J'ai réussi à trouver pour les ancres, grâce au message de Cricri que tu m'as indiqué, merci @Fannie ! (Il suffit de faire "citer le message" pour en voir le code, et en fouillant ce dernier, j'ai découvert comment faire). Pour ceux qui passeraient par là et auraient le même soucis : il suffit simplement de mettre un lien de la page en rajoutant /lenumérodumessage. Si vous regardez la barre d'adresse, en fait, ce numéro s'affiche automatiquement quand vous descendez dans un sujet, donc même pas besoin de l'entrer à la main !
Et @Litchie, je suis intéressée d'avoir ton retour sur le speed dating.

J'ai été prise pour le faire cette année...
Cette année le thème ce sont les pays nordiques, avec des lectures de contes oraux Edda, une Murder party viking, et autres joyeusetés des pays froids. Plus qu'une semaine, je meurs de hâte !
Mais repartons d'abord en arrière, à celles de 2018, juste encore une fois :
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***When you look at me, do you see a hero ?*** **Game of thrones ou la fantasy des évincés de l'histoire.**
Justine Breton, responsable de travaux universitaires du Kaamelott et le Sacré Graal, nous présente les fonctions politiques d'un bon récit. "L'histoire est racontée par les vainqueurs." Dans Game of thrones, on renverse cet idiome, l'histoire est réécrite par les vaincus à l'insu de tous, à des fins de protection. La révélation progressive de ce secret se fait par une émergence de ceux appelés "les évincés de l'histoire". C'est la redéfinition des ''héros''. Ces personnages ont une ambiguïté morale bien particulière.
En rappelant le modèle des héros de conte, ces personnages sont des *outsiders*, ils sont le roi dépossédé, le prince exilé, le petit faible désavantagé qui devient le plus fort et le plus riche en traversant des moments d'horreur, de terreur, de tremblement. C'est une esthétique de violence. Ce sont les "laissés-pour-conte", dans une image épique et courtoise, mais aussi machiavélique des évincés. *"Cripples, bastards and broken things."*
Game of thrones, pourtant, ce n'est pas vraiment à 100% de la Gritty fantasy/Grimdark fantasy, ce genre constitué uniquement d'intrigues politiques violentes et sombres. Car une chance existe pour les réprouvés. Les évincés reprennent l'histoire en main (et ils n'ont pas tous les mêmes buts). Les personnages marginaux se réunissent ensemble en "tables rondes". Seule la fin nous dira si leur histoire est heureuse ou triste...
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**Chasse aux sorcières et anti-fascisme dans Harry Potter**
L'autrice Silène Edgar nous présente l'histoire dans l'histoire, à travers la contestation sociale, les thèmes de la maladie, du corps et surtout de la mort. Les livres Harry Potter permettent de passer "de l'autre côté du miroir" pour découvrir une société dans la société, celle des sorciers. Cela met en évidence les problèmes de notre société moderne à travers cette société des sorciers. Les références au nazisme, par exemple, à travers Salazard Serpentard (SS), la théorie de la race sang-pur et de la pureté ethnique, l'école de Durmstrang et les Malefoy (aryens), les cagoules des Mangemorts (Ku Klux Klan), la chasse aux moldus (chasse des juifs).
Ce n'est pas tant pour recréer l'Allemagne nazie, mais bien pour évoquer ces situations politiques diverses qui posent questions. Le personnage d'Hermione vient d'ailleurs en contre-point de cette thèse. Elle est la mise en lumière face à ces conceptions vétustes. Une vision d'avenir. Elle est l'allégorie de la minorité rejetée, mais sans être inutile. Idem pour la figure de Ron (sang-pur mais pauvre, déchu). Ce sont des livres qui prêchent contre le sectarisme, le fanatisme, la violence.
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**Fées et créatures, séduisantes ou violentes ?**
Les fées sont les reflets des humains, mais leurs problèmes et leurs avantages sont exacerbés. Elles servent le thème de la confrontation/cohabitation.
Leur cruauté est exquise. C'est la notion de jeu, de tourner autour du danger, de l'intensité des sensations.
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**Révoltes et guerres de libération**
Les gens ont besoin des mythes et des légendes pour l'espoir. C'est une notion de survie.
La religion et la foi dans la fantasy se base sur ce qu'on ignore. Donner du sens au mystère par le surnaturel, c'est donner du sens à ce qui nous entoure. En fantasy, où mettre cette zone de mystère pour laisser place à la foi ? Il s'agit de faire cohabiter la magie et le culte à mystères. On construit une église à ce qu'on ignore.
La révolte, c'est la remise en cause. Des règles établies, des croyances... Peu importe. Convertir à sa cause, c'est séduire, être autorité, faire appel à l'intelligence collective.
Ces choix sont plus dangereux, plus risqués, plus radicaux, et plus porteurs de changements.
