Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Avatar du membre
Gabhany
Messages : 2021
Enregistré le : 01 août 2018, 11:44
Contact :

Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Gabhany »

Bonjour bonjour !

Une discussion joyeuse en ce beau jour pluvieux ! Que pensez-vous, comment réagissez-vous quand l'auteur d'un livre que vous lisez et aimez tue son personnage principal ? J'ai récemment dévoré une saga de fantasy vraiment chouette, mais voilà, à la fin d'un tome, le protagoniste masculin meurt. Et je n'ai pas compris. Malheureusement, ça a enlevé pour moi tout l'intérêt de l'histoire. J'ai lu le début du tome suivant, le perso est vraiment, irrémédiablement mort, et j'ai laissé tomber. Je croyais sincèrement que c'était une blague.

L'autre partie de ma question est : en tant qu'auteur/e, le feriez-vous ?
Autant éliminer un personnage secondaire ne me pose pas de problème si ça sert l'intrigue, mais un perso principal ... :'( Je ne sais pas si je pourais ...
De plus, je trouve ça hyper risqué de laisser les lecteurs s'attacher au perso pour ensuite le faire disparaître.

Avatar du membre
Fannie
Messages : 5354
Enregistré le : 07 janv. 2018, 14:04
Localisation : Un îlot au milieu de l'Europe
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Fannie »

A priori, je dirais que personnellement, je décrocherais aussi si le personnage principal mourait à la fin du premier tome d'une saga ou, d'une manière générale, bien avant la fin de l'histoire. En revanche, je peux comprendre qu'il meure à la toute fin, même si ça ne me fait pas plaisir. Certaines histoires exigent presque son sacrifice.
Jusqu'ici, les personnages que j'ai fait mourir sont morts avant d'entrer en scène, donc on sait qu'ils sont morts avant que je raconte en flash back quel rôle ils ont joué dans la vie du protagoniste. Mais maintenant, je me trouve dans une situation où je dois mettre en scène des personnages qui mourront au cours de l'histoire. On verra comment je vais m'y prendre... (Mais si ces personnages peuvent faire partie des protagonistes, ce n'est jamais le personnage central de l'histoire.)
Modifié en dernier par Fannie le 06 août 2021, 17:41, modifié 1 fois.

Zlaw
Messages : 318
Enregistré le : 24 mai 2021, 19:35
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Zlaw »

Bien le bonjour @Gabhany !


Question intéressante ! (Je vais le dire à chaque fois, en fait, parce que je tombe quand même plutôt souvent sur des questions intéressantes dans les parages. ^^)

En ce qui concerne la mort d'un personnage dans une lecture, je peux tout à fait comprendre que ça t'ait fait lâcher le fil, quel que soit le moment où ça s'est produit. Comme tout ce qui se passe dans une histoire, si on n'arrive pas à en faire sens, si ça ne rentre pas dans la logique qu'on a accordé à l'univers dans lequel on est plongé, voire même sa propre logique tout court, alors ça bloque. Ça coupe ce qu'on appelle la suspension consentie de l'incrédulité (d'après Wikipedia), suspension of disbelief en anglais. En gros, ça atteint les limites de ce qu'on est prêt(e) à avaler pour continuer l'histoire. Ce qui peut bien entendu changer d'une histoire à l'autre, d'ailleurs. Et ce n'est pas non plus une question d'affection inconditionnelle voire obsessionnelle pour le personnage en question, c'est juste pas cohérent. Or, comme la mort d'un personnage, principal de surcroît, est un événement pour le moins majeur, et bien c'est d'autant plus risqué à faire accepter à son lectorat. En conséquence, il me semble que ça doit forcément être amené avec ample précautions, et clairement, dans le livre dont tu parles, ça a dû être un peu maladroit. Peut-être que l'idée ne venait pas de l'auteur, ou qu'elle le rendait tellement triste qu'il a dû bâcler ? xD

D'un point de vue de personne qui écrit, alors ma réponse va être un peu inutile peut-être, parce que j'aurais beau écrire la mort de mes personnages, dans le paradigme dans lequel j'évolue, il est littéralement impossible de disparaître de cette façon. Donc quoi qu'il arrive, ce ne sera toujours qu'un au revoir (parfois pour quelques siècles voire plus, certes, mais les considérations de temps deviennent rapidement secondaires dans mon contexte ^^). En fait, c'est plutôt le problème inverse que je rencontre dans certains cas, de faire ressentir l'enjeu de la vie et de la mort, une fois que mes personnages ou même seulement mes lecteurs sont au courant de cet état des choses. Je m'applique à bien marquer la séparation à gérer et le changement radical à subir (parce que si elle ne marque pas une fin mais une transition, la mort reste globalement assez tranchée tout de même), et je m'efforce aussi de mettre l'accent sur la valeur de la vie, qui pour le coup ne peut être réellement perdue qu'une seule fois. Après, ça me déchire quand même d'écrire des scènes de mort de personnages que j'aime, hein, mais disons que j'ai de quoi me consoler peut-être un peu plus que d'autres.

