@Toluene, il y a des histoires qui font partie de l'imaginaire collectif depuis de longues années, qui se sont transmises oralement sur des générations, et dans ce sens, le premier qui les écrit ne peut pas s'en attribuer la paternité. Il y a aussi des personnages qui sont des archétypes ou qui sont assez peu définis et dans ce cas, n'importe qui peut les reprendre.
Par exemple, quand nous avons fait le concours de Noël sur la petite fille aux allumettes, ça ne m'a pas dérangée parce que cette petite fille n'a pas de nom, elle n'a pas de caractéristiques particulières (à part ses cheveux blonds) et ça pourrait être n'importe quelle petite fille pauvre vivant dans la même région à la même époque.
Le fait de s'opposer aux fanfictions ne fait pas d'un auteur un hypocrite, à moins qu'il en écrive lui-même.
@Dan, je reprends certaines de tes questions :
Pourquoi faudrait-il demander l'avis de l'auteur ?
C'est une question de respect. On sait que ça ne plaît pas à tous les auteurs, alors il me semble que ça relève de la politesse et des égards les plus élémentaires de leur demander leur avis avant de s'approprier leurs personnages ou leur univers.
À partir du moment où il offre son histoire au public, où il demande à être lu bref, à partir du moment où le créateur demande à des inconnus d'absorber son histoire dans leur imaginaire, pourquoi devrait-il les empêcher d'exprimer ce qu'ils en pensent/aiment/regrettent de la façon dont ils l'entendent, tant qu'ils n'espèrent pas se faire de l'argent avec leur forme d'expression ?
Les droits d'auteur ne sont pas qu'une affaire financière ; il y a aussi le droit moral de l'auteur. Ce n'est pas parce qu'il est difficile à défendre que ça autorise les gens à faire tout ce qu'ils veulent.
Le fait de publier une histoire ne la fait pas tomber dans le domaine public (à moins que l'auteur l'ait clairement spécifié) et il ne saurait constituer un consentement implicite vis-à-vis de la fanfiction ou de toute autre manière de s'approprier et/ou modifier des éléments de son histoire. L'auteur livre généralement une œuvre terminée (même si c'est un volume d'une saga), qui n'a pas vocation à être complétée, modifiée, paraphrasée, etc. L'auteur cherche des lecteurs, pas des gens qui vont récrire ou réviser son histoire.
Pourquoi est-ce que quelqu'un d'autre ne pourrait pas tenter sa propre interprétation ? Où est le mal finalement de le faire par écrit (et peut-être de le partager mais pas nécessairement) plutôt que de le cantonner à son imaginaire ? Et si on emprunte un personnage, est-ce qu'on va forcément le salir parce qu'on le connaît moins que l'auteur ?
Qu'on partage des fanfictions dans un cercle restreint comme un groupe de fans, dans un cours ou un concours, etc., pourquoi pas ? C'est le fait de les diffuser plus largement qui peut être dérangeant.
Si on emprunte un personnage, on va forcément le dénaturer (parce qu'on le connaît moins bien que celui qui l'a inventé, quelles que soient les qualités littéraires de la fanfiction) et on risque de modifier son image aux yeux du public. C'est ça qui serait grave à mon sens.
Les lecteurs peuvent donner leur opinion sur une œuvre ; ça relève de la liberté d'expression. La critique littéraire est une manière de le faire. Mais écrire une fanfiction n'est pas une manière d'exprimer son opinion ; elle porte atteinte au droit moral de l'auteur, à moins qu'il l'ait autorisée.
Quant aux auteurs qui font n'importe quoi de leurs personnages, on n'est pas obligé de les lire. Mais les droits d'auteur s'appliquent même aux navets.
