PAtober - édition Octobre 2022

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Ewen
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Ewen »

10 octobre – Village
J’ai connu un garçon qui s’appelait Vilage. Avec un seul « L ». On a fait le collège ensemble, mais nous ne nous fréquentions pas. Je ne connaissais en fait presque rien de lui hormis comment on l’appelait. — On pourrait s’attendre à ce qu’un prénom comme celui-ci attire beaucoup de moqueries de la part d’autres enfants, mais étonnamment non. Des sourires s’esquissaient et des sourcils se fronçaient lorsqu’un professeur l’interpellait, les premiers temps, mais je ne me souviens pas avoir entendu une seule blague ou jeu de mots à son encontre. J’en ai rapidement déduit que le degré de méchanceté des enfants n’avait d’horizon que leur imagination ; elle était visiblement limitée quant au terme et au concept de « village ». Il faut avouer qu’il n’y a pas grand-chose à en faire. Passée la phase d’étonnement, c’était comme s’il s’était appelé Pierre ou Matthieu. Quoique pour un Pierre il aurait quand même été plus aisé de faire des calembours. Je me souviens simplement que durant les premières semaines de sixième, de temps en temps, des camarades ou même d’autres élèves qu’il n’avait jamais croisés venaient lui demander « Pourquoi tes parents t’ont appelé Vilage ? » Et à chaque fois il répondait par la même phrase toute préparée, et sans aucune arrière-pensée : « Parce qu’ils trouvaient ça joli. »

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Nascana
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Nascana »

Jour 10

Cette ville est petite. Le souci des petites villes, c’est qu’on retrouve la mentalité du village. Tout le monde se mêle de tout. Les commentaires vont bon train et vous êtes toujours coupable aux yeux des autres. C’était déjà le cas lorsque ma mère était à l’hôpital. Le fils qui n’est pas gentil avec son père. Il ne le soutient pas dans cette épreuve. Qui en avait quelque chose à faire que je passe chaque jour voir ma mère, alors même que ce type n’est pas venu la voir une seule fois ?
Toujours les critiques. Maintenant que je viens de perdre mon boulot, ils doivent jubiler. Cependant, je ne regrette pas ce que j’ai fais.
D’ailleurs, je vais quitter ce village de commère. Je trouverai un petit boulot ailleurs. La chance sourit aux audacieux. Je ne compte pas me laisser couler.

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Kévin GALLOT
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Message par Kévin GALLOT »

10 - village :

Ils entrèrent dans le village, tous vêtus de grandes et lourdes capes noires, mais sans rien pour couvrir leurs mains et leurs visages. Des inconscients. J'avais pourtant signalé la catastrophe au Duc, dix jours plus tôt, comme tout sergent d'armes digne de ce nom. Les missives étaient parties dans tous les recoins du pays. "Interdiction d'approcher le bourg de Pontneuf à moins de trois kilomètres pour cause d'épidémie de Peste Foudroyante".

Normalement, rien que le fait de mentionner la Peste Foudroyante faisait trembler dans les chaumières, faisait pleurer et cauchemarder les enfants, délestait les estomac et les ventres des adultes de leurs contenus de manière réflexe. De quoi tâcher les surcots et les culottes. En fait, presque les mêmes symptômes que la Peste Foudroyante, dans une moindre mesure. Ajoutons la fièvre brûlante, les insupportables douleurs, et la mort assurée en moins d'une heure.

Alors pourquoi ces sombres énergumènes bravaient l'interdit ducal, sans masques ni gants ? J'hésitais entre prier pour leurs âmes ou prévenir les camarades de la garnison, pour éviter que ces idiots n'aillent propager l'épidémie en quittant précipitamment les lieux, porteurs de la calamité avant qu'elle ne les tue.

Mais je compris rapidement. Dissimulé dans le bois alentour, je vis les intrus procéder à quelques rituels étranges, au centre du village. Les cadavres pourris, à moitié dévorés par les oiseaux et les charognards, se relevèrent un à un, se regroupèrent, et suivirent sagement, de leur démarche saccadée et de leur pas mouillé, les nécromanciens qui étaient venus les réanimer...

Ils se dirigeaient vers moi. j'étais repéré.

Et tout en prenant la fuite, je me demandais si les autres villages anéantis par le mal n'avaient pas été vidés de la même manière. Ces sorciers de malheur contaminaient volontairement les villages... pour se constituer une armée.