Ceci étant dit, si je devais écrire dans un univers déprimant (à mon sens ^^) qui permet la mort définitive, alors je pense qu'il faudrait de toute manière que je me fasse à l'idée que n'importe quel personnage peut (voire doit) mourir et donc ne jamais revenir. Sans doute que ça peut aider, en tant qu'auteur, de se rappeler que même s'il ne leur était pas arrivé l'aventure qu'on est en train de décrire, les personnages auraient fini par mourir disons de vieillesse ? L'excuse facile du "il faut bien mourir de quelque chose" ?
Sauf si on écrit dans un paradigme de vie éternelle sauf mort violente, mais là on se met des bâtons dans les roues soi-même. xD
Encore une fois, on va rejoindre ma réponse du point de vue de lectrice, l'essentiel est que ça fasse sens. Si c'est le chemin du personnage de périr, alors il faut bien s'y résoudre, et il va donc bien falloir que les lecteurs et lectrices s'y fassent aussi. Si tu écris un héros épique et qu'il fait un AVC lors d'une promenade à cheval, oui, tu risques fortement de récolter des fourches et des torches (et tu l'auras peut-être mérité, à moins que ton histoire ne contienne une cruelle épidémie d'accidents vasculaires cérébraux...?). En revanche, si ton héros se sacrifie bravement sur le champ de bataille pour sauver des millions de gens, parce que c'est son destin, et que toute l'histoire jusque là a petit à petit conduit à ce moment (de manière plus ou moins discrète parfois), alors ça peut tout à fait être accepté. On peut pleurer et accepter quand même. Les personnages même importants qui meurent, dans la littérature, ce n'est pas ça qui manque, et pourtant ils n'ont pas tous emmené leur livre avec eux, loin s'en faut, je pense. =)

Et enfin, si tu ne peux pas, si tu n'y arrives pas à tuer un personnage quel qu'il soit, alors... rien ne t'y oblige ! Même si on est souvent menés par le bout du nez par nos personnages, on conserve une certaine maîtrise de l'intrigue tout de même, et on peut s'arranger, je pense. De là à l'éviter à tout prix, il y a cependant un pas. =)

@Fannie : aha, premières scènes de mort en perspective ? :monocle:

Avatar du membre
Notsil
Messages : 98
Enregistré le : 07 juin 2020, 11:48
Localisation : Belgerie
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Notsil »

J'avoue que je n'ai plus trop ce problème, parce que pour éviter d'être déçue justement, je pars maintenant du fait que tous les perso vont mourir. Du coup, si certains survivent, ça me rebooste, et pour les autres, ben, fatalisme ^^

De base je déteste ça. Je le comprends, et cas contraire, j'ai déjà terminé des romans/sagas en mode "happy end" qui me satisfaisait sans me satisfaire, parce que même si j'adore les fins heureuses (je ne lis pas pour finir déprimée ^^), il ne faut quand même pas que ça ait l'air "trop facile".

Je déteste ça, et en tant qu'autrice, je l'ai déjà fait. Il y a des perso que je devais tuer et qui ont été épargnés, et d'autres qui auraient du survivre et finalement...

Après faire ça en conclusion de tome, si c'était uniquement ce point de vue, ça oblige à changer pour le/les suivants, et ça peut être perturbant. Mais que le lecteur s'attache, c'est l'intérêt : comme ça il pleure et se met à craindre pour tous les perso...

