Merci Vava pour tes explications, c'est super intéressant ! Je savais que la chaîne du livre, concrètement, c'était une grosse galère pour une bonne partie des acteurs mais alors la quantité qui paraissent, je ne la soupçonnais même pas

Bravo pour tout le boulot que tu mènes du coup

Longue vie aux libraires !
Bon, je suis pas là pour remuer le couteau dans la plaie (mais @horizon tu sais, tu n'es pas la première à "gaffer" en arrivant sur PA, ce n'est pas simple ! Il y a des règles auxquelles il faut se plier et des usages à apprendre, mais voilà, maintenant tu as toutes les cartes en main donc à toi de jouer !

), je voulais surtout revenir au sujet du topic qui pose quand même plein de questions intéressantes.
C'est vrai qu'on considère que "tout travail mérite salaire", et qu'on cherche aussi (et c'est légitime !) à être reconnus pour le travail qu'on mène. Toutefois, je pense que quand on parle d'écriture (et de toutes formes d'art à vrai dire), eh bien ça ne peut pas être aussi simple et systématique que pour le reste.
De mon point de vue, le fait que ce soient les maisons d'éditions qui fassent ce *terrible* tri dans nos manuscrits, sans qu'on ait vraiment de moyens d'intervenir, est assez "normal". Sur le papier, elles sont les garantes d'un travail de qualité, ce sont elles les pros, pas nous. Après bien sûr, dans la réalité, on voit tellement de bouses publiées que ça remet les choses en question

Mais sinon perso ça ne me dérange pas trop. C'est un peu douloureux bien sûr, mais si les 80% de Français qui écrivent étaient automatiquement publiés "de droit"... C'est complètement impossible à envisager ! Alors voilà, je considère qu'il y a qualité et qualité : il y a des textes géniaux mais qui ne se prêtent pas forcément à l'édition pour des tas de raisons bien spécifiques à chaque ouvrage, et il y a des textes qui s'y prêtent plus. Mais il n'y a pas de fatalité à mon avis : un auteur peut écrire plusieurs textes qui ne seront pas forcément dans le même cas de figure.
Il y a un moment, j'ai été lectrice pour Casterman, je lisais des manuscrits en français et en anglais et je faisais des fiches. On me demandait un résumé, une idée de la tranche d'âge, un avis positif ou négatif développé. Et même si j'ai beaucoup lu, il a été rare que je donne un avis franchement positif. D'ailleurs je ne me souviens que d'un livre qui a effectivement été publié après mon retour et celui d'autres lecteurs.trices (et c'était une traduction de l'anglais). Je me souviens aussi d'une histoire que j'avais vraiment aimée, un style proche du conte philosophique, une intrigue bien menée (j'ai oublié mais vraiment c'était chouette), tout ça bien maîtrisé ; j'avais donné un avis très positif, mais l'éditrice m'avait expliqué qu'on attendait aussi de moi que je donne un avis "lambda", style "est-ce que je l'achète si je le trouve en librairie". Ça ne m'avait pas plu du tout comme perspective (je ne suis pas lambda et mon avis non plus et j'ai pas envie d'essayer de me mettre dans la tête du lecteur lambda, je sais même pas qui c'est) mais je m'y suis quand même pliée. Bref tout ça pour dire un truc simple : les maisons d'édition reçoivent un nombre écrasant de manuscrits, certains passent la première étape de sélection et arrivent entre les mains d'un comité de lecture mais de mon expérience, ça ne garantissait pas leur qualité, et de loin. Donc si les maisons d'édition publient une si petite quantité des manuscrits qu'elles reçoivent... c'est peut-être aussi, malgré tout, une question de qualité.
Sans doute que je verrais tout ça différemment si j'avais déjà envoyé mon manuscrit et reçu des retours négatifs etc. Ça me rendrait malheureuse, c'est certain. Pour autant, je crois en la possibilité qu'un travail de longue haleine aboutisse et je crois aussi en une reconnaissance en dehors de l'édition. Si ça ne marche pas pour moi, je serai très heureuse de pouvoir continuer à publier sur PA ; pour ceux qui se lancent dans l'auto-édition, vous avez mon admiration et mon soutien ; et pis en attendant bah le plaisir d'écrire, lui, il nous quittera jamais, c'est lui qui est vraiment important. Je n'envisage plus de m'épanouir dans l'écriture sans partager mes histoires mais grâce à PA je sais que j'aurai toujours un endroit où le faire !
Bon comme d'habitude je m'égare mais tout ça venait de ma réflexion au sujet de ce que disait @Flammy :
> Pourquoi actuellement ce sont les éditeurs qui posent les règles du jeu ? Car il y a des auteurs qui courent après l?édition et qui serait prêt à tout pour ça. Donc ce sont les auteurs qui ont besoin des éditeurs actuellement, et pas l?inverse. Mais avec la tendance de l?auto-édition, si les auteurs arrêtent de courir avec les éditeurs, le rapport de force pourraient bien s?inverser. Mais cela demande que des auteurs fassent la démarche de l?auto-édition plutôt que de l?édition classique
Moi je trouve pas qu'il faille inverser ce "rapport de force", même si j'aime pas trop ce terme ^^ Ce sur quoi il faudrait travailler à mon avis, c'est sur une plus grande considération des auteurs une fois publiés (Cricri en parlait dans une de ses FAQs récemment et boudiou y a du boulot !).
Quant à la question du travail qu'on doit mener pour être édité, ça me fait penser à ce que Christophe Mauri a dit un jour : *"Ce qui est compliqué pour nous qui écrivons, c?est qu?on nous demande de franchir seul le pas imperceptible entre un amateur et un pro."* C'est archi-vrai, je trouve. Et archi-compliqué

Mais quel bonheur d'avoir autant de marge d'amélioration devant soi !