Le rapport à la violence dans un récit

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GentleGeek
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Le rapport à la violence dans un récit

Message par GentleGeek »

Bonsoir à tous :DD ,
Merci @Isapass d'avoir suggéré de le poster comme nouveau sujet ici, une discussion Discord.

J'ai une petite question pour vous :
'Comment savoir où placer le curseur de violence dans un récit ?'
Par exemple dans un roman d'action, là où il y a des combats... :censored: :steam: :dizzy: :injured:

Pour détailler un peu le contexte de cette question, j'écris à propos de 2 héros qui vont castagner de la mafia (et plus). Et les 2 protagonistes n'ont, d'ailleurs, pas le même rapport à la violence dans mon récit. L'une tue, l'autre non.
Du coup, j'y amène la discussion sur la question morale, comme dans les récits de super héros à la Batman, Spiderman...

Ce ne sera pas 'tous publics', clairement :smirk: . Mais je n'ai pas envie de faire fuir mon lectorat à cause d'une violence excessive. Même si le rapport à la violence reste un des thèmes de mon récit, je ne veux pas en faire l'apologie. L'œuvre se veut quand même fun et déjantée aussi.
Spoiler
Je ne compte pas faire voler des organes de partout et décrire chaque pièce comme si on avait décidé de repeindre en rouge. Mais bon, quand on se bat avec 2 battes de baseball, y a moyen de faire mal et de neutraliser quelqu'un, voyez?

En fait, je pense que mon jugement est un peu biaisé. Je viens de finir le comics de 'The Boys' :sunglasses: :censored:, il n'y a pas longtemps. Et j'avoue que j'ai bien aimé, mais pas pour la violence ou la sexualité abusive. Parce que cela apporte un vent de fraicheur et de nouveauté par rapport aux classiques Marvel/DC.
Et dans les films et séries qui sont ultra violents, ça ne me choque pas. A chaque fois, je me dis: 'Purée, ils doivent avoir tout un budget prévu pour le ketchup :screaming: ! Quelle chance pour Amora et Heinz :rofl: .'
Mais ce qui ne me heurte pas, peut heurter autrui :/ .

Bref, je suis en train d'écrire la 1ère scène de combat, actuellement, et j'ai un peu de mal à choisir une direction. Car cela va impacter le reste de mon récit :fear: .
Et je pense que c'est important de se demander;
Qu'est ce que je veux montrer aux gens ? A quoi sert la violence dans mon récit ?

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez :D
Cordialement,
;*
Modifié en dernier par GentleGeek le 21 sept. 2022, 18:02, modifié 5 fois.

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Aramis
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par Aramis »

Hop, et voici la réponse que j'ai soumise :DD

Huuum, déjà si ton récit se centre, tout ou en parti, sur les questions morales liées à la violence, c'est effectivement important que tu commences par déterminer, effectivement, ce qu'elle raconte dans ton histoire. Ensuite, je pense que te fixer des références de genres peut être une bonne façon de commencer, ainsi que cibler un ton. Pour ça une petite liste d'œuvres qui approchent la violence d'une façon qui te parle et matchent avec ton projet peut être utile.

Enfin, j'ai l'impression que ta problématique se passe surtout au niveau des descriptions et de savoir, plutôt que le nombre ou la dureté des actes commis, à quel point tu les décris de manière précise et graphiques, ou à quel point tu les métaphorise et les édulcore. Je dirais que ça dépend du ton de ton récit. Par contre, je reviens sur le point où tu parles du fait de ne pas rendre le truc gore avec de la tripaille de partout pour ne pas faire l'apologie de la violence : je pense important de noter que le fait de décrire très frontalement des actes violents ne la cautionne pas par essence. Si tu la dédramatises, tu peux avoir un biais de lecture qui va la rendre drôle, stylée, ou autre (même si c'est vraiment très relatif car à nouveau, la satyre par exemple ne cautionne pas le propos qu'elle dénonce,) mais si ta façon de décrire des actes violents est dramatique et détaillés, ça ne la rend pas souhaitable pour autant (je pense à des livres comme la griffe du chien ou à des films comme Casino, par exemple, qui n'en font pas l'apologie mais sont pourtant très graphiques, ou même American Psycho, beaucoup plus ambiguë et encore plus détaillé dans les actes.)
A mon avis, savoir si le récit cautionne ou pas et ce qu'il raconte passe aussi et surtout par ce que les personnages transmettent dans leur rapport à cette violence.