(c'est quelle saga ? ^^)

Avatar du membre
Audrey Lys
Messages : 5519
Enregistré le : 30 août 2018, 14:27
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Audrey Lys »

Mmmmh pour ma part je suis au contraire une spécialiste des morts de personnage principal (pas trop sur PA cela dit, je vous ai épargné ;) ) Donc forcément je me dois de défendre la chose !
Je suis cependant d'accord avec @Zlaw. Toute morte, qu'elle quelle soit, doit faire sens, et c'est encore plus vrai pour celle d'un perso principal puisque ce simple fait peut faire chavirer la suspension consentie d'incrédulité. Mais à partir de là, qu'est-ce qui empêche un pp de mourir ? Cela dépend bien sûr des règles de l'univers, mais s'il est établi dès de début que le monde se veut réaliste, que les plot armors n'y existent pas et que tout le monde est en danger, alors au contraire, tuer un pp est un bon moyen de surprendre le lecteur et de le sortir de sa zone de confort. Exemple avec Game of Thrones (spoilers !).
Spoiler
Les morts de Ned, de Robb et de Catelyn sont de parfaits exemples réussis. La série s'est construite sur cette identité, comme quoi n'importe quel personnage, y compris le héros, pouvait mourir. Et ça a marché du tonnerre ! Alors que dans les dernières saisons qui ont vu les plot alors s'épaissirent, le public a été bien moins convaincu (c'est pas le seul facteur de la déception bien sûr)
Ça constitue en soi un bon retournement de situation. Je trouve que ça rajoute tout de suite une autre dimension à l'histoire, et dès lors ça ravive la peur que l'on a de voir d'autres perso mourir. Personnellement je trouve ennuyeux de savoir à l'avance que le pp s'en sortira toujours parce que c'est le héros ou l'héroïne. Chaque fois qu'il se trouvera en danger risque de paraître artificielle, et je ne ressentirai pas forcément le danger.
Pour un mort en fin d'histoire, ça peut constituer un très bon climax, puisque ça apporte beaucoup de tension dramatique (sans compter le potentiel retournement de situation mentionné plus haut). Alors non, ça ne veut pas dire que c'est forcément bon, bien sûr. Je vais prendre l'exemple de la série Vikings, spoiler toutes saisons pour ceux qui n'ont pas vu.
Spoiler
La mort de Ragnar est en soi assez logique et amenée, mais après... aucun nouveau personnage n'arrive à sa cheville, donc j'ai perdu beaucoup de l'attachement que j'avais à l'histoire. Et je ne parle pas de Lagertha qui est morte assez connement
Pour une bon mort de pp je dirais qu'il faut soigner l'avant et l'après : préparer pour que ce soit cohérent, et remplacer le pp par un personnage d'une envergure au moins équivalente (quand il ne meurt pas à la fin). Je précise que là je parle vraiment DU personnage principal. Les mêmes règles s'appliquent à mon sens pour les personnages importants, sauf peut-être la nécessité d'un remplacement.

Avatar du membre
Lohiel
Messages : 308
Enregistré le : 06 nov. 2019, 22:13
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Lohiel »

Coucou 🐞

Depuis toujours, certains personnages ont des boucliers scénaristiques. Le lecteur avisé le renifle et sait qu'il ou elle ne va pas mourir. Quand il y a une "fausse mort" il n'y croit pas, il sait que ça va se retourner, d'où la règle implicite des petits futés, roman comme série : "un personnage n'est pas mort tant que tu n'as pas vu son cadavre" (et suffisamment amoché pour que son décès soit certain). La fiction ne répondant pas aux mêmes règles que le réel, ça tournait rond sans éveiller l'attention de personne.

Et puis George R. R. Martin est arrivé et s'est dit que ce serait marrant de jeter ledit bouclier aux orties, d'autant que son projet était de raconter une guerre, avec comme sous-texte : "la guerre, c'est moche, débrouillez-vous avec ça".

Résultat des courses : grand succès... beaucoup de fanatiques... et aussi un nombre conséquent de lecteurs / spectateurs (puisqu'il s'occupe aussi de la série et n'a pas fini la saga côté romans) qui l'ont laissée tomber en route à cause de ça ; après un certain festin, ça a été l'hécatombe. Au point que dans la série, George retourne sa veste à l'avant-dernière saison.

La mort "importante" de la dernière saison est une des seules qui puisse se justifier clairement sur le plan politique et idéologique, d'ailleurs, mais elle n'a pas été acceptée du tout par le public, en revanche. Ce qui est troublant, d'une certaine manière, parce qu'il avait suscité l'attachement à ce personnage... qui au fond montrait depuis le début des signes de dangerosité extrême... et là, comme si les gens ne savaient plus sur quel pied danser, ça n'a absolument pas été compris.

