Alors, juste pour rebondir sur les dys, et plus particulièrement sur les dyslexiques. Il n'y a quasiment aucun dyslexique au Japon. Pourquoi ? Pendant longtemps, on a cru que juste ils n'étaient pas diagnostiqué ou que les enseignements étaient cool. Sauf que non. Une étude française a montré que les troubles dyslexiques en France viennent du cerveau qui a du mal à séparer certaines lettres/à faire la distinction, ce genre de chose. Bref, que c'était la forme des lettres qui posaient soucis. Et qu'au Japon, il n'y avait pas ces confusions. Il y avait d'autres problèmes, mais pas la dyslexie comme on l'entend en France.
Donc OUI, c'est inné. Mais certaines écritures (plus que les langues) pour le coup, peuvent jouer. Et en ce moment, ya des études pour voir si la récurrences plus ou moins importantes peuvent pénaliser ou pas, vu que ya certaines lettres qui posent plus problèmes que d'autres.
Bon, ça c'est pour la dyxlexie, les autres je connais moins
Je ne suis pas prof. Je n'ai pas vraiment de recul. Mais l'aspect positif, c'est que j'ai été - et que je suis toujours - du côté des élèves. Et même si je n'étais pas en REP, j'ai une portion du point de vue des élèves "nuls en français". Et à ce qu'il me semble (mais je ne prétends en aucun cas que mon opinion a valeur de vérité), on se trompe complètement en associant la réforme de l'orthographe à l'éducation.
Je tente de m'expliquer. D'abord, le cas général, "ça rendra le français moins compliqué pour les élèves" : le français *est* une langue compliquée pour plein de raisons : vocabulaire très varié, abondance de phonèmes, grande variété de conjugaisons possibles sans même sortir de l'indicatif, formes participiales et le grand oublié, le fait que c'est une langue qui encourage à l'accumulation de propositions dans une seule phrase. Pour rendre le français effectivement moins compliqué, il faudrait supprimer tout cela et ce ne serait plus vraiment la même langue.
Ensuite, la spécificité des dyslexiques : réformer l'orthographe ne changera rien au fait que le français comporte beaucoup de mots longs, or c'est cela la base du problème dyslexique (je ne me prononcerai pas sur les autres problèmes en dys-). L'amélioration, en cas de réforme, sera présente, mais ténue.
"Les élèves sont moins bons qu'avant" : oui, c'est vrai aussi, mais encore une fois pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la langue elle-même (puisque si les enfants des années 60 en étaient capables, pourquoi pas nous ?). Les enfants et adolescents lisent moins et ils baignent dans une société où la culture du livre est beaucoup moins prégnante ; l'école a perdu une partie de son prestige, y réussir n'est plus tellement valorisé (c'est même plutôt l'inverse, surtout du point de vue de ceux qui y étudient), du moment qu'on a son bac ; les fractures sociales et éducationnelles sont plus prononcées qu'autrefois, et le nombre d'élèves dont les parents ne parlent pas français plus élevé.
Enfin, "il faut que le français soit plus facile à apprendre" : mais l'immense majorité des élèves n'a pas à apprendre le français, justement, c'est leur langue maternelle. Même ceux dont les parents ne parlent pas un mot de français sont très souvent nés en France. Et il est parfois difficile de se figurer une fois atteint l'âge adulte l'extrême plasticité du cerveau d'un enfant (ou plus généralement d'un étudiant) et la quantité d'information que l'on peut y faire entrer. La langue française n'est pas dure. Elle est souvent fastidieuse à intégrer, mais pas dure. Et de toute manière le problème est ailleurs.
Le problème, c'est que dans les années 60, les professeurs avaient comme unique rôle la transmission des connaissances. La discipline était plus facile à faire régner sur les élèves mais surtout il n'y avait pas de dealers à la sortie des collèges contre lesquels les prémunir (si vous pensez que j'exagère demandez une confirmation à d'autres jeunes Plumes), pas d'Internet contre lequel lutter, moins de matières à enseigner... Mais encore une fois, de mon point de vue, ce monde plus complexe n'est pas le c?ur du problème. Le c?ur du problème, c'est que plus personne n'a foi en l'école : ni les profs, ni les parents (une autre problématique : les parents d'élèves sont devenus chiants) et surtout pas les élèves.
