PArathon 2023 - Extraits

[Dédé]

Puisque nous sommes en plein dans la semaine #2, voici le deuxième extrait :

Les mots de Mo (chapitre 7)

Vic s’absente de la terrasse pour revenir avec deux plaids :
— Tiens ! Ce sera plus sympa pour supporter ce froid.
— Merci ! répond Mo en s’emparant d’un plaid.
Le silence s’installe à nouveau.
Chacun regarde le ciel en jetant des coups d’œil furtifs à l’autre. Mo parce qu’il a peur que Vic le trouve bizarre à ne pas lancer de conversation. Vic parce que regarder Mo emmitouflé dans son plaid est un spectacle qui l’intéresse davantage que celui offert par le ciel.
(...)
— Dans le train où je t’ai rencontré, j’y ai aussi retrouvé mon frère que je n’avais pas revu depuis quatre ans…
(..)
[Vic] pensait que Mo n’allait lui offrir que du silence. Et, il se met à se confier tout naturellement. Vic en est très touché. Il voit en cela une marque de confiance. Une marque de confiance qu’il ne veut pas trahir.

[itchane]

Un petit extrait de "Lili"

— Pourquoi tu pleures ? demanda Marco.
— Je m’inquiète, le cycle et la solitude, j’ai peur que la Grande Tortue ne parte.
— Mais as-tu demandé s’il y avait quelque chose qu’on pouvait faire ?
Lili se tourna de nouveau vers sa grand-mère et elles échangèrent bruissements et claquements supplémentaires.
Après un dernier silence, la grand-mère se pencha péniblement pour attraper une branche qui trainait à ses pieds.
Et regardant Marco, elle dessina de son bout de bois un grand cercle dans le sable. Un cercle qu’elle traça avec insistance, en se tournant plusieurs fois vers Marco et lui pointant du doigt son centre.
— Hshasteun, disait-elle. Hshasteun.
Marco se tourna vers Lili, pour l'interroger du regard.
— Le cycle, lui dit-elle. Le cycle.

[Sifoell]

Allez, je m'y mets aussi, un petit extrait d'Amer Exil

Les gardes les ont fait attendre longtemps. Enchaînés et engourdis, les esclaves ont tous tué le temps avec une patience de morts, à se battre pour la plus petite miette de pain, la moindre goutte d’eau, avant de se mettre à suer dans la touffeur du soir, le regard dans le vague, ou au contraire, les yeux posés sur les autres, évaluant qui peut être un prédateur et qui peut être une proie. Trop peu d’espace et trop peu d’air pour tant de gens.
Même la détermination de Dev n’a pas suffi plus que cela à éloigner ceux qui voulait la dernière gorgée d’eau. Le dernier quignon de pain. Sunniva n’a rien pu prendre. Elle n’a que sa précieuse bourse de trakka dzale, coincée entre ses seins. Et maintenant qu’il n’y a plus rien à boire ni manger, tous les esclaves ont repris leur attente morbide.

Cet extrait respire la joie

[Francois6po]

Une micro-fiction qui rejoindra les Visions fugaces et improbables

Le soleil brille mais les rues du vieux centre-ville sont ombragées et désertes. Lisa profite d’une balade tranquille en rentrant du taff quand une femme aux cheveux bleus lui attrape le bras. Elle a surgi de nulle part. Ses vêtements sont étranges. Elle a l'air tellement stressée.

« Vite ! C'est quelle année ici ?

— Hein ? Euh… 2023… mais… quoi ?

— Je viens du futur. Je vous jure que c'est vrai. J'ai une foutue sinusite spatio-temporelle. Quand j'éternue, je change d'époque au hasard. Par pitié, il faut me croire. »

Avant de pouvoir continuer, la femme renifle bruyamment et s'écrie :

« Oh non, pas ça ! Vous avez des chats, hein ? Je suis allergique.

— Ben oui, j'ai deux chats, répond Lisa, Cookie et… mais, je ne comprends rien là. Vous êtes qui ? Et puis d'abord lâchez-moi… s'il vous plaît.

— Ecoutez, c'est très important ! L'année prochaine, il va... aa... aaa... atchoum ! »

[Soah]

Extrait du Vallon aux étoiles

Au cas où, je glisse ici la prononciation des prénoms pour aider les lecteurices durant le live :

Haz -> se lit a-ze (comme as en anglais ou la hase.)
Venatrix -> se lit vé-na-trix

[...]Une fois seul dans le cœur de la nuit, les cauchemars étaient revenus le hanté. En sueur, Haz s'était réveillé avec l'envie de vomir, les yeux humides de larmes et un cri bloqué dans le fond de la gorge. Il avait alors regardé par la fenêtre pour apercevoir la bougie qui illuminait le chambranle voisin.

La flamme brûla jusqu'au petit matin, quand Venatrix tira les rideaux pour venir la moucher. Elle lui avait fait un signe de la main auquel il avait maladroitement répondu et lorsqu'elle s'inquiéta de son sommeil au petit déjeuner, Haz mentit.