Donc voilà, l'expérience a été tentée, de manière assez extrémiste quand même, et le bilan reste un peu mitigé...
Lo 🦋

Zlaw
Messages : 318
Enregistré le : 24 mai 2021, 19:35
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Zlaw »

Audrey Lys a écrit : 06 août 2021, 20:50 Ça constitue en soi un bon retournement de situation. Je trouve que ça rajoute tout de suite une autre dimension à l'histoire, et dès lors ça ravive la peur que l'on a de voir d'autres perso mourir. Personnellement je trouve ennuyeux de savoir à l'avance que le pp s'en sortira toujours parce que c'est le héros ou l'héroïne. Chaque fois qu'il se trouvera en danger risque de paraître artificielle, et je ne ressentirai pas forcément le danger.
Je vais sans doute enfoncer une porte ouverte (c'est plus facile, aussi ^^), mais je me dis qu'il doit forcément y avoir une influence du registre, aussi, non ?
- Dans une tragédie (ou un drame, je suppose, même si je suis moins familière), on s'attend à ce que tout le monde meure ou presque, y compris voire surtout le personnage principal (bonjour Hamlet, dont la scène finale est juste géniale à mon avis *_*). Donc là, pour moi les morts sont plus faciles à accepter à la fois par l'auteur et le lecteur, même si elles ne perdent rien en impact (encore une fois, si elles sont bien amenées, évidemment).
- Dans une comédie, on évite, je pense, à moins d'être dans une comédie d'horreur, auquel cas les morts n'ont pas vraiment la même valeur qu'ailleurs.
- Dès que ça touche à la Science Fiction et au Fantastique (je mets la Fantasy avec), ou même au thriller et à l'action (même si là encore j'approche des limites de mes habitudes), alors je suis partagée. Certes, les armures scénaristiques, c'est bof. Mais ça revient en fait tout bonnement à la situation inverse d'une mort irréaliste : une survie illogique, cousue de fil blanc, pas crédible. Donc on reste sur l'idée que, quoi qu'il advienne, tout doive faire sens.
Jusqu'ici, j'ai l'impression qu'on est tous et toutes d'accord. ^^
Ceci étant dit, l'idée que n'importe quel personnage puisse mourir tout le temps, pour moi, c'est à double tranchant, car ça peut aussi devenir particulièrement lassant. J'avais trouvé que la réplique sur ce sujet dans l'Epic Rap Battle of history entre George R. R. Martin et J. R. R. Tolkien (ouais, j'ai des références hautement culturelles xD) reflétait bien mon avis :
(Oh!) We all know the world is full of chance and anarchy!
So, yes, it’s true to life for characters to die randomly,
But newsflash: the genre’s called fantasy!
It’s meant to be unrealistic, you myopic manatee!
En gros, Tolkien balance à Martin que les morts aléatoires, c'est bien pour le réalisme (parce que la vie est injuste), mais que ça n'a pour lui pas sa place dans la fantasy, parce que justement, le but est l'évasion. (Au passage, cette réplique vient en réponse à une attaque sur le fait que tous ses gentils survivent et tous ses méchants meurent, ce qui en plus n'est pas vrai, hein, donc bien sûr le trait est grossi dans les deux sens. ^^)

Référence discutable mise à part, je reste d'accord avec ce fond. Dans Game of Thrones, pour le coup, j'ai trouvé que faire mourir tous les personnages à tour de bras quel que soit leur importance était nul. Parce que justement, à part ce premier choc que tu évoques, ces quelques premières morts qui sont le début d'une longue série, alors l'effet est perdu. Parce qu'on n'ose plus s'attacher à personne, parce qu'on sait que de toute manière ils vont sans doute se faire zigouiller sans raison particulière. Et ça gâche l'intensité, justement. Donc en abuser n'est pas bon non plus, je pense (même si je ne pense pas que c'était exactement ce que tu voulais dire).

Pour revenir sur ton propos particulier de gain d'intensité du récit avec le menace de mort qui pèse sur n'importe quel personnage (parce que je digresse, je digresse, je m'excuse), j'ai envie de citer la série The Sword of Truth, de Terry Goodkind. Il y a beaucoup de volumes, et on se doute bien que les héros vont survivre. Et pourtant, je suis peut-être une fleur fragile, mais j'ai flippé grave tout au long de ma lecture jusqu'ici. Parce que déjà il y a des chances qu'ils puissent mourir mais revenir, et surtout parce qu'il y a des choses pires que la mort. Donc cette menace de faire mourir un personnage important, au final, je n'arrive pas à décider si c'est une facilité ("aha, tous mes personnages peuvent MOURIR, tremblez devant ma toute-puissance, mwahaha !", et en fait on n'arrive juste pas à créer d'autre sens du danger que ça) ou bien au contraire une difficulté, dans le sens où si on s'engage sur cette voix, alors il faut être prêt(e) à assumer derrière, et dézinguer quelques personnages de temps en temps. Des avis ?

