La confiance de l'auteur en son récit - Ou l'influence de l'individu sur l'histoire

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Arphel
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La confiance de l'auteur en son récit - Ou l'influence de l'individu sur l'histoire

Message par Arphel »

Bonjour, Argentes Plumes !

J'aimerai ouvrir une petite discussion assez moindre, sur une thématique que je n'arrive pas à cerner, et qui probablement, est issue d'un caprice de ma part (car je suis chaotique et j'ai tendance soit à me jeter dans la cascade sans rame, ou soit avec la panoplie du survivaliste, accessoirisée d'un chapeau pastafarien). Je ne sais même pas si je suis au bon jardin pour planter ma fleur.

Bon, typiquement, je ne me connaît tellement pas et j'ai tellement tendance à ignorer mes besoins dans chaque histoires, que j'ai longtemps repousser, voir même damner, cette philosophie farfelue (parce qu'à quoi bon souffrir sur terre alors qu'on peut être masochiste ?). Mais voilà : à quel degré l'estime de soi, la confiance en ses capacités ou sa créativité, et notre rapport au monde et aux autres peut influencer un récit ? Bon déjà, rien que tout cela, je pense que ça donne la migraine, parce que c'est déjà un sujet assez vaste. Et même si j'ai commencer à poser la question à moi-même, pour moi-même, c'est aller dans des dimensions assez élevées, qui ont finies par toucher une question sur à peu près toutes les personnes qui écrivent. Parce que, oui, je suis tellement socialement inadaptée que je ne sais même quel est la norme des choses, qu'est-ce qui est récurent ou pas : allez savoir si ça vient du fait que je suis tyrannique et impardonnable envers moi-même, ou si cela vient du fait que cela fait seulement depuis mes vingt ans (j'en ai vingt-et-un, bientôt vingt-deux) que j'ai commencer à me stabiliser dans une certaine vision du monde. Et donc, oui, je peux vous en dire que j'en ai tuer, des histoires que j'ai commencer, à cause de moi-même.

Bon, j'arrête mon bavardage, et je me focalise. Selon vous et votre propre expérience, à quel degré de notre psychologie, notre caractère, notre confiance, et notre perfectionnisme (ect...), peut-on influençer une histoire que l'on écrit (de sa trame, aux personnages, jusqu' à l'écriture et notre perception de cette dernière) ? Pour citer ma propre expérience et ouvrir la discussion, je pense que cela peut être hautement variable selon la personne qui écrit.

J'ai toujours été très dure avec moi-même, et quoique je fasse, c'était toujours mauvais, et, au graal, passable. L'écriture sans exception. Sauf que, contrairement à elle, j'ai abandonner beaucoup de chose, car je ne me sentait pas digne et ridicule, comme la danse. Je ne le cache pas, je n'arrivai pas à dépendre de moi-même, et à chaques fois qu'on me disait que c'était bien ou génial, je n'y croyais pas, ou je me demandais si ce n'était pas un cas isolé, ou une personne qui voulait juste me faire plaisir. Dîtes vous, que, ce syndrome de l'Imposteur est présent depuis que je suis toute jeune, et me harcèle même dans l'écriture. Les répercussions ? Le plaisir d'écrire est défiguré à certains moments, me forçant à limite pleurer quand je regard ce que j'écris, et quand j'avance, ce que j'écris est pire qu'un brouillon à mes yeux. Je me harcèle au moindre détail, même si je rêve de mettre en lettre ce que j'écris et que j'adore m'y réfugiée. Mes histoires n'ont souvent rien à voir avec moi-même (attention néanmoins, je parle avec ma conscience seule, et je sais que lorsqu'on écrit, c'est une grande part de nous qui s'insinue même sans qu'on le veuille, quel qu'elle soit), quand je vois qu'un personnage qui possède ne serait-ce qu'une similitude avec moi-même, je le supprime abruptement, ou je le change en profondeur (je ne suis pas sûre, mais c'est la même chose avec une personne qui existe dans ma vie, car je me sens honteuse d'inclure quelque chose lui appartenant). Je me réfugie toujours dans des mondes qui sont défiants de ma réalité, et j'ai tendance à être un peu trop loin de cette dernière. Je pense que, quelque soit les changements apportés autre que orthographiques, je ne serais pas satisfaite d'une histoire, et je ressentirait une honte à la montrée comme telle. Cela fait que je n'ai jamais réussie à poursuivre, faire durer un récit : quelque chose, un détail, une particularité, ne me plaît pas, et ruine ce que je désire faire. Même des nouvelles, je ressent une envie de meurtre envers le monde que j'ai dresser, et que je trouve ''inférieur'' à ce que je lis ou ce que les autres font, et devinez quoi : c'est de là que viennent la plupart de mes ''pages blanches''. Pas par manque d'inspiration, mais car je tue directement ce que je juge indigne du papier, donc, une part de moi-même. Ce point est tel, que je deviens inconsciente des émotions que me prodiguent et que j'instaure en mes histoires. Je me souviens pourtant, d'avoir ressentie des sensations de paix, d'excitation, ou autres, lorsque j'arrivais un temps à me défaire de cela, mais c'est souvent temporaire, une entracte.