Je ne sais pas du tout si ça t'aide ou si c'est encore plus cryptique comme réponse pas contre :' D

Je veux juste dire que le degré de littéralité descriptive que tu pourras mettre dans ton récit ne va pas déterminer forcément ton message, mais par contre le ton avec lequel tu le fais est important, tout comme le type de lectorat auquel tu le destine (même si je n'aime pas forcément beaucoup cette notion, si tu écris une histoire que tu veux plutôt légère et destiné à un public jeune, c'est peut être pas le must de rentrer dans de la violence hyper réaliste)

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GentleGeek
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par GentleGeek »

Hello @Aramis ,
Merci beaucoup pour ta réponse <3 . Pas de sushi, elle n'est pas du tout cryptique. Au contraire, tu as bien su reformuler ma problématique. Et j'ai compris ce que tu veux dire.
Oui, le rapport à la violence est un des sujets mais pas central. Et je souhaite que mon œuvre reste mature et traite avec plus ou moins de sérieux certains sujets, tout en étant légère à d'autres moments.
En tant qu'auteur, il est à la fois passionnant et épuisant de trouver le juste équilibre et de guider convenablement les lecteurs à travers une réflexion ou une émotion.

Je réalise aussi que, suivant comment on traite la violence, à la fois le fond comme la forme, l'impact sera différent. Et je vois mieux mon degré de liberté à travers cela.
Merci pour les exemples d'œuvres que tu as citées. Je pense aussi à la série 'Avatar, le dernier maitre de l'air ( que je conseille à tout âge d'ailleurs <3 )', qui traite du génocide dans un épisode avec beaucoup de justesse, surtout que c'est destiné à un public jeune (série Nickelodeon !).
Spoiler
Pour prendre un autre exemple, celui du viol : on peut l'évoquer sans pour autant devoir décrire la scène. Le simple mot en lui-même symbolise toute la violence et l'horreur de l'acte. Ce qu'il peut être intéressant de dénoncer à travers cela et de mettre en avant, ce sont les conséquences psychologiques (potentiellement désastreuses) sur les victimes.

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EryBlack
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par EryBlack »

Question très intéressante ! Je trouve la réponse d'Aramis pleine de bonnes pistes ! Pour poursuivre la discussion, je trouverais intéressant d'échanger sur notre rapport personnel à la violence dans les récits. Ça peut donner une idée aux auteurices de ce que leur lectorat va ressentir :monocle:

Je me considère comme sensible à la violence, mais pas sous toutes ses formes. Il y a dans certains films des scènes que je ne supporte pas, essentiellement quand la violence fait trop "réaliste" ou quand elle s'exerce contre des personnes vulnérables. Ça peut me mettre vraiment en panique. À côté de ça, je peux supporter à peu près bien des scènes de violence graphique si elles sont exagérées, ou contées avec une intention comique, voire défoulatoire. Exemple dans Inglorious Basterds :
Spoiler
La première scène, quand la famille se fait fusiller sous le plancher, m'a brassée. Mais ce que les nazis se prennent dans la gueule tout le long du film, ça va, c'est appréciable (j'ai l'impression que c'est fait pour être jubilatoire). Et la fusillade de la toute fin, ça allait bien, jusqu'à ce que les attentats du Bataclan viennent modifier à tout jamais ma réception de la violence dans une salle de spectacle... Maintenant je me sens mal à la regarder.
De cet exemple, éventuellement deux trucs à retenir : la violence peut être plus ou moins bien supportée selon sur qui elle s'exerce et selon les événements violents de la vraie vie qu'elle peut évoquer. (Bien sûr, certains événements seront partagés par la société dans sa globalité et d'autres seront personnels, auquel cas tu ne peux pas prévoir les réactions donc à part placer ton histoire dans une catégorie "Avertissement violence", il n'y a pas grand-chose à faire)
Je parle des films parce que c'est ce qui déclenche chez moi les réactions les plus fortes. Dans les livres, la violence peut me frapper aussi mais ne déclenche que très rarement de panique chez moi comme peuvent le faire les images. On n'est pas toustes pareil·les à ce niveau-là, mais voilà en ce qui me concerne en tout cas :p

Et puis je trouve intéressant aussi la question de qui exerce la violence (et éventuellement pourquoi). Visiblement, c'est ton personnage féminin qui est le plus violent, ou en tout cas qui va vraiment au bout de sa violence ? Eh bien, ça éveille mon intérêt, alors même que je ne suis pas spécialement intéressée par la thématique de la violence, tout simplement parce que ça vient "par en-dessous" questionner les rapports de domination et de violence genrés. Alors je dis ça, ça ne veut pas dire que tu es obligé de traiter explicitement la question dans ton histoire, mais que ce soit volontaire ou involontaire de ta part, ça veut dire que tu emploies la violence comme un ingrédient qui va mener à se questionner. Et ça, à mes yeux, c'est totalement ok, y compris si c'est accompagné de passages légers, funs et tout.

Concernant ta première scène de combat, je plussoie les conseils d'Aramis (à quel point tu vas détailler graphiquement ce qui se passe, etc.) et j'ajouterais ceci : tu peux rédiger plusieurs versions de la même scène avec des degrés de violence différents. Je pense que tu pourras ainsi sentir ce qui sonne le plus juste à tes yeux, et c'est le plus important. Ensuite, ton lectorat donnera son avis, mais compte d'abord sur ton intuition à toi !

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Nothe
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par Nothe »

Coucou ! C'est une question à laquelle j'ai réfléchi toute la soirée, mais du coup comme je me suis traîné, je suis d'accord avec tous les avis de celleux qui sont passés avant moi :p

Je pense que se poser la question de la violence, c'est une bonne question, mais qu'au final, on ne peut pas prévoir ou complètement contrôler le ressenti d'un lecteur. C'est trop unique. C'est ce qu'EryBlack dit plus ou moins : certaines scènes passent, d'autres beaucoup moins, mais c'est dû à l'histoire personnelle, à la culture et à la sensibilité de l'audience. Du coup, même si c'est important de pouvoir jauger de la "gravité" la scène qu'on écrit, quelque part c'est difficile d'affirmer avec certitude qu'elle n'en choquera pas certains. Et ça, tu n'y peux rien ! (ex : j'ai la phobie du sang, même une coupure de papier dans les films ça me fait voir blanc :p Mais ce n'est pas la faute du film, juste "la mienne" !)

Et puis, en vrai... Il y a des gens qui adorent la baston hyper violente et décomplexée, le gore et les "trucs qui font peur", pour plein de raisons différentes (ça va du "c'est rigolo" au "ça démystifie le corps humain"). Je pense que même s'il s'agit d'une minorité, elle n'est pas si petite que ça. Du coup, je ne pense pas que tu ferais "fuir ton lectorat" si tu voulais t'amuser, à un moment, à écrire des scènes plus trash. Par contre, avertir le public que le livre comportera des scènes de violence physique détaillées, ça me semble être une bonne base.

Bref, j'ai un peu l'impression d'être en train de dire "allez vas-y oublie le lecteur fais comme tu le sens" et c'est pas complètement ce que je veux dire non plus ! La question de la violence est évidemment beaucoup plus nuancée que ça, et être au clair sur ses propres intentions, c'est capital ! Mais au final, tu ne peux pas contrôler les réactions de tous les gens que tu toucheras (exemple très bateau mais réel : Fight Club, qui était une satire dénonciatrice, et qui a entraîné un gros culte en mode "woah moi aussi je veux faire du Fight Club youpi !!")

Du coup le dernier conseil d'Ery me semble être très pertinent : suis d'abord ton intuition, ta sensibilité, et si le lectorat/beta-lecteur a l'impression qu'il y a une contradiction ou une dissonance entre tes intentions présumées et ce que tu décris, alors il te le dira, et tu pourras corriger à ce moment-là !

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Audrey Lys
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par Audrey Lys »

Je trouve ce débat très intéressant !

Je pense que la clé dans la représentation de la violence tient de la question "comment je représente la violence" ? Est-ce que je la banalise ? Est-ce que je l'iconise ? Est-ce que je la rends jubilatoire ? Est-ce que je la dénonce ? On peut avoir une même scène, avec le même niveau de détail, mais un traitement tout à fait différent en fonction du regard porté.

