PAtober - édition octobre 2023

[maanu]

15 octobre - Chaussette cherche binôme

C’est affreux. Tout bonnement affreux.
Je me suis réveillée tout à l’heure de ma sieste – le sèche-linge, c’est automatique, ça m’endort – et j’ai aussitôt réalisé que la chaussette à laquelle on m’avait emberlificotée n’était pas ma chaussette. Et ce n’est pas comme si elle lui ressemblait un peu : on m’a collé dans les pattes une vulgaire socquette.
Il ne peut s’agir que d’une erreur. Quelqu’un, très bientôt, va réaliser la monstruosité qui a été commise et me la rendre. Ça ne peut pas être autrement. On a affronté trop de choses, ma chaussette et moi.
Notre laine a poussé sur le dos du même mouton et aussitôt formées on nous a unies l’une à l’autre, à la fois sœurs et épouses (ne soyez pas choqués, c’est courant chez nous autres les chaussettes).
Un jour que nous pendions bien sagement, côté à côte sur le fil à linge, profitant du soleil qui nous réchauffait la trame, le vent l’a emportée. Je l’ai vue s’échouer sur un buisson et rester là, incapable de me rejoindre. Ça a duré si longtemps… Un escargot s’est même aventuré sur elle. Rendez-vous compte !
Quand elle a été retrouvée, il a fallu la relaver et j’ai attendu d’interminables heures avant qu’on me la ramène, toute seule dans le tiroir, perdue au milieu des autres paires qui filaient le parfait amour, indifférentes à ma douleur.
Alors, vous voyez, il faut qu’elle me revienne. Que le tiroir s’ouvre et qu’elle apparaisse, nimbée de lumière. Mais si ce n’était pas une erreur ? Et si…
Le plus dur, c’est de ne pas savoir.

[Sorryf]

Jour 15 - chaussette cherche binome

[dark revenger]

Chaussette cherche binôme (15/10)

Personne à part quelque chose dessous le fauteuil. C'était une petite boule de poils noirâtres. Le silence et le vide présents dans cette salle aux murs de grès brut furent vite remplacés par son ronronnement régulier. Griesedt essaya de la flatter dans le sens du poil. Deux yeux vert pomme fusillèrent l'intruse qui avait osé le réveiller.
- … Perchonne que tu peux amadouer avec de viles paroles carechantes. N'essaye même pas !!
- Chaussette cherche binôme, pourtant. N'avais-tu pas fait cette annonce dans La Voix de Norsk ?
- Chela date d'une bonne trentaine d'années, tu le chais. Et pour le binôme que j'ai trouvé !! Chaussette n'est plus ! Il s'est mis chur chon trente et un avec un nom plus clache.
- Peut-on savoir ce nom ''plus clache'' ? ânonna -t-elle la fin de sa question, d'un ton ironique.
- Je ne chais pas si tu le mérites. Néanmoins, je vais te le dire. Kalsetz.
- Ce qui signifie Chaussette en Norskien.
- Là n'est pas l'importanche. Pour moi, ch'est un renouveau.
- D'accord, Monsieur le Renouvelé, j'ai besoin de ton aide pour...
- Pas d'chat avec moi. Tu n'auras rien de moi...
- C'est une affaire de dragonoïde et de Sauroctones !!
L'exclamation fit un blanc dans la conversation. Le félin se mit sur ses quatre pattes et, s'approchant de l'horloge, la dévisagea.
- Ça y est. Il est l'heure, constata-t-il gravement.
- L'heure de quoi ?
- Che que tu considères être une simple affaire est d'un tout autre niveau.
Elle eut l'air surpris. Le temps s'immobilisa une éternité. Peut-être glacé à jamais.

[Raza]

15 octobre - chaussette cherche binôme.

Chaussette cherche binôme
Binôme cherche expérience
Expérience cherche vérité
Vérité ne cherche pas car elle sait,
Elle sait que l'expérience a raté, tout a explosé
Désormais il manque un pied
Chaussette restera esseulée.