J'ai déjà gagner un concours adulte d'écriture quand j'étais au lycée, et le pire, c'est que je me souviens avoir ressentie une colère profonde et une estime extrêmement basse de ce que j'avais écrit, que j'ai trouver bâcler et sans intérêt. J'ai penser aux auteurs ''torturés'', qui écrivent avec leurs sang et leurs veine pour évacuer, mais chez moi, l'écriture fait de moi-même un tabou, alors qu'elle est à la fois une ronce et le plus doux des nectars. C'est une sorte de relation à la fois belle et malsaine. Par contre, rien n'est entièrement noir. L'écriture m'à aussi sauvée, et elle communique avec tout ce que je n'ai jamais pû donnée : mon trouble du spectre autistique à toujours fait que j'avais dû mal à communiquer, que je ne comprenait pas les règles sociales des autres enfants, leurs jeux et leurs habitudes. Dès que j'ai sû écrire, j'ai rêver au travers de cette dernière, je ressentais le besoin d'imposer ce que, je le savais, je ne pourrais jamais faire respirer dans ma vie quotidienne. J'adorais manier les mots, et je l'aime tout autant aujourd'hui, et j'aime aussi créer des univers et personnages, et j'ai l'impression que, tout ce monde que je n'ai pas réussie à assimiler, j'en créer un étrange reflet que même moi je peine à comprendre, et que j'incorpore dans l'écriture. Mon manque de confiance est dangereux cependant, draînant, et je me souviens d'en avoir fait des sujets de dépression. Et je pense que je suis moi-même hypocrite sur le fait que je n'accepte pas le Moi dans ce que je créer, car il est présent à différentes phases et formes, que j'ignore ou veux ignorer probablement. L'environnement.... je sais pas, à vrai dire. Je ne sais pas si je suis observatrice du monde, ou pas. Je ne sais pas si mes histoires sont inspirées de choses que j'ai vraiment vécues ou pas, dans un passé proche ou le présent. Peut-être que oui, que non, ou les deux, comme c'est souvent le cas avec moi.

Voilà. Je ne peux pas parler plus, car mon expérience s'arrête ici. Je n'ai jamais achever en continuité assez d'histoire pour me dire expérimentée sur le sujet d'un récit à long-terme. Excusez-moi si ce sujet est trop personnel pour vous, je sais que certains peuvent ne pas avoir envi de parler de cela, et je peux paraître trop omnibulée et lunatique sur ce point. Mais c'est une question qui m'intéresse beaucoup, et je me demande si d'autres personnes ont étudiées l'influence de leurs être sur ce qu'elles écrivent. Il se peut que je me sois écartée du sujet abordé dans ce topic : soyez libre de me le signaler et de me remettre sur le droit chemin.