L'exemple décrit par @EryBlack me semble tout à fait représentatif : la première scène a vocation à faire peur et à dénoncer les violences, alors que celle de fin a un but cathartique. Le niveau de détail influence peut-être le traitement de la violence, dans le sens où la violence jubilatoire est plus souvent gore. Pour autant, je pense qu'on peut faire de la violence gore montrée comme horrible.

Tout cela me fait penser au débat à propos du manga Vinland Saga (que je vous conseille soi dit en passant) qui a très message très frontal contre la violence et pour le pacifisme. Pourtant, il contient un tas de scène de combat et de violence "stylées" dans la lignée de ce qu'on peut observer chez les shonen, de la "baston". Certains pointent du doigt ce fait comme une incohérence entre le message que veut transmettre l'auteur et certains éléments de son œuvre. Mais du coup je me pose la question : n'y a-t-il pas une différence fondamentale entre apprécier une chorégraphie de combat et prendre part IRL à des actes de violence ? Je pense oui, cela dit c'est difficilement de dire que la violence en fiction n'influence pas notre violence (je pense notamment à la banalisation de la violence verbale dans beaucoup de séries et films). Pour en revenir à l'exemple d'Ery, la dernière scène de Inglorious Bastards est faite pour être jubilatoire, pour autant cela ne veut pas dire que nous sommes tous des assassins en puissance si nous l'avons appréciée.

@Nothe Je crois que je fais partie de ces gens qui ne sont pas spécialement dérangés par la violence décomplexée, dire que je l'aime serait un peu trop, mais j'y trouve un côté cathartique. Cependant je trouve que ça ne s'insère bien que dans un certain type d'œuvre, que tous les genres et toutes les intentions n'y sont pas adaptés, et "j'apprécie" tout autant des œuvres qui font une utilisation plus subtile et partielle (mais souvent plus importante) de la violence. En somme, je pense qu'il n'y a pas de manière plus valide de détaillé la violence, tout dépend de l'intention. La seule intention que je condamne est bien sûr celle de valider la violence.

Je me dis que sur le sujet de la violence, on se doit de réfléchir à ce qu'on veut transmettre au travers de cette violence pour savoir à quel niveau on la détaille et comment on la montre. Par exemple j'ai écrit un livre qui parle de guerre, j'y ai inclus peu de métaphores quand il s'agissait de décrire la violence pour rendre cette aspect dur et cru de ce que je voulais transmettre. Je trouve que parler de l'habituation des personnages à la tripaille peut aussi être une bonne manière de la montrer de manière frontal sans la valider où la banaliser et en proposant une réflexion sur la banalisation). Montrer les perso qui vomissent au début, sont vraiment gênés, puis au fur et à mesure s'habituent et ne font plus attention, ça parle beaucoup je trouve de notre propre habituation à la violence en fiction.

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Gueule-de-Loup
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par Gueule-de-Loup »

Je crois que la violence visuelle est aussi très différente de la violence écrite. Je pense que pour la plupart des gens, c’est beaucoup plus supportable. Ca m’est arrivée de voir des Tw : violence, et je n’arrivai pas à comprendre de quelle partie de la scène ils parlaient, alors qu’en film, je pense que ça aurait été évident.

Et si je peux donner un avis personnel, je trouve que beaucoup de violence dans un roman est souvent quelque chose qui va sembler puéril quand ça n’est pas parfaitement maitrisé. J’imagine toujours un peu un ado qui écrit : Wah on va mettre beaucoup de sang, ça va faire classe. Ça va être tragique.

Je trouve la violence plus poignante quand elle est épurée que quand la tripaille jaillit (sauf quand il y a une certaine forme d’humour bien sûr).
Ce n’est bien sûr qu’un avis.

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GentleGeek
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par GentleGeek »

Très chers amis,
Je ne sais pas comment tous vous remercier :hug: <3 <3 .
Vos retours sont tous très justes et passionnants à lire.
Ils m'ont beaucoup inspiré concernant mon histoire et j'ai pu écrire toute la journée (et nuit) d'hier. 2153 mots en tout :party: ! Cette communauté est un tel catalyseur, c'est fou ^^.

Grâce à vous, j'ai compris où placer le curseur de violence, comment choisir de la montrer, et à quoi elle doit servir dans mon récit. Suivant qui exerce la violence et qui l'observe dans le récit, comment les personnages de l'histoire la perçoivent, cela peut apporter beaucoup plus de fond, de nuances et d'intérêt.

