Donner de la profondeur à ses antagonistes

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Eryn
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Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par Eryn »

Coucou,
Je me permets d'ouvrir un nouveau sujet, je n'ai pas vu ce thème sur le fofo... C'est une réflexion que je me suis faite alors que je répondais aux messages sur "qu'est-ce qu'un mauvais livre ?", alors qu'on dérivait vers les caractéristiques physiques des personnages négatifs/méchants dans les romans...

Alors voilà, je me posais des questions sur la manière dont vous créez vos personnages "méchants", vos ennemis.

Qu'est-ce qu'un ennemi ? Un personnage dont les intérêts sont opposés à ceux du héros de l'histoire, et qui par ses actions va mettre en danger, dénigrer, blesser, tuer le héros ou ses proches ? Doit-il nécessairement être méchant ?
Parce qu'on le sait, ce n'est pas parce que ce personnage est un ennemi qu'il doit forcément être laid, bête, habillé de noir et parler comme un charretier !

Comment créez-vous vos "méchants" ?
Comment les montrez-vous ? Comment les décrire ? Que font-ils ?
Comment leur donnez-vous de l'humanité, malgré leur manque de morale ou leur cruauté ? (ouais parce que montrer un tueur en série sous un jour favorable, c'est pas forcément facile) !

Je pars sur quelques exemples :
- Voldemort : incarnation du mal absolu : il n'y a absolument rien qui le "pardonne", il n''est humain que par le fait que justement, il incarne les pires choses possibles : meurtre, torture, massacres, et le tout sans en éprouver le moindre remords : il n'a absolument aucune morale. Son physique reflète exactement ce qu'il est : un monstre. Monstre par ses actions, mais aussi par sa volonté à refuser sa propre mort : En refusant la finalité de la vie, il refuse ce qui fait de lui un humain. / Pour le coup, là, l"humain et le monstre se confondent tant sur le plan moral que physique, et notez que le monstre chez JKR n'est pas la mort, mais plutôt l'homme qui refuse son humanité en refusant cette mort justement. / pour lui donner de la complexité, ce qui est donné à voir sont quelques scènes de son enfance où encore une fois, rien ne le pardonne, on se contente d'expliquer son parcours. (il n'a pas eu de traumatisme par exemple, qui pourrait sans justifier, expliquer ce qu'il est devenu).

- Le personnage de Pablo Escobar dans Narcos : narcotrafiquant qui n'hésite pas à massacrer les gens de sang froid, mais embrasse sa femme et ses enfants en rentrant à la maison (après avoir glissé sa chemise tâchée de sang discrétos dans la machine...). Sa manière de traiter sa famille donne une profondeur incroyable au personnage !

- Dark Vador : alors lui, c'est comme s'il était "ensorcelé" par le côté obscur, et seule une chose suffisamment puissante (la possibilité de la mort de son fils qu'il a finalement appris à aimer) peut le sauver. (youhou, l'amour qui sauve du mal... au final y'a pas mal d'histoires comme ça). Après il a tout de même fait le choix de basculer. Quand il agit sous le masque de DV, il n'a absolument aucune humanité alors qu'est-ce qui lui donne sa complexité ? La possibilité de ce basculement final qu'on espère, et la volonté de Luke à le sauver ? Du coup c'est le regard d'un autre personnage sur lui qui le fait changer aux yeux du spectateur, jusqu'à sa décision finale ?

Est-ce que la possibilité d'une rédemption va aussi donner de la profondeur et de la beauté à ces personnages monstrueux ?
Que voulez-vous montrer/dire quand vous créez vos "méchants" ?

Après avoir vu 13 reason why, je me suis beaucoup remise en question là-dessus, parce que dans cette série, les personnages sont littéralement "gris", aucun n'est tout noir ou tout blanc, même Clay ! C'est aussi intéressant d'avoir un personnage qui oscille des deux côtés de la "ligne".

lucyie
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par lucyie »

Super intéressant comme sujet! :DD
Moi aussi j’adore les perso gris et qui sont « méchants » seulement selon les points de vues des différents personnages.

Perso, moi j’écris le point de vue de mon antagoniste comme s’il était « gentil », je me met de son côté.
De son point de vue, il est le héros de l’histoire alors que du point de vue de mes autres personnages, il est violent et fou.
Je sais pas si c’est bien compréhensible :rofl: mais pour moi ce n’est qu’une question de point de vue.

Quand je lit, j’aime bien avoir de la pitié ou m’attacher à un antagoniste. Je trouve que ça fait réfléchir.

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Shangaï
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par Shangaï »

Très bonne idée de sujet [mention]Eryn[/mention] !

