Le dilemme du premier livre

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Alice
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Re: Le dilemme du premier livre

Message par Alice »

Je n'ai pas vraiment de réponse sur la question du choix entre one-shot ou oeuvre en plusieurs tomes pour une première publication. Je ne crois pas qu'il y ait de bon ou de mauvais choix, du moment que l'oeuvre est construite et structurée convenablement.
Le seul "conseil" que je pourrais apporter sur ce point serait de prendre le temps d'aboutir le projet, quel qu'il soit. Dans mon cas, j'étais partie sur une histoire en trois tomes dans ma tête. J'ai rédigée l'intégralité du premier et je l'ai envoyé à des maisons d'édition parce que j'avais super hâte de voir ce que ça donnerait. Les retours ont été négatifs mais m'ont beaucoup apportée car ils m'ont fait comprendre que cette histoire de tomes ne faisait pas forcément sens par rapport à ce que je voulais écrire. Entre temps, j'avais commencé la suite de ma trilogie mais ces retours m'ont fait complètement chambouler mon projet. Je me retrouve donc à écrire un one-shot au lieu d'une trilogie et à ne plus trop savoir quoi faire de mon premier tome (un prequel?) :dizzy:

Bref, d'un côté, je me suis beaucoup auto-flagellée de m'être précipitée. De l'autre, l'affaire a été formatrice. Je pense qu'au final, la nombre de tome ne compte pas. L'important, c'est bien d'avoir un projet complet, construit, fini à présenter. L'éditeur verra le potentiel d'une histoire qui va lui attirer l'oeil, que ce soit sur un volume ou plusieurs.

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Soah
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Re: Le dilemme du premier livre

Message par Soah »

Coucou,

Du coup je peux parler du point de vue de quelqu'un qui, à la base, proposait une duologie qui s'est transformée en One-Shot suite à des décisions éditoriales. Dans mon récit, il faut savoir que sur chaque tome, avant qu'il ne soit de nouveau "augmenté" les corrections de débroussaillages ont enlevés environ 20% du texte - sur des manuscrits de plus de 100K mots, inutile de dire que ça fait beaucoup de choses qui passent à la poubelle !

Après avoir travaillé avec mon éditrice, je me suis rendue compte que ma division en plusieurs tomes était pas mal dû au fait que j'étais conditionnée pour consommer des livres de fantasy de cette façon : les livres qui se suffisent à eux-mêmes, dans ce genre, sont rares car nous avons accès surtout à des livres traduits qui sont écrits par des anglophones qui ont plus de souplesses (enfin, j'en ai l'impression) sur la taille de leurs tomes. Avais-je besoin de séparer mon récit ? Non, ça fera une jolie brique et tant pis !
L'inverse peut arriver aussi : des maisons d'éditions qui, à partir d'un certain nombre de mots/signes, décident de couper en plusieurs tomes s'il y a matière.

En tout cas, aujourd'hui c'est (presque) sur et certain, qu'en France, si tu te lances dans la proposition d'une multilogie à des MEs sans avoir écrit la totalité ou une grande partie de ta saga (ou sans avoir un synopsis détaillé) sur lequel/laquelle un.e éditeurice pourra se pencher, tu as de forte chance d'aller au casse-pipe. De même, je déconseille "un peu" de faire plusieurs œuvres dans le même univers/des préquels etc, parce que souvent on signe des closes de préférence lorsque l'on signe avec une ME, c'est à dire que tu es dans l'obligation légal de leur proposer tes futurs textes selon un nombre d'occurrence décrite dans le contrat. Seulement voilà, la ME n'est PAS dans l'obligation de prendre ton texte mais en signant pour mettons, Oui-Oui à la plage chez X, tu ne peux pas proposer Non-Non le cousin de Oui-Oui à la montagne chez Y. Question de bon sens.

Mais avant de penser aux envoies tout ça, il vaut mieux écrire son histoire, l'évaluer, la retravailler et ensuite on se pose ce genre de questions : mettre la charrue avant les bœufs, ça n'a jamais rien apporté de bon ;)

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Lulu-Has-A-Gun
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Re: Le dilemme du premier livre

Message par Lulu-Has-A-Gun »

Je travaille depuis peu avec des éditeurs de nouvelles et romans, je n’ai donc pas autant d’expérience que d’autres mais peut-être que ceci t’aidera à y voir plus clair.

Les éditeurs misent-ils plus facilement sur un roman unitaire qu’une série lorsqu’il s’agit d’un nouvel auteur ? Oui… et non.

En fait, ça dépend du livre. De l’éditeur. De ce qu’il a à gagner et à perdre.

