PAtober - édition octobre 2023

[maanu]

12 octobre - OUVREZ-MOI !

Je me suis endormie dans le grand fauteuil du salon. Quand je me suis réveillée, il faisait nuit et un courant d’air me faisait frissonner.
J’étais bien, dans le fauteuil, mais je commençais à avoir froid. Alors je me suis levée et j’ai marché vers la porte.
C’est seulement quand je suis arrivée juste devant elle que j’ai vu les mots tracés sur le battant, à l’encre rouge qui avait dégouliné en grandes traînées, presque jusqu’au sol.
OUVREZ-MOI.
Oui, c’est ce que j’avais déjà l’intention de faire.
J’ai ouvert et j’ai marché, en automate, le long du couloir plongé dans le noir. Au fond, dans la cuisine, je me suis étonnée de voir la fenêtre restée fermée. D’où venait-il, ce courant d’air ?
Sur la fenêtre, il y avait les mêmes mots.
OUVREZ-MOI.
Je suis d’un naturel obéissant. J’ai ouvert.
J’ai tourné la tête. Un message avait été inscrit sur la porte du placard.
OUVREZ-MOI.
Pour ça, pas besoin de me prier : c’est là que je range les petits gâteaux. J’ai ouvert.
Une boite de biscuits que je ne me souvenais pas avoir achetée était posée bien en évidence et je distinguais très nettement les mots griffonnés dessus.
OUVREZ-MOI.
Avec plaisir.
J’ai ouvert et j’ai regardé à l’intérieur de la boîte. Pas l’ombre d’un gâteau. Mais tout au fond, il y avait un miroir. J’ai approché mon visage. Je n’ai vu que mon reflet avec, sur chacune de mes paupières, des lettres rouge sang.
OUVREZ-MOI.
J’ai ouvert les yeux. Je me suis réveillée dans le grand fauteuil du salon.

[Sorryf]

jour 11 : un froid noir


Jour 12 : ouvrez-moi

Spoiler

le premier j'ai juste ajouté la brume, un jour de retard pour ça c'est honteux

[Solamades]

12 : OUVREZ-MOI !

Ouvrez-moi ! Ouvrez-moi !
Promis je recommencerai pas ! 
J’ai peut-être cassé des choses,
Comme le vase de grand-maman,
Je voulais y mettre des roses.
Mais y’avait ses cendres dedans.

Ouvrez-moi ! Ouvrez-moi !
Promis je recommencerai pas !
Je voulais que tout soit beau
En faisant du rangement.
J’ai savonné le berceau
Sans enlever bébé avant.

Ouvrez-moi ! Ouvrez-moi ! 
Promis je recommencerai pas ! 
Et pour me faire pardonner
Je vous ferai à manger.
Pas comme à l’été dernier
Où la maison a cramé.

Ouvrez-moi ! Ouvrez-moi ! 
Promis je recommencerai pas !
Ou alors peut-être que si…
Vous y avez cru, haha !
Oui, je suis déjà sorti !
Cachez-vous, car me voilà.

[Gabhany]

(Suite du fil rouge)

11- Un froid noir

Bastien frissonne. Non, c'est pire que ça.
Il regarde les cadavres des deux hommes gisant sur le sol de son salon, et il ne ressent rien. Ses yeux voient, son nez sent, ses oreilles résonnent encore de leurs supplications.
Mais à l'intérieur de lui, rien.
Il a froid, c'est tout. Il se sent trembler, pourtant aucun mouvement n'agite sa peau tiède.
Toutes les autres sensations sont comme dévorées par le brouillard qui s'est abattu sur lui quand il a... quand il les a ...
Non. Il ne peut pas formuler ce mot. Même en pensée.
Le brouillard est froid comme la glace. Noir comme la hargne.
Sa main gauche est encore crispée sur son pistolet.
Il a récolté les informations qu'il voulait.
Il sait où Flora se rend. Il sait quelle folie a été la sienne. Il sait ce qu'il doit faire.
La poursuivre. La retrouver. Récupérer ses enfants.
Lui faire payer.
Et peut-être que le brouillard disparaîtra.

12- Ouvrez-moi !