Comme je l'ai dit, je sais très précisément comment chacun de mes personnages meurt, même si j'ai publié assez peu de scènes de mort pour le moment, en y regardant bien, donc je suis peut-être biaisée sur toute cette question. =)

Désolée @Lohiel, je pense qu'on se rejoint sur pas mal de points, mais j'ai écrit tout mon message avant de voir le tien, et j'ai eu la flemme de le supprimer. >_<

Avatar du membre
Soah
Modératrice
Messages : 992
Enregistré le : 31 oct. 2018, 14:49
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Soah »

Beaucoup on déjà répondu à la question - et sans doute d'une bien meilleure façon que je m'apprête à le faire - cependant, j'aimerais beaucoup participer à la discussion. Je pense que même si certains personnages - dont le personnage principal - revêt une armure en scénarium, une mort tragique d'un.e protagoniste est quelque chose qui se prépare.

Pour continuer au sujet de Games of Thrones - je ne parlerais ici que des livres, la série ayant pris des libertés/oublier d'adapté des choses essentielles selon moi - quand on prend du recul, chaque mort à un sens : ça n'arrive pas par hasard. Il y a des décisions, des choix voir même des vices qui poussent les personnages vers leurs fins tragiques.
Spoiler
exemple, en vrac : Ned Stark meurt des suites de son excès d'honneur, de chevalerie et ne sait pas jouer, au final, aux jeux des trônes. Robb. Stark meurt à cause de sa fierté, son entêtement et de son hubris puisqu'il croit que les loyautés lui sont toutes acquises. Caitlyn Stark quant à elle, dans les livres, revient sous la forme de Lady Stoneheart, une créature qui n'a plus que la vengeance en tête, rendue muette par sa blessure et abominablement enlaidie par le temps que son corps à passer dans une rivière. Revenir de la mort à donc des conséquences, ce n'est pas anodin.
Ainsi, je pense qu'il est important de préparer une mort aussi importante : si elle intervient sans raison, on brise le contrat tacite qui existe avec le lecteurice, celui de lui raconter l'histoire de Téodul.a ; à l'inverse, si c'est une action justifiée, préparée, je pense que là, tout dépend de la sensibilité de qui se trouve en face des pages. L'orchestration d'un tel choix scénaristique est aussi plus facile a réaliser si l'on a affaire à un récit polyphonique, suivre plusieurs personnages et ainsi avoir l'absence d'un.e réel.le héros(héroïne)/référent.e rend sans doute la tâche très ardue.

Je me suis déjà posé la question pour un projet, est-ce que je le ferais ? Je pense que oui. Mais pas gratuitement, pas pour prouver que mon univers est impitoyable juste parce que la voie du personnage l'a mené à cet instant fatidique. L'orchestration des morts de personnages secondaires importants demande également pas mal de soin et ayant déjà plusieurs récits où cela arrive, je crois qu'il me faudrait être encore plus prudente si cela arrivait pour un de mes personnage principaux.

Avatar du membre
itchane
Messages : 2507
Enregistré le : 06 janv. 2018, 16:48
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par itchane »

Hello !

Ce sujet de conversation me passionne parce qu'il entre en écho d'une question que je me pose beaucoup ces derniers temps : d'où viennent ces "accords tacites entre l'auteurice et les lecteurices" ? À quel moment on a signé le contrat ? Qui a décidé qu'il devait toujours en être ainsi ? Pourquoi sommes-nous devenus absolument incapables de faire face à des histoires qui ne le remplissent pas ?

Pourquoi exigeons-nous de la fiction qu'elle nous épargne le pire de la réalité alors qu'elle est pourtant censée en être une métaphore ?

Je veux dire, dans la vraie vie, la mort, ça n'a souvent absolument aucun sens. Alors pourquoi dans la fiction il en faudrait ?
Dans la vie on est absolument jamais prêt à perdre quelqu'un, alors pourquoi on demande à l'auteurice de "bien nous préparer" ?
Dans la vraie vie, la majorité des morts sont bêtes et inutiles, elles ne sont pas porteuses de morale et sont injustes au possible. Pourquoi ces morts n'auraient pas le droit d'exister dans les livres, pourquoi les rejetons-nous à ce point ?