Dans mon cas, j’ai signé en janvier mon premier contrat d’édition pour un one-shot. Mon éditeur était à la recherche de romans unitaires et possède d’ailleurs plusieurs collections dédiées uniquement à cela. En plus, il est tout à fait ouvert à de nouveaux auteurs. Un tome unique, c’est un pari moins risqué pour un éditeur, puisque l’œuvre est terminée et que l’éditeur peut travailler sur la totalité du texte (alors qu’il n’a pas toujours la suite à disposition lorsqu’il s’agit d’une série et il n’est pas non plus à l’abri d’une mauvaise surprise si la suite ne lui plaît pas). De plus si le livre n’a pas beaucoup de succès, l’éditeur ne s’est pas engagé auprès de l’auteur à publier d’autres ouvrages (et ne risque pas de fâcher les lecteurs qui attendraient la potentielle suite).

Sauf que voilà, en février, j’ai été contactée par un autre éditeur, moins imposant mais très chouette, pour une romance humoristique type bit-lit/urban fantasy que je lui ai envoyée l’année dernière. Cette romance, je l’ai imaginée comme une trilogie. Sauf que, voilà, connaissant un peu les réticences des éditeurs à l’idée de publier une série d’un auteur méconnu, j’ai eu le flair de rendre mon premier tome à peu près auto-conclusif (la fin était légèrement ouverte, mais rien de dramatique). L’éditeur m’a alors demandée si j’envisageais une suite à l’histoire. Pas la peine de vous dire que j’y ai été avec des pincettes, le cœur au bord des lèvres, et j’ai avoué que j’avais imaginé une trilogie. J’ai également envoyé le synopsis de chaque tome. A ma grande surprise, l’éditeur a répondu : parfait, foncez, on aime bien les trilogies.

Il faut voir alors les différents éléments qui entrent en jeu dans le cas de cette trilogie. Premièrement, il s’agit d’un genre où les séries sont courantes et où les lecteurs aiment les séries (il y a rarement des one-shots dans la bit-lit/urban fantasy). Deuxième chose : l’humour, l’action et la magie, c’est fun et survolté, des éléments qui intéressent les éditeurs. Troisièmement : chaque tome fait environ 250 pages, ce qui assure l’éditeur que je ne vais pas mettre des années à écrire les deux suites (quelques mois pour chaque tome, tout au plus). Quatrième chose : mon premier éditeur est un éditeur traditionnel, qui imprime une certaine quantité de tomes, travaille avec des représentants qui vont défendre le livre auprès des libraires et qui se vendra donc surtout en librairie ; mon deuxième éditeur est un éditeur présent en particulier sur le net, sans représentants, qui édite surtout des livres numériques et dont les volumes papiers sont en impression à la demande. Ce quatrième argument implique donc que l’éditeur va investir dans le travail éditorial, mais que l’édition papier est beaucoup moins risquée pour lui (le principe de l’impression à la demande : chaque volume acheté sur son site est imprimé pour l’acheteur, individuellement ou, en tous cas, en petite quantité).

Par expérience et pour garder les pieds sur terre, je te conseille donc, surtout et avant toutes choses… d’écrire ce que tu veux. Parce que c’est là l’essentiel.

Mais si tu vises la publication, commencer par un volume unique n’est pas une mauvaise idée… C’est en tous cas la voie la plus intéressante. Mais comme tu le vois, tout dépend aussi du genre, de l’éditeur, de l’intérêt que suscitera ce que tu proposes et de la prise de risque que cela représente pour l’éditeur.

Je te dirais même… pourquoi ne pas essayer d’écrire des nouvelles ? Depuis que j’ai découvert l’écriture de nouvelles, j’en écrit plusieurs par année. Il n’y a que des avantages : les concours de nouvelles sont foison, on peut tenter d’écrire dans un style qu’on n’utilise pas d’habitude, dans un genre qu’on ne pratique pas d’habitude non plus (policier ? romance ? science-fiction ? tout !), et ces concours sont généralement ouverts à tous. En plus, c’est une manière formidable d’améliorer son style et sa narration, car le format court oblige l’auteur à aller à l’essentiel et à calculer avec une minutie toute particulière son scénario.

Concernant ta dernière question, vu mon expérience, je dirais que oui, faire de son premier tome un volume auto-conclusif est une bonne idée. Il faut cependant garder à l’esprit qu’il doit être écrit comme un volume unifié, qui tient debout par lui-même, et qui contient une véritable fin. Et tu dois aussi être préparé à l'éventualité que, s'il trouve éditeur, cet éditeur ne voudra pas forcément de suite...

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Alice_Lath
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Re: Le dilemme du premier livre

Message par Alice_Lath »

Hello hello!