Je frappe à grands coups sur la porte en bois toute simple de la maison. Kraken a fini par me révéler à contrecoeur où ce Làzlo, le responsable du village, habitait.
Il faut que je lui parle de toute urgence.
Je frappe à nouveau en criant :
- Ouvrez-moi !
J'ai profité de la gentillesse de notre guide pour lui confier les enfants, mais je dois faire vite.
Il faut trouver une solution. Je ne peux pas faire vivre les enfants dans cette maison.
La porte finit par s'ouvrir, et je pousse le battant, me cognant presque contre le propriétaire.
Je le dévisage, et je reste bouche bée.
- Lazare ?!
- Bonjour, Flora, répond-il avec un large sourire. Je suis très heureux de te revoir.
- Mais qu'est-ce que... comment... tu ... c'est toi qui ...
- Pas ici, d'accord ? On m'attend ailleurs, mais je viendrai te voir ce soir. Attends-moi.
Hébétée, je m'écarte tandis qu'il sort de chez lui et qu'il ferme sa porte. Je ne peux que cligner des yeux et le regarder s'en aller d'un pas allègre.
Ce n'est pas possible. C'est un cauchemar.
Le cœur battant à grands coups sourds, je ferme les yeux.
D'une main tremblante, j'effleure une petite cicatrice sur ma tempe gauche.
D'habitude, je la cache sous mes cheveux, mais je ne l'ai jamais oubliée.
Je fais demi-tour et me mets à courir. Je dois partir d'ici.

[Herbe Rouge]

12/10/2023 : OUVREZ-MOI !

Au début, je n’ai pas compris. J’avais froid et faim, mais mes autres sensations, je n’arrivais pas à poser de mots dessus. Comme si j’avais du coton dans la tête.
Puis je compris que mes yeux étaient ouverts, mais qu’ils ne voyaient rien. Que mon corps était intact, mais qu’il ne pouvait plus bouger. Que ma bouche était ouverte, mais que je ne pouvais pas crier. Et enfin, je compris que le bruit que j’entendais n’était pas celui de ma respiration, mais celui de la machine qui m’aidait à respirer.
Ce fut lorsque j’entendis les larmes de mes parents annonçant au médecin que jamais ils ne me débrancheraient du respirateur, que je regrettais que mes oreilles, elles, puissent toujours entendre.
Car ce que je n’avais pas compris au début, je le comprenais maintenant. Mon corps était mort, mais mon âme était restée coincée à l’intérieur.
Abandonnez-moi, s’il vous plaît.
Débranchez-moi.
Tuez-moi.
OUVREZ-MOI !

[Raza]

12 octobre – OUVREZ-MOI !

Elle regarda l’inscription sur la boîte avec suspicion. FERMEZ-MOI. Qui écrit ça sur une boîte ? Et sur une boîte au fond d’une caverne ? Gardée par un moine guerrier millénaire ? Sur une boîte déjà fermée ? Elle sortit le parchemin une nouvelle fois.
Pour gravir la montagne… gnagnagna… Pour le passage du deuxième trou… Ok… Le nain à énigme…
Elle avait forcément oublié quelque chose.
La boîte… Ne pas l’ouvrir… Le sortilège de protection… Le trésor se débloquera une fois la quatrième étape effectuée, voir 31.C pour les détails de désenchantement…
Elle reposa l’objet sur son piédestal dont elle avait réduit l’aura, comme indiqué. Assise sur le sol en pierre taillée, elle soupira. Après tout ce chemin, elle se retrouvait coincée là ; elle se sentait bête.
Elle examina les petites lignes, les étoiles, les renvois. Les trois mages auraient pu être moins brouillons. Ah, là ! Elle avait raté la mention.
Un champ d’inversion inutilisé a peut-être été oublié dans un des casiers, vérifier la cohérence de l’univers avant toute manipulation après la dernière porte.
Elle fit craquer ses doigts, puis effectua l’incantation de reversion. Elle ramassa l’objet de sa quête, sur laquelle un bel « OUVREZ-MOI » marquait le couvercle. Le couvercle ouvert. Ouvert ?
Un petit problème vint alors à son esprit : elle avait tout reversé. Absolument tout. L’inscription était passée de fermez à ouvrez, mais cela avait également ouvert la boîte. Elle se rua vers le parchemin, pour trouver la section de « Que faire si vous avez ouvert la boîte ? », mais elle se rappela soudain qu’elle avait aussi lancé tout un tas de sortilèges d’affaiblissement des défenses magiques avant d’arriver à l’autel. Autour d’elle, les murs se mirent à crépiter d’énergies occultes.

