Comment travailler sur le long terme un récit ?

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La Perle des Flots
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Comment travailler sur le long terme un récit ?

Message par La Perle des Flots »

Bonjour vous tous !

Après plusieurs essais et erreurs, je m'aperçois que c'est fort difficile de finir une oeuvre complètement surtout lorsque nous sommes pointilleux ou minutieux (et non perfectionniste, car je considère à ce moment-là comme un défaut ce que nous faisons passer pour une qualité fort souvent.)

Quelles sont vos astuces pour travailler à long terme sur un texte dont nous n'avons que certains morceaux du casse-tête, mais dont nous avons l'aspect général ?

Je tiens à mentionner avant toute chose qu'être perfectionniste est souvent présentée comme une qualité, or, elle est souvent un masque, une excuse pour de l'oisiveté mal maîtrisée Je considère au contraire qu'être pointilleux signifie aller au fond des choses et minutieux aller globalement sur les choses entreprises.

Dites-moi donc de quelles qualités que vous considérez possessive, voire des moyens pour redémarrer la machine lorsque vous souhaitez recréer depuis le départ ou non, une histoire déjà avancée, mais que vous souhaitez remettre en gestation ces récits qui, par centaines, fourmillent dans votre esprit.

Dites-m 'en en plus sur les étapes charnière de vos récits. J'inclus aussi les histoires que vous voudriez faire, mais qui nécessitent beaucoup de recherches, en raison du nombre de concepts originaux qui doivent être répertoriés qui s'avèreraient originales.

Je sais cependant que le fond et la forme sont aussi importantes les deux. Donc discutons nous tous de ces deux aspects d'une même oeuvre. La forme peut être rehaussée selon le fond, et vice-versa. À plus long terme, par exemple, faites-vous des BL plus consacrés sur l'un ou l'autre, selon votre priorité et à quel moment le faites-vous ? À début, à la moitié et à la fin pour tous, ou disons le fond juste au début (mais pendant largement plus de temps... ?)

Comme vous le voyez j'ai plus questions qui s'agglutinent sur le même topic que vous lisez. En apprendre plus auprès d'auteurs moins amateurs que moi me sur le sujet conviendrait particulièrement.

Zlaw
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Re: Comment travailler sur le long terme un récit ?

Message par Zlaw »

Bonjour @La Perle des Flots,


Peut-être ne devrais-je pas me lancer dans une réponse à ta question, puisque je suis moi-même complètement dans la catégorie amateur en ce qui concerne l'écriture, mais je tente quand même, quitte à être supplantée à terme par de plus doctes que moi.

Je suis une sorte de tortue de mer qui, bien qu'elle ne manque pas d'idées, est presque exclusivement mono-tâche dans ce domaine et passe donc - hormis quelques brefs petits détours du côté de mini-nouvelles çà et là - des années sur un seul projet. Et en sort des pages et des pages et des centaines de milliers de mots là où certaines plumes sont (à ma plus grande admiration) capables de faire tenir tout un roman en moins que ça, aussi bien en quantité qu'en temps. Donc je pense rentrer dans ta catégorie de 'long terme', même si d'autres cas y appartiendront sans doute aussi.

Le premier ingrédient pour finir un gros projet d'écriture, à mon avis, c'est de ne pas se décourager. Et de ne pas se déconcentrer non plus. Ne pas perdre l'objectif de vue, si je puis dire. Pour ça, j'ai trouvé que faire paraître le début quand j'en suis déjà un peu plus loin dans l'écriture me convient. Tu parles de bêta-lecture, je n'y suis pas particulièrement attachée, là, je vois plus ça comme la responsabilité de chacun de se connaître et connaître ses besoins en matière de soutien. Quoi qu'il en soit, je ne pourrais pas écrire toute une histoire en totalité sans aucun retour du tout avant de la sortir dans son intégralité. Pas au-delà de la nouvelle autoporteuse, en tous cas. Actuellement j'ai beaucoup d'avance car peu de retours, mais sur mon précédent projet j'avais un retour sur chaque épisode/chapitre avant de commencer le suivant. L'une comme l'autre des situations me va, et j'estime que le dénominateur commun est celui-ci : il faut se poser une base pour pouvoir avancer, il faut savoir dire stop, même momentanément, pour pouvoir continuer à construire.
Parce que quand on est pointilleux, comme tu dis, eh bien la tentation ultime c'est de toujours revenir en arrière pour améliorer/retoucher/faire mieux. Hélas, le mieux est l'ennemi du bien, selon un dicton. Par définition, en revenant en arrière, on n'avance pas (sauf peut-être au rugby, mais je connais mal les règles de ce sport étrange). Donc, même si on ne partage pas son premier jet (quoique) et même si on se prépare une phase de ré-écriture voire plusieurs une fois des retours obtenus, il faut quand même se lancer à un moment donner au lieu de fermenter tout seul dans son bocal.
Et on en revient à l'idée de ne pas perdre l'objectif de vue. Parce que d'une part les retours vont soit nous conforter dans nos idées, soit nous en inspirer de nouvelles, soit nous aider à effectivement améliorer certains points aussi bien passés que futurs, mais ils vont d'autre part aussi participer à nous rappeler la raison pour laquelle on a décidé de commencer cette histoire en premier lieu, et ainsi nous porter jusqu'à son point final, là où on voulait aller à la base, sans se perdre (ou si peu) et sans se dire tant pis avant la ligne d'arrivée. En tous cas, c'est mon expérience en la matière.
Alors oui, on peut considérer que demander des retours pour pouvoir mieux avancer, ce n'est qu'ajouter une étape au re-travail perpétuel de l'œuvre. Mais comme tu sembles y faire allusion, au bout d'un moment, retoucher encore et encore, ça finit par ressembler à se donner une excuse pour ne pas dire qu'on a fini. Ça va sonner plat et facile à dire, mais pointilleux ou pas, on sait ce vers quoi on tend, et c'est là qu'on s'arrêtera. C'est aussi un exercice de connaissance de soi, de décider que ce qu'on a écrit est dans sa forme finale. Et sans doute aussi un exercice de lâcher-prise d'accepter que ça n'est certainement pas parfait, et que ça n'est pas grave, car ça reste déjà bien.