Je vais faire plus court que les autres haha et ils ont répondu de manière plus développée que moi sur bien des aspects,

Moi, j'ajouterai juste quelque chose : tu dis que tu n'as pas encore écrit de livre, et ça c'est important à souligner 😄 Commencer par une saga, ça se fait, mais je ne peux parler que de mon expérience personnelle et ce n'est pas que je te le déconseille, mais disons que je te suggère de ne pas trop te projeter

Tu penses à la publication de ta saga, mais pétard, j'ai envie de te dire, c'est un horizon lointain. J'ai commencé l'écriture aussi par une saga et l'immense difficulté du projet, beh... c'est que ton écriture progresse. C'est cool, oui, mais elle progresse et change tellement que c'est difficile de garder une constance. Tu pars donc sur des corrections constantes et de réguliers retours en arrière et il faut le savoir

Il faut beaucoup beaucoup beaucoup de patience pour commencer l'écriture par une saga (surtout au-delà de deux tome, sans même parler que prequel) je pense. Peut-être est-ce ton cas, mais cela me semblait important à souligner,

Par exemple, à des moments, tu devras supprimer des personnages, changer des lignes de narration alors que déjà tu te projetais dans la suite,

Je me répète : je dis pas que c'est impossible hahaha juste qu'avant d'essayer de se projeter dans ce que pensera l'éditeur, le temps que ton projet soit prêt, les choses seront peut-être différentes dans le monde du livre,

Et sinon, les éditeurs ont certes leurs dadas et y'a des cas particuliers, mais globalement, si un truc est vraiment bon et dans leur ligne édito, ça leur plaît, c'est con et c'est comme ça, faut juste que ta saga soit bien avancée, prête et au cordeau, car ils seront d'autant plus exigeants que les risques augmentent (surtout dans le cas d'éditeurs tradis)

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Renarde
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Re: Le dilemme du premier livre

Message par Renarde »

Pour ajouter de l'eau au moulin, on perd en moyenne 20% de lecteurs entre chaque tome (c'est une moyenne, certains font mieux, d'autres beaucoup moins bien). Donc sur 100 personnes qui achètent ton tome 1, seules 80 achèteront le tome 2, en moyenne. C'est donc un risque financier non négligeable pour la ME.

Ensuite, si tu prévois une trilogie par exemple, il faut que tu aies écrits ton tome 1, écrit la moitié du tome 2, et avoir déjà un solide synopsis du tome 3 pour présenter tout ça à une ME (retour du responsable d'une maison d'édition qui aime bien les sagas). Le risque pour une ME et que tu ne termines jamais. Ou que tu mettes trop de temps entre 2 tomes, ce qui plombe inévitablement les ventes.

Après, tu as toujours le best-seller qui vient contredire tout ce que j'ai écrit, mais on va plutôt tabler sur une sortie "standard" comme référence ;)

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Alice_Lath
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Re: Le dilemme du premier livre

Message par Alice_Lath »

Pour un premier roman, pense pas forcément à ça @Than Sokran

Surtout que le début sera sans doute douloureux, pourquoi pas simplement écrire ton préquel si tu tiens à ta saga, pour commencer, en mise en jambes ? Après tout, Tolkien a fait Bilbo et l'a publié avant Le Seigneur des Anneaux 😄

Comme disait mon grand-père, avant de s'enquiller le fût de whisky, faut avoir de l'entraînement en pintes de bière

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Hylla
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Re: Le dilemme du premier livre

Message par Hylla »

Hello @Than Sokran ! Les plumes ont déjà bien détaillé le sujet ;) mais je reconnais dans tes messages des questions qui me trottent parfois dans la tête. Quand j'ai commencé à imaginer mon univers, beaucoup de choses indiquaient une saga. Pour autant, je n'ai pas réussi (à l'époque) à en dégager les arcs de chaque livre, puis un jour, j'ai changé mon personnage principal et mon narrateur, et j'ai réussi à me projeter sur un premier roman en me scandant en permanence que c'est un tome unique, avec une conclusion finie.

Et pour avoir bouclé un jet récemment, oui, en effet, il y a bel et bien une fin, mais j'ai aussi semé les germes de la suite. Maintenant que je réfléchis au prochain tome, aux arcs, aux personnages... Beaucoup de choses me viennent. Moi qui étais si réticente à l'idée d'un tome 2 me rend compte qu'il y en aurait plus... J'ai accepté cette idée maintenant, car mon histoire est telle qu'elle ne peut pas se suffire à un livre. Et même si ça me fait peur de me lancer dans un projet de saga, encore plus en pensant plus loin qu'un tome 2... je ne vois pas comment il peut en être autrement. J'ai toujours tendance à penser qu'au fond, c'est le projet qui dicte la forme, le volume.

Après, je ne te cacherai pas que quand j'ai vu que la plupart des ME demandent la saga entière écrite ou quoi, j'ai pris peur. Je comprends aussi que côté éditeur, publier une série est un plus gros risque. Mais comme ça a très justement été dit plus haut, il y a toujours des contre-exemples, et certains genres se prennent plus facilement aux séries. Et n'oublions pas que, si le risque est plus grand, en cas de succès, pour l'éditeur, avoir une série de livres c'est tout bénef ! Mais les écueils sont tellement grands pour l'écriture d'une saga qu'ils sont d'autant plus méfiants (chouette une nouvelle difficulté dans ce chemin déjà pavé de grosses embûches)

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