Je n'ai pas les réponses à mes propres questions ( :rofl: ), mais cette nouvelle image que cela me forge de la fiction comme en fait un gros fan service pour nous épargner la réalité de la vie me pose de plus en plus question. Est-ce que la fiction tient encore son rôle lorsqu'elle n'ose même plus raconter la vie à ses lecteurs ?

Cela ne la transforme-t-elle pas en une grosse utopie mensongère juste là pour nous câliner et nous rassurer ? :thinking:

Parmi les choses que j'aimerai beaucoup lire (ou écrire :'D ), ce serait de parvenir à casser ce code, ce "contrat".
Car le temps passant, je le trouve de plus en plus douteux :thinking:

Zlaw
Messages : 318
Enregistré le : 24 mai 2021, 19:35
Contact :

Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Zlaw »

itchane a écrit : 07 août 2021, 13:01 Pourquoi exigeons-nous de la fiction qu'elle nous épargne le pire de la réalité alors qu'elle est pourtant censée en être une métaphore ?
Hm. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle. Pour moi c'est justement parce que la mort n'a souvent aucun sens en réalité, et que pourtant on lutte sans cesse pour lui en donner un, que dans la fiction on a tendance à l'attendre. On cherche dans des scénarios inventés l'illustration de ce qu'on aimerait pouvoir faire coller à la vérité, pour se rassurer, oui. Je pense, en tous cas. Sauf que ça vaut pour les explications les plus cruelles comme les plus optimistes, donc ça peut aussi juste servir de confirmation d'une déprime totale, je ne sais pas. xD

Ceci étant dit, je ne pense pas qu'une mort dite expliquée et préparée signifie nécessairement pour autant attendue ou juste. Quand on dit qu'elle doit faire sens, pour moi, c'est surtout qu'il faut qu'elle s'inscrive dans l'histoire racontée.
- Si ton récit dépeint la cruelle réalité, alors oui, les morts seront plus ou moins nombreuses et violentes et subites et sans raison, et tes personnages comme tes lecteurs vont s'en indigner (parce qu'ils se seront autant attachés qu'on peut le faire dans la vraie vie) mais sans décrocher pour autant. Parce que comme tu dis, c'est réaliste, et on ne démissionne pas de la vie parce que le scénario nous déplaît, on râle, mais on persévère. ^^
- Si en revanche on raconte quelque chose de plus gentillet (sur ce plan, en tous cas, type une romance à l'eau de rose ou une aventure héroïque, je ne sais pas), alors une mort soudaine peut sortir du cadre établi et recherché par le lecteur. Je dis ça dans le sens où on choisit de lire un livre en fonction des émotions qu'on a envie de ressentir, non ? Si on pensait bien se marrer et qu'il ne se passe que des choses horribles, alors c'est là que le contrat est rompu, et inversement, si on cherche le frisson et que personne ne risque jamais rien, idem. Un livre est une promesse de quelque chose, ou au moins une invitation, et si on n'y trouve pas son compte, pourquoi s'entêter ? Parce que justement, contrairement à la réalité, on peut le poser et aller voir ailleurs. =) Alors oui, sans doute que parfois ça enrobe les choses, mais tous les livres n'ont pas la même fonction, aussi. Je ne vois pas de mal à ça, en ce qui me concerne.

En fait ta façon de tourner tes questions m'amène à en poser une autre : est-ce qu'il est seulement possible de le briser disons proprement, ce supposé contrat tacite ? Parce qu'en écrivant quelque chose de plus aléatoire, plus proche des inexpliqués de la vie, et bien tu devrais tout bonnement attirer un lectorat qui recherche ces émotions, cet inattendu si similaire à la vraie vie, et donc le contrat établi sera celui-là. J'imagine. Tu vas plutôt casser un code de genre, peut-être. Parce qu'à complètement virer de bord à chaque tournant du roman, justement, est-ce que tu ne vas pas tout simplement créer le décrochage si risqué qui a sorti @Gabhany de sa série de livres ? Et là, quel intérêt à le rompre, le contrat ? Pour le lecteur comme pour l'auteur ? Ou alors j'ai mal compris ton intention... Mais des livres cruellement réalistes, ça existe, en tous cas, ça c'est certain.

Répondre

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 8 invités