Il paraît qu'il y a deux écoles, les Jardiniers, qui écrivent au fil de l'eau et 'improvisent' (je résume de ce que j'ai compris des concepts), et les Architectes, qui vont plutôt avoir besoin d'un plan avant d'écrire. Puisque je suis partisane du plan, j'aurais tendance à dire que ça participe aussi à ne pas s'éparpiller et laisser tomber avant la fin. Et je trouve que ça aide aussi quand, comme tu dis, il nous manque des morceaux. Là encore, je trouve difficile de compléter un puzzle quand on n'a pas posé les pièces qu'on détient déjà. Mais je laisse quelqu'un qui ne procède pas avec ce système d'anticipation révéler sa façon de ne pas perdre le fil et le tenir fermement jusqu'au bout de son histoire pour obtenir un ensemble cohérent. Car il me semble avoir entendu dire que c'était possible... ^^


Voilà. C'était mon grain de sel. Je ne pense pas avoir répondu à toutes tes nombreuses interrogations, loin s'en faut, mais j'espère que ce sera au moins un début. =]

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Hylla
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Re: Comment travailler sur le long terme un récit ?

Message par Hylla »

Salut @La Perle des Flots !

Comme tout projet long terme, les facteurs d'abandon et de démotivation peuvent être multiples. Surtout dans la vie d'un auteur, on est finalement seul face à son manuscrit (et ce, même avec des BLs, etc.). Que tu écrives un roman en six mois, un an, ou cinq, la question peut se poser pour d'autres choses dans ta vie : si tu te fixes un objectif dont tu es ta seule gardienne, arrives-tu toujours à les porter à terme ? Si oui toujours, chapeau. J'ai l'impression qu'achever une chose, surtout sur du long terme, n'est une mince affaire pour personne.

Qu'un ou une auteurice soit amateur.e ou professionnel.le ne change pas grand chose sur ce constat. Toute personne qui écrit des livres et arrive à boucler des fins, pour en arriver à cet exploit (appelons un chat un chat) est passée par laisser au placard un nombre incalculable de manuscrits qui ont été abandonnés à des stades plus ou moins avancés d'écriture. On a tendance à voir ceux qui finissent, ceux qui y arrivent, mais on ne voit en général pas l'ampleur de toutes les tentatives en amont. Et même si PA permet d'avoir un entraperçu, nous avons tous des fichiers dans nos ordinateurs jonchés de projets dont on n'ose pas les publier tant ils n'ont pas été très loin :'D

Je me suis donc posé la question de ce qui, à titre personnel, m'a permis d'aller au bout de mon premier roman. Déjà, mon chemin d'autrice a pris un tournant le jour où j'ai fixé le fait de finir un roman, justement, comme mon objectif premier. Avant, je pense que je cherchais L'Idée qui allait me faire écrire Le Roman. Mais de là, les choses ont aussi pris du temps. Ecrire un roman demande tant de temps et d'énergie, il faut d'abord écrire une histoire qui nous plaît assez pour s'en donner la force. J'ai par exemple cru longtemps en un projet - que je pensais être mon premier roman. J'ai travaillé le monde, écrit un jet, puis un second, avant de le mettre au placard. A ce stade-là, je n'avais plus assez foi en mon projet pour repartir dans une phase de remise en cause profonde et de réécriture totale. Ce qui m'amène à ma seconde constatation.

