**Personnage - Andrev/Endrin, La trilogie du grand retour, Tome I - L'Université de EryBlack**
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>Vivre dans le Nord, ça signifie être en contact permanent avec une nature sauvage, et parfois dangereuse, que les gens du Sud ne connaissent pas. C'est là-bas qu'habite Endrin, dans l'auberge tenue par son père adoptif, Azar. Personne ne sait vraiment ce qui a bien pu conduire ce Sudiste à ouvrir une auberge au Nord ; personne ne connaît vraiment, non plus, les circonstances de la naissance d'Endrin ; et personne ne s'en est beaucoup préoccupé ces dernières années, car ils sont tous deux des membres de la communauté.
Mais cet hiver, alors que le grand Rassemblement saisonnier a commencé, il semblerait que certaines questions doivent trouver leurs réponses.
J'aurais pu mettre L'université dans beaucoup d'autres catégories (voyages, émotions, beaux mots...) parce que j'ai eu un coup de coeur pour la fiction dans son ensemble. J'ai adoré la plume d'EryBlack, son sens du détail et sa poésie, et j'ai vibré en suivant l'intrigue.
Pourtant finalement, j'ai choisi de vous soumettre le duo Andrev/Endrin dans cette rubrique. Parce que la relation entre les deux personnages est complexe, changeante, déséquilibrée mais surtout, parce qu'Ery a écrit des scènes absolument merveilleuses lorsqu'ils sont tous les deux. Des scènes où chacun retrouvera la timidité, l'émotion, l'espoir et la terreur de ces confrontations si pleines de petits riens pourtant si importants lorsqu'on veut croire à la réciprocité de ses sentiments : un geste, un mot, un battement de cils... C'est d'une extraordinaire délicatesse, c'est fort et fragile à la fois, ça fait battre le c?ur.
Ma scène préférée se trouve à la fin de la troisième et dernière partie, mais je ne veux pas vous spoiler, il faudra lire en entier pour la découvrir, elle est sublime.
En attendant :
>Il fit demi-tour vers la sortie et Endrin respira, relâchant ses épaules un peu crispées ; puis elle baissa les yeux. Les plumes s'étaient répandues jusqu'en bas, sous l'étagère. Elle se mit à genoux pour les déloger toutes.
Andrev était resté dans l'encadrement de la porte. Endrin sentait qu'il l'observait. Quand les plumes se firent plus rares, elle se tourna vers lui, toujours agenouillée sur le sol froid, et soutint son regard.
Elle avait les yeux noisette et vert, ce matin-là. Le vert des mousses de la taïga, profondes, épaisses, moelleuses, les mousses des sous-bois qu'Andrev avait parcourus tout l'été durant avec son clan. Il cilla.
-- Est-ce que tu te souviens, demanda-t-il - et Endrin sut ce qu'il allait dire bien avant qu'il ne parle -, de ce que je t'ai dit l'année dernière, avant le départ ?
Elle acquiesça brièvement et détourna les yeux, ramassant les plumes restantes une à une.
-- Je ne voulais pas te gêner, mais... Je voulais juste que tu saches. Je le pensais vraiment, dit Andrev.
-- Je sais.
Il jeta un coup d'?il à la lampe, comme si soudain, l'obscurité était devenue embarrassante. Endrin rassembla les plumes dans l'oreiller éventré. Elle sentait le sang battre à ses oreilles.
-- Endrin...
Elle releva la tête. Cette fois, c'était ses yeux à lui, noirs, qui regardaient droit dans les siens, et malgré l'obscurité, Endrin voyait parfaitement la lueur qui y brillait - elle était là depuis toujours, chaque fois qu'il la regardait. Les yeux d'Andrev n'avaient jamais été tout bêtement noirs ; Endrin aurait pourtant peut-être préféré qu'ils le soient.