PAtober - édition Octobre 2022

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Soah
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Soah »

3 octobre - Tuile

Je regarde les mains de ma grand-mère travailler la pâte avec une grande délicatesse. « Vois-tu », m’explique-t-elle, « si tu y vas trop fort, cela est trop fin et on ne pourra rien en faire. A contrario, si tu n’y mets pas assez de volonté, cela sera trop épais et la tuile ne sera pas craquante à souhait. » Sous le rouleau à pâtisserie, la préparation s’étale, s’étire sans jamais se déchirer. Lorsque j’essaie de l’imiter, de minces trous constellent la boule crue qui git sur le plan de travail. Alors, après s’être débarrassée de la farine en trop sur son tablier, ma grand-mère s’installe derrière moi. Ses mains se posent sur les miennes, chaudes comme des petits pains, et ensemble, nous repoussons les bourrelets du beurre pommade.
Je glousse, un rire ravi, lorsque je vois que la pâte informe devient aussi délicate que de la dentelle.
À peine sorties du four, les voilà sur le rebord d’un saladier. Séchées, elles seront encore plus savoureuses. Comme le gros matou rond qui loge dans le fauteuil, je guette l’instant où je pourrais saisir ma proie.
Dans la cour de l’école, le nez dans mon écharpe et les pieds dans le potager de courge, je mange mes petites tuiles adorées.

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Ewen
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Message par Ewen »

3 octobre – Tuile

Il restait UN Pringle. D'habitude personne ne veut le dernier, car tout le monde sait que c'est moi qui le prend. Je ne suis pas du genre à m'énerver pour des détails, mais là on est le 3 octobre, c'est mon anniversaire, et quelqu'un a mangé la dernière tuile du ramequin pendant que je déballais mon rouge à lèvres. On est 7 dans la pièce, moins moi ça fait donc 6 coupables potentiels. Maman. Tu as des miettes dans la moustache, fais voir. Mmmh… OK, c'est des miettes de toasts, tu es excusée. Papa, ouvre la bouche. D'accord, alors ça c'est de la pistache, et ça… des restes de rillettes. Prends donc un cure-dent. Mamie, QU'EST-CE QUE TU MÂCHES ?! C'est ça oui, file-le-moi alors ton dentier. Bon, il est clean. Frangin, fais voir tes mains. Mmmh… Elles sont sacrément salées au bout des doigts, comment expliques-tu ça ? Les cacahuètes ? Souffle-moi au visage pour voir, allez. ALLEZ ! … Bien, tu peux aller te brosser les dents à présent. Où est le chien ? Fripouille !! J'ai vu ton museau sur la table tout à l'heure. Donne la patte. Bien. Aboie. Bien. Crache le Pringle. Beurk, ça c'est pas du Pringle. Il ne reste donc plus qu'un suspect à qui faire cracher le morceau… Monsieur Pringle ! Toi et moi sommes les seuls à manger des Pringles dans cette famille, il ne peut donc s'agir que de toi, avoue immédiatement. Hein ? Tu m'accuses MOI d'avoir mangé le dernier Pringle du paquet ? Prouve-le. Ah. Ah oui. C'est vrai qu'il y en a plein mon nouveau rouge à lèvres. Haha. Allez, oublions ça. Et si on en ouvrait un autre ?

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dark revenger
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par dark revenger »