[Dédé]

15 octobre :

15. Chaussette cherche binôme
— Paëlla !
— Oui, Patober ?
— J’ai fini par écrire une lettre à l’Agent.
— Une lettre ?
— Oui. Tu m’as dit d’aller lui parler mais, non.
— Pourquoi ?
— Je n’oserai jamais lui dire qu’il me plaît.
— Je croyais que vous parliez de tout.
— Non. J’ai écrit une lettre.
— Tu veux me la lire ?
— Tu promets de ne pas te moquer ?
— Promis. Tu sais, Patober, je veux que ton bonheur. Rizotto t’a fait beaucoup souffrir. Je suis contente que tu tournes la page.
— Je tourne la page car je sais qu’il est loin, très loin de moi maintenant.
— Alors, cette lettre ?
— En fait, ce n’est pas une lettre. C’est plutôt une annonce.
— Une annonce ?
— Je veux lui expliquer ce que je recherche.
— Et, tu recherches quoi ?
— Lui.
— D’accord. Vas-y, lis-moi cette lettre-annonce.
— « Cuillère cherche compote... »
— Euh… Pardon, mais… Qu’est-ce qu’une cuillère et une compote viennent faire dans l’histoire ?
— C’est pour lui faire comprendre que je recherche ma moitié.
— Et ? La cuillère est la moitié de la compote ? Non… Il faut changer.
— « Clé cherche serrure » ?
— Non, évite.
— « Chaussette cherche binôme » ?
— Ça peut lui faire peur. Comme si tu voulais emménager de suite avec lui.
— Oh ! Non…
— Mais, je trouve rien de mieux.
— Je garde « Chaussette cherche binôme » ?
— À défaut de mieux, oui.
— J’ai une idée pour la suite. Je continue ?
— Continue.
— « Chaussette cherche binôme. Je suis la chaussette du pied gauche. Je cherche celle de droite. Et, je crois que mon binôme, mon bonhomme, mon homme, c’est toi. »
— C’est mignon.
— Tu trouves ?
— Je suis pas romantique pour un sou. Fais-toi confiance ou demande à Moussaka. Elle te dira mieux que moi.

[Herbe Rouge]

15/10/2023 Chaussette cherche binôme

Fourrageant dans les sous-bois, je cherchais à la fois avec espoir et désespoir cette petite tache de rouge que je craignais de trouver.
- Alors, vous voyez quelque chose ?
La voix du chef à quelques mètres d’ici était toujours aussi grave et ferme qu’à son habitude, et pourtant, elle portait en elle aujourd’hui une fragilité qui me nouait la gorge. Elle ne tremblait pas pourtant, sa voix. Elle ne tremblait pas, mais elle était comme au bord d’un gouffre. Un gouffre immense près à l’avaler tout entier pour le détruire à jamais.
Un peu comme cette falaise au pied de laquelle nous cherchions.
En haut, nous avions trouvé dans l’après-midi une petite chaussette rouge, celle de sa fille de trois ans, disparue en pleine nuit il y a deux jours. Introuvable depuis.
Je craignais le moment où nous trouverions enfin le binôme de cette satanée petite chaussette rouge. Je ne voulais pas. Je ne voulais rien trouver. Jamais. Et pourtant, nous n’avions pas d’autre choix que de continuer à chercher.

PS : Sans ce défi lancé lors du live Twitch, peut-être que j'aurais écrit une mignonne petite histoire sur ce thème. Peut-être.

[Nascana]

jour 15

À genoux, je jette un coup d’œil sous mon lit. Il y a beaucoup de moutons de poussières. J’y découvre même un short. Qu’est-ce qu’il faisait là ? J’avais complément oublié son existence.
– Tu cherches quelque chose ?
Je sursaute. Cliff est arrivé avec tellement de discrétion que j’ignorais jusqu’à sa présence.
– Qu’est-ce qui te fais dire ça ?
Agacé, je me redresse. Et l’autre qui hausse les épaules.
– Si tu as besoin d’aide…
D’un geste de la main, je le congédie. Je me débrouillerais seul. Il n’a pas besoin de savoir que je joue à « chaussette cherche binôme ».

[TUSCARORA]

CHAUSSETTE CHERCHE BINÔME
Grrr. Où est encore passée cette maudite chaussette ?
Edouard farfouillait dans les tiroirs à la recherche de la deuxième chaussette. Rien, pas une seule appareillée avec l’autre.
Bon, pas le temps, il faut que j’y aille. Exaspéré, il attrapa deux chaussettes au hasard, les enfila, passa ses chaussures et fonça dans la cuisine.
Il s’accorda deux minutes pour rédiger sur un post-in dans une grosse écriture énervée : CHAUSSETTE CHERCHE BINOME sans accent circonflexe sur le O, j’emm… le monde ! et il colla le mot bien en évidence sur le frigo.
Ça c’est pour Stéphanie. Qu’est-ce qu’elle fabrique avec mes chaussettes ? Elle les bouffe ?
Puis il sortit.
En pensant à sa réunion, il regretta d’avoir cédé à la colère. Il avait l’air fin à présent avec une chaussette orange truffée de petits ananas jaunes et une chaussette bleu céruléen couverte de voiliers rouges. Il ne se souvenait pas d’avoir jamais acheté ces horreurs. Zut ! Il a dû taper dans le tiroir de son grand dadais de fils.
Quand il entra dans la salle et qu’il se pointa sur l’estrade, quinze paires d’yeux fixaient ses chevilles.
Il mena son exposé cahin-caha. Ce fut un peu laborieux. On ne regardait pas assez l’écran.
A la fin, le chef vint le trouver avec son air mielleux : « Ecoutez, Edouard j’apprécie vos cravates fantaisistes. Jeune cadre dynamique, n’est-ce pas ? mais les chaussettes… Bon, j’avoue que c’est assez original, ces couleurs mais, vous comprenez, ça fait diversion. Vous voyez ce que je veux dire ? Donc, un conseil : à l’avenir, choisissez-les plutôt unies, foncé et toutes, absolument toutes, de la même couleur. Il avait dit cela en appuyant sur chaque mot.
Gnagnagna, unies, foncé, toutes… Pour le coup Edouard, rentra de meilleure humeur à la maison. C’était mieux pour Stéphanie.