La première chose pour changer un monde : changer ce qui est possible, ouvrir le champ des possibles, ce qui avant paraissait impossible est secoué, les limites sont dépassées. Un choix, c'est faire ce qu'on peut de mieux à un moment donné, puis lâcher prise. Les conséquences nous échappent. L'humain prend alors conscience de l'instant, devient maître de son destin. C'est là le coeur de la révolte humaniste contre l'idée du pouvoir (monde immense, effrayant, ignorance, homme écrasé).
Les personnages doivent faire face à cela, les yeux dans les yeux : "Je suis peut-être petit, mais je vais te mettre ta race." Un merveilleux idiome de Lionel Davoust.
C'est l'humain vs. le destin. Et l'humain, il fait de son mieux sur le moment, pour un meilleur lendemain.
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**Anti-héros et vrais méchants**
On s'intéresse beaucoup plus aux méchants et à leurs raisons dans la narration d'aujourd'hui. Interroger le passé du méchant, son traumatisme, sa trajectoire, l'humaniser en parlant de sa vie intime, comment il en est arrivé là... "Éclairer les ombres." *Dephs and nuances.* Le méchant croit qu'il est le héros. Ce que méchanceté veut dire dépend de chaque personne.
C'est l'opposition *Want to / Should do*. La première occurrence semble égoïste, la seconde évoque le devoir rigide. Tout le monde est en équilibre sur cette ligne. Il n'y a que des mauvais choix. Et une phrase illustre bien cette idée... *"Knights in shining armor : if you kill people, you're probably not the best person all the time."* Ou pour traduire grossièrement, chevaliers blancs, si vous tuez des hommes, vous n'êtes probablement pas la meilleure personne qui existe.
Le terroriste de l'un est le combattant de la liberté de l'autre. Avec un personnage central épris de violence, jusqu'où peut-on aller ? Cela met en exergue des problèmes ethniques, fait ressortir des protagonistes nuancés. Ils sont plein de défauts, et possèdent des opinions propres sur la réalité qui les entoure. Mettez-en plein la figure à vos personnages. Il ne s'agit pas de s'intéresser seulement aux conséquences physiques, mais aussi et surtout psychologiques, psychiques : le trauma. Résilience... ou pas ?
Ce réalisme, cette complexité, est un meilleur reflet du monde tel qu'il est. Ces personnes sont désabusées sur leur monde, sur leur influence sur le monde.
Elles ont soif du contact humain malgré leur statut d'étrangère, de paria. Les animaux peuvent être un contrepoint affectif au manque d'amour des hommes. *Care about the outcome : characters with flaws and humanity.* Montrer les interactions des personnages, les relations humaines entre eux. Donner quelque chose auquel le lecteur puisse s'accrocher, des amis pour lesquels il serait prêt à faire n'importe quoi, de l'amour dont il ne veut pas au début mais ne peut pas s'en empêcher.
*Dark characters, but where I can see the humanity in them. A villain is : don't have friends, yet love selfishly."* Le méchant n'est pas monolithique, il est sombre, mais ne se définit pas comme méchant. Plus un livre est sombre, d'ailleurs, plus il a de la place pour de l'amour. C'est pour lui qu'on est prêt à se sacrifier.
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**Trucs d'écrivain**
Plusieurs mécaniques d'écriture ludiques présentées par des auteurs. Notamment, ils ont cités le gueuloir, ou relaxation tantrique, et le Podcast Procrastination.
La méthode "Boîte à doutes" de Marie Caillet, pour corriger son roman, consiste en une annexe au roman à alimenter au fur et à mesure. Il s'agit de désacraliser les techniques d'écriture, d'y jeter ses idées. On y puisera ce qu'il nous faut plus tard. L'important, c'est de trouver l'enjeu. L'auteur peut être auteur de l'inconscient, mais doit avoir des enjeux bien définis. C'est une méthodologie entre scripturale et structurale. N'ayez pas peur d'effacer, de changer d'angle.
La méthode des trois trombones, quant à elle, est une méthode qui consiste à s'accorder 3 temps de pause, puis à chaque temps pris, on enlève un trombone hors de la boîte.
Egalement citée, la méthode Pomodoro, 15 minutes de pause puis 45 minutes d'écriture. Et l'important, souvent oublié : **s'amuser** !!
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**Minorités visibles**
Quel rapport a-t-on à la représentation ? Il s'agit de comprendre ce qui se passe au niveau de l'être. C'est une découverte de l'autre et de soi, un réapprentissage de la féminité. Ces gens-là sont souvent chassés de l'imaginaire : il faut une réappropriation sociale de l'identité, du corps... Ou plutôt, il existe une identité construire, normée et cohérente, que l'on doit déconstruire. *Minorities are actually the majority.* Utiliser votre voix, votre point de vue, n'ayez pas besoin d'expliquer. La littérature de l'imaginaire met en scène par définition des personnages hors normes.