Merci aussi de m'avoir rassuré sur le fait que je ne peux pas contrôler la façon dont les lecteurs/lectrices reçoivent l'histoire. Suivant leur vécu et leur sensibilité propre, cela n'aura jamais le même impact.

@EryBlack Tu as tout à fait raison. Je ne peux pas spoiler cet élément précis mais, oui; la violence est justifiée pour mon personnage féminin, et même plus généralement dans mon univers. Elle a bien pour but d'amener à une réflexion. Il faudra que je choisisse le bon moment pour introduire les problématiques et le débat.
J'ai écrit cette 1ère version, qui, pour l'instant, me convient. Je verrais en fonction des retours de ceux qui me liront, si je modifie ou non :) .
Ton exemple d'Inglorious Basterds est pertinent et je généraliserai au style de cinéma de Tarantino (que j'aime bien, donc je me suis documenté). La violence a plusieurs buts dans ses œuvres:
- Rompre avec le rythme des scènes précédentes (parfois de tout le film comme c'est le cas pour 'Once Upon a Time in Hollywood' avec la scène finale)
- Et de, par ce contraste fort, choquer ainsi le spectateur ou, du moins, le bousculer un peu
- Sans oublier le plaisir de 'se lâcher', tout ce côté jubilatoire et 'fun' que vous avez décrit. Plus que la violence, son rapport à l'hémoglobine aussi est une patte graphique (enfin c'est aussi le style américain, plein de Ketchup partout, Heinz, tout ça, tout ça...).

@Nothe: Je suis navré d'apprendre que tu as la phobie du sang :screaming: ! C'est vrai que cela doit être handicapant. Il faut que tu regardes uniquement des comédies ou des films de romance :rofl: . Est-ce que cela te le fait aussi si c'est un film d'animation par exemple?
Oui, le public sera averti, bien sur. Je rajouterai toutes les mentions avant de publier ;) .
Et oui, comme dans toute œuvre, le message peut être souvent mal interprété (je m'auto-censure sur un mot :censored: ). Ton exemple de Fight Club est pertinent. Je pourrai rajouter celui de Matrix ou des gens ont créé des sites et des propagandes en pervertissant le message du film (pilule rouge/'Réveillez votre esprit...).
SI cela vous intéresse, je vous conseille la vidéo suivante sur Youtube [NEO - COMMENT L’HUMANITÉ A SALI SON MESSAGE - VIDÉO ESSAI #4 - de 'La chaine de P.A.U.L']. C'est extrêmement bien expliqué et intéressant. (je ne mets pas le lien direct car je ne sais pas si c'est autorisé xD).

@Audrey Lys Déja, Vinland Saga, c'est très très bien. Je confirme :DD . Ton analyse et ta réflexion sont fort pertinentes. Et pour reprendre ta question: ''N'y a-t-il pas une différence fondamentale entre apprécier une chorégraphie de combat et prendre part IRL à des actes de violence ?''
Je te rejoins sur ta réponse.
D'autant plus, que je suis un fan inconditionnel des films de Kung Fu (Legend of the Drunken Master 2, Fearless ou Ip Man pour ne citer que quelques perles <3 :sunglasses: ). D'ailleurs, ce qui m'intéresse le plus dans ces films, ce n'est en général jamais la violence explicitée, c'est véritablement la beauté de la chorégraphie, l'art du combat. D'ailleurs, dans les films traditionnels chinois, le rapport au sang et à la violence sont minimisés (oui censure, certes. Mais dans ce cas là, je trouve que ça permet de ne pas se focaliser sur l'émulsion de ketchup pour une fois).
De plus, même si j'apprécie certaines œuvres 'violentes', je n'en reste pas moins un grand pacifiste dans l'âme. J'ai adoré jouer à God of War, découper des créatures mythologiques, des dieux et tout. Mais chez moi, j'hésite à aiguiser mes lames quand elles sont usées. Avec ma maladresse légendaire, je me coupe déjà pas mal sans :rofl:.

