où il fallait quand même pondre quelque chose, sauf si tu étais prévoyant et que tu prenais de l’avance : certaines plumes sont organisées…

Mais voilà, ça y est, c’est fini : c’est le premier jour du reste de ta vie.

Non, mais ne t’inquiète pas, même si ce n’est pas pareil, il y plein d’autres événements sur plume d’argent. Maintenant il faut lire et voter, avant d‘écrire beaucoup. Tu vois ta vie perso, celle qui commençait à te faire coucou au loin ? Eh bien ne répond pas : ce n’est pas encore pour tout de suite !

maanu
Messages : 128
Enregistré le : 01 oct. 2022, 23:16
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par maanu »

31 octobre, Le premier jour du reste de ta vie - Après la pluie...

-Tu sais quoi ? Je suis sûr que ça va s’arranger. Tu as traversé des moments compliqués, c’est sûr, mais ce sera bientôt loin derrière toi. Tu sais ce qu’on dit : demain sera le premier jour du reste de ta vie.
-Ben… oui. C’est logique. De la tienne aussi. Demain sera le premier jour du reste de la vie de tout le monde, en fait.
-Oui, je sais. Mais tu vois ce que je veux dire. Demain sera un autre jour, quoi.
-Encore plus logique.
-Tout ce que je voulais dire, c’est que demain ça ira mieux.
-Merci, madame Irma. Tu as sûrement raison. D’ailleurs, tu sais quoi ? Après-demain aussi sera le premier jour du reste de ma vie. Et le jour d’après aussi. Et ce qui est bien, c’est qu’on peut faire le même raisonnement dans le passé. Hier était le premier jour du reste de ma vie, et avant-hier pareil. Et le 12 juin aussi. Tu sais ce qui s’est passé le 12 juin ?
-Non…
-Je me suis fait virer. Alors que c’était le premier jour du reste de ma vie ! Non mais tu te rends compte ? Les patrons, j’te jure. Aucun respect pour les grandes occasions… D’ailleurs, c’est drôle, le 23 aussi c’était le premier jour du reste de ma vie. Tu sais ce qui s’est passé ?
-Ton chien est mort ?
-Non. Ma femme m’a quitté. Le chien c’était le 27.
-Ah bon. Désolé…
-S’il-te-plaît, arrête de dire que demain sera le premier jour du reste de ma vie. J’ai un examen médical à 14 heures. Tu vas me porter la poisse.

Hortense
Messages : 253
Enregistré le : 03 juin 2021, 09:01
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Hortense »

Rattrapage : nuit d’orage / au bord du gouffre / Le premier jour du reste de ta vie

Le garçon l’avait vu arriver de loin et, d’expérience, il savait ne pouvoir l’éviter. Alors, il s’était mis à courir, droit devant, l’esprit déboussolé, le cœur en panique. Il courrait pour échapper à la nuit, à cette nuit d’orage, à cette pluie de feu. Ce n’était pas la meilleure chose à faire, se coucher et attendre aurait été plus sage, mais il n’avait aucune inclinaison spontanée pour la sagesse. Lui, il était un peu comme l’orage, tout feu, tout flamme.

La pluie était à présent si intense qu’elle dissimulait tout horizon à six pas. Les plateaux du Vercors sont paumatoires par temps de brume, les falaises en constituent un danger mortel. Le garçon passa une main sur son visage pour en chasser l’eau, sans pour autant ralentir sa course. Lorsque le sol se déroba soudain sous ses pieds, il réalisa trop tard qu’il avait dépassé le bord du gouffre.

Sa chute ne dura pas suffisamment longtemps pour qu’il en éprouve quelques regrets. Elle s’arrêta brusquement entre ciel et terre. Accroché par la bretelle de son havresac à la branche d’un arbre, le garçon oscillait dangereusement. Après maintes acrobaties, il parvint à enrouler ses jambes autour du tronc gracile, position inconfortable, mais suffisamment stable pour envisager presque sereinement la situation. L’orage s’éloignait, c’était là un point positif, il ne finirait pas grillé comme une saucisse de barbecue.

« COUILLON, tu n'as plus le choix ! pensa-t-il si fort qu’il n’eut aucune peine à s’en convaincre, aujourd’hui sera donc le premier jour du reste de ta vie !!! »

Il étudia la roche au-dessus de sa tête, suivit des yeux la faille dans laquelle s’étaient immiscées les racines de l’arbre… La voie était toute tracée…

Avatar du membre
Renarde
Messages : 1968
Enregistré le : 15 juin 2019, 22:39
Localisation : Suisse
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Renarde »

Le premier jour du reste de ta vie – 31 octobre

Une aube nouvelle
Se lève sur les possibles
À toi de jouer !

Avatar du membre
Yvaine
Messages : 1096
Enregistré le : 06 janv. 2018, 14:30
Localisation : France
Contact :

Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Yvaine »

31 octobre - Le premier jour du reste de ta vie
(pour une meilleure ambiance : Max Richter, Written on the sky (piano))


Regarde, Raphaëla. Regarde comme la mer est belle
Comme la falaise est majestueuse
Comme le vent te berce.

Constate que le sol ne tremble plus
Que l’orage s’est apaisé
Que tes larmes se sont taries.

Nous sommes le 31 octobre
Hallowe’en, Samhain, peu importe comme on l’appelle
C’est un jour où les frontières s’ouvrent
Et la frontière qui te sépare de toi-même en fait partie.
Tends la main.
Regarde à travers le miroir.
Celle que tu cherches, celle que tu as perdu
Est là, elle t’attend
– Elle rit, elle danse, elle aime
Tu ne sais plus comment faire mais
Elle peut t’apprendre.
Tu étais si loin de toi-même, tu le sais
N’est-ce pas ?
Regarde, Raphaëla Debout sur cette falaise, tu te sens libre
Les ailes dans le vent, les cheveux dans la tempête,
Tu as l’impression que si tu sautais, tu volerais
Cette liberté t’a tant manqué.

La mer, sous tes pieds, te renvoie ton reflet.
Cette jeune femme que tu vois
Tu la trouves heureuse
Son sourire est sincère et
On voit qu’elle rit trop fort, mais
Peu importe
– Elle rit et tu ne ris plus.
Alors tends la main, Raphaëla
Regarde comme la vie t’attend
Tu l’as tant déniée, il est temps de
L’enlacer.
Tu étais si loin, ma douce, il est temps
D’être si près.

Dans le miroir
Dans la mer de l’espoir
Tu vois l’avenir
– Des robes à fleurs Un violoncelle qui t’apaise Un piano qui t’emmène au loin Une photo sur laquelle tu te recueilles Mais un sourire franc Un rire fort Des amis qui te tiennent la main Quelques musées, des bibliothèques Un foyer où tu te sens chez toi
Les ailes dans le vent, les cheveux dans la tempête,
Envole-toi, Raphaëla, vers
Le premier jour du reste de ta vie.

Répondre

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité