PAtober - édition Octobre 2022

[Isapass]

07 octobre - Barbe

On m’en avait parlé, mais je n’y avais pas cru. Pourtant, un doute nageait encore dans les eaux troubles de mes convictions.
La question eut finalement raison de moi, si bien que je résolus de me rendre sur le lieu de sa dernière apparition. Un patron de bistrot avait en effet déclaré l’avoir aperçu à la lisière d’un bois. De son propre aveu, « il en tenait une bonne », mais comme il fallait bien un point de départ, je choisis celui-là.

L’aube était encore loin lorsque je partis vers le bois désigné par le témoin. L’air était imprégné d’une humidité mordante et le faisceau de ma torche n’éclairait que des masses compactes de brouillard, entre lesquelles se dessinaient les silhouettes fantomatiques des arbres. Leurs branches ressemblaient à des bras qui se tendaient vers moi. Mes oreilles ne captaient pas un bruit. Il n’y avait ici rien de vivant.

J’allais renoncer quand un son répétitif troubla le silence absolu. Des pas ! Les volutes de brouillard s’agitèrent mollement, puis laissèrent émerger une ombre. J’étais figé, à la merci de la créature qui se dirigeait droit sur moi ! Les derniers rideaux de brumes s’écartèrent et je la vis.
Sa chevelure hirsute rassemblée en chignon la faisait paraître immense. Sa hache gigantesque, maculée de taches sombres, reposait négligemment sur son épaule, sans pourtant perdre son air menaçant. Et surtout, sa fameuse barbe rousse se déployait sur sa poitrine, tel l’étendard de son identité.
L’appendice capillaire s’agita soudain et il en sortit une longue plume argentée. Suivie par un vaisseau spatial, un bateau de croisière, un cadavre et enfin, un dentier.
L’apparition se gratta le menton, rota, puis, d'une voix d'outre-tombe, me demanda :
– Z’auriez pas de la Chartreuse ?

[2kBoy]

6. Nappe.

- Psst, Écharpe !

- Mmh ?

- Je me suis toujours demandé pourquoi les autres objets ne parlaient pas. Tu ne saurais pas pourquoi ?

- Bien sûr que non, pardi ! Ils ne parlent pas, c’est comme ça. Ils ne sont pas comme nous.

- Pourquoi ?

- Ils ne sont pas assez en contact avec Guy, et puis même quand ils le sont, ils se font retourner le cerveau tout les deux jours alors ils ne diraient pas grand chose d’intelligible.

- Alors pourquoi la nappe ne parle pas ?

- Je n’en sais fichtre rien, mon p’tit Bonnet. Elle n’est peut-être pas assez épaisse pour accueillir de l’intelligence.

- Et si elle essayait de parler mais elle n’y arrivait pas ?

Écharpe resta un moment silencieuse, ce qui laissa le temps à Bonnet de continuer.

- C´est une idée qui m’a toujours effiloché le pompon, mais c’est qu’une idée… Peut-être qu’elle nous observe et essaie de communiquer dans son langage, mais elle n’y arrive pas, ou elle essaye d’apprendre le notre mais ça prends du temps…

- Ou qu’elle parle un autre langage ?

- Oui, peut-être bien. Et du coup on l’ignore depuis qu’elle est là, c’est triste… Elle est là depuis combien de temps ?

- Depuis deux ans, bientôt.

Elle porta un regard nouveau sur la nappe. Les deux comparses la fixèrent longuement, retenant presque leur souffle.

- Comment elle s’appelle ?

- Elle a pas de nom, c’est une nappe.

- T’aimerais bien qu’on te traite d’écharpe, toi ?

- Mouais, c’est un peu réducteur. Appelons-la… Nappe ?

- Ou plutôt Carole ! Parce qu’elle a des carreaux.

- Carole ? En voilà un nom original.

Ce serait le nom le plus original de l’appartement. Écharpe parla à Bonnet d’un ton moins certain que d’habitude.

- Mais tu sais, nous ne pouvons pas vraiment dire que Carole est animé, puisqu’elle n’a pas donné signe de vie.