@Gueule-de-Loup Tu as entièrement raison. Le problème avec les œuvres audio-visuelles, c'est que c'est explicite. Il n'y a pas, comme dans les œuvres écrites, ''le pouvoir de l'imagination'' qui permet aussi de choisir, quelque part, son niveau de visualisation. Et je trouve que c'est d'autant plus critique aujourd'hui, car tous les progrès technologiques
font que ça fait de 'de plus en plus vrai'. Cela se rapproche de plus en plus du réel.
Autant dans les films et séries, c'est déjà le cas. Mais le ''pire'' reste, pour moi, les jeux vidéos, car l'immersion est presque totale (même carrément avec la VR). Je dis le ''pire'' car, comme on en discutait sur Discord, cela devient de plus en plus dur pour des parents de conserver l'innocence de leurs enfants. Notamment avec Internet, la violence et la sexualité touchent les jeunes de plus en plus tôt. Si bien qu'à 11 ans, certains ont déja tout vu, tout fait. C'est :downcast: triste.
Mais c'est un autre sujet :'D

Enfin pour terminer, je souhaitais ajouter un film à la liste de tous les fabuleux exemples que vous avez cités:
Je vous conseille de regarder le film 'Gandhi' (un de mes plus grand héros IRL), dont le thème central est, non pas la violence, mais la non-violence ! Et le rapport à la violence dans ce film est extrêmement bien amené. Il est un peu long certes (3h quand même, faites des pauses, hein) mais il est tellement profond et pertinent. Je ne peux que vous le conseiller afin d'aiguiser votre réflexion si ce sujet vous intéresse toujours.

Dans tous les cas,
Encore merci à tous, du fond du cœur ;* <3

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Eryn
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par Eryn »

@GentleGeek ce fil est très intéressant ! Super idée d'avoir soulevé cette question !

Très intéressant de se poser la question de la violence, tant elle peut prendre des formes différentes : verbale, psychologique, vicieuse, visuelle, sanglante, etc... Mais j'ai l'impression que de ton côté, tu parlais plus de la violence physique, celle qui, si on était au cinéma, donnerait des images plus ou moins supportables ? C'est vrai que c'est pas toujours facile de savoir où placer le curseur.

En ce qui me concerne, si je prends l'exemple du cinéma, je ne réagirais pas forcément à certains films (par ex Irreversible, oui, c'est horrible, mais allez savoir pourquoi, à l'époque ça ne m'avait pas fait grand chose...).
Si je cherche mes deux plus gros chocs au cinéma, il y aurait LA scène dans 127 heures, qui m'avait bien fait grincer des dents, la plongée dans le détail du "truc" m'avait retourné l'estomac, pour autant, ce n'est pas vraiment de la violence, c'est juste gore. à la limite, si on en reste sur le fait de "se blesser soi même", c'est beaucoup plus fort dans Black Swan (ou Requiem for a Dream !), là, il y a le côté psychologique et la manière dont c'est filmé qui entrent en jeu !
Je crois que l'un de mes plus gros chocs au cinéma, c'est à la toute fin de Valse avec Bachir
Spoiler
quand les images d'archive remplacent l'image animée
. Là, je crois que je me suis approchée de mes limites, en même temps, cette histoire est abominable.
Par ailleurs, pour finir avec le cinéma, je rejoins EryBlack sur les films de Tarantino, c'est ultra violent, mais je n'ai jamais eu de problème avec un de ses films, même quand ils refont la peinture couleur sauce tomate : il y a une question d'ambiance et de choix visuels qui entrent en jeu dans ces scènes, c'est quasi chorégraphié, et du coup ça passe bien. J'ai eu plus de mal avec certaines scènes de Scarface, ou de la série Narcos, par contre.

Tu peux déjà te poser la question de quel public tu vas viser avec ton texte. Si on prend par exemple la littérature jeunesse, la violence est souvent traitée sans trop de détails gores, mais pour autant :
- dans HP4, on a quand même un gamin de 14 ans qui se fait torturer par un psychopathe dans un cimetière, et qui voit mourir un camarade de classe.
- Dans la série Hunger Games, euh... des ados de 16 ans qui s'entretuent à la télé ? ou même Gale qui se fait fouetter jusqu'à l'os dans le livre et dans le film (où on voit les blessures)...
Au final, c'est hyper violent, mais dans la scène en question, ça passe (et c'est passé en édition jeunesse !). = il y a une manière d'écrire les choses, détailler ou non, montrer ou non...

