Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Tara
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Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Tara »

Salut, c'est une question assez compliquée, tout dépend du contexte...

Je me rappelle avoir lu un livre dans lequel il y avait un personnage très important dans l'histoire, il faisait partie des protagonistes (il y avait beaucoup de protagonistes dans cette histoire)... Ce personnage, je l'adorais, c'était mon préféré... Il est mort dans le 2ème tome de mon livre. Il restait encore plein de tomes. J'étais vraiment triste et déçue.

Mais d'un autre côté, je pense que "tuer" son personnage principal n'est pas toujours une mauvaise chose... Je veux dire par là que tout dépend du contexte et du moment où il meurt. S'il meurt à la fin, par exemple, ça passera mieux que s'il meurt au début du premier tome. Ce qui est sûr, c'est que, si on tue le protagoniste dans le début de l'histoire, le roman perd un peu de son sens.

D'autre part, je pense que tuer le personnage à la fin du roman peut ajouter une "touche d'originalité" (ou de réalisme, au choix, parce que bon, on va se l'avouer : j'ai vu beaucoup d'histoires, dont les miennes, où les personnages sont increvables ^^'), ça montre que le personnage peut se sacrifier pour défendre sa cause et qu'il l'a défendue jusqu'à la fin de sa vie. L'important est que sa mort paraisse juste et qu'elle ne laisse pas un goût trop amer aux lecteurs...

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Aramis
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Re: Quand un/une auteur/e tue son personnage principal...

Message par Aramis »

Bonjour, six mois plus tard je lis ce sujet super intéressant et qui me donne du coup envie de participer, même si je ne suis pas sure d'en dire plus que tout ce qui a déjà été abordé.

- Primo je suis d'accord sur l'aspect genre du récit, le lecteur s'auto-prépare à se confronter à un type d'histoire, d'ambiance, de charge émotionnelle en fonction du genre qu'il prend en rayon cependant je rejoins beaucoup Itchane sur ces questions là : pour moi le genre est une façon de catégoriser et d'amener tacitement une parti du contrat entre le lecteur et l'histoire, et comme je suis pénible, je trouve que les codes et les contrats c'est sympa mais que ça peut aussi tragiquement enfermer la création. Les codes de narration sont des outils, en tant qu'outils ils devraient pouvoir s'utiliser uniquement comme appui pour l'écrivain et au service de son projet, quitte à faire des écarts. Les promesses narratives sont importantes à mon sens, mais la façon de remplir ces promesses ne devraient pas être régis par ce que pourrait potentiellement attendre le lecteur (donc, par exemple, qu'un personnage ne meurt jamais.)

- je sais que la conversation avait un peu déviée mais je trouve aussi intéressant, et idem je rejoins Itchane une seconde fois : je ne vois absolument pas à quel endroit la fantasy ou la SF est moins capable de transmettre des messages forts ou d'aborder des thématiques profondes que n'importe quel autre genre, fantastique inclue. Je ne trouve pas que la proximité avec le réalisme soit nécessaire pour permettre à un lecteur de s'identifier, se projeter, et réfléchir. Beaucoup d’œuvres de fantasy l'ont montré, de la même manière que beaucoup d’œuvres de genres plus "réalistes" ont prouvé leur incapacité à parler de quoi que ce soit. La SF n'en parlons pas elle regorge d’œuvres critiques sur un tas d'aspects allant du social en passant par la politique, la technologie, l'écologie et j'en passe... La littérature de l'imaginaire est un terreau qui contient énormément de messages importants, et Tolkien en est une preuve aussi bien que les autres : son univers a beau être manichéen, beaucoup d'analystes ont soulevés les grandes thématiques morales de son récit, entre religion racismes etc... Elles sont assez visibles.

- Après pour moi, je crois qu'il y a aussi une notion d'avancé au sein même dans l'univers. Par exemple, si je prends un roman de fantasy assez basique type GOT puisqu'on le cite beaucoup, je vais automatiquement référencer l'univers en me disant ok les mecs semblent avoir tel rapport à la guerre, à la mort, à la médecine, etc... Par analogie je vais décréter que la mort est nettement plus omniprésente que dans un roman qui prend place en France en 2018 (oui je dis pas 2021 parce que bon bref,) ou qu'en tout cas les personnages vivent avec un rapport à la violence et la mort si différent du mien, que cela induit une possibilité plus brutal de la voir apparaître. Parce qu'elle est présentée comme faisant parti de la vie inhérente des personnages, tout simplement. Ce qui est aussi le cas chez Jane Austen : même si les personnages n'en meurent pas forcément, la maladie existe et a une force qui à l'époque projette une véritable menace sur les personnages.

- Enfin, je dirais aussi que j'ai parfois du mal à comprendre pourquoi la mort est le sujet central de la limite supportable pour un lecteur. Je m'interroge vraiment, parce qu'il est rare pour moi de ne pas le supporter (mes personnages préférés meurent toujours en premier donc je suis résignée hahaha) parfois une série d'épreuve peut être bien pire à supporter à la lecture que la mort elle même.

- Et je conclurai en disant, au sujet de cette histoire d'univers qui s'arrête avec le personnage, qu'au fond il me semble qu'une mort de PP est particulièrement difficile en fonction du poids narrative que le personnage porte. Si ce poids est disséminé entre plusieurs personnages, tout de suite c'est acceptable. Si le PP porte une charge mais que l'environnement est si puissant qu'il lui en a pris une part, idem, on imagine une vie après lui. mais s'il a sur les épaules 99% de la charge narrative, ça peut bloquer... Ou bien être un ressort scénaristique comme nous l'a prouvé Hitchcock !

- J'ajoute juste que je crois que perso, si un personnage meurt et disparaît et qu'après ça je perd tout intérêt pour l'histoire, ça signifie que la thématique, ou l'identification, ou simplement l’intérêt que je portais à l'histoire ne tenait plus qu'à ce personnage et que donc pour moi le reste du livre n'avait de base pas grand intérêt. (une belle répétition du mot intérêt)

Voili voilou, je ne sais pas du tout si je fais sens, en tout cas c'était très intéressant à lire !

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