@Litchie en effet je peux comprendre que la distinction idée/expression de l'idée soit compliquée à saisir ! Je vais essayer de t'apporter quelques éléments de réponse ... Je vais prendre l'exemple de la peinture, peut-être plus parlant visuellement.
Les deux peintres ont une idée commune à leur oeuvre : représenter la guerre à travers un cheval (et multiples autres sujets, mais intéressons-nous au cheval). Pourtant, il ne nous viendrait jamais à l'idée de penser que l'une est une copie de l'autre. Ils ont tous deux voulu représenter une même réalité, mais à leur façon. Cette façon, pour nous les auteurs, appelons-la la plume
Par vos choix narratifs, votre style et ce que vous créez, vous avez une "expression d'idée" marquée.
Pour revenir à l'exemple de la Terre du Milieu, il ne sera jamais reproché aux auteurs de créer un monde de fantasy, avec toutes les choses que l'on peut retrouver dans un monde : des peuples, des guerres, des fêtes, des morts. Qu'un monde alternatif soit peuplé d'autres choses que les humains, ce n'est pas original de l'oeuvre de Tolkien !
Surtout que si beaucoup d'univers reprennent des éléments de la Terre du Milieu, il ne faut pas oublier que Tolkien s'était lui-même inspiré de plusieurs mythologies nordiques, celtiques et tant d'autres ! Une race comme les nains ou les elfes n'est donc pas problématique à reprendre sous le même nom, car ces créations appartiennent déjà au domaine public depuis longtemps.
La question des hobbits est en effet plus épineuse. Puisque c'était le premier à les appeler ainsi, et qu'au-delà du nom, il y a tout l'imaginaire qui va avec le peuple: de petits êtres qui vivent dans des maisons sous les collines, et tout ce que vous pouvez trouver dans les trente premières pages du tome 1, le hobbit est la propriété intellectuelle de la famille Tolkien. Par ceci, il ne faut pas entendre que le nom mais bien tout l'imaginaire qui va autour de la notion de hobbit. Par contre, créer un peuple qui est plus petit que les humains est une idée. Un auteur peut donc créer un peuple avec une telle caractéristique physique, lui donner un nom spécifique, une culture, une histoire, etc. Et là, il ne s'agit pas d'une copie du hobbit de Tolkien mais bien d'un peuple original comme
@Soah nous en a donné l'exemple.
Donc pour conclure en termes juridiques plus généraux: une idée n'est la propriété de personne. Une expression, si elle est originale, est protégée par un droit d'auteur. Par original, il faut entendre que l'oeuvre porte l'empreinte de la personnalité de l'auteur.
Et enfin, puisque
@Litchie et
@Sissi84 mentionnent l'exception au droit d'auteur, allons-y pour la suite !
Plusieurs exceptions au droit de reproduction du titulaire des droits existent, et sont limitativement énumérées à l'article L122-5 du Code de la Propriété Intellectuelle :
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id ... 2018-09-07
Je vous laisse le soin d'y aller si cela vous intéresse car la liste est bien longue...
Parmi elles, l'exception de parodie est tentante pour les artistes, mais il est important de bien en connaître les contours. N'oubliez pas que reprendre un élément d'une oeuvre protégée est par nature une contrefaçon, et qu'il faut que les conditions de caractérisation de la parodie soient remplies pour qu'elle puisse être invoquée, car sinon... vous restez là où vous étiez avant: dans le plagiat.
Pour bénéficier de cette exception, il est nécessaire d’éviter tout risque de confusion entre l’œuvre initiale et l'oeuvre parodique. C’est, en effet, la poursuite d’une intention humoristique qui permet à la parodie d’échapper au monopole de l’auteur. Cette intention implique un travail de démarquage, de travestissement ou de subversion de l’œuvre parodiée.