Mais Écharpe passa tout de même la nuit à réfléchir…

[Renarde]

Barbe – 07 octobre

Blanche, vieux et sage
Rose, sucre et carrousel
Rousse, bière et plume

[Herbe Rouge]

7/10 Barbe

- Mais la barbe enfin ! Je le dis comme je le vois, et je le vis comme je le dois, tu n’as rien à dire et rien à redire sur le sujet ! Point barre ! (et d’exclamation)
- Mais arrête de t’énerver m’enfin…
- Je ne m’énerve pas, je m’exprime ! Ras le c- poil que tu me gonfles avec ça ! Oui, je porte la barbe, et alors ?
- Je disais juste que tu ferais mieux de la raser, c’est pas la mort non plus hein ? Juste je trouve que-
- Je te demande de te raser les poils moi ?
- Nan mais-
- Nan mais rien du tout. C’est mon choix et tu n’as pas ton mot à dire sur le sujet. Sinon c'est un coup de hache.
- Oui chérie.

[DraikoPinpix]

Jour 7 - Barbe
Nups se promenait sur l'allée pavée de blanc, sa tête se balançant d'avant en arrière comme s'il dansait au rythme des baffes. Comme tout pigeon qui se respectait, il épiait la moindre nourriture laissée tomber, volontairement ou non, par un humain. Parfois, il avait de la chance de picorer des morceaux de pain ou des restants de frites, quand ce n'était pas une horde de goélands qui s'en chargeait. Soudain, les pleurs d'une petite fille l'interpelèrent. D'un tir d'ailes, Nups alla voir. L'enfant pleurait bruyamment tandis que sa mère la traînait en la grondant. A leurs pieds se trouvait une étrange boule rose. A en juger par cette même substance qui gribouillait les lèvres de la fillette, ça devait être mangeable. Alors que le flot d'humains s'écarta, Nups s'avança vers sa découverte.

La boule ressemblait à de la mousse luisante de perles blanches. Le pigeon plongea son bec dedans et le ressortit emmêlé de rose. C'était terriblement sucré et il ignorait s'il aimait ce goût particulier. Au même instant, son ami Rouk se posa à ses côtés, amusé.

- Tiens, tu as trouvé de la barbe à papa, mec ! s'exclama-t-il.
- De la barbe à papa ? répéta Nups. Qu'est-ce que tu racontes, frère ? Les humains ont des poils roses ?
- Nan, mec ! C'est une confiserie. Ils appellent ça comme ça !
- Aaah...

Décidément, à chaque festival, Nups était étonné par l'imagination des humains !

[Nascana]

Jour 7 : barbe

– Tu ne te rases plus ? Tu fais gréve ?
Dans le miroir, je contemple mon visage. En vérité, la seule chose qui attire mon regard, c’est la cicatrice sur ma joue. Une marque de brûlure qui s’estompe un peu lorsque je laisse pousser ma barbe. Par chance, celle-ci pousse dru malgré mon jeune âge.
– Si ça continue, on va te prendre pour un SDF.
Je ne réponds pas. Il n’a pas tort et je le sais. Un moyen d’arranger ça doit bien exister… Au pire, je taille tout avec des ciseaux, mais j’ai peur de me louper.
– Remarque ça va pas de pair avec l’odeur de parfum que tu dégages. Tu pues la cocotte.
Xavier se marre, fier de lui. L’envie de refermer la porte de la salle de bain sur sa face me tente de plus en plus.
J’aime ce parfum. Il sent bon… Je me sens mieux lorsque j’en mets. Lui ne peut pas comprendre ça. Il a une mère quelque part qui se soucie de sa personne.
– Sens la transpiration si ça te fait plaisir. J’ai d’autres envies me concernant.
– Monsieur Clifford se prend pour une diva !
Lassé, je lui claque la porte au nez, pour terminer de me peigner en paix. Du bout des doigts, je touche la cicatrice. Elle est toujours aussi rugueuse. En même temps, pourquoi aurait-elle changé ? Je lisse ma barbe pour tenter de la faire disparaître. C’est pas incroyable, mais mieux.
Je quitte la salle de bain sous le regard narquois de Xavier.
– La douche t’attend. À moins que tu aies peur de fondre ? Tu es peut-être en sucre ?
Il fait la grimace. Je l’abandonne, j’ai autre chose à faire que d’écouter ses piques.