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LionneBlanche
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par LionneBlanche »

Jour 11 : l'été est mort

C’est un équilibre fragile, imperceptible. Quelque chose dans l’air et dans le cœur qu’on ne saurait expliquer. Cela n’a pas grand-chose à voir avec la date et nos envies : le temps s’en moque bien. Évidemment, il y a une régularité, des mois clés, à défaut de jours. Mais pour remarquer le changement, le passage, il faut être attentif et posséder ce sens, cet instinct.

Un jour, nous sommes l’été insouciant, la période des libertés. Nous quittons la maison bras et jambes nue, un chapeau à la main. On ne songe pas à la veste, on va par les chemins. Ils conduisent à la plage, où les enfants s’ébattent. La caresse du soleil, allongé sur le sable, et puis bientôt l’eau, rafraîchissante et belle. Les vagues nous caressent, nous portent, on ne pense plus rien ; à part peut-être au livre, laissé un peu plus loin. La mer est transparente, son horizon d’un bleu ! Et pourquoi pas une glace ? Une grande ! De la boulangerie, aux feux.

En rentrant le soir, il fait un peu plus frais. Il y a quelque chose dans l’air, peut-être a-t-on rêvé ? Mais c’est là au matin : il fait jour plus tard, le soleil tape moins. On sent que c’est la fin.

Une subtile odeur, un regard vers les arbres, un peu de nostalgie.

On songe aux feuilles rouges, qui tournent en tourbillons. On lorgne au potager, les choses à conserver. Il faudra rentrer la table, remettre les tapis ; a-t-on assez de bois ? Il faut qu’on vérifie.

L’esprit se prépare, et puis un soir enfin, on a passé le seuil, on le comprend soudain.

L’été bel et bien mort, nous salue au loin, et puis bonjour l’automne, nous sommes de vieux copains.

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dark revenger
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par dark revenger »

(11/11 L'été est mort) Iggle était parti du village en confiant à Beaver la mission de retrouver l’élu. En effet, par son pouvoir, ce serait lui qui illuminerait la voie.
Iggle allait une fois de plus au devant du danger. Par delà la plaine, il fut très vite au repère d’Orlandz. Son ennemi l’avait vu et se postait en face de lui. Il avait beaucoup changé. Il était plus massif, se dit Iggle.
- Te voilà, Shimmering Summer.
- Cela fait trop longtemps qu’on ne m’a plus nommé ainsi.
- Et on ne te nommera plus jamais comme ça. Compte sur moi.
Il se jeta sur lui. Le combat commença et fut féroce.

- Voilà je t’ai tout expliqué. Tu as des questions ? demanda Beaver.
- J’ai du mal à y croire. Vous m’avez vraiment téléporté ici ?
- Enfin oui si on peut dire. C’est comme si.
- Franchement toute cette histoire d’élu est vrai. Je dois sauver votre pays : Zamen. Comment pourrais-je le faire ? Je suis juste Samuel Hooker.
- Au contraire, tu as un grand pouvoir en toi cependant tu ne le sais pas.
- En vous écoutant, j’en doute. J’ai juste envie de m’enfuir et c’est ce que je vais faire maintenant, énonçais-je tout en me retournant.
Il n’en eut pas le temps. Il se prit quelqu’un de plein fouet.
Les deux accidentés reprenaient doucement leurs esprits. Ils furent relevés par Beaver et Marmott.
- Salut Swallow.
- Ce messager ne vient jamais à la bonne heure, pontifia en aparté Marmott.
- J’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer... Iggle n’est pas revenu.
- T’en es sûr ? douta Beaver.
- Oui, répondit gravement Swallow.
Cela ne présageait rien de bon.
- L’été est mort ?
Marmott lança le pavé dans la mare.

Hortense
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Hortense »

