Ecrire des scénarios
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@Mouette C'est super ! Je pense sérieusement à reprendre des études en cours du soir pour devenir scénariste. Je cherche une école sur Lille. J'en trouve beaucoup sur Paris mais c'est un peu loin.
Je suis en phase de réflexion sur un premier scénario, et je cherche des sources pour avoir les techniques pour ne pas en trop ou pas assez. Tes conseils vont m'être très précieux, merci
Je suis en phase de réflexion sur un premier scénario, et je cherche des sources pour avoir les techniques pour ne pas en trop ou pas assez. Tes conseils vont m'être très précieux, merci
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D'ailleurs, toujours dans les conseils : mieux vaut en faire pas assez que trop. C'est plus facile d'étoffer et au cinéma, ce que tu prends pour pas assez est souvent déjà trop... Et essaye de limiter les dialogues. Le cinéma, c'est un art de l'image et du son, et c'est né sans dialogues.
- Audrey Lys
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Merci à toutes les plumes ! Ça m'aide aussi !
Et @Mouette , le découpage des scènes, on peut le mettre ? Sinon, pour les descriptions, c'est un peu comme au théâtre non ?
Et @Mouette , le découpage des scènes, on peut le mettre ? Sinon, pour les descriptions, c'est un peu comme au théâtre non ?
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@Audrey-Lys Le découpage se fait en séquences et obéit en gros au même principe, et oui, il faut obligatoirement le mettre, avec le lieu et le moment. Pour les didascalies, c'est effectivement un peu comme au théâtre, à part que c'est plus détaillée, surtout autour des dialogues.
Exemple sur une séquence :
**Séquence 4 : Intérieur nuit - Chambre de LOU**
LOU est affalée sur sa chaise devant son bureau. La nuit est tombée mais elle ne s'est pas levée pour allumer la lumière, seul le halo du réverbère de l'autre côté de la fenêtre vient sortir son visage de l'ombre. Un grand verre à pied avec un fond de vin rouge est posé sur la table. MARION entre d'un pas énergique et va se planter devant LOU sans que celle-ci ne bronche.
**MARION, sèche**
Ça fait deux heures que je te cherche.
**LOU, ivre**
Bah tu vois, j'étais là, pas la peine de t'inquiéter.
MARION observe un instant le verre vide, voit la bouteille un quart pleine posée par terre et va allumer la petite lampe. Elle attrape une chaise, la pose face à la table, remplit le verre de LOU avec ce qu'il reste de vin et commence à boire.
**LOU, un peu mollement**
Mais !
**MARION, après un temps**
T'as mangé ?
LOU fait non de la tête. MARION soupire et va dans la cuisine. LOU reste assise, seule, le visage parcouru d'émotions fugaces.
Exemple sur une séquence :
**Séquence 4 : Intérieur nuit - Chambre de LOU**
LOU est affalée sur sa chaise devant son bureau. La nuit est tombée mais elle ne s'est pas levée pour allumer la lumière, seul le halo du réverbère de l'autre côté de la fenêtre vient sortir son visage de l'ombre. Un grand verre à pied avec un fond de vin rouge est posé sur la table. MARION entre d'un pas énergique et va se planter devant LOU sans que celle-ci ne bronche.
**MARION, sèche**
Ça fait deux heures que je te cherche.
**LOU, ivre**
Bah tu vois, j'étais là, pas la peine de t'inquiéter.
MARION observe un instant le verre vide, voit la bouteille un quart pleine posée par terre et va allumer la petite lampe. Elle attrape une chaise, la pose face à la table, remplit le verre de LOU avec ce qu'il reste de vin et commence à boire.
**LOU, un peu mollement**
Mais !
**MARION, après un temps**
T'as mangé ?
LOU fait non de la tête. MARION soupire et va dans la cuisine. LOU reste assise, seule, le visage parcouru d'émotions fugaces.
- Audrey Lys
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@Mouette super, merci ! Du coup les noms des personnages sont toujours en majuscules ?
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@Audrey-Lys Yep.
- Vava-Omete
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C'est super intéressant comme sujet o.o
@Mouette question très bête mais... c'est très différent d'écrire pour le cinéma que pour une pièce de théâtre ?
@Mouette question très bête mais... c'est très différent d'écrire pour le cinéma que pour une pièce de théâtre ?
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J'ai eu un cours là-dessus l'année passée en erasmus... Si des notes en espagol vous intéressent, faiîtes signe!
(Sans blague, je pourrai peut-être retrouver le logiciel utilisé pour la mise en page, c'était assez pointilleux. Nous étions chargés de la rédaction du premier épisode d'une série...)