[Feydra]

07 octobre - Barbe « Mes enfants, avez-vous déjà entendu la légende de la créature-chêne ? … non ? … Mais si j’en suis sûr. Elle vivait dans sa clairière, blottie au cœur de notre forêt, dans la partie ancestrale, celle qui était recouverte d’une nappe de brouillard éternelle. Là-bas les racines des arbres gigantesques plongeaient dans les tréfonds de la terre. Au milieu se trouvait un minuscule lac aux eaux cristallines, refuge des magnifiques grenouilles-licornes. Près de cette fontaine se reposait la créature-chêne. Son corps était recouvert d’écorce ; ses cheveux feuillus changeaient de couleur selon les saisons ; de ses puissantes jambes il parcourait son domaine et veillait sur les arbres ; de ses puissants bras, il arrachait les plantes parasites. Son visage ridé était orné d’une très longue barbe de mousse rougeâtre, de la couleur des feuilles mortes ; ses yeux, couleur de citrouille, pétillaient d’une sagesse infinie. Il était le gardien des profondeurs de la forêt. On dit que c’était un chêne transformé en homme. »
Le conteur se tut soudain et ferma les yeux : les enfants, petites filles et petits garçons, qui l’écoutaient les yeux béants, parurent déçus que l’histoire s’arrête ainsi.
- Grand-Père, fit une petite fille aux cheveux de broussaille, son fin cou à la peau brune emmitouflé dans une écharpe de laine multicolore.
Le vieil homme ouvrit les yeux et posa son regard sur les enfants. Il toussota de sa voix grave ; quelques feuilles tombèrent de sa tête et se posèrent doucement sur le sol. Il caressa sa longue barbe de mousse et sourit à la fillette, en posant sa large main sur sa petite tête feuillue.
- Pardonne-moi. J’étais perdu dans mes souvenirs. Où en étais-je ? Ah oui … « On dit que c’est un chêne transformé en homme… »

[Zlaw]

PAtober 2022 - 7 Octobre - Barbe

Mon Parfait Barbu
Mon parfait barbu n'est pas juste barbu. C'est un ensemble, un tout harmonieux. On part sur une haute taille, une carrure qui, sans être celle d'un catcheur, ne donne pas envie de s'en voir retourner une de sa part. C'est la base. Costaud, mais élancé. Puis, ses cheveux sont longs et indisciplinés, comme pour donner la réplique à cette superbe barbe qui a décidé d'élire domicile autour de sa bouche et le long de sa mâchoire, et lui confère son statut de barbu. Une forêt de poils ni taillés ni brossés, juste libres et sauvages, qui sont venus s'installer sur son menton pour nulle autre raison qu'ils s'y sont plu. Pour compléter toute cette crinière de qualité, d'ailleurs curieusement parfumée, des sourcils tout aussi broussailleux que le reste de la pilosité avoisinante surmontent un regard d'un vert profond. Aussi, une voix grave s'échappe de derrière toute cette joyeuse jungle, sans dénoter. Elle est peu utilisée, mais toujours bien, avec une tonalité qui se pose avec calme et assurance mais néanmoins discrétion, quelque part entre l'effrayant et le rassurant.

Bon, au final, mon parfait barbu n'est sans doute pas exactement parfait. Et je ne peux pas vraiment dire qu'il est à moi non plus. Mais en tous cas, il est barbu. Et ça, je trouve que ça compte déjà pour beaucoup.

[2kBoy]

7. Barbe.

Il était une fois, dans un royaume lointain,
Dans une tour de pierre grise, un puissant magicien.
Eternel solitaire, endurci tel une pierre
Tant que durant des mois, il ne toucha terre.

Un jour nouveau, alors qu’il exerçait son art,
Surpris il fut de voir du balcon un marmot
Qui sitôt s’enfuit, sans prendre le temps de voir
Une barbe sur patte bondir d’un vieux château.

Le mage, malgré une apparition si soudaine,
Quitta le toit, reprit sa tâche quotidienne.

Mais tout au long du jour, et sans interruption,
Des hommes défilait à son habitation,
Encerclant la tour, criant, lançant des cailloux,
grattant la porte en bois… Le mage devint fou !

Il saisit le Grimoire du Mal: Incantations
Perfides Transformant le Saoulard en Houblon;
D’un pas tapageur dégringole de l’escalier,
Abat le vieux pont-levis d’un seul souffle, s’élance,

Trébuche sur son étoffe, se brise net le cou
Devant les curieux - qui rirent un bon coup ! -
La leçon ? Prenez garde, quelque soit la fierté,
À ne négliger rien qui n’entrave la foulée…

[DanaeDebalneb]

7 - Barbe

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P'tit zoom

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