[Isapass]

Extrait de Walter Cobb (encore et toujours)

Henry commençait à capituler. Ses bras barraient plus le chemin de Paul. Bientôt, il allait se tourner pour le laisser passer et là, il nous verrait.
— Tu es chic avec moi, Henry, a continué Paul sûrement traversé par la même idée. D’ailleurs je sais pourquoi… j’ai entendu dire que tu avais courtisé ma mère à une époque.
Walt tirait le battant pouce par pouce pour pas faire de bruit. On était tendus vers l’extérieur, prêts à se précipiter dehors à la seconde où l’ouverture serait suffisante.
— Si ça se trouve, tu es mon père ?
Tout le corps de Henry s’est crispé d’indignation, au point que j’ai failli éclater de rire malgré la situation. J’avais la nette impression que Paul s’amusait. Sauf que sans prévenir, le majordome a poussé un soupir fatigué en secouant la tête, puis il s’est tourné vers le hall avec un grand geste du bras.

[Makara]

Bonsoir !

Je poste aussi un petit extrait de ma réécriture de Nimbe . Il s'agit du chapitre 7.

Des miroirs, il y en avait partout. Des rectangulaires, des circulaires, des hexagonaux. Aux murs, aux plafonds, même au sol. Avec des cadres en bois et d’autres avec des bas-reliefs. Ils reflétaient peu la lumière, car il y avait peu d’ouvertures. Les miroirs renvoyaient un kaléidoscope de son image et de celles des autres. Les Aînées se contemplaient en silence. Rhéane remarqua qu’elles portaient toutes des bijoux, du maquillage discret, des toges d’apparats : elle se trouva banale en comparaison. Même ses rides et ses cheveux blancs lui parurent de bien pauvres atours. Les Aînées s’installèrent au centre de la pièce, les unes à côté des autres ; dans une longue ligne sans fin. Rhéane sentit la froideur du tabouret en bois et comprit qu’elle venait de s’asseoir. Plus elle se dévisageait, plus elle perdait pied. Les miroirs paraissaient pivoter, pour mieux saisir chacun de ses mouvements, examiner le moindre grain de sa peau. Son déguisement se décomposait dans les reflets.

[DraikoPinpix]

Petit extrait de mon roman Une Cage de Rêves et de Chagrin :

Le monstre était aussi gros qu’un chien. Son corps se couvrait de scintillantes écailles noires et de deux ailes crénelées. Sa gueule suintante de bave s’entrouvrait pour laisser pendre une langue fourchue. Les cadavres touchaient avec désespoir la pointe de son museau et ses griffes acérées comme pour le réveiller, mais il restait imperturbable. Isadora n’avait jamais vu de créature semblable, mais elle savait très bien qu’elle était dans la caverne d’une Furie.
– Tout va bien se passer, murmura Isadora à Es’tálil qui se blottissait contre ses jambes. Les morts font déjà un vacarme qui va couvrir nos pas.
L’enfant leva les yeux vers elle. Son visage impassible et ses yeux ternes révélaient un manque de confiance.
– On n’a pas le choix, il faut continuer, dit la jeune fille. Je sais que tu n’es pas capable de maîtriser tes actes dans tes rêves, alors laisse-moi faire, d’accord ?

[Cocochoup]

Nouvel extrait de La vie rêvée de Camille

Ce n’était pas n’importe quel pull, c’était le préféré de Camille, celui qui donnait les meilleurs bouloches. Pour preuve, le bas du pull présentait quelques endroits clairsemés.
— Je sais pas quoi dire, dit Charlie tout en tripotant le vêtement.
— Tu aimes? la questionna Camille, la voix vibrant d’excitation.
— Ben… tu l’as eu dans une friperie?
Camille fronça les sourcils, étonnée par la réponse de son amie.
— C’est mon pull préféré.
— Ah, Ok, et pourquoi tu me le donnes?
Camille attrapa l’une des manches et en extirpa une bouloche bien charnue. Un instant, elle regretta son cadeau, ce pull allait lui manquer.
— Regarde! S’émerveilla-t-elle en déposant ce petit nuage orange dans le creux de la main de Charlie. Quand tu sens pas bien, tu peux en récolter plein d’autres.
Charlie fit rouler la petite boule entre ses doigts.
— C’est doux, lui répondit-elle.
— Doux comme un câlin, affirma Camille

[maanu]

Bonjour tout le monde !
Début d’un texte sur lequel je suis en train de travailler, pour mon recueil de fables Fabulae. Le principe c’est 5 mots pris au hasard dans le dico, à caser dans une histoire racontée en vers.
Pour celle-ci (qui n’a pas encore de titre) : spaghetti, carpette, zoologique, ananas, horizon.

Sur un bout de terre tout entouré d’océan,
Assis sur le sable chaud au soleil couchant,
Un lézard au cœur lourd, regardant l’horizon,
Ne parvenait pas à se faire une raison.
Il pouvait voir au loin, car le temps était clair,
Par-delà l’horizon, le contour d’une terre ;
Et même, en plissant les yeux, une statue sage
Dont il ne pourrait jamais voir le haut visage.
Il venait chaque soir s’asseoir et regarder
La mer se balancer et les oiseaux voler,
Maudissant le tirage au sort zoologique
Qui clouait au sol son espèce tellurique.