Les élèves en échec scolaire ne sont pas des imbéciles et ils ne sont pas trop bêtes pour la langue française. Ils ont tout simplement renoncé à l'école. Il faut que tu travailles à l'école. Pourquoi ? Pour faire des études ? Pourquoi ? Pour avoir un taf. Pourquoi ? Pour avoir un salaire. Pourquoi ? Pour gravir les échelons. Pourquoi ? Pour avoir une maison. Pourquoi ? Pour fonder une famille. Pourquoi ? Pour être heureux. *Haussement de sourcil dubitatif.*
Le fait est que la plupart des enfants aujourd'hui ne savent ni où ils vont ni ceux qu'ils veulent, et ça commence dès l'école primaire. Dès lors, aucune raison de s'investir et la langue perd son importance, pire, son sens. Aujourd'hui, pour être prof, il ne faut pas seulement maîtriser la langue française, il faut aller chercher les élèves dans les gouffres d'hébétude où ils flottent et les ramener vers les rivages du savoir. Et c'est une science subtile. Je me rappelle d'une prof de français et de latin très exigeante envers ses élèves. Au moindre oubli de cahier ou bavardage, c'était copier oublier ou bavarder à tous les temps et tous les modes. Et c'était la bonne chose à faire. Déjà parce que son cours était un spectacle en soi, avec sa façon de parler tellement surannée, bizarre, sa voix haut perchée... Mais aussi parce qu'elle ne réagissait jamais par la colère, elle ne poussait jamais un élève dans ses retranchements. C'était juste tel ou tel verbe à tous les temps et tous les modes. De cette façon, elle communiquait, non seulement parce qu'elle utilisait une sorte d'humour à vanne étrange et de ce fait se rapprochait du mode de discours de ceux en face d'elle, mais aussi parce qu'elle n'impliquait pas les parents. Pas d'heure de colle, pas de mot à faire signer. Juste une bonne grosse tartine de conjugaison. C'était entre l'élève et elle. Et plus l'élève était turbulent et borderline... plus il devenait bon en conjugaison. S'apercevoir qu'on peut devenir bon, et même excellent dans quelque chose de réputé aussi relou que la conjugaison, quand on est en échec scolaire, c'est pas rien.
Bref, je n'affirme pas que c'est l'exemple à suivre, je dis juste qu'il est possible d'enseigner le français tel que nous le connaissons même aujourd'hui. Après, je ne suis pas fondamentalement opposée à une réforme de l'orthographe. Je dis juste qu'à mon avis elle n'aurait que très peu à voir avec l'éducation.
@Flammy, pour te répondre, et tout en approuvant au passage ce que dit @Mouette, il s'agirait donc plutôt d'un problème de graphie et pas d'orthographe ou de grammaire si je comprends bien...
@Aranck Oui, de graphie, mais pas que ^^ Certaines lettres portent plus à confusion que d'autres, de mémoire par exemple p/d/b. Donc une langue qui aurait plus de ces lettres, seraient plus difficile pour des dyslexique, idem pour les mots trop longs qui sont plus compliqués, mais pour ces deux facteurs, je ne sais pas à quel point le français est pire que les autres.
Et il y a aussi des dys phoniques (je ne sais plus le nom, mais qui ont du mal à dissocier des sons), et là pour le coup, le français c'est une horreur parce que ya trop d'orthographe pour le même son x)
Ah bah merci @Mouette pour cet énorme pavé avec lequel je suis totalement d'accord (j'allais en faire un équivalent).
