La mort

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DraikoPinpix
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La mort

Message par DraikoPinpix »

Je me suis faite beaucoup de réflexions sur la mort d'un personnage. Je vais vous avouer quelque chose : je suis quelqu'un qui a tendance à zigouiller mes persos. Mais là, plein de questions se posent. Comment voyez-vous la mort dans un roman ? Qu'est-ce qu'elle peut apporter ? Bon, c'est très bateau, mais laissez-moi vous montrer ma vision des choses.

Perso, la mort ne permet pas que de surprendre les lecteurs et lectrices, de les émouvoir ou d'éliminer un antagoniste. Elle m'a servie dans plusieurs cas, dont ceux-ci :

* Laisser la place à un autre personnage ou même au héros ou à l'héroïne ("tu as toutes les compétences pour régler le problème. Ça pourrait être toi le héros ou l'héroïne, mais j'ai pas envie que tu lui piques la vedette"). Donner au protagoniste un gros lot de difficulté, mais le rendre aussi plus indépendant.e ("allez ! Fais sans lui/elle, maintenant !")
* Une morte "discrète" (un perso meurt à tel moment, dans de telles circonstances… mais finalement, il n'est mort ainsi. Ce moment était un alibi, en gros).
* Une mort "motrice" : la mort des parents (proches ou éloignés) qui amènent le protagoniste à partir en quête, par exemple. Le désir de vengeance, tout ça, tout ça. Classique.
* Se débarrasser d'un personnage que j'ai trouvé un moment beaucoup trop "encombrant" ("bon, qu'est-ce que je vais faire de toi, finalement ? Tu as fait tout ce qu'il fallait, mais je n'ai plus envie de continuer avec toi"). Oui, c'est cruel, mais ça m'arrive XD
* Et… je ne sais plus. Après, j'utilise les trois cas cités plus hauts : tuer pour surprendre, tuer pour émouvoir et tuer un antagoniste.

La mort m'a toujours fascinée dans la fiction. La mort d'une personne chère peut hanter le protagoniste, le pousser à agir de telle manière et peut justifier ses actes.

Néanmoins, la mort d'un personnage ne me laisse pas de marbre. J'ai pleuré comme pas possible quand j'ai tué des personnages et parfois, je crains les avis des lecteurs et lectrices. Oui, on peut se faire haïr d'avoir tué un perso XD

D'ailleurs, depuis quelques semaines, une question me perturbe : Peut-on tuer n'importe quel personnage ? Par exemple, je voyais beaucoup de gens se plaindre de la mort de personnage faisant partie d'une minorité (perso racisé, LGBTQ+, neuroatypique et j'en passe). Mais à quel moment peut-on trouver que leur mort dérange ou est injuste ? La plupart du temps, je lisais que c'était parce que la mort était rapide et on passait à autre chose ensuite. Logique, ça m'énerverait aussi, dans certains cas. Je repense au nombre de persos noirs qui ont été injustement les seuls à mourir quand ils étaient du côté du héros ou de l'héroïne. J'avais entendu parler de l'expression "bury your gays". Est-ce que c'est la même chose ?

La mort d'un personnage peut être vexante. Mais, je pense que tout dépend de comment elle est traitée : si on fait claquer un perso et qu'après, on en parle plus (ou brièvement), je comprends que ça énerve. La mort fait partie de la vie et, souvent, insister sur le décès d'un perso est important. Le mort ou la morte est là, mine de rien, aux côtés du personnage qui l'a chéri.e, comme un fantôme. Il ou elle poussera le protagoniste dans ses motivations.

Et vous, racontez-moi votre vision de la mort :)

(Désolée, mon message est peut-être très brouillon. ^^')

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Pandasama
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Re: La mort

Message par Pandasama »

Mon avis est super simple, si un personnage doit mourir, il doit mourir, mais ça ne doit pas être fait par complaisance ou pour se donner un coté "sans limite" "gameofthronesque", comme j'ai pu le voir dans certaines œuvres
Spoiler
Je te regarde Akame ga kill
.

Honnêtement, je me fiche du "passif" du personnage, je veux juste que la mort aie un sens. Qu'elles soient décente, pas un truc au détour d'une ligne... puis osef !