[TUSCARORA]

OUVREZ-MOI
L’homme penché au-dessus du visage suait à grosses gouttes. Il arborait un rictus de dépit.
La victime avait les mâchoires verrouillées, elle roulait des yeux épouvantés, exophtalmiques.
Pendant que l’homme, les mains caoutchoutées, s’affairait avec son instrument vibrateur à l’intérieur de sa bouche, elle ne pouvait que pousser des a aaaaaaaaaaa plus ou moins modulés comme pour quémander un peu de compassion, comme si ces aaaaa pouvaient influencer les gestes de son tortionnaire.
Là, c’en était trop ! Elle resserra les lèvres malgré la contention, se raidit sur sa chaise et commença à agiter les bras dans tous les sens en signe de protestation mais son acolyte lui saisit les mains pour l’empêcher de bouger.
L’homme s’empara d’une grosse pince, l’introduisit dans la bouche suppliciée et, comme il s’apprêtait à porter le coup de grâce,
Mais enfin, Madame Martin, ouvrez-moi cette bouche ! s’écria-t-il. Sinon on n’est pas prêt d’y arriver.
La victime commença à se tortiller dans tous les sens en faisant non de la tête de façon frénétique.
Un peu de courage, bon sang ! Ah ça y est je l’ai aaaaaaaaaaaarhg et il exhiba, victorieux, la molaire sanguinolente sous le nez de la femme.
Rincez ! lui dit-il en lui tendant un gobelet d’eau puis un morceau d’essuie-tout.
Elle vit que sa joue commençait à bleuir et elle avait un mal de chien.
Espèce de salaud crachota-t-elle. Bon à rien ! Arracheur de dents !
Ouvrez-moi cette porte, sacrebleu !
Et mes honoraires ?
Vous pouvez toujours courir ! Vous ne m’avez pas ôté la bonne. C’était pas le bon côté. Ça fait une heure que j’essaie de vous l’dire.

[EryBlack]

12 octobre - OUVREZ-MOI !

J'apprends petit à petit. On me fait une place dans les rituels quotidiens. Mon nom est inscrit sur le tableau de répartition des tâches. Je reconnais de plus en plus de monde, même si je me trompe encore souvent dans les prénoms. Les gestes sont de plus en plus familiers : les repas, le nettoyage, les tours pour vérifier portes et fenêtres, la corvée de bois quand il fait jour. Les indications sont nombreuses mais toujours rappelées avec bienveillance. La nuit, il y a des guetteurs de toute façon. Sans doute pas exprès pour moi, pas que, mais je crois qu'ils servent aussi à vérifier que je n'oublie pas le plus important, que je n'essaye pas d'aller me balader à la faveur d'une insomnie.
J'essaye de les rassurer. De leur montrer que je sais, que j'ai compris. Que la nuit il ne faut pas ouvrir la porte, ni les fenêtres. Même pas si ça toque, surtout si ça toque. Qu'il ne faut pas tendre l'oreille vers le dehors. Qu'il faut tourner le dos aux ouvertures, rester focus sur la lumière des bougies. Que si on a l'impression d'entendre des mots, là il faut réagir, le dire aux guetteurs, faire du bruit. Je sais. J'ai compris. Je sais que j'entendrai un jour des petites voix qui me supplieront d'ouvrir. Je sais à quoi elles ressembleront, à qui elles sembleront appartenir. Je sais qu'il ne faudra pas que j'ouvre.
Tout le monde dit que ce sera dur. Mais tout le monde s'est habitué, alors moi aussi j'y arriverai. Petit à petit.

[Nascana]

12 octobre

Les créatures volantes se rapprochent dans la nuit. Je cours à en perdre haleine. Mes pas claquent sur les pavés de la place du village. Où peuvent donc être les habitants ?
L’église m’apparaît comme un refuge acceptable. Je m’y précipite. La porte y est fermée. J’y tambourine en hurlant :
– Ouvrez-moi !
Rien ne se passe. Je me prépare à faire face. Mon fusil à la main, je vise l’une des créatures. Le tir résonne dans la nuit pour aller traverser son aile membraneuse. Un cri aiguë s’élève du ciel.
Derrière moi, le battant pivote.
– Entrez vite !
Je m’exécute et il verrouille la porte derrière moi.

[Ewen]

12 octobre – OUVREZ-MOI !
Fenêtre couverte par le lichen et l'ombre, sourde-muette, aveugle aux saisons qui défilent ; Porte bleue condamnée conduisant au grenier, qu'un buffet dissimule au moins depuis dix ans.

Les paupières soudées par le sel et la nuit s'entrebâillent à peine ; Mais mon cœur veut s'ouvrir à celui qui l'écoute, à celui qui l'attend.

Cadenas oublié par un ancien élève, que la rouille grignote et scelle pour toujours ;
Lettre d'adieu fermée, ou bien lettre d'amour ? – Deux-trois coups de couteau comme un seul tour de clé.