Sur la passerelle, malgré ses années d'expérience, elle sentait encore le vertige de l'espace. Ses compagnons admiraient tout autant qu'elle cette vue, ce grand rien parsemé d'étoiles. Au loin, le soleil se reconnaissait à peine.
- Embarquement!
Les portes s'ouvrirent, et elle entra dans le vaisseau, son vaisseau, qu'elle connaissait si bien. Certains le trouvaient froid, car elle ne l'avait pas personnalisé. Nulle photo aux murs, nulle peinture, guirlande ou fantaisie, mais c'était ainsi qu'elle l'aimait : brut.
Elle marcha jusqu'à son emplacement. Bientôt, ils partiraient pour une nouvelle exploration, aux limites de la physique. Elle regarda sa nacelle de voyage, qu'elle appelait, comme tous les spationautes, "le lit vide". Elle s'installa dans cet espace rectangulaire, dans lequel son corps se mit à flotter. Le lit vide la protègerait des accélérations et décélérations démentielles du voyage. Elle aimait cette sensation de ne rien peser, de n'être plus qu'un esprit, une âme en suspension. Elle mit son statut sur "READY".
— Préparez vous au départ! Cinq, quatre, trois, deux, un…
PAtober - édition octobre 2023
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Re: PAtober - édition octobre 2023
21 octobre - Le lit vide
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Re: PAtober - édition octobre 2023
21/10/2023 : Le lit vide
Le lit était vide. Depuis la porte d’entrée, j’essayai de m’en persuader, mais sans oser m’approcher.
Mon frère et moi, nous avions toujours dormi dans des lits superposés, mais j’avais toujours refusé celui du bas. J’avais peur du « monstre sous le lit ». Une peur stupide qui ne m’avait pas quitté depuis l’enfance. J’avais huit ans maintenant. Mon frère en avait dix.
Mais il n’était pas ici aujourd’hui, il était à l’hôpital pour le lapin d’icite, un truc pas grave, mais urgent quand même. Et moi je devais dormir seul ce soir. Dans le lit du haut, en passant devant le lit vide de mon frère, puisqu’il n’était pas là.
Je savais que le lit était vide. Il ne pouvait qu’être vide.
Mais alors, qu’elle était cette forme étrange et imposante que je distinguais sous les draps ?
Re: PAtober - édition octobre 2023
LIT VIDE
Draps froissés, lit vide
La lettre sur le chevet
C’est donc bien fini
Courtepointe en fleurs
Rentre vite à la maison
Ma petite fugueuse
Un lit vide sans os
Parmi les cercueils des braves
Cortège funèbre
Comme l’oued asséché
De t’avoir trop pleuré, Guy
Mon cœur s’est tari
Lit dévergondé,
Les draps sens dessus dessous
Une nuit agitée
Six petites punaises
M’ont mordu pendant la nuit
Déserter ce lit !
La couette qui fout l’camp
J’en ai marre de grelotter
Dans ce lit défait
Ronfle comme une chaudière
Pas fermé l’œil de la nuit
Ce soir, chambre à part
Le berceau est vide
Sortilège des fées
Changelin y ont laissé
Draps froissés, lit vide
La lettre sur le chevet
C’est donc bien fini
Courtepointe en fleurs
Rentre vite à la maison
Ma petite fugueuse
Un lit vide sans os
Parmi les cercueils des braves
Cortège funèbre
Comme l’oued asséché
De t’avoir trop pleuré, Guy
Mon cœur s’est tari
Lit dévergondé,
Les draps sens dessus dessous
Une nuit agitée
Six petites punaises
M’ont mordu pendant la nuit
Déserter ce lit !
La couette qui fout l’camp
J’en ai marre de grelotter
Dans ce lit défait
Ronfle comme une chaudière
Pas fermé l’œil de la nuit
Ce soir, chambre à part
Le berceau est vide
Sortilège des fées
Changelin y ont laissé
Modifié en dernier par TUSCARORA le 22 oct. 2023, 21:19, modifié 2 fois.
Re: PAtober - édition octobre 2023
Jour 21
À nouveau, je m’éveille seule. Chaque jour qui passe, la présence de Jossian me manque. Je me redresse avec difficulté. C’est ridicule. À quoi me sert de regarder la place vide dans le lit avec tristesse ?