(3/01) - C’est la tuile. Tuiletuiletuillllle…..Putain, c’est la tuile !!!
Aaaaaah ! Quel nigaud j’étais ! Pourquoi j’étais là ?!! Pourquoi j’avais fait ça ?!! Je gueulais à réveiller la nuit. Les étoiles me regardaient avec sévérité comme si j’avais fait quelque chose de mal. Dans ce ciel trop sombre, mon crime était trop éblouissant. Ma culpabilité ne laissait aucun doute à ce tribunal stellaire. Dans la campagne environnante. Dans la forêt vrombissante. Ils attendaient leur repas. Ils ne le méritaient pas. J’avançais avec nonchalance. Ils hurlaient à la lune comme pour me presser. Ils ne s’arrêtaient pas. Ils me hâtaient. Tout mon corps s’effleurait de cette herbe si présente en ces lieux. Mes poils se hérissaient à la fraîcheur de la nuit. Ma douleur se mettait à louvoyer dans chaque pore. Ma blessure était bien vivace et mon sang continuait à dégouliner. Pourquoi cette misère ? Pourquoi cette rage ? Je n’avais pas voulu tant de violence. Juste la paix. Pourquoi ce n’était pas possible dans un pays ? Pas de réponse. Je n’en aurais pas. Je n’aurais que la mort au bout du chemin. Sur le bord d’une terre, coulait une rivière. C’était là ! Las, j’attendais peu et si vainement. Voilà le pas qui me sommait.
- Alors tu es prêt ? dit une voix abrupte, les crocs sortis.
- Tu me demandes si je suis prêt. (Un silence. Un rire.) Depuis longtemps.
Il attendit à peine. Il se jeta sur moi. Ses crocs contre mes griffes. Loup contre lynx. Tyran contre rêveur. Tirant sur le rêveur de ses crocs. J’avais essayé d’esquiver mais il m’avait happé. D’un coup, tous les deux, on tomba dans l’eau. Ah, c’était donc la fin ! Mon amour, je te rejoins enfin. Ce fut ma dernière pensée avant de couler.

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itchane
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Message par itchane »

03 octobre - Tuile
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Hortense
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Hortense »

3 octobre – L’origine de la Tuile
Le père Hoquet et la mère Veilleuse formaient un couple singulier, mais authentiquement complémentaire.
Lui, collectionnait les tuiles. Non pas les rondes ou les plates de terre ou de bois, pas plus que les romanes ou les provençales, non, le père Hoquet collectionnait les catastrophes, les grandes, les irrémédiables, parfois drôles, souvent malencontreuses et toujours incongrues. Il en avait accumulé tant tout au long de sa vie, qu’elles auraient pu recouvrir à elles seules le toit de la chapelle Sixtine.
La mère Veilleuse, elle, faisait des tuiles à longueur de journée. Des tuiles, pour commenter les tuiles du père Hoquet. Certains s’en amusaient, d’autres s’en désolaient, quelques-uns s’en inquiétaient sans pour autant apporter remède au préjudice.
Car, pour le père Hoquet et la mère Veilleuse, toutes ces tuiles accumulées les mettaient dans une situation fort embarrassante. La tuile, non content de n’apporter que désagréments, ne remplit hélas pas les ventres.
Or, la mère Veilleuse ne manquait ni de ressource, ni d’imagination. Elle décida qu’il était enfin temps d’inverser la situation. Un monceau de tuiles désobligeantes ne briserait pas sa détermination. Si le ciel mettait autant de cœur à faire pleuvoir les tuiles, c’était assurément pour une bonne raison. Elle tritura sa cervelle en tout sens jusqu’au jaillissement d’une idée brillante : l’unique moyen d’endiguer ces flots de tuiles n’était-il pas encore de les partager ?
Ainsi naquit « La Tuile enchantée », une échoppe entièrement dédiée à la tuile. On y trouvait aussi bien des rondes que des plates, parfumées aux amandes ou aux prunes en hommage à toutes celles dont il avait fallu s’acquitter ; mais aussi des vertes et des pas mûres en témoignage des déboires passés ; ou encore des énormes en souvenir de celles difficiles à digérer.
Dès lors, chacun put disserter sur les tuiles du père Hoquet et de mère Veilleuse sans jamais culpabiliser.