Personnellement j'ai tendance à penser que personne n'est tout simplement "méchant". On peut le devenir à cause de certaines épreuves de la vie par exemple...
Après il est libre de la part de l'auteur d'en faire part à ses lecteurs. Je n'ai rien contre les méchants simplement méchant mais je trouve qu'il est toujours un peu plus intéressant de leur donné du relief en donnant une forme de "justification" à leurs actes. C'est une manière de nuancé et aussi une façon de rendre le héros un peu plus humain... Je m'explique ! Si le méchant à "une bonne excuse" d'être comme il est mais que le héros ne peut ou ne veut pas le comprendre je trouve cela un peu plus réaliste !

Après il y a beaucoup d'autres façon de donner du relief !

L'antagoniste peut aussi simplement être en désaccord avec l'antagoniste sans pour autant être cruel !
L'antagoniste peut aussi finalement changé d'avis et cela fait un retournement de situation et donné aussi du relief au méchant qui finalement n'est pas si méchant et est capable de changer de point de vue !

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tapiocabubbletea
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par tapiocabubbletea »

"On ne nait pas mauvais, on le devient." c'est une vérité fondamentale si notre antagoniste est humain de base

Les antagonistes sont les personnages que je préfère traiter, car dans leurs actes et leurs but, ils ont forcément un parcours qui peut être bien plus riche que celui des protagonistes. Souvent celui qui les as menés sur le chemin ou ils sont.
Et puis pour mes antagonistes, même si certains deviennent profondément mauvais et ne méritent en aucun cas la rédemption, ils sont humains et ont toujours au minimum une goutte de bonté en eux, rédemption ou non.
J'ai par exemple une antagoniste, elle est très horrible, raciste, glaciale et elle est ultra terrible dans ses actes. Elle fait des tas de choses qui méritent AUCUNEMENT la rédemption et elle en veut pas. Pourtant la goutte de bonté, c'est qu'elle sait ce que c'est l'amour. Rien que ça, ça donne du relief au personnage.

Apres mes antagonistes favoris, ce sont ceux qui sont très liés aux protagonistes ! Un.e ami.e, un frère une sœur un parent, etc... Car l'histoire raconte autant celle du héros que la leur et je trouve que ça leur donne beaucoup de profondeur. Mes antagonistes sont des personnages qu'on connaît souvent des le début du récit (mais ça veut pas forcément dire qu'on sait qu'ils sont les antagonistes des leur première apparition) et je les traite le plus réaliste possible, dans la forme comme dans le fond

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LionneBlanche
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par LionneBlanche »

Coucou !

Pour moi, tu réponds déjà parfaitement à tes propres questions : « Qu'est-ce qu'un ennemi ? Un personnage dont les intérêts sont opposés à ceux du héros de l'histoire, et qui par ses actions va mettre en danger, dénigré, blessé, tuer le héros ou ses proches ? »

Doit-il nécessairement être méchant ? Non :) Méchant, ce n’est qu’une question de point de vu, au final : on est surement tous le méchant d’un autre, mais qui se dit qu’il est méchant ? Qui se considère vraiment lui-même ainsi ? Pas grand monde, je suppose… Chacun suit simplement son propre chemin, ses propres intérêts. Le plus important chez un antagoniste, la chose sur laquelle je me concentre le plus, c’est sa volonté. Pourquoi agit-il ainsi ? Jusqu’où est-il prêt à aller pour cela ? Quand on sait répondre à ces questions, même si on ne le dit pas dans l’histoire, je pense que le lecteur, lui, le sentira, que c’est justement ce qui donnera sa profondeur au personnage.

Je passe beaucoup de temps face à mes personnages, à leur demander : qui es-tu ? Pourquoi ? D’où est-ce que ça vient ? Dès qu’ils passent le cap du simple figurant, j’ai besoin de leur construire une véritable vie, de leur naissance à leur présence au sein du récit. Parfois, je remonte jusqu’à leurs grands-parents pour mieux les cerner, ^^ et même si évidemment, je ne dirais jamais tout ça car ça n’intéresse pas le lecteur, disons que… j’espère que ça se sent. ^^

Pour ce qui est de leur apparence, en revanche, je m’en occupe beaucoup moins. ^^ Ils ne sont pas plus vêtu de noir qu’un autre, ni plus moches ^^ (la très grande majorité des gens qu’on considère désagréables à regarder ne sont heureusement pas méchants ^^) Ils sont juste normaux. Bien souvent, c’est la douleur qui les conduits aux extrémités, mais alors, ça se voit surtout dans le regard, dans les failles qu’ils peuvent laisser transparaître, bien plus que dans leur apparence. Un antagoniste est humain quand il hésite, quand il doute, quand il souffre, quand faire du mal aux autres ne lui fait pas forcément du bien à lui, mais qu’il considère qu’il n’a pas d’autre choix.

Pour moi, en vrai, le pire, ce ne serait pas qu’on me fasse du mal ; mais qu’on le fasse en toute conscience, en s’en excusant, mais sans pour autant y renoncer… Là c’est horrible ! ^^

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Gabhany
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par Gabhany »

Hello ! Super intéressant comme sujet, merci [mention]Eryn[/mention] !