Donc j'ai quand même l'impression que même en jeunesse, on peut presque tout écrire, mais il y aura une manière de le faire. Si je repars dans la série HP, j'avais été choquée, que dans le T5, Harry envoie le sortilège de torture à Bellatrix, j'avais halluciné en lisant la scène, et en même temps, ce "franchissement" d'une limite aussi extrême par un ado de 15 ans, est justifiée, compréhensible, d'autant plus qu'il ne va pas jusqu'au bout vu que son sortilège ne marche pas... Bref. Tu as moyen aussi de travailler le côté psychologique des personnages face à ce contact/cet usage de la violence, ainsi que sa condamnation par certains personnages.

Dans les livres adultes, je crois que le plus horrible que j'ai lu, c'est Le Vol des Cigognes, de Grangé, j'ai souvenir d'une scène d'autopsie lors d'une enquête policière, je vous épargne les détails, c'était bien bien gore, et pour autant, j'avais lu la scène sans sourciller (j'avais lu ce livre à 14 ans). Je ne sais pas si ça aurait dû me traumatiser, mais en tout cas il semblerait que j'aie un curseur assez haut pour ce genre de violence.
Je pense aussi que beaucoup de choses passent dans la manière de faire. Mettons par exemple si tu écris une scène d'un personnage qu'on kidnappe et qu'on enferme dans un coffre de voiture. à priori, rien de trop trash là dedans, pas de sang, coups et blessures. Pour autant, (pour moi qui suis un peu claustrophobe), je suis sûre que si tu tournes tes phrases correctement, tu peux atteindre un degré d'angoisse que j'aurais du mal à supporter.

Voilà pour ces quelques réflexions, il y a tellement de choses à dire... C'est un sujet très très intéressant, et à creuser !

Au passage, si tu n'es pas sûr de ce que tu as écrit, de "où placer le curseur" comme tu dis, peut être que tu peux faire appel à des beta lecteurs volontaires, en ce qui me concerne, je peux lire tes scènes sur lesquelles tu te poses des questions, si j'atteins "mes limites", je te le dirai.

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Peridotite
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Re: Le rapport à la violence dans un récit

Message par Peridotite »

Je viens apporter mon petit grain de sel :)

C'est aussi une question que je me suis déjà posée.

Pour être franche, il y a quelque chose d'amusant pour moi dans la violence décomplexée comme dans certains mangas ou dans des oeuvres tels que Sin City par exemple. Quand j'ai lu ton résumé de Batte-Woman, j'ai plus pensé à ce type de violence-là.

Dans d'autres oeuvres, il est intéressant de montrer la violence si on décrit une situation horrible. C'est le cas des films de guerre. Je viens de voir le très bon film "1917" avec des scènes de violence et t'es là Brrr :'( Ou je pense encore à American History X avec la scène du début vraiment choquante et pourtant nécessaire pour montrer l'horreur où les persos se trouvent. Pareils pour les combats médiévaux etc, ceux-ci le sont de base donc les montrer violents est plutôt une forme de réalisme à mon avis.

Dans d'autres cas, certains types de violence me font froid dans le dos comme dans le jeu vidéo Bloodborne que je trouve très violent et aussi effrayant. Même si j'en fais des cauchemars la nuit, je continue pourtant à y jouer. :)

Pour la violence, j'ai plus de mal avec la description explicite de scènes de viol, surtout si celles-ci sont écrites afin de valoriser le héros mâle qui vient sauver sa femelle. Tout dépend de l'intention, mais même avec une bonne intention, le montrer peut être maladroit. Je viens de voir le film Le Dernier Duel avec Matt Damon et Ben Affleck qui choisit de montrer une scène de viol. J'ai été mal à l'aise pour une raison étrange : vous allez me prendre pour une folle mais pour une fois, on filme l'homme qui fait l'amour à une femme (la caméra filme l'homme, un beau gars d'ailleurs). Cela peut être répugnant pour un homme, cette façon de filmer pendant le sexe, mais pas pour une femme (les pornos déplaisent peut-être aux femmes pour cette raison). Du coup, j'ai trouvé ce choix de montrer le viol en faisant le choix de filmer le mec pas top, car en tant que femme, on ne ressent pas l'horreur du truc. En gros, il faut faire bien attention quand on choisit de montrer la violence sexuelle.

Voilà voilà, j'espère que ça t'aidera à y voir plus clair,

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