*Good Omens* est une série en six épisodes d'environ cinquante minutes disponible sur Amazon Prime. Mais c'est aussi, surtout et avant tout un livre absolument exceptionnel, écrit de concert et publié en 1990 par Neil Gaiman et Terry Pratchett. Le bouquin condense le sel et l'essence de ces deux auteurs (parmi mes préférés donc je suis moyennement objective), la philosophie sous LSD du premier et le délire comique du deuxième, la folie et l'inventivité de l'un et de l'autre. Un roman dense, subtil, fourmillant de détails parfois très signifiants, inadaptable (presque inadaptable).
Allez, je ne vous fait plus attendre : voici le pitch (du bouquin, de ma composition).
> Jardin d'Eden, au crépuscule. Adam et Ève, désespéré, frigorifiés, viennent d'être jetés dans le désert. L'ange Aziraphale et le démon Crawly (Rampant en VF), spécialiste de la métamorphose et adepte des formes vertes, écailleuses et sans jambes, les regardent en bavardant d'un air inquiet. 6000 ans plus tard. Le Ciel et l'Enfer sont en effervescence. L'Antéchrist est né et c'est à Crowley (Rampa en VF), qui a changé de nom, celui d'avant faisant trop plouc sinueux, d'amener sur Terre avec l'aide d'une congrégation de nonnes satanistes le fils du diable sur Terre. Mais ni Crowley ni Aziraphale, qui viennent de passer les 6000 dernières années parmi nous et ont fini par aimer la Terre et devenir amis, ne sont prêts à laisser le monde partir en fumée. Dans cette course contre la montre pour arrêter, ou déclencher, l'Apocalypse, seront aussi impliqués Anethema Device (Anathème Bidule), sorcière et descendante de sorcière, Newton Pulsifer, bon à rien mais descendant de chasseur de sorcières, le Sergent Shadwell, chasseur de sorcière lui aussi, Madame Tracy, logeuse et ambassadrice de la décadence, quatre Motards plutôt impressionnants et les Eux, une bande d'enfants. Tic, tac...
Oui, d'accord, c'est un peu long, mais l'histoire est compliquée. Enfin bref, ce livre est une pure pépite. Et il a été adapté en série il y a peu (c'est le début de cet article). D'ailleurs hop, une petite BA pour vous mettre dans l'ambiance.
Bien sûr, il y a quelques petites pertes entre la série et le livre. Les Eux, et tous spécialement Adam, ont moins de subtilité, de profondeur, et en même temps moins d'absolu. Il y avait aussi dans le livre une sorte de mélancolie diffuse, à la fois très triste et très douce, qui manque un peu. Et personne n'est capable de dépeindre la Mort comme le faisait le génial Terry Pratchett. Mais bon, dans l'ensemble, ça passe.
Au départ, j'étais réticente, parce que *Good Omens* est vraiment quasiment inadaptable. Je n'avais pas envie de m'écoeurer avec une mauvaise copie commerciale, malgré les critiques dithyrambiques. C'est uniquement en tombant sur une comparaison avec Dirk Gently que je me suis dit que j'allais essayer. Et j'ai bien fait. Parce que la série ne se contente pas de répéter bêtement le bouquin. Elle lui *apporte* quelque chose. D'abord et principalement, Crowley et Aziraphale. Parfois un peu effacés dans le bouquin, ils acquièrent ici une épaisseur, une tangibilité inédite. Et ce non seulement parce que leurs acteurs sont excellents (Michael Sheen et David Tennant), mais aussi parce que le duo qu'ils forment fonctionne à merveille. Ils sont drôles et émouvants, l'histoire tourne littéralement autour d'eux tant ils envahissent l'écran ; de plus, une idée sur leur relation qui était très subtilement esquissée dans le bouquin est ici beaucoup plus clairement esquissée (bien que jamais annoncée haut et fort), et ça vient beaucoup renforcer le propos. Sinon, tous les personnages féminins acquièrent un peu plus d'existence (et particulièrement Anathema) et le temps que prend la série pour développer le temps l'amitié de l'ange et du démon sur Terre au fil des siècles ainsi que le Ciel et l'Enfer est du temps bien utilisé. Accessoirement, l'univers visuel est super, la réalisation occasionnellement intéressante et le scénario est parfait.
Parfait, me diriez-vous ? Oui, parce qu'il est une chose que je ne vous ai pas encore dite : c'est Neil Gaiman, l'un des deux auteurs, qui a dirigé l'adaptation (et en plus il a été scénariste par le passé donc voilà). On prend même encore ***plus*** de plaisir à voir la série en ayant lu le bouquin que sans l'avoir lu. Oui madame, oui monsieur, je l'affirme.
Tout ça pour dire qu'en tant qu'aspirante autrice et aspirante cinéaste, cette série me donne de la joie et de l'espoir. En plus, elle est kiffante sa mère. Des bisous