L’été est mort
- Lieutenant Chalumeau, demanda l’inspecteur Laffrite, faites-nous donc part de vos premières constations.
- Hum, certainement, inspecteur…
Chalumeau prit le temps de la réflexion, Laffrite avait le souci du détail et son esprit affûté ne se satisfaisait jamais de vagues constations :
- D’après les premières estimations du médecin légiste, la mort remonterait au 22 septembre dernier, aux alentours de minuit.
- Mais encore ?
- Peu d’éléments en notre possession, la pluie des derniers jours semble avoir effacé toute trace…
- Qu’observez-vous à l’heure présente ? interrogea l’inspecteur, patient.
- En l’absence de corps, c’est difficile.
- Justement, que révèle cette absence de corps ?
- Eh bien… Heu… Pas de corps, pas de victime ?
- Conclusion inconsidérée ! Vous ne prenez pas en compte tous les éléments !
- Je ne vois pas…
- Allons, mon brave Chalumeau, ouvrez donc les yeux et laissez fuser la flamme de votre inspiration !
Être sur le grill mettait le pauvre Chalumeau au supplice.
- Observez, intima Laffrite, le sol jonché de feuilles mortes…
- C’est la pluie…
- Chut, ne m’interrompez pas ! Des feuilles de pourpre et d’or indiquent que la victime avait revêtu ses plus beaux atours pour l’occasion. Là-bas, au jardin, voyez-vous cette courge appétissante et je suis certain que l’épouvantail ne portait hier aucune écharpe. Elle est bien trop pimpante !
- Mais…
- Donc, toutes les preuves sont ici rassemblées et une seule conclusion s’impose : l’été est bien mort, mais d’une mort naturelle. Les preuves sont incontestables.

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Renarde
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Renarde »

L’été est mort – 11 octobre

Il s’en est allé
Laissant ce bel épitaphe
« Que vive l’automne »

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Sorryf
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Sorryf »

PAtober 11 - l'été est mort

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maanu
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par maanu »

11 octobre, L'été est mort - La cérémonie

Été est mort il y a quelques jours. C’est arrivé de façon assez soudaine, pourtant personne n’a été surpris. On y était préparé mais ça fait toujours un petit quelque chose.
Aujourd’hui, tous ses amis se sont réunis pour lui rendre un dernier hommage, très solennel. Il aurait été heureux de voir ça, tout le monde présent pour lui une dernière fois.
Automne est arrivé le premier. Tout le monde a la tête baissée, par chagrin et par respect, mais on ne peut pas s’empêcher de relever les yeux, de temps en temps, pour les regarder, lui et sa peau dorée, ses cheveux flamboyants, ses yeux bruns et son habit pourpre. Qu’est-ce qu’il est beau, celui-là !
Appuyé à son bras, vient Hiver, tout tremblotant, les épaules voûtées et la mine sombre, toujours aussi lugubre dans son grand manteau noir. Il est vieux, ridé, décharné… Terrifiant. Mais il a une longue barbe blanche qui réconforte les enfants, et sa peau fripée sent le feu de cheminée.
Un peu plus loin dans la procession, on aperçoit Printemps qui arrive, à la fois très souriant et très respectueux. Il a de belles fleurs à la boutonnière. Des abeilles – les toutes dernières de l’année – les butinent en vrombissant, mais il ne s’en offusque pas et n’essaie pas de les chasser. Quand on le croise, on ne peut s’empêcher de lui rendre son sourire, juste après avoir baissé des yeux attendris sur son ventre rebondi. C’est Été qui grandit là.

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Gabhany
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Re: PAtober - édition Octobre 2022

Message par Gabhany »

10 - Village

- C’est qui, cette fois ?, lance l’homme adossé à la porte d’entrée.
- Une mère et ses deux enfants, répond son comparse assis à la table de la cuisine, devant une pochette cartonnée.
- Ah. Tendu, non ?
- Oui, répond l’homme en se grattant la barbe.
- Et pourquoi on les accepte alors ?
- Parce que. Pose pas de questions et va donc préparer la chambre. N’oublie pas de mettre la double dose d’anti-OEM.
- Ouaip !
Le jeune homme sort de la maison en sifflotant et se dirige vers le centre d’accueil et de quarantaine. L’homme barbu se lève et le suit des yeux. L’adolescent s’arrête pour parler à une jeune fille chauve. Mais, comme s’il avait senti son regard brûlant, il coupe court et rentre dans le centre d’accueil. L’homme reporte son attention sur le village en contrebas. Dans ce massif montagneux, la centaine de maisons, construites selon les nouvelles normes d’isolement électro-magnétique, est le seul refuge à des kilomètres à la ronde. Le dernier bastion de survivants de toute une région.
L’homme se rassoit et soupire. Il ouvre la pochette et contemple la photo de la femme entourée de ses deux enfants. Sa Flora. Elle n’a pas changé depuis leur adolescence.
Ils ont de plus en plus de demandes, de gens du coin, d’irradiés qui se pressent contre le bouclier qu’il a inventé. Mais c’est elle qu’il a choisie. Il n’avait que trois places, laissées vacantes par une autre famille parvenue au dernier stade d’irradiation.
Elle a accepté sans même poser de questions. Et sans aucune hésitation.
Un rare sourire se devine à travers la barbe de l’homme. Ils arrivent ce soir.

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