Nous n’avons jamais vécu ici ensemble. Pourtant, il me manque tant.
Debout, je pose la main sur mon ventre. Il ne verra jamais son enfant…
Jossian…
Tu me manques tant.
À nouveau, je m’éveille seule. Chaque jour qui passe, la présence de Jossian me manque. Je me redresse avec difficulté. C’est ridicule. À quoi me sert de regarder la place vide dans le lit avec tristesse ?
Nous n’avons jamais vécu ici ensemble. Pourtant, il me manque tant.
Debout, je pose la main sur mon ventre. Il ne verra jamais son enfant…
Jossian…
Tu me manques tant.
Re: PAtober - édition octobre 2023
Jour 21: les lits vides
![Image](https://zupimages.net/up/23/42/bg67.jpeg)
Spoiler
ils sont a droite
Re: PAtober - édition octobre 2023
22 octobre – Amanite phalloïde
Sitôt que les premiers rayons de soleil lui chatouillent les orteils, dans sa petite chambre qu’il n’a pas fini d’aménager, Pokpok se lève d’un bond. Il court à sa fenêtre, qu’il a passé toute la journée d’hier à creuser. Il écarte les rideaux et pousse un grand soupir de contentement en respirant à pleins poumons l’odeur de la forêt.
Il vient tout juste de s’installer dans le champignon de ses rêves.
Il a tellement trimé toute sa vie… Cette fois, ça y est. Il a dépensé toutes ses économies pour cette petite merveille perdue au fond des bois et il est bien décidé à couler ici une retraite heureuse, dans sa petite maison à lui.
Il a déjà fait la connaissance de certains de ses voisins. Il y a les roitelets qui viennent de temps en temps picorer au sol et qui restent toujours faire un brin de causette, et aussi les sangliers qui grognent aussi fort que le tonnerre. Ce qu’il a eu peur, la première fois que l’un d’eux est venu fourrer sa truffe autour de son champignon !
Il regarde la lumière tomber en cascade depuis les cimes et réveiller tout doucement les sous-bois. Oui, vraiment, il va être très bien ic…
Et soudain, l’horreur. Le monde se renverse, Pokpok dégringole et le champignon s’envole, avalé par un panier qui s’éloigne et disparaît au loin.
En l’espace d’une seconde, Pokpok a tout perdu.
Sitôt que les premiers rayons de soleil lui chatouillent les orteils, dans sa petite chambre qu’il n’a pas fini d’aménager, Pokpok se lève d’un bond. Il court à sa fenêtre, qu’il a passé toute la journée d’hier à creuser. Il écarte les rideaux et pousse un grand soupir de contentement en respirant à pleins poumons l’odeur de la forêt.
Il vient tout juste de s’installer dans le champignon de ses rêves.
Il a tellement trimé toute sa vie… Cette fois, ça y est. Il a dépensé toutes ses économies pour cette petite merveille perdue au fond des bois et il est bien décidé à couler ici une retraite heureuse, dans sa petite maison à lui.
Il a déjà fait la connaissance de certains de ses voisins. Il y a les roitelets qui viennent de temps en temps picorer au sol et qui restent toujours faire un brin de causette, et aussi les sangliers qui grognent aussi fort que le tonnerre. Ce qu’il a eu peur, la première fois que l’un d’eux est venu fourrer sa truffe autour de son champignon !
Il regarde la lumière tomber en cascade depuis les cimes et réveiller tout doucement les sous-bois. Oui, vraiment, il va être très bien ic…
Et soudain, l’horreur. Le monde se renverse, Pokpok dégringole et le champignon s’envole, avalé par un panier qui s’éloigne et disparaît au loin.
En l’espace d’une seconde, Pokpok a tout perdu.
Re: PAtober - édition octobre 2023
22 : Amanite phalloïde
— Clothilde Hildaga, soixante-quatorze ans, veuve depuis cinquante-quatre ans, vivant seule, dix-neuf enfants, toutes des filles, jamais travaillé, du moins pas officiellement.
— Allons-y, approuva l’apprenti enquêteur en s’emparant du dossier. Ça a l’air intéressant.
Il ouvrit la pochette et en tira des photos. Quant au rapport, son mentor le garda pour lui.
— Je t’écoute, annonça ce dernier.
— Alors…
Il détailla les images, sourcils froncés.
