S'identifier au personnage ?

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Soah
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Re: S'identifier au personnage ?

Message par Soah »

Zlaw a écrit : 28 juil. 2021, 20:31 En dehors du fait que j'ai trouvé que le caractère mièvre de Bella Swan ne donne pas du tout envie d'y projeter quoi que ce soit d'autre (ce qui est plutôt un avis personnel donc a peu d'importance dans ce débat ^^), ce que tu dis là m'interpelle, Soah. Est-ce qu'on choisit réellement son public cible avant de choisir son histoire ? J'ai du mal à concevoir comment ça peut seulement se faire. Est-ce qu'il y a des histoires qu'on peut écrire dans tous les registres ? J'ai une pensée pour Exercices de Style, évidemment, mais il n'empêche qu'un récit vient avec une voix, non ? Il me paraîtrait plus naturel de poser son histoire d'abord et d'ensuite en déterminer le public, en fonction des sujets qu'elle aborde, de ce qui s'y passe, et du ton qu'elle a pris. Est-ce que c'est mon idéalisme latent qui parle ? Je ne peux pas m'empêcher de trouver paradoxal que pour toucher du monde avec un texte de fiction il semble falloir se plier à de supposées demandes d'une catégorie (qui restent à mon sens assez floues, d'ailleurs, parce que les tranches d'âges des livres ne sont pas ce qu'il y a de plus nettes, sans compter les registres en eux-mêmes). Est-ce qu'on peut vraiment être honnête avec soi et son texte si on part avec des contraintes disons extérieures ? Attention, je ne suis pas du tout contre les défis, évidemment, et j'ai conscience de la vie en société et des compromis qu'elle implique, mais là il s'agit d'un livre, d'un œuvre, quelque chose de purement artistique et qu'on n'impose à personne. Est-ce que ça peut se vendre, non pas au sens monétaire, mais au ce sens d'être transformé pour en optimiser la consommation disons en masse ? J'ai du mal à comprendre cette vision.
Après, concernant Twilight et sa protagoniste, tu n'étais (n'es) peut-être pas le public visé justement ou quelqu'un qui n'était juste pas sensible à ce genre d'histoire. Je me souviens que ce roman était un phénomène quand j'étais dans ma première année de lycée, tout une catégorie de jeune fille se perdait dans les pages de cette histoire, le regard rêveur et avec un seul désir : être à sa place ;)

Concernant le reste de mon message, je pense que dés lors que l'on a une idée d'histoire, on peut déjà avoir plus ou moins une direction concernant de ce que l'on veut pour son récit. Ce sont des exemples très "simples" et "grossiers" volontairement mais, si tu conceptualise l'histoire de Jojo Lapin qui va à la plage avec ses amis, tu vas forcément adapté ton registre de langue, tes phrases, ta manière de raconter les choses pour les plus petits. Par contre, si tu conceptualise une histoire ou Jojo Lapin, orphelin depuis la grande guerre de la carotte découvre qu'il a des pouvoirs magique et affronte une dictature pour libérer le peuple des lagomorphes de l'oppression, c'est pas trop la même sauce. Alors bien sûr, tu peux faire un album jeunesse avec cette histoire, ce n'est pas impossible. Mais est-ce que cette façon de raconter permet-elle de porter l'histoire à son apogée ? Je ne sais pas, je ne peux pas répondre, je n'ai jamais lu Oui-Oui renverse le capitalisme x')

Décider du ton de l'histoire, de son registre (à défaut de public), c'est un peu comme choisir entre l'aquarelle, le pastel ou la peinture à l'huile. Tu peux très bien peindre/dessiner le même sujet mais tu n'auras pas le même rendu au final et ces différents médium parlerons à différentes personnes. Une fois le croquis fait, il est toujours possible de revenir en arrière (une fois que l'on a son pitch/plan pour revenir vers l'écriture ;)) mais une fois que l'on a commencé à peindre à l'huile, c'est difficile de choisir de finalement prendre des pastels et de revenir par dessus.

Après, j'ai peut-être une approche très "froide" de la chose, ce n'est pas impossible :screaming:

Zlaw
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Re: S'identifier au personnage ?

Message par Zlaw »

Soah a écrit : 29 juil. 2021, 08:24 Après, concernant Twilight et sa protagoniste, tu n'étais (n'es) peut-être pas le public visé justement ou quelqu'un qui n'était juste pas sensible à ce genre d'histoire. Je me souviens que ce roman était un phénomène quand j'étais dans ma première année de lycée, tout une catégorie de jeune fille se perdait dans les pages de cette histoire, le regard rêveur et avec un seul désir : être à sa place ;)

Concernant le reste de mon message, je pense que dés lors que l'on a une idée d'histoire, on peut déjà avoir plus ou moins une direction concernant de ce que l'on veut pour son récit. Ce sont des exemples très "simples" et "grossiers" volontairement mais, si tu conceptualise l'histoire de Jojo Lapin qui va à la plage avec ses amis, tu vas forcément adapté ton registre de langue, tes phrases, ta manière de raconter les choses pour les plus petits. Par contre, si tu conceptualise une histoire ou Jojo Lapin, orphelin depuis la grande guerre de la carotte découvre qu'il a des pouvoirs magique et affronte une dictature pour libérer le peuple des lagomorphes de l'oppression, c'est pas trop la même sauce. Alors bien sûr, tu peux faire un album jeunesse avec cette histoire, ce n'est pas impossible. Mais est-ce que cette façon de raconter permet-elle de porter l'histoire à son apogée ? Je ne sais pas, je ne peux pas répondre, je n'ai jamais lu Oui-Oui renverse le capitalisme x')