Tu parlais de Voldemort dans ton message, pour moi il est l'archétype du "méchant", style l'ogre dans les contes de fées. Il n'est QUE méchant. Et ce n'est pas très réaliste je trouve. Evidemment il fait son job dans l'histoire, mais il serait tellement plus intéressant s'il avait une famille, ou un grand amour perdu ou que sais-je.
Tout ça pour dire que dans la vie, nos adversaires ne le sont que parce qu'ils ont des intérêts opposés aux nôtres. Ils ne sont pas obligatoirement méchants, cruels ou malhonnêtes, mais ils nous empêchent d'avancer.
J'essaye toujours d'avoir ça en tête en créant mes antagonistes. Ils seront les adversaires de mon héros/héroïne, mais aussi les amis ou les amoureux de quelqu'un d'autre.
Et puis je trouve que montrer toutes les nuances de ton antagoniste, le rend plus imprévisible, et donc plus angoissant pour ton perso, ce qui est chouette à écrire ^^

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Arabella
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par Arabella »

Carrément super intéressant ce que tu dis [mention]Gabhany[/mention] !!! :astonished: <3

Je viens même de noter ce que tu dis pour bâtir mes antagonistes ! :DD
C'est vrai qu'un antagoniste, aujourd'hui, ne peut plus être méchant ! Les lecteurs en attendent plus !

Après je trouve cela intéressant les antagonistes "absents" (ceux qui comme tu dis Gabhany mettent des barrières à la progression du héros) mais qui en plus n'ont pas de forme précise, ou une forme flou, ou peu développée. Je trouve que finalement cette absence de description rend l'ennemi encore plus profond, vrai, inquiétant. Je me souviens avoir tremblé face à ces méchants. Les auteurs, par leurs non-dits, parviennent à mieux me faire croire à ce super méchant que s'ils avaient mis des tonnes d'infos sur lui !

Spoiles de Vango et la croisée des mondes (mes seules références apparement :dizzy: )

Vango
Spoiler
Le méchant est Staline, mais il est vu comme le grand méchant inquiétant, mais le lecteur ne sait que très peu de choses sur lui et le voit qu'à travers le regard d'une petite fille. Je trouve cela génial.
La croisée des mondes
Spoiler
Il y a plusieurs méchants (dont madame Coulter) mais finalement, le grand ennemi c'est l'église, une institution floue et non pas un personnage précis.
Pour conclure sur Voldy d'amour :

Je trouve que d'ailleurs des fanfictions se sont emparé du personnage de Voldy avec brio (bon, certaines...Ahah c'était pas une grande réussite) , mais certaines en ont fait un homme politique redoutable, avec des aspirations etc... un aspect policé... très dangereux mais aussi très passionnant. Et lui ont donné une profondeur plus importante que J.K. D'ailleurs, le tome 6 est très intéressant pour cela ! Je l'ai relu il y a quelques semaines et j'étais frappée de me rendre compte que les passages que j'aimais le plus de ce tome c'était l'étude de la "psychologie" de Dumby et Harry pendant leurs petites séances.

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DraikoPinpix
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par DraikoPinpix »

Les méchants... ça a toujours été intéressants à écrire.

Pour ma part, mes antagonistes ne sont pas de mauvaises personnes : ils ont une famille, ils aident mes héroïnes et, surtout, sont très fidèles envers leur patrie, voire dans l'impossibilité d'agir autrement de peur de perdre leur place ou les personnes qu'ils aiment. Mais bon... faut pas les faire chier quoi : tu t'opposes à leur volonté, ils sont prêts à tout pour t'y faire plier.

D'ailleurs, dans mon deuxième roman, j'ai créé plusieurs personnages en pensant qu'ils seraient un groupe uni. Et bien, en écrivant mon plan, j'ai réalisé que l'un d'eux serait un parfait antagoniste. Et pourtant, ce n'est pas quelqu'un de méchant, qui tue des gens sans faire preuve de pitié, qui veut détruire tout le monde. Non, c'est quelqu'un avec de grandes valeurs.

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Gabhany
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par Gabhany »

[mention]Arabella[/mention] mwo t'es chou <3 C'est vrai que les "méchants" ne sont même pas forcément des êtres humains, tu as raison , la Croisée des Mondes est un bon exemple. Et dans ces cas là, ce qui les rend inquiétants, c'est l'impénétrabilité, l'impossibilité de les attendrir, de les influencer ou quoi que ce soit (je pense au cas d'une institution comme l'Eglise dans la Croisée des Mondes). Ca doit être intéressant aussi à traiter.

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DraikoPinpix
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Re: Donner de la profondeur à ses antagonistes

Message par DraikoPinpix »

Des entités, en tout qu'antagoniste, j'aime bien aussi. Ou des organisations.
Perso, je retiendrai toujours le Néant de l'Histoire sans Fin. :)

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