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EryBlack
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Re: La confiance de l'auteur en son récit - Ou l'influence de l'individu sur l'histoire

Message par EryBlack »

Salut Arphel ! Je viens seulement de lire cette nouvelle discussion littéraire que tu ouvres. Je dois dire que je me reconnais dans beaucoup de choses que tu décris. Pour répondre à tes questions les plus précises :
Arphel a écrit : 03 juin 2022, 15:51 Mais voilà : à quel degré l'estime de soi, la confiance en ses capacités ou sa créativité, et notre rapport au monde et aux autres peut influencer un récit ?
Arphel a écrit : 03 juin 2022, 15:51 Selon vous et votre propre expérience, à quel degré de notre psychologie, notre caractère, notre confiance, et notre perfectionnisme (ect...), peut-on influençer une histoire que l'on écrit (de sa trame, aux personnages, jusqu' à l'écriture et notre perception de cette dernière) ?
Étant donné que pour écrire on puise dans la matière à notre disposition et que nous sommes la matière la plus immédiatement accessible, je pense que cette influence est du plus haut degré. En fait ça ne me paraît même pas du tout possible de ne pas influencer l'histoire qu'on écrit selon la personne qu'on est.

Mais à te lire, j'ai l'impression que la question qui t'occupe est plutôt : à quel point qui on est (et nos failles) peut constituer un obstacle dans la construction de nos récits ? Et là-dessus, il y aurait beaucoup à dire, non seulement sur l'angle de la confiance en soi comme tu en parles très bien, mais aussi sur la portée limitante de nos perceptions, de nos connaissances, qui restreint peut-être notre créativité. Je ne sais pas si je te suis bien ou si j'ai pris un virage complet sur ce que tu voulais discuter, cela dit :monocle:

En tout cas, pour se recentrer sur l'expérience que tu partages, je peux te dire que la mienne est jalonnée de petits exemples qui montrent à quel point la personne que je suis "déborde" sur mes histoires. Parfois je m'en rends compte longtemps après, parfois c'était conscient dès le début. Par exemple, dans mon histoire, j'ai deux personnages d'adultes qui, sans être un couple, incarnent les parents pour mes personnages principaux ; eh bien j'ai pris conscience récemment que je les ai bâti sur le modèle de mes propres parents, un aubergiste hyper-sociable et musicien qui esquive les sujets qui fâchent, et une shaman qui semble connaître les secrets du monde et a toujours des idées pour arranger les choses. Et je donne cet exemple parce que dans mon cas, mon estime de moi est intimement liée à ma situation familiale, donc concrètement je mets de la famille partout dans ce que j'écris et je règle mes comptes avec plus ou moins de subtilité.
Je ne sais pas si ça pourrait t'aider dans ton propre cheminement, de conscientiser l'origine de ton perfectionnisme et d'en faire une matière pour écrire. Je ne peux pas dire que ça fonctionne très bien sur moi, puisque j'écris beaucoup plus péniblement que quand je n'avais conscience de rien de tout ça. En tout cas, je ne pense pas qu'il soit possible de se gommer complètement soi-même de ce qu'on écrit ; ça nous rattrape, on s'auto-rattrape. Et c'est pas grave. "On", c'est passionnant :laughing:

Je ne sais pas si tout ce que je dis là suit la réflexion que tu avais initiée, mais je te le partage, on ne sait jamais ! Ce serait dommage de laisser ce sujet sans réponse.

Arphel
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Re: La confiance de l'auteur en son récit - Ou l'influence de l'individu sur l'histoire

Message par Arphel »

Merci beaucoup Eryblack pour ta réponse ! Je suis heureuse que ce sujet intéresse d'autres personnes ! Excuse moi de la réponse tardive, mais je n'ai pas d'alerte pour ce forum, étant donner que j'en ai déjà pour beaucoup d'autres sites.

Ton expérience est une pépite pour moi, car tu mets en lumière quelque chose que j'ai dû mal à accepter : que nous sommes notre histoire, ou du moins, qu'on existe d'une manière ou d'une autre à travers elle, en plus de s'y projeter et de songer à ce qui devrait, pourrait, serait, et autres hypothèses. N'ai aucune appréhension sur une divergence ou une potentiel sortie du sujet : ma question est vaste, car je pense qu'on aborde déjà, rien qu'à la confiance de l'auteur, un sujet psychologiquement tarabiscoté et arabesque, qui mérite au moins deux ailes. Pour conscientiser l'origine de mon perfectionnisme, c'est compliqué, car ce dernier à plusieurs ''rivières'', qui sont aujourd'hui des nappes sous-terraines. Mon syndrome de l'imposteur (source de mon estime de moi calamiteuse) lui-même est issu d'un mal-être que j'aborde à peine dans sa véritable nature (sur la pathologie et tout ça), donc je pense que c'est en avançant dans la vie que je devinerais enfin le fond des mots et de la sagesse. ''On'', comme tu le dis, est une belle chose, mais aussi terrifiante : le ''On'', c'est aussi ''Nous'', c'est aussi ''Je'', donc c'est ''Tu''. On le redoute, car il signifie tout cela, il nous impose de nous jeter dans une masse comme de nous faire notre petit ilot. La véritable guerre du récit, c'est de savoir qu'on pose un miroir devant nous, et qu'on est obligé de dessiner sur notre propre reflet aux crayons de couleur. Mais tu poses aussi que l'erreur se suit aussi d'une réparation, d'un petit pansement. Tu précise si jamais j'interprètes mal.

Pour répondre à cela, cette vision rejoint un peu la mienne, mais je pense qu'avec moi, tant que ce n'est pas conscient, je peux le supporter, voir mieux, le porter jusqu'au ''ciel'' : l'inconnu, l'inconscience, c'est peut-être l'utopie qui me fait tant écrire, l'innocence de moi-même, le fait que j'arrive à peine à savoir que, ce monde qui me semble sortit de nul part, est bien plus réel que je ne le pense. C'est peut-être aussi ce qui nous fait avancer : on ne sait pas vers quoi l'on va, alors qu'au fond de nous, tout est refoulé. Et, oui, quand je regarde certains auteurs : Tolkien s'est inspiré au moins un peu de son expérience sur le front durant la Première Guerre Mondiale, et Lewis Caroll à littéralement mis Alice Pleasance Liddel, la fillette qu'il côtoyait, au centre de son histoire. La réalité est bien plus puissante dans les romans que tout, même si on fait beaucoup dentelle et coloriage autour.

Merci pour ton commentaire ! Je suis heureuse que quelqu'un ai répondu ! ;) J'ai crû un instant que mon post c'était égaré sous les parchemins encrés de ce forum, et qu'il avait échoué au Pays des Merveilles.

Bonne plume au passage, pour tes histoires je veux dire !

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Yvaine
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Re: La confiance de l'auteur en son récit - Ou l'influence de l'individu sur l'histoire

Message par Yvaine »