[Ewen]

13 octobre – Une musique au loin

Le bruit blanc de la rocade, la pluie qui tombe sur la tôle de l’entrepôt, le bip des camions qui reculent, ou celui du scanner des caisses de supermarché. Les cris et les rires tonitruants étouffés par les murs des maisons. L’aboiement d’un chien ou le chant des oiseaux. Un coup de klaxon, puis deux, et un rythme est lancé. Le vent qui fait pencher les arbres, craquer les troncs et siffler les feuilles d’automne. Les portails qui grincent, les sonnettes à l’entrée des bâtiments où se présentent des livreurs emmitouflés. Ils laissent le moteur de leur scooter tourner puis font quelques pas sur le gravier.

La lune silencieuse. Quelques passants qui parlent. Tout cela est musique lorsqu’on ne vit plus chez soi.

14 octobre – Marche ou rêve

« Marche ou ’rève est un bou’in de S’ephen ’ing ’i ra’on’e l'his’oire d’un jeune homme ’i se re’rouve ’oincé dans une ’ompé’ition impi’oyable ’i s’appelle « la Longue Marche ». Dans ce fu’ur dys’opi’, des garçons ’omme lui sont ’on’raints de marcher sans s'arrê’er jus’à l'épuisement sous peine d’ê’re aba’’u. Le dernier à res’er debout est dé’laré vain’eur. Ce’’e marche devient don’ une métaphore de la lu’’e pour la survie ainsi ’e de la ’ruauté humaine. Au fil de l'his’oire, les personnages ’réent des relations, affron’ent la fa’igue et la folie, et ’en’ent de ’omprendre le sens de leur marche. Le roman e’splore les ’hèmes de la résilience, de la persévérance et de la per’e d'humani’é. »

— Très bien Quentin, merci pour ton exposé. Il faudra juste que tu travailles la prononciations de certaines consonnes occlusives, là j’ai pas compris la moitié des mots.

[Solamades]

15 : Chaussette cherche binôme

— À une époque, je me plaignais beaucoup. L’odeur qui ne me convenait pas, qu’on étire un peu trop mon élastique, la façon de me plier, de me ranger, mon tissu qui devenait rêche à cause du sèche-linge… Ça, c’était avant. Ça, c’était quand j’étais heureuse.

Elle réprima ses larmes.

— Aucune douleur n’est comme celle de perdre sa moitié, son âme sœur. Je ne relis plus mon journal de cette époque. C’est trop douloureux. Toutes ces recherches, l’espoir qui s’amenuise…

Elle se redressa un peu pour garder son calme. Elle ne devait pas flancher.

— J’ai essayé de me reprendre en main, j’ai cherché un nouveau binôme, mais vous savez comme c’est, j’imagine. Pas la même couleur, pas la même taille, trop délavée… un jour j’ai presque réussi à trouver… mais l’autre a révélé un énorme trou au niveau du petit orteil. J’étais dévastée. Il a disparu quasiment aussitôt pour intégrer un tawashi.

Elle hoqueta de douleur et d’indignation.

— Je ne supporte plus de vivre dans cette boite où nous sommes tous… seuls, entassés, oubliés, à ne faire que consoler les nouveaux arrivants. Alors voilà, j’essaie quelque chose de différent. J’espère… j’espère que vous voudrez bien m’accepter.

Une mitaine lui fit un petit signe du doigt. Un vieux mouchoir en papier se déplia légèrement, timide, mais accueillant.

— Bienvenue sous le lit, ma belle ! salua le stylo sans bouchon. Tu vas voir, ici on s’amuse beaucoup et on se fiche d’être atypiques ! J’espère juste que tu n’es pas allergique à la poussière !