PAtober - édition octobre 2023

[Carolyn]

PAtober 5 octobre - Le chemin était un cercle

Même en tenant sa torche à bout de bras, Maïwenn ne pouvait distinguer l’entièreté du motif.
En s’aventurant sans guide dans cette pyramide, elle savait tout à fait qu’elle risquait de croiser des choses qu’elle ne comprendrait pas, sa connaissance des cultures locales étant encore très rudimentaire.
Mais, ça !
Ça dépassait tout.
Le chemin était un cercle.
Un cercle fortement appuyé dans le sol, qui partait sur une spirale concentrique de plus en plus claire. Le cercle touchait presque les murs, prenant toute l’immensité de la pièce, comme gravé dans la pierre par des pas répétés. Cérémonie religieuse ? Pénitence ? L’égyptologue en herbe n’en avait pas la moindre idée.
Au centre de la spirale se trouvait un petit piton bosselé, fermement fiché dans le sol, lézardant une grosse dalle recouverte de peintures bleutées.
En s’agenouillant, elle remarqua qu’une bande de tissu était prise dans le pic de métal, comme un mémo punaisé sur un mur. À ceci près que le mémo en question serait démesurément long.
Baissant sa torche et retenant son souffle, elle vit enfin les os.
En petit tas, on aurait dit qu’on les avait rassemblés à la balayette, ou qu’ils s’étaient simplement écroulés comme la tour d’un jeu de construction. Tout y était ; les pieds, la cage thoracique, les gros os des cuisses et les tout petits des oreilles.
Invoquant les souvenirs des lectures des nuits passées, elle entreprit de décrypter le message caché au milieu des arabesques bleu nuit.
« Pour se laver de ses péchés, la momie sera condamnée à errer en rond, retenue par ses propres matériaux d’embaumement, pour l’éternité (clause non-contractuelle, soumise à conditions, jusqu’à épuisement des stocks disponibles) »

[Hortense]

Feu follet
Farfadets et Feux Follets
Entraînèrent dans leur ronde endiablée
Un pauvre macchabée fraîchement enterré

Feu macchabée, qui se désolait
Oublia sitôt de gamberger
Lui, que l’ennui guettait,
Le voilà tout émoustillé
Et pour tout dire, comblé
Tant la surprise le satisfaisait.

[dark revenger]

Feu follet (6/10)

- On appelle cela un rond de sorcières, je crois.
- Peu importe. À chaque fois qu'on passe ce chemin, on n'accède à la bonne réalité.
- La bonne réalité ? J'ai vraiment eu l'impression qu'il n'y avait personne dans cette maison ? Elle a l'air abandonnée.
- La proie est dans un autre monde et il nous faut le bon sort pour y accéder. Cependant, on ne l'a pas...
- C'est impossible alors.
- Non, pas exactement. N'oublie pas que nous avons la force draconique et cette puissance peut tout surpasser.
Il eut un sourire carnassier. Mélavt frissonna. Son frère était motivé. Au début, ce ne fut qu'un feu follet. Puis, des flammes sombres dansèrent dans ses yeux. Cela le motiva à faire de même.

- Ah ! Saperlipopette ! Qu'est-ce que c'est ?!! cracha Patriztcha, en revenant avec le flacon.
Tout d'abord, ce ne fut qu'un bruit diffus, à peine audible. Puis, le son forcit. Boum ! Boum ! Boum ! Ce n'était pas un cœur battant mais la maison qui tressaillait.
- Je crois qu'on est attaqués !
- Ah ouais ? Tu crois ça. Je me disais que cet air vibrant, ce n'était pas normal.
- Qu'est-ce qui est normal dans ce monde ? questionna Sashmalhek, désabusé.
- Et dire qu'il vienne pour toi... assena-t-elle durement.
La tension entre les deux s'intensifia tout au long du silence qui s'en suivit. Il y avait un lourd passif entre Patriztcha et Sashmalhek, fait de feu et de sang. Qui saurait briser cette glace s'immisçant dans la maison en même temps que le bruit de charges répétitives ?

[maanu]

6 octobre - Feu Follet

Je ne sais pas pourquoi j’ai été pris de cette envie irrépressible de me lever, cette nuit-là. De sortir de ma chambre, de la maison, et de m’avancer dans le jardin. Sur le moment, je me suis seulement dit que l’été était décidément trop chaud et qu’il fallait absolument que je sorte me rafraîchir en marchant sur l’herbe les pieds nus.
Mais ça n’expliquait pas pourquoi je continuais jusqu’au bout du jardin, sur la route du village qui passe devant la maison, le long de la clôture du voisin puis à travers le champ du père Albert.
C’est là que je me suis arrêté. Au beau milieu du champ. Il y avait un arbre, là, très grand et très vieux, avec un large feuillage très digne. Ça m’avait toujours étonné, cet arbre tout seul au milieu de rien.
Je ne sais pas pourquoi je me suis arrêté à son pied, et je ne crois pas que je me posais vraiment la question. Quand j’ai levé mon visage vers la frondaison, j’ai été à peine surpris de ce que j’y ai vu.
Des lueurs dansaient, parsemées dans les branches. Elles se répondaient, apparaissaient et disparaissaient comme pour se faire des clins d’œil entre elles. C’était beau et je me sentais bien, à les regarder là-haut.
Et puis il y a eu un cri, derrière moi.
C’était le vieux Albert qui arrivait avec un seau.
« Mais bougez-vous, enfin ! qu’il disait. Voyez pas que ça crame ?! »
J’ai relevé la tête vers les branches. Il avait fait fuir les lueurs qui valsaient. Il n’y avait plus que des flammes qui dévoraient.

