PAtober - édition octobre 2023

[Cocochoup]

2 octobre, "nez crochu"

Melopée l'araignée croisait et décroisait à toute vitesse ses six longues pattes.
A sa droite, Buzon le puceron grignotait méticulement sa feuille verte et dodue.
Mélopée tissait une fine dentelle et s'obligeait à fixer son ouvrage de ses huit yeux.
Son ventre gargouilla et Buzon le puceron sursauta.
Le jury avait été bien audacieux de les placer l'un à côté de l'autre.
Pas de déli de sale gueule, avait proclamé Annabelle la sauterelle, membre d'honneur du comité.
Mélopée s'était sentie émue de pouvoir participer au concours de déguisement d'halloween. Habituellement, elle se contentait d'observer le défilé, suivait discrètement les malheureux perdants et les emprisonnait dans sa toile, juste le temps de les confir à point.
Mélopée regretta un instant ce festin annuel et son estomac acquiesça d'un gargouillement sonore.
Le bourdonnement de Joseille l'abeille stoppa ses pensées culinaire.
Le concours venait de se terminer.

Mélopée enroula la fine dentelle, en un tube conique puis le fixa juste au dessous de ses huit yeux, en faisant attention à ne pas se coller les poils.
Avec son nez crochu, Mélopée défila fièrement sur la piste, juste derrière Buzon le puceron.
Elle se demanda si elle pourrait lui croquer un bout de pattes, en toute amitié. Le regard du jury l'en dissuada.
Mélopée termina troisième du concours. A la fin des festivités, elle se dirigea vers son habitat, déroula le cône qui lui avait servit de nez. Un coup d'œil à droite et à gauche, et hop, elle le lança rapidement sur Buzon le puceron. Il n'eut pas le temps de crier que la toile lui couvrait déjà la bouche.
Mélopée n'eut aucun regret. C'était le destin des malheureux derniers.

[Ewen]

2 octobre – Araignée et nez crochu
Masque en caoutchouc,
araignée et nez crochu —
Bonbons ! ou un sort !

[EryBlack]

2 octobre - Araignée et nez crochu

Une épeire fasciée s'est installée au jardin. Sous le buisson de lavandin où bourdonnent tout le jour les abeilles, elle veille. On l'a vue entortiller dans ses fils des bourdons maladroits et des syrphes qui voulaient jouer les guêpes. Ça me crispe de la savoir là, patiente, dodue et immobile.
Le voisin la trouve splendide. Quand il va au jardin, il passe toujours un moment à la regarder. Et en ce moment on se retrouve toujours en même temps au jardin, je ne sais pas comment ça se fait. Quand j'entends son pas sur la route, je me souviens que c'est l'heure d'y aller – je ne le fais pas exprès, ça se fait comme ça.
J'arrose mes fraisiers pendant qu'il regarde l'épeire. Il me dit qu'elle est belle. Je me dis qu'il peut parler, lui, de beauté. Enfin, je ne sais pas, je n'y connais rien à la beauté moi, tout ce que je sais c'est qu'il a de l'allure, le voisin. Son nez, surtout. De la prestance. Cet arc bien net qui descend en s'arrondissant, qui prend sa place, ça lui fait un profil incroyable.
S'il le tournait vers moi de temps en temps, ce si joli nez, plutôt que vers cette bestiole de malheur... peut-être qu'il y verrait quelque chose d'intéressant, même si je n'ai pas huit pattes.

[Gabhany]

Rattrapage 1er octobre Six Pieds
Attention, cette nouvelle est la suite directe de celle que j'avais commencée durant le PAtober l'année dernière. Je vais mettre les entrées concernées sur mon JdB pour ceux qui voudraient suivre

Assis dans le noir dans son fauteuil favori, face à la porte d'entrée, Bastien pose silencieusement la pochette. Celle qui a détruit sa vie. Celle qui a conduit à la trahison de Flora et à la disparition de ses enfants.
Avant de l'abandonner lâchement, elle lui avait juré qu'elle ne l'avait pas trompé. Que l'homme à la barbe n'était pas son amant.
Il ne l'a pas crue, à l'époque.
Mais depuis que quelqu'un a essayé de le tuer à deux reprises, il a revu son jugement. La seconde fois, il a bien failli finir six pieds sous terre, au sens littéral.
Dans quelle galère Flora s'est-elle embarquée ? Et par les cieux, pourquoi a-t-elle enlevé les enfants ? Est-ce que ces tentatives d'assassinat sont liées à son départ ?
Et bon sang, qui sont ces types qui semblent le suivre ?
Un craquement au-dehors fait battre son coeur plus vite. Ils approchent.
Bastien lève le bras. Le canon de son pistolet à ondes sonores est dirigé droit vers la porte.
Un autre craquement. Une ombre plus noire que l'obscurité passe devant la fenêtre.
Parfait. Ils ne se méfient pas.
Bastien raffermit sa main.
Un clic à peine perceptible. Le battant de la porte s'entrouvre.
Un pied botté, puis un treillis militaire pénètrent dans la pièce.
- Bien le bonsoir, messieurs.
Il appuie sur la détente.
Il est temps d'obtenir des réponses.