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Altaïr
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Altaïr »

03 octobre – Tuile(s)

« Alors il me faut : sucre, farine, œuf, amandes effilées … hein ? C’est quoi c’bouquin … PArmiton, bibliothèque PAenne … sérieux !? Hop, au feu !
Ah, voaalaa : argile, sable, eau, pigments minéraux … cuire 16h à 1100degré … okaïy … Hmm … Ben, et la formule pour que ça tombe du toit pile sur la tronche de quelqu’un ? Fais voir la couv’ … La tuile au temps des Romains, Musée des Arts et Métiers ! Pffftt, à la cave.
Par la tête du cavalier-sans-tête, pas moyen d’avoir une PAL potable dans cette bicoque ? »
—Azraël, à taaaaableeuuuu !
—P’pa chuis en plein TP !
—Je compte jusqu’à six-cent-soixante-six : six, … soixante-six, … six-cent-soixante …
—Me voilà ! Snif … papa, ça sent la soupe de courge … et pas moisie en plus !
—Je l’ai assaisonnée d’épines de rose-châtaigne
—Avec des mouches séchées alors ?
—[…]
—J’veux des pâtes au beurre rance !
—Je les garde pour le Solstice d’Hiver. Installe-toi et mange fiston, faut qu’on parle.
Blablabli blablabla death goes on brah laaalalalalalalaaa
—Qu’est ce que tu marmonnes dans ton duvet ?
—Rien papounet.
—Azra, tu seras bientôt un ado et … il y a des choses que tu dois savoir.
—Ah
—Je sais pas ce que tu mijotes dans ton grenier mais, comment dire. Nous les sorciers avons un code de déontologie.
—[…]
—Ben oui fiston, quitte à faire le mal autour de nous, autant le faire bien ! Regarde dans la cheminée.
—Hein c’est quoi … RHO T’ES UN PAPA D’ENFER ! Mon premier GRI-MOIRE ! L’index alpha fait un peu bébé mais bon. Oh merciiiiiii ! Voyons voir, lettre T … Tuile : pour un gens bien, mélanger : de la poudre d’étoile noire, deux ou trois cafards, des bruits de couloir, aPAcadrabra, le tour est joué !
Modifié en dernier par Altaïr le 03 oct. 2022, 21:20, modifié 1 fois.

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MichèleDevernay
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par MichèleDevernay »

1-2-3 Octobre - Echarpe, courge, tuile
Pour info, je vais tacher d'écrire des petits textes qui se suivent tout au long du mois.

La température était douce cet automne-là. Le bruit de ses pas qui bruissaient dans les feuilles mortes avait quelque chose d'apaisant et Apolline sourit tout en accélérant. Elle ne pouvait pas se permettre d’être en retard pour son premier jour, cela ne se faisait pas. Elle était à la fois inquiète et surexcitée. Inquiète parce qu’elle craignait de ne pas être à la hauteur, malgré les certitudes de sa grand-mère. Surexcitée parce que… Eh bien, qui n’aurait pas rêvé d’être une sorcière ? D’avoir des pouvoirs magiques, de préparer toutes sortes de potions, de filtres et de charmes, ou encore de transformer les princes en crapauds ?

En nage, elle écarta les pans de son écharpe. Elle approchait de la sortie du village où se trouvait la chaumière de la vieille Evinrude. Une étroite maison en retrait du chemin, qui laissait dépasser d’un repli de terrain son toit de tuiles moussues. La fillette s’engagea sur un sentier, puis traversa un charmant petit pont au-dessus d’un ruisseau et se retrouva devant une clôture de bois brun. En dehors de deux poules dodues qui picoraient dans la cour, l’endroit semblait désert. Elle était pourtant attendue, d’après son aïeule. Des courges étiraient leurs tiges en travers de l’allée et elle dut slalomer entre elles pour atteindre la porte.

maanu
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par maanu »