*"Everybody is a minority depending on where they are in the world. I expect the majority to get that."* - Nnedi Okorafor.
*"Science-fiction is a very political writing. It's adressed to what we face as human beings."* - Toujours Nnedi Okorafor. Lisez-la.
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**Robin Hobb**
Une magie à la source biologique et étrange. Des récits de cités perdues, des secrets du passé. Voilà les ingrédients préférés lors des histoires de l'enfance.
Genre, défaut, sexualité. C'est une grande part de l'identité d'un personnage, mais cela fait partie de qui iel est, ce n'est pas la seule chose qui le.a définit.
Beaucoup de violence humaine est liée au manque d'empathie. A partir du moment où l'on se met à la place de la personne, la cruauté devient difficile. Les enfants sont capables de cruauté. Ils jettent des cailloux aux animaux. Ils n'ont pas conscience que ces êtres peuvent ressentir la souffrance comme eux. Le cerveau humain n'est pas vraiment développé jusque 24 ans. C'est aux adultes de leur éveiller cette conscience et de leur expliquer : "Voudrais-tu qu'on te fasse la même chose ?"
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**Etoiles et système solaire**
L'exploration, c'est découvrir de nouveaux espaces, une envie très humaine. Ceux qui sont allés dans l'espace sont différents de ceux qui sont restés sur Terre. Être de l'espace, c'est ne pas être terrien.
Un vaisseau-université avec des "évincés", des "outcasts" : Le Mel Kine d'Olivier Paquet. Seul un souvenir subsiste d'où venait l'humanité. C'est un sentiment qui relie toute l'humanité. Il permet une opposition entre l'homme qui ne change pas (habitudes, routine, confort, sécurité) et l'homme qui change (découverte, exploration). Il existe une fascination pour les étoiles et les autres mondes. Mais et si les premiers à atteindre l'espace étaient les rebelles, les réprouvés, plutôt que les commerciaux ou les militaires ?
Le voyage dans l'espace, ce sont les empires de communication. Il est question de la mondialisation, de la globalisation, de leur impact sur les cultures. Une société dans un vaisseau, où l'on vit et meurt, avec ses us et coutumes ? C'est un rapport virtuel à l'étranger. Une vision fantasmée de la culture, où il faut recréer un temps de transmission, dans une illusion d'information de l'instantané. Il faut parler les langues de la magie et de l'espace, de l'alchimie scientifique.
D'ailleurs, dans la culture de consommation, on achète, en achetant les marques, des idées que véhiculent ces marques. Chez le steampunk, les locomotives sont remises en marche : dans ce monde instantané, la lenteur devient une valeur. Elle permet une confrontation avec cette altérité.
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**Destructeurs de mondes**
La fantasy, c'est la mise en scène du chaos. On ne peut pas sauver les mondes sans une disharmonie, une destruction. Cela met en oeuvre des lois de séparations, des castes, et des ressorts puissants pour faire bouger les gens. C'est une complète remise en cause du système établi. Il faut ainsi réfléchir aux moyens de contrôler, de changer, de ravager une société. Du politique à la religion, passer par les fanatiques.
*~courte parenthèse rigolote sur le pastafarisme et son monstre spaghetti

~*
Gabriel Katz, Chastellière Emmanuel, Pierre Bordage, Stephen Aryan. Autant de véritables chaos extrêmement féconds, qui savent créer du mouvement, de l'énergie. La religion serait le gel de la pensée, et du chaos va naître un nouvel ordre. On remplace une oppression par une autre. C'est un éternel cycle de destruction et de reconstruction. Des masses, des systèmes entiers, sont soulevés par ces forces. Pourtant...
Le chaos peut aussi être personnel. Il peut devenir une remise en cause intérieure de soi, de son système de valeurs. Des chocs psychologiques, des gens complexes, de nouvelles appréhensions du monde... Autant de facettes de l'humanité. *Put your characters through troubles, give them post traumatic stress disorders.*
Pratiquez la torture, les dragons originels, divulgâcher tout.
Le chaos est-il nécessaire ? Non, mais on en passe toujours par là. Les personnages sont plein de bonnes intentions, et ils passent par une période de flou. L'humain a une sorte de soif de liberté, sans règles : c'est là qu'est le chaos. On tombe les têtes couronnées puis émerge l'empire. Chaos --> liberté --> revient une nouvelle forme de pouvoir. Le chaos, c'est une forme créatrice, un moteur, un terreau, pour une émergence. Il prône la destruction pour apporter le renouveau. C'est la littérature de la révolution, du renversement.
La fantasy, c'est un miroir du monde réel. Le chaos peut être une bonne chose. Un renouvellement de l'humanité. C'est l'aspect *entertainment*, le merveilleux, celui des conteurs. Les vérités cachées.