Ce qui m'a fait tenir, pour écrire mon premier roman, a été que j'ai cru en mon histoire. L'écriture est faite de hauts et de bas, et même quand je doutais, j'avais confiance, fondamentalement, dans le fait que cette histoire se devait d'exister et qu'une forme meilleure serait à venir. J'ai toujours aimé l'écrire, et je n'ai jamais questionné l'existence même du projet. Je crois qu'avant celui-là, je n'avais jamais autant cru en l'une de mes histoires. C'est ce qui me donnait la force, quand je trouvais que la montagne devant moi était grande, et cachait une chaîne de montagnes, d'aller de l'avant, et de le mener à terme. Croire en son histoire et prendre plaisir à l'écrire sont essentiels à mon sens. C'est d'ailleurs quand j'ai arrêté de croire en mon projet antérieur qu'envisager de tout reprendre m'a paru insurmontable.

J'espère que ça t'aidera ? Bon courage en tout cas ! Ecrire un roman est un travail de longue haleine ;)

Prudence
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Re: Comment travailler sur le long terme un récit ?

Message par Prudence »

Coucou @La Perle des Flots ! Ce topic est intéressant. En fait, je me suis posée la même question. Ce que disent Hylla et Zlaw est super enrichissant ^^

Ça fait quatre ans que je me tords les neurones sur une histoire. Peut-être que je pourrais te répondre en fonction de mon expérience ? Pour cette histoire, j'ai bâti un univers avec beaucoup de détails et pendant longtemps : petit à petit. Un gros projet se forme peu à peu, il faut beaucoup de patience et de persévérance. Cette histoire ne me lâche pas et c'est peut-être parce qu'elle a quelque chose à dire (à crier ?), quoique j'en pense. Je ne peux pas abandonner ce projet sans l'avoir complètement terminé, sans avoir bouclé la boucle. J'ai bloqué longtemps avec cette histoire en commettant l'erreur d'écrire pour les autres ; en oubliant d'écrire pour moi, d'écrire ce que je voulais écrire. L'écriture est avant-tout un partage, prenons le temps d'être sincères avec nous-mêmes pour l'être envers les autres.

En écrivant trop vite, produire pour produire, pour mettre le point final. Hélas, ça ne marche pas comme ça x)
De ce fait, un auteur doit être patient, patient avec lui-même et avec son texte. Prendre le temps de vivre avec les personnages, de se mettre dans leur peau, dans leur environnement et leur situation, c'est un véritable travail de comédien. Et pour cela, il est indispensable de nourrir notre "imagination" et notre "intériorité", si je puis dire dans la vraie vie, comme voyager et lire, pour citer des exemples, pour rencontrer d'autres gens d'où jailliront certains aspects de notre roman.

Un roman naît souvent d'un conflit, d'une émotion, c'est souvent une sorte de thérapie, après chacun à sa façon de voir les choses, mais il doit y avoir de cela. Personnellement, mon roman, c'est ça : des émotions sur des émotions, un contexte et des personnages pour les exprimer ou d'où elles se forment (si on écrit une autobiographie, par exemple).

Pour le fond et la forme : la forme sert le fond, permet d'atteindre la justesse ; ce que tu veux dire avec exactitude. Hergé utilisait la ligne claire, selon lui, le dessin doit servir l'histoire et non l'inverse, ainsi il ne tentait pas d'impressionner le lecteur avec ses "illustrations". Je ne sais pas si je suis claire :monocle: (je ne ferai aucun jeu de mot, c'est niet xD)

Pour les BL, j'en ai fait un peu n'importe comment, et d'après cette expérience, je rejoins Stephen King : "écrire la porte close, relire la porte ouverte" (si ma mémoire est bonne, haha) ; je ne laisserais pas un avis d'une tierce personne sur une de mes idées interférer dans l'écriture de mon roman car tant qu'il n'est pas terminé, on ne peut pas savoir si l'idée était bonne ou mauvaise. Une personne différente de nous ne peut pas voir l'idée dans sa globalité tant qu'elle n'est pas couchée sur le papier, telle que nous la voyons dans notre tête, en somme.

Après, c'est en écrivant qu'on devient écrivain, en faisant plein d'erreurs et en apprenant de nos faux pas.

Voilà. J'espère que je n'ai pas fait de hors-sujet :tears-joy: Il y a sûrement encore des paragraphes à écrire là-dessus... En tout cas, je serais ravie de connaître l'expérience d'autres plumes ^^

Je te souhaite une bonne continuation plumeuse :hug:

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