— C’est tellement le désordre… retrouvée ensevelie sous ses possessions ?
— Non, essai encore…
— Ah ! Morte empoisonnée ! Le contenu de la grosse marmite, là… ça n’a pas l’air comestible.
— Essaie encore…
— Mmh… les couteaux ! Elle a été poignardée ! Ils sont pleins de sang séché.
— Faux.
— Haha ! Les amanites phalloïdes qui poussent sur le bord de la fenêtre… Elle s’est empoisonnée avec !
— Non.
L’apprenti soupira.
— Il y a beaucoup trop de causes possibles, tout dans cette scène de crime a l’air potentiellement dangereux.
— Peut-être, mais un indice ne trompe pas.
L’apprenti chercha, chercha encore puis finit par admettre qu’il séchait.
— Tu n’as pas remarqué les petites traces dans la poussière pourtant tu as remarqué les champignons.
— C’est vrai… Qu’est-ce que ça peut bien être… on dirait… on dirait…
— Exactement. Tu avais pourtant toutes les clefs en main ! Son passif nous apprend qu’elle était sûrement misandre.
— Ah bon ?
— Veuve, que des filles… mais justement, des champignons rodent dans sa cuisine, pas n’importe lesquels ! Des champignons Phalloïdes ! Elle voulait les découper, ils se sont disputés, ils ont fini par la tuer. Classique…
— Sérieusement ?
— À tous les coups, approuva-t-il. Allons relever les preuves directement sur le terrain.
Et avec un petit rire, le mentor ajouta :
— Il te reste encore beaucoup à apprendre.
Re: PAtober - édition octobre 2023
Rattrapages
20 octobre :
21 octobre :
20 octobre :
20. Danse de minuit
— Patober, m’accordes-tu cette danse ?
— Volontiers, Kass. Mais…
— Mais ?
— Il se fait tard.
— Il n’est jamais trop tard pour danser. Il est minuit pile.
— Mais…
— Mais ?
— Kass… Je ne sais pas danser…
— Je vais t’apprendre.
— D’accord, dans ce cas.
— Approche-toi, mon petit Patober.
— Tu es sûr ?
— Sûr que je veuille que tu t’approches de moi ? Oui.
— Non. Tu es sûr de vouloir danser avec moi ? Je risque de te faire mal aux pieds...
— On fera attention. Et, au pire, ce n’est pas bien grave. Tu me marches sur les pieds, et alors ? Au moins, je danse avec toi. C’est tout ce qui compte pour moi.
— Kass… Il est minuit. Je ne suis pas sûr d’être bien réveillé...
— Dans ce cas, tu ne m’écraseras pas trop les pieds si tes mouvements sont aussi endormis que toi.
— Tu sais toujours quoi dire. Peu importe la situation.
— Je ne suis pas Agent pour rien.
— En effet.
— J’ai lu, l’autre jour que danser à minuit pile, cela aidait à rapprocher des amoureux. C’est une manière de passer d’une journée à l’autre au contact de son bien-aimé.
— D’accord.
— On danse en voyageant dans le temps, en passant d’aujourd’hui à demain, de demain à hier, en un instant.
— Je ne suis pas sûr de tout comprendre.
— Ce n’est pas grave.
— Il est encore minuit. Et si on dansait ?
— Avec plaisir, mon petit Patober. Dansons avant qu’il ne soit minuit une !
21 octobre :
21. Le lit vide
— Kass m’a laissé un message sur la table de nuit, ce matin.
— Vous… vous avez donc dormi ensemble ?
— Oui, pour la première fois.
— Mais c’est génial, Patober !
— Juste après avoir dansé à minuit.
— C’était comment ?
— Je ne vais pas rentrer dans les détails, Paëlla…
— En un mot.
— Un mot ? Magique.
— C’était magique du début à la fin ?
— Du début à la quasi-fin.
— Pourquoi « quasi-fin » ?
— Je me suis senti bizarre, au réveil, quand j’ai lu son mot...
— Il disait quoi, ce mot ?
— Qu’il a dû partir au Bureau en urgence. Qu’il est désolé de ne pas avoir attendu que je me réveille. Qu’il me contactera dès que l’urgence sera réglée.
— C’est tout ? Il a rien dit d’autre ?
— Si ! Qu’il a passé une agréable soirée ainsi qu’une douce nuit en ma compagnie.