Et la religion du lapin géant va conquérir le monde.
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**Scénariser l'Histoire pour capter le public**
Planter le décor et maîtriser l'uchronie, c'est se donner les moyens de montrer comment cela s'est passé, et de faire passer ses idées à travers cette véracité/réalité. Ruée vers l'or, Tchernobyl, peste noire ? Bateaux d'époque, casques de chevaliers, cartes de Paris ? La réalité historique apporte une plue-value, sans aller vers le trop pointu. Le but premier est d'intéresser les gens à l'histoire, on reste au plus proche sans s'embarrasser / en s'arrangeant. La compréhension de l'émotion, des idées, du concept, est une force.
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**Rapides conseils aux jeunes auteurs de Stéphane Marsan, directeur éditorial de Bragelonne**
Viser les bonnes maisons d'édition. Ne pas hésiter à soumettre le manuscrit. Ne pas passer son temps à le corriger. Bien le travailler toutefois et le polir. N'hésitez pas à relancer. Tous les 2 mois par exemple. Optimisez vos chances d'être lu. Soyez patients et tenaces. *Never give up, never surrender !*
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**Carte blanche John Howe et Robin Hobb**
Le récit qui se décline de deux manières : par l'image et par l'écrit. En lisant Tolkien, on découvre Minas Tirith par les yeux d'un Hobbit : aucun détail superflu sur le nombre ou la hauteur des tours, mais un sentiment de merveilleux. Il faut pousser le lecteur par le sentiment. Des personnages ordinaires à la vie simple qui agissent contre les méfaits dans le monde. Tolkien a créé une oeuvre qui peut parler dans le coeur de tout homme. Il touche encore énormément, ce monde et sa richesse de langage. *In every woods and every trees there is a different shade of green.* C'est une voix si puissante en tant que conteur d'histoire. Ces mots reviennent à l'esprit.
John Howe et Alan Lee : des dizaines de milliers de dessins. Un travail organique, d'harmonie, inspiré par la Nouvelle-Zélande, qui possède un biotope merveilleux, et pas ou peu d'empreinte de l'homme. Tel un mini-continent. Y voyager, c'est un véritable pèlerinage d'émotion et de densité du vécu. C'est un pays neuf, une mythologie moderne apposée comme le calque sur la feuille à dessin, un monde qui semble familier même en le découvrant au fur et à mesure.
Idem pour l'Alaska. Des paysages particuliers, une nature à l'esprit. Robin Hobb a déclaré, en parlant du travail de John Howe sur l'une des couvertures de l'Assassin royal : *"The cover art actually gave me a piece of the story."* Cela lui a permis de résoudre un problème dans le récit en lui-même : la garde d'une épée élaborée. John Howe lui demandait, élaborée comment ? Garde espagnole, française, anglaise ? Ce à quoi Robin Hobb a répondu : "Je ne sais pas, élaborée." Puis il a envoyé le sketch et elle a été tellement inspirée qu'elle a pu grâce à cela débloquer un passage qui lui posait problème. Ce sont des histoires du bord du monde.
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**Bâtisseurs d'univers... le monde des six Duchés**
Son monde a pris sa place autour de Fitz. La magie de cet univers, construit par Robin Hobb, est comme un cercle. On peut avoir un talent dans une branche mais pas dans toutes. Un point du cercle, mais pas son point opposé. Les dragons par exemple sont dans la même attitude que les humains, ce qui est mien est mien. Ils deviennent le sommet de la chaîne alimentaire.
Robin Hobb nous parle de sa façon d'écrire. Pour un livre, elle passe en moyenne une année d'écriture à plein temps et deux ou trois ans de réflexion. Elle continue à écrire un peu dans le bus, ou dans la file d'attente du dentiste, et porte toujours un carnet et un crayon sur elle. Ainsi, elle évoque l'urgence de trouver le temps pour le faire dans les petits moments. Si c'est important pour soi, on trouve ces moyens pour y consacrer du temps.
De même, elle parle de personnages dont on se soucie, auxquels on s'attache. La manière dont ils sont mis en scène et dont ils se révèlent. Ils deviennent réels pour nous.
*He thinks and he questioned and he's confused about what he should be doing. I know where the story begin, end, and points in the way. Glimpse of where we go.* Le personnage est introspectif, il interroge, il va à l'encontre. Dans un livre, le lecteur apporte tout autant que l'écrivain.
Enfin, elle termine avec son goût pour effectuer des chronologies avec l'âge des personnages et les événements, et aussi ses notes sur un objet ou une information avec l'endroit où ils apparaissent dans l'histoire.
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Et voilà !
C'est tout pour mes notes sur les Imaginales de l'année dernière. J'ai très hâte d'y retourner cette année. Plein d'inspiration à vous, les plumes.