Décider du ton de l'histoire, de son registre (à défaut de public), c'est un peu comme choisir entre l'aquarelle, le pastel ou la peinture à l'huile. Tu peux très bien peindre/dessiner le même sujet mais tu n'auras pas le même rendu au final et ces différents médium parlerons à différentes personnes. Une fois le croquis fait, il est toujours possible de revenir en arrière (une fois que l'on a son pitch/plan pour revenir vers l'écriture ;)) mais une fois que l'on a commencé à peindre à l'huile, c'est difficile de choisir de finalement prendre des pastels et de revenir par dessus.

Après, j'ai peut-être une approche très "froide" de la chose, ce n'est pas impossible :screaming:
J'étais au lycée aussi au moment de la sortie de Twilight (les livres, bien sûrs), et j'ai aussi connu ces filles, mais est-ce qu'on peut vraiment parler d'identification quand on veut simplement qu'il nous arrive la même chose (parce qu'on est une ado mal dans sa peau et en besoin d'attention) ? En ce qui me concerne j'ai bien aimé la série (de livres, je me répète mais ça m'importe) mais les personnages principaux n'ont pas été mes préférés. J'ai trouvé leur bulle intéressante à suivre mais sans plus. Bref. Je pense que je vois ce que tu veux dire tout de même. Si réellement la personnalité fadasse de Miss Swan avait pour unique but de l'envier, ça ne me paraît pas logique, mais puisque ça a fonctionné en masse, qui suis-je pour critiquer cette 'tactique', sans doute...! ^^

Pour le reste de ta réponse, tu me rassures. À ton précédent message j'avais compris que tu décidais 'ah, je vais écrire un livre jeunesse', et ensuite tu essayais de t'y adapter avec n'importe quelle histoire. On est donc bien d'accord que l'histoire vient (vs. la plage ou vs. le capitalisme, au choix), et le registre qui en découle en détermine le public. Ma première interprétation de ce que tu disais me donnais vraiment une image mécanique/commerciale/sur commande de la littérature, qui est pour moi (bien qu'elle existe, hélas) une abomination. Me voilà donc plus sereine ! Je ne pense pas que tu as une approche particulièrement froide, j'ai juste mal saisi ton idée la première fois. Merci d'avoir pris le temps de m'éclaircir ta pensée ! =)

Sur ce, je vais donc essayer d'arrêter de squatter ce sujet avec mes digressions. ><

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Lohiel
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Re: S'identifier au personnage ?

Message par Lohiel »

Coucou 🦋
Zlaw a écrit : 29 juil. 2021, 19:42 Si réellement la personnalité fadasse de Miss Swan avait pour unique but de l'envier, ça ne me paraît pas logique, mais puisque ça a fonctionné en masse, qui suis-je pour critiquer cette 'tactique', sans doute...! ^^
Twilight a marché non pas pour des raisons littéraires, mais pour des raisons psychanalytiques ;)
Le producteur de Twilight, Greg Mooradia, dit lui-même que « Dans Twilight, le vampirisme est une belle métaphore du désir adolescent et de la difficulté de l'assouvir ».
https://actualitte.com/article/49023/nu ... crepuscule

L'homme, terriblement fascinant, au point qu'on sait qu'on ne pourra pas résister à long terme... mais qui est dangereux, qui peut faire couler le sang, etc. C'est assez limpide comme parabole. Et c'est très loin d'être la seule de la saga. Mais l'éveil de la sexualité ne se passe pas de la même manière chez tout le monde, donc celles qui ont vécu ça autrement ont juste trouvé que - littérairement parlant - l’œuvre n'était pas très convaincante.

Lo 🐞

Zlaw
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Re: S'identifier au personnage ?

Message par Zlaw »

À choisir, j'irais plutôt écouter l'auteur du livre que le producteur d'une adaptation en film, mais chacun ses sources d'idées, je suppose.
En ce qui me concerne, je suis de toute manière du parti de laisser une histoire rester une histoire, sans activement chercher à lui trouver un double-sens métaphorique supposément caché ou profond. Et si je dois en trouver un, je préfère le trouver par moi-même. Car bien sûr, la plupart du temps un auteur voudrait faire passer un message, mais les chances qu'il soit entendu et pas un autre sont tellement minces, que s'y accrocher reste chimérique, pour moi. Est-ce que c'est triste ou non, je ne saurais pas le dire... Pour en revenir au sujet initial, autant je suis convaincue que les descriptions aussi bien physiques que caractérielles ne peuvent pas être transgressées quand elles sont énoncées clairement, autant une interprétation ne reste jamais bel et bien qu'une interprétation. On peut bien tirer ce qu'on veut, y compris rien (hormis un moment sympa), d'un récit. L'intention demeure, oui, et on ne peut pas la nier, mais les conséquences ne sont pas maîtrisables. Quand on raconte une blague pas drôle, on peut avoir voulu faire rire, ce n'est pas ça qui va faire rire les gens qui n'ont pas effectivement trouvé ça drôle.

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