De toutes manières, la réforme de l'orthographe qui a eu lieu et qui est à l'origine de se topic n'aide en rien les élèves. C'est une réforme dont le but est de corriger des "erreurs" lexicales. Alors je ne suis pas foncièrement contre ce genre de réforme, mais qu'on ne me dise pas que les élèves auront plus de facilité parce qu'ils vont apprendre "nénufar" au lieu de "nénuphar" surtout qu'ils vont grandir dans un monde où on écrit les deux donc ça va plus les embrouiller qu'autre chose. En fait cette réforme me laisse un goût de "ça sert à rien" parce que bon, savoir qu'on doit pas mettre un ph à "nénuphar" parce que ça vient pas du grec, je sais pas vous, mais moi je m'en fou. Et c'est pareil pour les autres exemples cités plus hauts.
Ah, et je plussoie Mouette quand elle dit que les dealers sont omniprésents. J'ai fait un sondage dans ma classe de 1ère S l'année dernière et les résultats sont tombés : 2/3 des élèves consommaient plus ou moins régulièrement. Et il faut ajouter à ça que la plupart se bourrent allègrement la gueule tous les week-end.
J'ajouterais que le français est difficile, certes, mais qu'il y a un énorme manque de motivation et de bonne foi de la part des élèves qui préfèrent se piquer leur stylo plutôt que d'écouter le prof. Je comprends cette attitude, mais bon après il ne faut pas s'étonner d'être nul en français (et ça vaut pour toutes les autres matières).
Bon, je vais juste faire un petit résumé de la réforme de 90 ^_^
La réforme de 90 porte sur 7 points importants et quelques modifications ponctuelles
* **les noms composés** avec un trait d'union du type verbe+nom (porte-avion) et préposition+nom (après-ski) forment leur pluriel en mettant la marque de celui-ci sur le second élément. Avant la réforme c'était selon le sens.
De plus, beaucoup de mots anciennement composés ont été soudés.
* **Les numéraux composés** avant 90 on ne devait mettre un trait d'union que s'il n'y avait pas de "et" et que le chiffre est inférieur à 100 (deux mille trois cent vingt-trois) après 90 on met un trait d'union entre tous les éléments (deux-mille-trois-cent-vingt-trois)
* **L'accent grave** avant, on ne mettait un accent grave que si le "e" est précédé d'une autre lettre et suivi d'une syllabe avec un "e" muet. La réforme de 90 généralise l'usage de l'accent grave pour se calquer sur la prononciation (et "je céderai" devient donc "je cèderai").
Ça ne vaut évidemment pas pour "appeler", "jeter" et dérivés
* **L'accent circonflexe** La réforme de 90 supprime l'accent circonflexe (qui était avant incohérent et arbitraire) sur "i" et "u", sauf dans les cas où il a une fonction distinctive
* **Le tréma** avant 90 le tréma sert à indiquer que la voyelle précédente ne fait pas partie d'un digramme (et donc il faut mettre un tréma sur le "e" de aiguë pour montrer que le "u" doit se prononcer séparément du "g" xD ). Maintenant le tréma se met sur une voyelle pour indiquer que celle-ci ne fait pas partie d'un digramme.
* **Le pluriel des emprunts** la réforme de 90 sert à uniformiser la formation du pluriels de mots empruntés pour lesquels il y a une hésitation ("des scenari" devient "des scenarios", "des syllabi" devient "des syllabus" ou "des maxima" devient "des maximums")
* **Laisser + infinitif** après 90, "laisser + infinitif" suit la logique de "faire + infinitif" et devient invariable
* Et donc les cas spécifiques sont vraiment ponctuels et ne constituent absolument pas l?essentiel de la réforme. En vrac : nénuphar => nénufar / oignon => ognon / boursoufler => boursouffler / saoul => soul / ...
Les rectifications orthographiques de 1990 ont été traitées précédemment [sur notre forum](http://www.forumplumedargent.fr/topic/3 ... es-de-1990) (dans la rubrique Premiers secours / Français 101).
Et j'insiste, ce n'est pas une réforme.
Oups désolé @Fannie, je ne savais pas, je ne voulais pas faire doublon ^_^' et effectivement le terme qui m'a marqué dans mon cours de grammaire c'est "réformette" xD