Après je sais que j'aurai du mal a tuer mes perso, mais c'est personnel, quand je lis un roman, si un perso que j'aime bien meure je chiale comme un gros caca, mais ça me fait pas décrocher un roman... A quels exception près... Spoiler de Red rising t3
Spoiler
La "mort" de Sevro a faillit me faire arrêter la lecture
.

Bref... Voilà

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Audrey Lys
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Re: La mort

Message par Audrey Lys »

[mention]DraikoPinpix[/mention] question très intéressante je trouve !
Personnellement j'essaie d'articuler les morts selon un équilibre qui tient entre deux choses :
  • L'utilité scénaristique de cette mort et l'impact qu'elle aura sur les personnages ainsi que les thématiques qu'elle soulève (deuil, résilience etc...)
  • Les perso :'D Je suis mi-jardinière mi-architecte, donc même si je fais des plans, il arrive que certains perso fassent leur vraie tête de mule et refusent de mourir, et inversement (oui y a des peso qui se précipitent vers des situations dangereuses j'y peux rien)
Après, quand je fais mourir un personnage, je me pose la question : est-ce que c'est une bonne mort, bien mise en scène ? (émotionnellement pour les perso et les lecteurices, scénaristiquement) et là je fais la liste de ce qui fait la mauvaise mort par élimination. Je trouve que le cinéma (plus que les livres) nous a montrés pléthore d'exemples de mauvaises morts, et ainsi comparer à ce que je connais et que j'estime mauvais (ou pas spécialement bon) me permet de juger ce que j'ai fait/veut faire. Exemple : la mort de Sirius dans HP 5 qui est expédiée en deux minutes.
Je ne fais pas de différence entre les personnes racisées, LGTBQ+ (j'espère que j'ai oublié personne)(du moins s je le fais c'est inconsciemment). S'ils doivent, ils meurent. Pour moi le mauvais point se trouve dans le traitement du personnage de son vivant et de sa mort, pas dans la mort elle-même. Quant au fait que la mort ne soit pas bien traitée, c'est nul quelque soit le personnage. La mort est un moment important dans un récit, elle doit être particulièrement soignée. Ce sont des moments dont on se souvient généralement beaucoup plus que le reste.
C'est pour ça que je ne fais pas de mort pour surprendre (ça me rappelle la saison 8 de GoT... ), du moins pas uniquement. Il faut qu'il y ait beaucoup plus de raisons pour que je tue un personnage.
Voilà je crois que j'ai fait le tour^^

[mention]Pandasama[/mention] Akame ga kill, un exemple de "trop de morts tue les morts" x)

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DraikoPinpix
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Re: La mort

Message par DraikoPinpix »

J'aime bien Game of Thrones, mais les gens qui se la jouent comme tel, ça me gonfle ^^ Pareil, du moment que la mort est justifiée, qu'on attendait plus rien du personnage (genre des révélations, des questions en suspens). Faire mourir un perso juste pour faire "haaan ! t'as vu !! je l'ai tué !", c'est nul ^^.

Mais de même, je chiale beaucoup quand les persos meurent XD

Après, je me pose surtout les questions au niveau des minorités représentées. Certaines personnes prennent très mal la mort de ces personnages. Après, on ne peut pas plaire à tout le monde. Et comme tu l'as dit, [mention]Audrey Lys[/mention] , la mort est marquante et doit être réussie. La mort n'est pas "insultante". Elle peut être très belle. J'ai toujours aimé l'émotion que dégage la mort d'un personnage.

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Jupsy
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Re: La mort

Message par Jupsy »

J'interviens juste au sujet du "Bury your gay".

