Arod29 a écrit : ↑07 juil. 2021, 22:01
les gens qui vont l'acheter vont probablement l'apprécier et toi ou moi ne l'aimeront pas car nos critères qui rendent un livre "bon" ne sont pas les mêmes.
Certes, mais là, on sort complètement du débat bon/mauvais pour rentrer dans des considerations "j'aime/j'aime pas", qui n'ont a mon sens rien à voir. On peut aimer quelque chose qu'on ne peut pas reconnaître comme bon si on veut être de bonne foi, c'est le fameux "plaisir coupable" (pour donner un exemple, j'adooore les vieilles romances kitschissimes qui ne se dégottent qu'au fin fond des cartons d'une quinqua dans les braderies mais je trouve ça quand même de très mauvaise qualité). Tout comme on peut reconnaître que quelque chose est objectivement bon, de bonne facture, bien ficelé, bref, avec des tonnes de qualités mais ne pas l'aimer tout de même à cause de questions de goût. Bref, dire que quelque chose est bon/mauvais parce que les gens l'apprécient/ne l'apprécient pas, à mon sens, c'est hors sujet. Ce serait comme si, sur un forum culinaire, on se demandait ce qui fait la bonne ou la mauvaise cuisine et qu'on répondait : "Y a quand même plein de gens qui aiment le fast-food donc on est en droit de se dire que c'est de la bonne cuisine". C'est pas faux de dire que plein de gens adorent le Mcdo et qu'il n'y a rien de mal à préférer un bon gros Big Mac plutôt qu'un repas de chef étoilé, c'est juste que la question n'est pas là, principalement parce que les cuisiniers, dans l'histoire, c'est nous.
Pour repartir un peu sur la question initiale, je reste un peu sur ma théorie première qui est qu'un mauvais livre, c'est un livre qui essaie de dire quelque chose mais qui n'y parvient pas à cause de choix narratifs qui ne sont pas pertinents. On a tous un jour tenu un roman qui nous a fait nous dire : "Oh, chouette, je vois ce que t'as essayé de faire, là, mais c'est vraiment très raté". Le ratage peut ensuite prendre différentes formes : des personnages creux, un scénario bancal ou trop vu, des thèmes mal maîtrisés, une prose pas adaptée à ce qu'on veut créer comme ambiance, bref, plein de choses.
Je me suis récemment rendu compte, en lisant un texte sur Scribay qui souffrait très très fort de ce problème, qu'un des écueils qui faisait très vite passer un roman de bon à très mauvais, c'est le manque de subtilité, surtout dans l'aspect "moral" de l'histoire. Je ne sais pas si c'est strictement personnel ou non, mais rien de plus rapide pour donner envie de jeter un bouquin par la fenêtre que l'auteur(e) qui te martèle au visage des choses qui devraient être subtiles. Vous savez, le fameux : "Cindy, agacée de cet affront, la fusilla du regard" (où tu comprends par toi même que Cindy est une gougniafière par le contexte autour et parce que tes neurones se touchent) qui se transforme en : "L'affreuse Cindy, qui s'agaçait inutilement de ce qui n'était pourtant que la vérité, lui lança un regard méchant de ses yeux couleur caca". Ça passe aussi par l'auteur(e) qui te pète, répète et rerépète la morale de son histoire en boucle, jusqu'à la nausée (ceux qui ont lu Autre Monde de Maxime Chattam verront très bien de quoi je parle). Bref, l'auteur(e) qui force le trait pour que son lectorat, composé bien évidemment de moules, bulots et autres crustacés un peu bas de plafond comprennent bien ce qu'ils doivent comprendre. J'ai toujours un peu l'impression d'être prise pour une idiote et j'apprécie assez moyennement.