Hello @Arphel ! Hello @EryBlack !
J'ai lu ce topic un peu en travers (fatigue du mardi soir oblige), mais je me suis sentie assez concernée par ce que vous y racontiez. J'ai longtemps énormément douté de moi, et à force de traverser des hauts et des bas, je me rends compte que c'est souvent quand je doute le plus en moi que j'écris soit quelque chose dont je ne suis pas fière, soit quelque chose qui sert de remontant (un roman sans cohérence, ou un poème qui me fait enfin comprendre le problème, par exemple).
Je pense donc qu'on influence énormément nos écrits, notamment par la confiance qu'on y place. Mais le fait, justement, de ressentir un syndrome de l'imposteur, peut (selon moi), et paradoxalement, s'apaiser par l'écriture, si on en fait un miroir qu'on ose regarder. L'écriture est un miroir de toi, en des façons qu'on ne pourra jamais dénombrer. Elle est un miroir du "je" que tu montres aux autres, du "je" qui ressent le syndrome de l'imposteur, du "je" inconscient qui veut s'en délivrer, d'un autre "je" inconscient qui veut juste t'aider, de tes passions, de tes doutes, de ce qui peut t'aider (car, souvent, on le sait sans s'en rendre compte. On cherche la solution au mauvais endroit.)
Faire de l'écriture un miroir qu'on ose regarder, oser mettre ses doutes sur le papier, peut aider, j'en suis convaincue. S'éloigner un peu des romans qu'on rêverait d'écrire, pour prendre un moment pour soi et écrire ce qui nous fait du bien (des poèmes qui sortent du coeur dans mon cas, de la prose sans ponctuation pour d'autres, que sais-je ?), pourrait vraiment aider à se poser, régler les doutes de base, et ensuite se lancer. Sans se questionner. Sans relire ce qui a été écrit. Juste en avançant, encore et encore.
Pour répondre à la question : oui, je suis persuadée que la confiance de l'auteur peut avoir une grande influence sur la qualité du récit (qu'elle soit réelle ou simplement ressentie). Je suis également persuadée qu'on peut très bien faire illusion, et que malgré tout, l'écriture peut t'aider.
Alors, parce que c'est peut-être la vraie question ici, écris si ça te fait du bien. Peu importe si c'est moche. Peu importe si tu te sens mal. Avance. Raconte l'histoire que tu as à raconter. Tu te trouveras peut-être en chemin.

(J'espère quand même ne pas m'être trop éloignée du sujet :'D Sinon, on imputera ça à la fatigue du mardi soir, hein ?)

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Soah
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Re: La confiance de l'auteur en son récit - Ou l'influence de l'individu sur l'histoire

Message par Soah »

Coucou à @Arphel mais aussi à @EryBlack et @Yvaine !
J'ai également survolé le topic, la fatigue n'aidant pas à la concentration, donc, je vais peut-être totalement tombé à côté de la plaque après un vol plané de grande qualité, je m'en excuse par avance !

Je me permets de reprendre les deux questions "fondamentales" du sujet, comme Ery :
Arphel a écrit : 03 juin 2022, 15:51 Mais voilà : à quel degré l'estime de soi, la confiance en ses capacités ou sa créativité, et notre rapport au monde et aux autres peut influencer un récit ?
Arphel a écrit : 03 juin 2022, 15:51 Selon vous et votre propre expérience, à quel degré de notre psychologie, notre caractère, notre confiance, et notre perfectionnisme (ect...), peut-on influençer une histoire que l'on écrit (de sa trame, aux personnages, jusqu' à l'écriture et notre perception de cette dernière) ?
Dans le premier cas, je pense que malheureusement, la confiance et l'estime en nos capacités créatives sont des choses qui transparaissent beaucoup lorsque l'on écrit. D'autant plus lorsque l'on a un syndrome de l'imposteur ou un déficit criant de confiance en soi. Pour parler d'un cas que je connais bien - le mien - je n'ai pas grande confiance dans ce que je fais et cela se voit dans ma manière d'écrire : souvent, mes BLs me disent que j'en fais "trop", que je cherche à faire des choses trop "belles" ; trop "grandioses" ou que je cherche des mots trop précis/anciens et ce, dans le but de prouver que je sais écrire, que j'ai de la culture etc. Cette chose, je l'ai identifiée mais je ne le fais pas volontairement. C'est une mécanique dont j'ai conscience mais que je vois bien après avoir terminé un texte.
Après, ne pas avoir confiance en soi ne veut pas dire que l'on ne peut pas mener à bien un récit. Il faut juste savoir lâcher prise, notamment lorsque l'on est dans une relation conflictuelle avec sa créativité/l'écriture. A mon sens, toute activité artistique - sauf quand il s'agit de l'activité principale de la personne, auquel cas, son rapport avec celle-ci change - cela doit rester une passion, cela ne doit pas faire du mal. A partir du moment où, il y a souffrance, je pense qu'il faut savoir aller contre soi-même et dire "non". Se blesser n'est pas une solution, au contraire, ça renforce les failles et les dégâts qui sont déjà faits.