Je me permets juste de mettre une ressource pour ceux qui ne connaissent pas bien le concept : https://www.slate.fr/story/132485/arret ... r-les-gays

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arno_01
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Re: La mort

Message par arno_01 »

J'approuve [mention]Audrey Lys[/mention] sur l'utilité scénaristique et l'impact sur les personnages, qui sont pour moi les deux vraies questions à se poser quant à la mort d'un personnage.
(même si je comprend l'intérêt de se débarasser d'un personnage car il est encombrants, je cherche surtout à ce que sa mort chamboule le récit/les personnages. Il peut y avoir plein d'autres façon de se débarasser d'un personnage. Je me rappel Tolkien qui, dans Bilbo le Hobbit, envoi Gandalf contrer une vague menace pour l'éloigner de la compagnie, et les laisser faire leurs aventures - dans le libre la menace est très très vaguement expliqué, pas comme dans le film. )

Sur le traitement de la mort d'un personnage, il y a deux points à différencier
- la mise à mort : Je pense que la mise à mort peut être rapide, parfois même un peu idiote (mais il faut pas trop exagérer ce point, au risque que les lecteurs se disent que l'auteur voulait le tuer, juste pour s'en débarasser). De même il faut garder de la cohérence vis à vis du personnages, si c'est un très bon combattant, peu de chance qu'il meure simplement dans un petit combat - le blesser lourdement est déjà plus cohérent. Après, il faut aussi que la situation de danger se fasse ressentir pour que le lecteur comprenne/adhère à la mort.

- Le souvenir de sa mort / l'impact que sa mort à sur les autres personnages : c'est je pense le principal défaut des morts de 'communautés' dans tu pouvais parleer [mention]DraikoPinpix[/mention] . Dans certains films/série/livres des membres de minorités étaient un peu mis pour montrer la diversité, mais tuer facilement sans que cela ait de l'importance dans le récit. (et voir remplacé par un autre personnage de minorité, appelé également à mourir dès que besoin). Si la mort du personnage a un vrai impact dans le récit, sert à l'histoire, influence les personnages, il n'y a selon moi rien à redire. Mettre à mort un personnage, et ne plus en parler est frustrant. Mais si sa mort influence l'histoire et tu continues à en parler, ce n'est pas la même chose.

Pour reprendre [mention]Pandasama[/mention] , me concernant une mort rapide (même au détour d'une ligne), mais le "puis osef" me dérange énormément.

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Sabi
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Re: La mort

Message par Sabi »

J'ai été très touché pendant mon adolescence par la mort d'un personnage dans Tara Duncan. Non pas que j'aie pleuré ou quoi que ce soit, non c'était plus dans la description du deuil de Tara qui s'en suit, où l'on sent toute la détresse et surtout le désespoir du personnage, chose qui me fascinait.

Je le confesse, je suis un énorme sadique concernant les personnages de fiction. J'adore les scénarios à torture mentale où le personnage est "violé" par un événement. Je pense particulièrement à Steins Gate ou à Re zéro épisode 15 (seuls les vrais savent mouhahahahahahahahahaaaa !).
Le désespoir, la culpabilité et la tristesse qui se conjuguent pour former un gigantesque trou noir dans la psychologie du personnage, cela me fascine profondément.

Ainsi, pour moi, la mort est un outil divin afin de pousser un personnage cible dans les méandres d'une aliénation profonde, mais temporaire. La mort est une blessure qui ne disparaîtra jamais tout à fait, mais qui peut être dépassée. Le personnage se relève alors, pas forcément plus fort, mais en tout cas, plus résistant.
La mort est une transformation, un changement d'état autant pour celui qui part que pour celui qui reste. C'est l'occasion pour l'auteur de donner dans le tragique, et de métamorphoser son personnage à envie.

Il y a bien sûr eu des moments où j'ai été dégoûté de voir un personnage mourir, mais jamais vraiment au point de me sortir d'un roman.

Quant à ces polémiques de fans qui râlent à cause de la mort de personnages, je ne me sens pas concerné. L'auteur ou l'autrice est libre de faire ce qui lui chante. Si l'on commence à émettre des interdictions quant à la mort d'un type de personnages par rapport à d'autres, l'imagination est déjà morte, et l'art de l'écriture avec lui.
L'imagination est par définition indissociable de la liberté de penser. Cette liberté est par nature infinie, sinon, elle n'est pas. C'est pourquoi, si je vomis des oeuvres comme celles de Nabokov et sa "Lolita", je la tolère et la laisse être diffusée normalement sans rien dire, car c'est la liberté de l'expérience humaine.

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Audrey Lys
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Re: La mort

Message par Audrey Lys »

[mention]Sabi[/mention] je suis curieuse, de quel mort parle-tu ? (j'ai lu tout Tara Duncan)
Je suis d'accord avec toi pour ce qui st de Steins;Gate, les traitements du deuil et du traumatisme sont super bien gérés.