— Et, ce mot, tu l’as pas aimé, Patober ?
— Si. Mais, Paëlla… J’aurai préféré le voir, lui, au réveil, et non un morceau de papier avec son écriture dessus.
— Je vois… Je sais ce que tu as…
— Ce que j’ai ? On dirait que je suis malade.
— En quelque sorte, oui.
— Ah bon ?
— Tu souffres du syndrome du lit vide.
— Du nid vide, non ?
— Du lit vide. T’as pas dormi dans un nid d’oiseau, que je sache ?
— Non.
— Donc, c’est le syndrome du lit vide. Tu déprimes dès que tu ouvres les yeux et que tu constates que tu es seul dans le lit.
— C’est exactement ce que j’ai ressenti ce matin.
— Et sinon, tu crois que l’urgence de Kass concerne notre affaire ? C’est qu’on stagne un peu depuis qu’on sait pour Rizotto…
- Raza
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Re: PAtober - édition octobre 2023
22 octobre – amanite phalloïde
Les champignons ont et auront toujours pour moi une aura de magie. Je pense qu’au départ, c’était dû aux mystères qui les entourent. Ils poussent dans des lieux secrets, connus seulement par les initiés. Certains donnent la mort, d’autres vous font halluciner, d’autres encore sont délicieux en omelettes, et tous ont des noms issus d’un autre âge, comme amanite phalloïde, ou lactaire sanguin. Un jour, j’ai feuilleté un guide des champignons. Jamais je n’aurai le courage de me dire : oui, c’est sûr, c’est celui de la photo. Et je m’étais demandé : mais comment peut-on avoir des détails sur le goût et la texture en bouche, et en même temps « mortel » sur le côté ? Qui mange les champignons et fait un compte-rendu ? Ah celui-là, noisette et pissenlit, délicieux. Arrrgh. Tout du moins, je me posais cette question, avant que je rencontre Tinama Alphoïde, ses cheveux en guerre contre l’ordre et la bienséance, et ses coups de sang. Demain, j’ai mon premier cours de potion avec cette authentique sorcière, et j’espère bien en tirer plus que la recette d’une poêlée…
Re: PAtober - édition octobre 2023
22 octobre :
22. L'amanite phalloïde
— Un champignon ?
— Oui, Paëlla. Un champignon.
— Patober… C’est Kass qui te l’a dit ? Je croyais qu’il avait pas le droit de te parler de l’affaire…
— Non. C’est partout dans les journaux. Rizotto a été tué à cause d’un champignon toxique. Le coup de feu n’a pas été mortel.
— Rizotto est donc mort par empoisonnement…
— Oui.
— Par la même personne qui lui a tiré dessus ?
— Je n’en sais rien.
— Tant de monde lui en voulait ?
— Je n’en sais rien.
— Il en cachait bien, des choses.
— J’en sais quelque chose…
— J’ai toujours peur qu’on te soupçonne, Patober. Un empoisonnement, c’est pas anodin… Tu étais proche de lui. Tu avais accès à sa nourriture.
— Il fréquentait aussi d’autres personnes.
— On pourrait creuser la piste de ses potentiels amants. Ça peut être quelqu’un qui voulait l’exclusivité, qui refusait d’arrêter la liaison...
— Une de ces pistes suffirait à m’innocenter.
— Oui !
— Parce que tu me fais peur, Paëlla, à penser que je peux être suspecté. Kass me dit que je ne risque rien…
— Attention ! Parce qu’il peut être retiré de l’affaire, si ton nom apparaît dans la liste des suspects et si on apprend votre relation. Pire, il peut arrêter votre relation pour éviter tout conflit d’intérêt.
— Tout cela à cause d’un fichu champignon…
— C’est quel champignon, d’ailleurs ?
— Pourquoi ?
— On peut aussi enquêter sur comment en dénicher dans le coin. Croiser la liste des détenteurs de champignons toxiques et celle des amants de Rizotto… Trouver peut-être un nom qui correspond aux deux listes.
— Possible.
— Il nous reste quatre pieds à trouver, avec un potentiel empoisonneur.
— C’est beaucoup…
— Oui. Alors, ce champignon ?
— L’amanite phalloïde. Les Agents en ont retrouvé dans son frigo. Dans des restes de risotto aux champignons...
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