(245 mots selon le site)

[Herbe Rouge]

2 octobre : Araignée et nez crochu

La petite araignée n’avait pas de crochets. En lieu et place de ces derniers, elle avait un long nez. Un long nez crochu. Ses amis se moquaient, lui disaient qu’elle était moche, avec cette croche. Qu’elle ferait mieux de se cacher et ne pas se montrer.
La petite araignée ne pouvait pas tisser. Cependant, tombant un beau jour du plafond, elle s’aperçut qu’elle pouvait voler ! Ses amis cessèrent de se moquer. Cette araignée n’en était pas une. Elle n’avait que six pattes, elle était insecte, réalisèrent-ils un peu tardivement.
La petite araignée, grâce à ses belles ailes, put s’éloigner définitivement de ses soi-disant amis. Elle connaissait toutes leurs toiles, jamais ils ne pourraient l’attraper. La dernière chose qu’elle entendit, en sortant tranquillement par le balcon, fut leurs jurons.
Qu’importe, elle était déjà loin, elle et le magnifique dard lui servant de nez.

[Sorryf]

Jour 2 : araignées et nez crochu

[maanu]

2 octobre - Araignée et nez crochu

La vieille sorcière du numéro 21 n’était pas très douée. Elle faisait quand même un peu peur aux enfants, mais uniquement parce qu’elle avait un vilain nez tout crochu.
Elle essayait, pourtant. Chaque jour elle s’entraînait, se faisant la promesse qu’aujourd’hui, enfin, elle réussirait à faire pleuvoir des carottes sur toute la ville, à transformer les chats en motocyclettes ou à remplir les sachets de bonbons d’araignées velues.
Mais elle finissait toujours par apprendre que des madeleines s’étaient mises à pousser sur les arbres du parc, que des poneys étaient apparus dans la cour de l’école et que l’arthrose de la banquière avait disparu d’un coup d’un seul.
Alors pendant qu’elle se morfondait, au fond on l’aimait bien, la sorcière au long nez.

[Seja]

02 | Araignée et nez crochu

« Sorcière ! Sorcière ! Sorcière ! »

Ils aiment bien lui crier ça dans la cour de récré. Tous. Il suffit qu’elle y mette ses six pieds et ça ne manque pas.

« Sorcière ! Sorcière ! Sorcière ! »

Elle baisse le nez sur ses chaussures. Peut-être un peu crochu, le nez. Un tout petit peu, pas de quoi en faire un plat. Elle baisse le nez, rase les murs.

« Sorcière ! Sorcière ! Sorcière ! »

Elle ne les entend presque plus. Là, dans son coin. Puis, elle croise le regard de plein d’yeux, sourit. Au moins, les araignées ne la jugent pas.

[Raza]

2 octobre - Araignée & nez crochu

Un vent sec frappait son visage. Enfin, en haut de la montagne, il contemplait le paysage. Les monts et vallées dessinaient le profil de géants, de dragons vénérables et autres titans endormis. Il reprit sa carte. Oui, il était bien arrivé. Le soleil pointait au zénith du nez crochu, la deuxième lune montait sur sa gauche, son horlogerie indiquait neuf gouttes. Soigneusement, il sortit les sept joyaux, les disposa en cercle parfait au sol à l’aide de son laser, puis se positionna au centre. Les bras en l’air, il commença la troisième incantation interdite.
Au-dessus de lui, les nuages s'amassaient, gorgés d’éclairs. Alors qu’il était absorbé par ses calculs, une petite araignée déplaça l’une des pierres. Le choc qui s’en suivit fit trembler la terre et brisa les cieux. La transformation commença par les mains, puis gagna les épaules, le dos, les jambes et enfin la tête. Il s’effondra au sol, le corps pris de convulsions. Tandis qu’il perdait contrôle de son esprit, l’araignée continua son chemin, effrayé par toute l’agitation. Elle était loin de se douter qu’elle avait sauvé la planète d’un affreux destin…

[Isapass]

2 octobre – Araignée et nez crochu

Avec circonspection, Bethzabée s’engagea sur le sol mou, d’un étrange beige clair, qui succédait à la forêt de lianes noires et blanches. La pente s’accentuait et de longues crevasses sillonnaient le terrain.
Plus loin, une espèce de pont passait entre deux buissons d’herbes hautes, noires et blanches également, pour mener à un pic suspendu au-dessus du vide. Bethzabée le franchit et posa une patte prudente sur le promontoire.

RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRHHHHH

Une profonde vibration venait de secouer l’exploratrice, au point que les plaques de son exosquelette s’entrechoquèrent. Elle poursuivit néanmoins sa marche vers l’extrémité pointue du piton. À mi-chemin, elle décida d’en faire le tour. En dessous, deux grottes symétriques s’enfonçaient dans des profondeurs où elle préféra ne pas s’aventurer.
Elle atteignit enfin la pointe. C’était un endroit parfait pour y accrocher une toile et descendre en rappel vers d’autres lieux plus propices. Elle commença à tisser.

PSSSSSSSSSSCCCCCCCCCHHHHHHHHHHHHHH

Un puissant courant d’air poussa Bethzabée si fort qu’elle craignit un instant pour son fil. Elle se ramassa sur elle-même pour donner moins de prise au vent et attendit que ça se calme. Alors, elle reprit sa descente.
Bientôt, elle se retrouva au niveau d’une immense crevasse horizontale bordée de boudins roses humides assez peu ragoûtants. Elle accélérait pour s’en éloigner au plus vite quand la crevasse s’ouvrit, de plus en plus, laissant apparaître des parois gluantes, des stalactites jaunâtres, une gigantesque limace rose et plate criblée de petits points et au-delà, un trou noir infini.

RRRRRRRRRRRRRRRRRHHHHHHHHHHHHHH

Hypnotisée par la vision de cauchemar, Bethzabée fut aspirée, sa ligne se brisa et elle finit engluée dans la substance visqueuse qui s’étalait partout, comme un moucheron dans une toile d’araignée.