Par contre je ne vois pas en quoi une liberté doit être infinie. Au contraire, elle ne doit pas l'être, parce que cela la confronterait forcément à la liberté d'autrui. Mais c'est un autre débat.

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Eryn
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Re: La mort

Message par Eryn »

Les livres ou films dans lesquels la mort a selon moi été la mieux mise en scène, c'est quand celle-ci m'a émue !
Pour le coup, dans HP5, celle de Sirius m'a fait pleurer toutes les larmes de mon corps, et pas uniquement parce que j'adorais le personnage.
En fait ce qui est extrêmement bien fait avec lui, c'est que l'auteure a réussi à nous faire nous attacher à lui plus que de raison !
1 : C'est un monstre horrible / 2 : Ah ben non en fait, finalement il est trop génial et faut le sauver ! / 3 : putain ouais, on l'a sauvé et il est réellement génial ! En plus on voit sa relation avec Harry qui se crée et on sent qu'ils sont extrêmement attachés l'un à l'autre / 4 : on le remet en danger et ça fait flipper, en même temps on se dit qu'il va peut être enfin être innocenté pour de bon ! / 5 : Haha ! Bah non en fait ! Dans le c...
Bon ouais ! Faire mourir les personnages pour lesquels le personnage principal à un attachement affectif fort, c'est génial ! Mais pour que ça marche, il faut aussi que le lecteur se soit attaché à ce personnage !
Celle de Cédric est différente : elle est bien moins émouvante, mais hyper importante d'un point de vue narratif : déclenchement réel du retour de Voldemort, quoi de mieux qu'un petit meurtre pour pleinement revenir à la vie (symbolique), et aussi premier contact de Harry avec la mort sous ses yeux d'un de ses camarades !

Après, il y a aussi d'autres morts hyper intéressantes :
- Enquête policière : le seul personnage qui détient toutes les réponses les a emmenées dans la tombe.
- Au moment où il s'apprête à tout révéler, quelqu'un l'élimine.
- La mort qui fait réfléchir le personnage sur lui, sur sa vie etc, lui donne un électrochoc.
- La mort qui fait prendre conscience d'une injustice et qui est le point de départ d'une révolution/rébellion etc.
- La mort point de départ d'un chemin psychologique, la question du deuil (toutes les morts dans HP, ce ne sont que des étapes de l'arrivée à l'âge adulte : le personnage perd peu à peu ses mentors, jusqu'à accepter pleinement la mort comme étant une étape essentielle de la vie). Trop intéressant chez JKR !
- La mort qui vient enrayer le parcours du personnage, lui fait expérimenter le deuil et les remises en question...

Bref, on peut en trouver des dizaines, c'est passionnant !

Draiko et Jupsy : J'ai fait deux trois recherches rapides concernant "Bury your gay", je suis au passage tombée sur des articles de "conversion therapy" :screaming: Euh sérieux là ? on se croirait dans de la science fiction... Je suis choquée. Sur wikipedia, ils ont mis la liste des pays interdisant ce genre de pratiques, certains n'ont "validé" la loi que dans les années 2010 !! J'hallucine complet ! Bon déso, je dévie complètement du sujet et je lance encore un sujet polémique, si les modo pensent que c'est inapproprié ici je modifierai le message, mais merde. Je suis trop choquée !

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Sabi
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Re: La mort

Message par Sabi »

[mention]Audrey Lys[/mention] Aucun personnage ne meurt vraiment dans Tara Duncan, mais durant l'invasion fantôme, il y a un long moment où l'on croit que
Spoiler
Robin
est mort.
Quant à la liberté, elle est infinie à partir du moment où il s'agit d'un domaine métaphysique. Tu peux imaginer ce que tu veux, même les choses les plus horribles, n'est-ce pas ?
Quant au physique, à la base, la liberté de choix est infinie, c'est la morale et les valeurs d'un individu qui la restreignent. Virtuellement, tout un chacun peut faire le choix de devenir un meurtrier en série dans la seconde. Ce choix existe. Peu le font, car la nature humaine est par essence bonne. Mais cette liberté de choix demeure.

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