[Nascana]

6 octobre : feu follet

Au moment de traverser le cimetière, Samaël se fige. Devant nous, des flammes flottent au-dessus du sol. Elles semblent s’auto-alimenter. Petites lueurs virevoltant entre les tombes.
– Devons-nous vraiment passer par là ?
Mon compagnon ne paraît plus sûr de lui.
– Ce ne sont que des feux follets, Samaël. Nous ne risquons rien.
– Je le sais. Mais eux, est-ce qu’ils ne risquent pas quelque chose si nous passons trop près d’eux ?
Je le reconnais bien là, à se faire du souci pour n’importe quelle créature.
– Si vous êtes si inquiet, vous n’avez qu’à sauter par-dessus. Avec vos capacités, cela ne devrait pas vous poser de soucis.

[EryBlack]

5 octobre - Le chemin était un cercle

On t'a expliqué ce que c'est, les "déjà-vu". Quelque chose qui se produit dans le cerveau, au niveau du cortex rhinal, des éléments de nouveauté qui se mélangent avec des souvenirs vagues. On t'a sans doute déjà fait redescendre quand tu restais souffle coupé par le déjà-vu, saisie par le sentiment que tu es passée par là autrefois. On t'a dit "Ça fait ça à tout le monde, t'emballe pas. Ni prémonition ni réminiscence. Juste le cerveau qui fait des trucs."
Oublie tout ce qu'on t'a dit. Jusqu'ici, ton chemin était un cercle. Tu es née, tu as marché le long de sa courbe, tu es morte et tu es née de nouveau pour revivre la même existence, encore et encore, je ne saurais pas te dire combien de fois. Tu l'as senti, que les déjà-vu se multiplient. Tu le sais, que ce qui te serre le cœur n'est pas d'ici et de maintenant. Tu sais que tout va plus loin.
Alors aujourd'hui je te propose de quitter le sentier. Ton chemin était un cercle : est-ce que tu veux couper à travers champs, cette fois ?

6 octobre - Feu follet

Ce qui danse, ce qui danse
Ce qui danse au fond de ses yeux
Quand elle me regarde
C'est un feu, c'est un feu
C'est un feu de folles fulgurances
Et si par mégarde, par mégarde
Je rentre dans son jeu
Alors en cadence, en cadence
Elle devra baisser sa garde

[Sorryf]

Jour 6 - feu follet

[Raza]

6 octobre
Feu follet

Assise sur le bord de la fenêtre, elle scrutait l’orée de la forêt du bayou, une bougie entre les mains. N’écoute pas, n’écoute pas, non, ces légendes, lui avait-on dit. Pourtant, elle savait que quelque chose dans tout ça était vrai. Elle pensait à lui. Il était parti, il y avait si peu de temps, et pourtant, si longtemps. Elle regarda encore. Elle les verrait d’un moment à l’autre, lui et ses amis. Ils lui apporteraient l’étincelle de magie dont elle avait besoin en ce moment, le grain de folie qui tenait la raison. Le crépuscule laissait place à la nuit. Alors, elle aperçut le premier, bientôt suivi par un autre, et encore d’autres. Puis, dans le silence, ils entamèrent leurs oscillations. Les feux follets venaient danser pour elle.

[Herbe Rouge]

06/10/2023 : Feu follet

Il l’avait toujours connu, depuis tout petit, depuis aussi loin qu’il se souvenait. C’était son grand-père qui lui avait montré le chemin qui menait au sous-bois d’où ce petit feu follet sortait chaque nuit, au milieu d’une clairière curieusement silencieuse.
Lorsqu’il avait déménagé dans une autre région, il avait regretté au début de ne pouvoir montrer cet étrange phénomène aux enfants qu’il avait désormais. Puis il l’avait oublié. Il avait oublié le joli petit feu follet.
Jusqu’à aujourd’hui, en lisant dans le journal l’atroce explosion qui avait tué une centaine de personnes lors de l’inauguration du début des travaux d’un futur centre commercial. Il pensa alors qu’il avait bien fait de déménager.
Puis il pensa également aux arbres et au joli sous-bois qui avait été massacré en préalable avant le début des travaux. Et il se dit que finalement, la nature pouvait être aussi belle que rancunière.

[Carolyn]

PAtober 6 octobre - Feu follet

« Hmm… Très fraîche, joli fond bleu glacé, bonne tenue en bouche… C’est une excellente lumière ! »
Dans un verre à pied démesurément grand, le Goûte-Lumière fait tournoyer des volutes de la dernière cuvée embouteillée, « Matin de novembre ». Récoltée avant les premières neiges, cette lumière est difficile à travailler, mais un vrai régal lorsque la recette prend. Il faut la laisser reposer très peu de temps et, surtout, l’aérer suffisamment pour qu’elle conserve la fraîcheur presque craquante qui fait sa particularité.
Durant sa longue carrière, le Goûte-Lumière a eu l’occasion de tremper les lèvres dans des rayons du monde entier. Toutes les heures, toutes les saisons, plus aucune lumière n’a de secret pour lui.
Sa préférée ? Le Goûte-Lumière a des goûts simples. Il est friand de ce que l’on appelle la « golden hour », cette lumière anguleuse qui vient dorer tout ce qu’elle touche en fin d’après-midi. Délicatement ambrée, elle est comme une gorgée de paillettes liquides.
Mais ce dont il rêve par dessus tout, il n’a jamais eu l’occasion de le goûter, ou même de l’approcher.
C’est une lumière éphémère, plus encore que les aurores boréales, plus encore que le premier rayon après une éclipse de soleil. Plus encore, même, que le premier regard d’un nouveau-né.
Ce dont il rêve, c’est de goûter à la lumière d’un feu follet.