Ensuite, pour la deuxième question, c'est une évidence que la somme des choses que je suis (mon expérience, mes opinions, mon vécu, mes traumatismes, les choses que j'aime... etc.) influence ce que j'écris. Je ne suis qu'une personne, pleine de failles, de faiblesses mais aussi - et comme tout le monde - pleine d'une certaine forme de beauté. Ecrire, c'est puisé en ces choses qui font de nous des personnes afin de les transmettre aux autres. Ecrire une histoire, c'est offrir un morceau de soi.
Et c'est pour cela, je pense, que certaines histoires raisonnent (et résonnent) avec quelques individus mais que nos écrits ne peuvent jamais faire l'unanimité.
Par exemple, je sais que j'ai un "gros" soucis avec les figures maternelles dans mes histoires car, malheureusement, un accident de la vie à fait que je me suis retrouvée orpheline de ma mère assez jeune. Je ne sais donc pas ce que c'est que d'avoir une mère passé à certain âge et, je me rends compte qu'involontairement, je fais subir la même chose à mes personnages principaux, d'une façon ou d'une autre. Autre exemple plus léger, j'aime beaucoup les étoiles, l'esthétique autour du jeu de tarot, tu peux être sûr.e que de près ou de loin, dans l'une de mes histoires, il y aura quelque chose en rapport, parce que ce sont des choses que j'aime, qui me font du bien et qui me parle :hug:

Tu es encore jeune et je pense que tu te sentiras peut-être (en tout cas, je l'espère) mieux, quand tu auras continué ton chemin dans la vie. Ce n'est pas évident d'être artiste, ça cause beaucoup de troubles et, personnellement, ce n'est que vers mes 29 ans - il y a deux ans donc - que j'ai trouvé un certain équilibre créatif. Courage <3

Prudence
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Re: La confiance de l'auteur en son récit - Ou l'influence de l'individu sur l'histoire

Message par Prudence »

Bonjour @Arphel !

C'est une question qui m'a aussi beaucoup intéressée et fait réfléchir, et j'ai bien aimé lire chacune de vos expériences.

A un moment, j'ai eu très peur de montrer mes écrits et très honte. J'assimilais mes écrits à ce que je suis. Et puis, en me projetant dans autre que moi, dans des personnages, en réfléchissant sur d'autres œuvres que les miennes, je me suis dit : Ces auteur.e.s que je lis, ils ne sont pas leur texte ni leur personnages, alors pourquoi serai-je les miens ?

Justement, quand j'écris, je deviens autre. Mais je reste moi. Donc forcément dans le processus d'écriture, je vais y laisser ma trace : ce que je défends, mes valeurs et principes, ma vision du monde, ce que je déteste, ce que j'aime, etc. Ce sont des détails qui nous constituent à un moment T et qu'on égrène dans notre écriture. Ces détails évoluent constamment. On évolue, on change. Devenir autre va aussi nous changer. L'écriture comme la lecture nous change. Comme notre moi passé, n'est plus vraiment nous, une histoire n'est pas nous. Elle est constituée de morceaux de nous à un instant T. Une autre partie de l'histoire est constituée d'autres personnes, de leurs histoires, connaissances, valeurs, principes, goûts qu'on a assimilées.

Si on ne s'aime pas soi-même, ce n'est pas que nous qu'on déteste. Enfin, si je reprends le concept qu'on est constitués aussi par les autres, nos interactions avec les autres, avec le monde, etc, de ce qu'on a donc assimilé. S'aimer, c'est s'aimer les autres. Aimer les autres, c'est s'aimer soi. Je parle d'aimer, parce que je pense que c'est difficile d'écrire, de créer en général, si on ne s'aime pas. Surtout si on assimile ce qu'on crée à ce que nous sommes. Donc on n'aimera pas ce qu'on crée. Donc l'écriture deviendra vite dénuée de plaisir.