3 octobre, Tuile - Une histoire de gros sacs

J’ai entendu, récemment, l’histoire d’un de ces livreurs-de-tout qui sillonnent nos villes, en portant sur leur dos des sacs de toile ou de jute, de toutes les formes et de toutes les tailles. Celui-ci, ce jour-là, transportait péniblement un sac tout bosselé, rempli à ras-bord de grandes tuiles du plus bel argile. Il devait, le plus rapidement possible, l’apporter sur un chantier de construction, à l’autre bout de la ville. Le sac était lourd, et le livreur voûté sous son poids, les reins brisés.
De plus en plus courbé, il avait le bout du nez qui frôlait le trottoir, quand il entendit, enfin, le bruit des marteaux qui martèlent et des scies qui scient. Un ouvrier, l’apercevant de loin, tout brisé en deux, vint vite le délivrer. Puis d’autres, voyant qu’il ne se redressait pas, accoururent pour lui prêter main-forte, et ils s’y mirent à quatre pour le remettre à peu près droit.
Le jour suivant, le livreur-de-tout dut de nouveau traverser la ville, dans l’autre sens cette fois. Il avait sur le dos un sac encore plus gros, plein de pépins à livrer au grand concours interrégional de crachat de noyaux. Le sac était moins lourd, et il n’en était pas mécontent. Il était même de moins en moins lourd. Le sac, ignorait le livreur, était percé d’un tout petit trou, par lequel les pépins, un à un, s’échappaient discrètement.
Le lendemain, on lui remit un autre sac, plus petit, mais transpercé de milliers d’épines, dont les jardiniers du parc municipal avaient besoin pour habiller les roses de l’année. En cheminant sur les routes, le dos tout perforé, le livreur, bougon, marmonnait :
« Des tuiles, des pépins, des épines… Marre à la fin ! À quand les pots, les bols et les bonnes étoiles ? »

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Sorryf
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Sorryf »

PAtober 3 - Tuile

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(Ce sont des tuiles de mahjong 😅)

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Isapass
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Isapass »

02 octobre – Courge

Les moteurs rugissent. La piste elle-même semble vibrer d’impatience. Les tentacules serrés sur le volant, je n’existe plus que dans le drapeau orange et noir, dans l’attente du départ.
Ça y est, c’est le signal. J’écrase l’accélérateur de ma courge-spaghetti. À ma gauche, la courgette bondit, prend quelques asticots d’avance, mais pas assez pour pouvoir s’incruster devant moi.
– Allez, ma courge ! je murmure en préparant le premier virage.
J’entre dans la courbe à pleine vitesse, puis j’exerce une légère action sur le frein. Mon bolide réagit à la perfection : il se met légèrement en travers, obligeant la courgette à s’écarter. Un crissement, un choc mou, quelques projections de pulpe jaunâtre, un concurrent en moins !
La piste s’ouvre devant moi, j’en profite. Au chrono, je bats tous les records. Le second virage s’annonce. Aïe, j’ai rétrogradé trop fort ! Le butternut essaye de me faire l’intérieur ! Je me rabats sur lui en prenant tous les risques. Et ça paye : il s’écrase sur le mur du potager dans un « splotch ! » retentissant.
Plus qu’un adversaire sérieux, et je pourrais finir tranquille. Pourtant, le potimarron s’accroche à mes basques ! Je fonce dans la ligne droite et m’engouffre dans le troisième virage. Trajectoire impeccable ! Derrière moi, plus personne !
Ah si ! Mais… c’est le pâtisson ! Il s’est mis à la verticale et dévore la piste de ses dentelures blanches ! Le fou, c’est ingérable, une vitesse pareille ! D’ailleurs ça ne rate pas : à la première bosse, il s’envole très haut dans le ciel.
Je reprends ma concentration. C’est le dernier virage, et ensuite la ligne d’arrivée. Elle est là ! J’ai gagné ! J’ai… C’est quoi, ça ? Une main ?!
Ah merdouille… pour moi c’est le gratin.

03 octobre – Tuile

Cher monsieur,

Après étude de votre demande, nous sommes au regret de vous annoncer que nous ne pouvons accéder à votre demande de prise en charge.
En effet, même si nous déplorons que votre toiture ait été refaite récemment en tuiles de terre cuite à l’ancienne, votre contrat d’assurance habitation ne couvre pas la chute de pâtisson.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments distingués.

Adam Lepotage (service sinistres)

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