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@Vava-Omete Oui, c'est d'ailleurs un gros piège de l'écriture de scénario, c'est de croire qu'il s'agit d'une écriture de théâtre. Ceci pour plusieurs raisons :
- le show don't tell, qui est un peu une "idéologie" en roman et qui est presque impossible à mettre en place au théâtre (tu peux montrer les intentions des personnages mais pas la trame du récit, elle doit être expliquée) est l'ADN, la logique première du cinéma, puisqu'il est né muet. Plus précisément, tout ce que tu peux dire, tu peux le montrer, soit en déroulant une action, soit grâce aux décors, soit par l'intermédiaire des bruitages (un outil d'une puissance inimaginable), soit des symboles. En vérité, alors que le théâtre est construit sur les dialogues, au cinéma, pour aller dans les extrêmes, les dialogues ne servent à rien
- La suspension volontaire de l'incrédulité. Au théâtre, le spectateur est profondément conscient que ce qu'il voit est faux, et pour cette raison tu peux te permettre certaines libertés dans le style, la langue, avec le quatrième mur, etc. Au cinéma, il a beau savoir que ce qu'il voit est faux, quelque part, profondément, pour une raison qui est un peu étrange, il croit que c'est vrai. C'est pourquoi tout ce qui va contre cette sensation aura un impact beaucoup plus fort qu'au théâtre
- De façon générale, au cinéma, presque tout incroyablement plus puissant le (presque recouvre tout ce qui a trait au sexe, qui est plus "puissant" au théâtre qu'au cinéma, où on est en quelque sorte habitué). Il est donc très facile de tomber dans le "too much". Les déclarations de Phèdre ou d'Antigone, merveilleuses au théâtre, auraient un mal fou à passer à l'écran. Le cinéma est un art profondément minimaliste
- Ecrire pour le cinéma, c'est écrire pour beaucoup de monde. Chaque chose à une importance énorme. Il faut beaucoup plus de didascalies pour les acteurs, d'indications de lumière, de décors, de son, des détails sur les costumes. Bien sur, il n'y a pas de recette. Mais dis-toi que chaque indication qui n'est pas donnée peut être recrée d'une façon qui va en totale contradiction avec tes intentions et en plus risque de mettre les techniciens et le réalisateur dans une situation compliquée
- Pour finir, il y a quelques règles très formelles dont il est difficile de se défaire, comme : les noms des personnages toujours en majuscule, aucune information à la lecture qui n'est pas donnée à l'écran, pour les dialogues, deux tabulations, nom du personnage en gras et réplique à la ligne, police hyper-lisible (préférence pour le Courrier New), et j'en oublie sans doute.
Bref, l'écriture de scénario est beaucoup plus contraignante et pratique, et beaucoup moins littéraire que l'écriture de théâtre. Le scénariste a beaucoup, beaucoup, beaucoup mois de pouvoir ou d'importance que le dramaturge. Il y a quand même quelques points communs, mais moins qu'on ne le croit.
N.B. Tout ceci n'est que l'expression d'un avis subjectif, et tu trouveras un million de personnes pleines de bon sens et de professionnalisme pour me contredire. Encore une fois, il n'y a pas de recette miracle. Bisous pointus
- le show don't tell, qui est un peu une "idéologie" en roman et qui est presque impossible à mettre en place au théâtre (tu peux montrer les intentions des personnages mais pas la trame du récit, elle doit être expliquée) est l'ADN, la logique première du cinéma, puisqu'il est né muet. Plus précisément, tout ce que tu peux dire, tu peux le montrer, soit en déroulant une action, soit grâce aux décors, soit par l'intermédiaire des bruitages (un outil d'une puissance inimaginable), soit des symboles. En vérité, alors que le théâtre est construit sur les dialogues, au cinéma, pour aller dans les extrêmes, les dialogues ne servent à rien
- La suspension volontaire de l'incrédulité. Au théâtre, le spectateur est profondément conscient que ce qu'il voit est faux, et pour cette raison tu peux te permettre certaines libertés dans le style, la langue, avec le quatrième mur, etc. Au cinéma, il a beau savoir que ce qu'il voit est faux, quelque part, profondément, pour une raison qui est un peu étrange, il croit que c'est vrai. C'est pourquoi tout ce qui va contre cette sensation aura un impact beaucoup plus fort qu'au théâtre
- De façon générale, au cinéma, presque tout incroyablement plus puissant le (presque recouvre tout ce qui a trait au sexe, qui est plus "puissant" au théâtre qu'au cinéma, où on est en quelque sorte habitué). Il est donc très facile de tomber dans le "too much". Les déclarations de Phèdre ou d'Antigone, merveilleuses au théâtre, auraient un mal fou à passer à l'écran. Le cinéma est un art profondément minimaliste
- Ecrire pour le cinéma, c'est écrire pour beaucoup de monde. Chaque chose à une importance énorme. Il faut beaucoup plus de didascalies pour les acteurs, d'indications de lumière, de décors, de son, des détails sur les costumes. Bien sur, il n'y a pas de recette. Mais dis-toi que chaque indication qui n'est pas donnée peut être recrée d'une façon qui va en totale contradiction avec tes intentions et en plus risque de mettre les techniciens et le réalisateur dans une situation compliquée
- Pour finir, il y a quelques règles très formelles dont il est difficile de se défaire, comme : les noms des personnages toujours en majuscule, aucune information à la lecture qui n'est pas donnée à l'écran, pour les dialogues, deux tabulations, nom du personnage en gras et réplique à la ligne, police hyper-lisible (préférence pour le Courrier New), et j'en oublie sans doute.
Bref, l'écriture de scénario est beaucoup plus contraignante et pratique, et beaucoup moins littéraire que l'écriture de théâtre. Le scénariste a beaucoup, beaucoup, beaucoup mois de pouvoir ou d'importance que le dramaturge. Il y a quand même quelques points communs, mais moins qu'on ne le croit.
N.B. Tout ceci n'est que l'expression d'un avis subjectif, et tu trouveras un million de personnes pleines de bon sens et de professionnalisme pour me contredire. Encore une fois, il n'y a pas de recette miracle. Bisous pointus
- Vava-Omete
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Merci @Mouette c'est super intéressant !
Je comprends mieux pourquoi je n'ai jamais réussi a écrire un scénario pour une série '.' je me rend compte que c'est un exercice très pointu et très large à la fois... j'admire le fait que tu ai décidé d'apprendre à le faire et en faire ton métier !!!
Je comprends mieux pourquoi je n'ai jamais réussi a écrire un scénario pour une série '.' je me rend compte que c'est un exercice très pointu et très large à la fois... j'admire le fait que tu ai décidé d'apprendre à le faire et en faire ton métier !!!
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