Il ne faut pas perdre de vue qu'on peut changer, et qu'on change à chaque instant un peu, et que notre environnement, nos relations et notre contact au monde, nos perceptions nous façonnent. Nous sommes le filtre par lequel naissent nos histoires, et ce filtre change et peut changer.

Ça me fait penser que ce filtre, il est présent aussi à la lecture, et que pour un même texte, il existe autant de perceptions de l'histoire que de lecteurs. Car derrière chaque lecteur, il y a des myriades d'histoire qui constituent le filtre par lequel ils lisent. (je n'aime pas trop le terme de "filtre", ça me fait penser au filtre à café mais je n'ai pas trouvé meilleur terme, hum hum)

Je m'égare sans doute face à l'étendue de la question. Voilà, je pense que c'est une affaire de "filtres", c'est-à-dire, de perceptions. Et vue que ça change tout le temps, contrairement, à l'histoire qui se fige sur le papier, on pourrait venir à l'idée que l'histoire, c'est un patchwork d'instants T et de fragments d'histoire qui se chevauchent pour former un grand tout. Une myriade de petits "moi" et de petits autres parmi le temps.

Arphel
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Re: La confiance de l'auteur en son récit - Ou l'influence de l'individu sur l'histoire

Message par Arphel »

Merci pour vos réponses. <3 Je me rends compte que ça fait que trop longtemps que je n'y ai pas répondue, et le fait que vous vous confiez avec votre coeur est juste très beau, et cela représente pour moi une forme d'érudition personnelle qu'on obtient aux routes les plus étranges. Je me suis un peu détachée de l'écriture romanesque ces derniers temps, et j'ai juste écris quand je le voulais, sans juger : c'est là où je me suis rendue compte que, quelque soit l'originalité ou les redondances dans la thématique abordée, le plaisir et la passion sont ceux qui nous permettent de prendre un chemin divergeant, qui font qu'on se reconnaît, et que la confiance d'écrire pour nous, et pour éveiller les cordes endormies de notre violon intérieur, sont en réalité peut-être ce qui va nous porter le haut. Je me rends compte que la question que j'ai abordée est déjà l'emprise de tout un roman, le plus grand roman de chaque écrivains : Prudence et Soah, vous le dîtes bien, c'est le Nous qui agis, et aimer le Nous, c'est aimer aussi notre environnement, car c'est un Nous aussi. D'après ce que vous écrivez, nous sommes un livre avant d'écrire un livre, et en fait, critiquer son propre livre, c'est critiquer avant tout les livres qu'on fera. C'est assez confus, mais en vous lisant, c'est les morceaux que j'ai réussie à regrouper. Merci pour vos encouragements aussi, je vais essayer de retourner dans l'écriture en faisant table rase de mes projets, et en écrivant avec tout mon coeur et ma passion. Ce n'est rien, ce sera pas glorieux, mais je pense que le meilleur moyen de renouer, c'est de vivre le Moi, l'instant T, et pour renouer, avant de m'éventrée au sempiternel jugement, il faut que j'accepte celle que je suis sur le tas, car je serais un peu celle-là plus tard, ou toujours elle dans l'ensemble, sans l'être tout autant.

J'espère que j'ai réussie à bien résumer ce que vous avez écris !

J'espère que vos réponses aideront aussi d'autres petites plumes qui passeront par-là. Je pense que la confiance et la relation écrivain - roman est assez compliquée à gérer lorsqu'on à l'esprit recouvert de pensées plus ou moins conflictuelles ou destructrices, tellement la question est complexe. Peut-être même que d'autres viendront déposer leurs témoignage, et nous donner un petit morceau de leurs connaissances. ;)

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