PAtober - édition octobre 2023

[Hortense]

Le chemin était un cercle
Chacune marchait à son rythme, l’une d’un pas pressé, l’autre à pas comptés. Se croisaient-elles parfois ? Jamais. Car sans s’être concertées, elles allaient toutes deux dans la même direction. Une direction qui ne les menait nulle part car leur chemin était un cercle. La grande, élancée et véloce, doublait souvent la petite qui n’en avait cure. Parfois, le destin les réunissait pour un court instant et leurs ombres, alors, s’épousaient à la perfection. Condamnées à tourner sans fin sur le cadran de l’horloge du temps, elles aspiraient parfois à un autre destin.

[maanu]

5 octobre - Le chemin était un cercle

Affalé à sa table habituelle, tout au fond de la grande salle enfumée remplie de cris, de rires et d’odeurs de graillon, Pierre, une chopine de bière en main, regarde les buveurs qui vont et viennent. Apercevant l’un d’eux, il lève soudain le bras.
« Hé ! Salut ! »
L’autre, l’air mécontent, se retourne, le reconnaît et s’approche.
« Salut. »
Il a l’air lugubre.
« Viens, installe-toi. »
Le deuxième s’assoit sans dire un mot.
« Ça fait un bout, dis ! Qu’est-ce que tu deviens ? On m’a dit que tu étais parti pour un très grand voyage.
-Ouais…
-Et que tu ne comptais pas revenir.
-Ah ça non ! Ras le bol de ce patelin et de toutes ces tronches !…
-Tu n’es pas encore parti, alors ?
-Ah si ! J’ai pris mon bateau et je suis parti tout droit, toujours tout droit pour aller au bout du bout, le plus loin possible d’ici.
-Et ? T’y es arrivé ?
-Non.
-Ah. Donc tu as fait demi-tour ?
-Même pas. »
Pierre, intrigué, hausse un sourcil.
« C’est-à-dire ?
-J’ai continué droit devant. Et je suis arrivé ici.
-Sans blague ?
-J’te jure. »
Pierre prend sa pinte et l’approche de son visage, la mine songeuse.
« Alors, ça… C’est pas banal… »

[dark revenger]

Le chemin est un cercle (5/10)

Voilà, ils y étaient enfin, tout proches. Mélavt le sentait. Après toute l'info-magie, il avaient retrouvé sa trace du côté de la Forêt des Grivres, au nord de Yervine. À cet instant, ils piétinaient les feuilles craquantes et le moelleux humus des sous-bois. Chacun humait l'odeur champêtre et herbacée pour y deviner le délicat fumet de l'individu recherché.
- Tu ne trouves pas ça bizarre qu'un dragonoïde se cache dans une forêt. Ce n'est pas son habitat usuel...
- Chuttt ! le coupa-t-il dans son élan verbal. La discrétion, tu connais !! Suis-moi !!!
En effet, son frère lui avait dit un jour que quand on chassait, il fallait rester concentré et silencieux pour pouvoir surprendre la proie. Il avait oublié ce conseil, comme chaque fois, et se faisait remonter les bretelles, comme chaque fois. Devant le paysage morne de l'hiver et les troncs blêmes, l’iniquité de la neige dure et souple à la fois rendait leur progression difficilement furtive.
Plusieurs fois, il avait failli choir dans la gadoue alors que son frangin lui décochait des coups d'oeil acerbes et impitoyables. Il savait qu'il n'aurait aucune main secourable de sa part s'il venait à se gameler. Tandis qu'il était encore dans cette pensée, le bras fin et musculeux de Drakken lui barra le chemin. Il avait été à un cheveu de le percuter et le voilà qui lui montrait une chaumière, indiquant qu'il prenait par la gauche et l'arrière et que lui, par conséquent, devait prendre la droite. Ils fouillèrent les alentours et se retrouvèrent devant la porte.
- Il y a quelque chose qui ne va pas, révéla Drakken en s'éloignant et en scrutant à la ronde.
Une réflexion lui suffit pour comprendre. Autour. Le chemin était un cercle.... de fées.

[Nascana]

Jour 5 : le chemin est un cercle

Parfois, j’ai l’impression que mon chemin de vie est un cercle. J’avance. J’avance et fini par revenir à mon point de départ. Ici, dans cette ville où vit mon père.
Dix ans déjà ont passé… Et s’il était parti ?
J’ai tellement envie de le revoir. De pouvoir le rassurer. Lui dire que je vais bien et qu’il n’a pas à s’en vouloir.
Seulement, c’est impossible. Je risquerais de le mettre en danger. Pour sa sécurité, j’ai dû disparaître. Il me manque, mais je dois rester sur mes positions. J’espère juste qu’il va bien.

[Audrey Lys]

Numéro 5 : Le chemin était un cercle

[Rapiapia]

5 Octobre - Le chemin est un cercle

Après de longue discussion et de désaccord, le petit Briar avec enfin convaincu ses parents qu’il était temps pour lui de partir à l’aventure.
Avec son paquetage parfaitement préparé, il quittait son paisible village sous le regard ému de ses parents.
« Et surtout, laisse-toi guider par les signes ! » lui rappela au loin la voix grave et rauque de son père.
Plein d’entrain, il s’aventura pour la première fois dans la forêt beaucoup moins lugubre qu’il ne pensait. Certaines branches semblait être tomber à terre, laissant ainsi entrevoir un petit chemin de terre parfaitement ensoleiller. Il l’emprunta alors sans hésiter en chantonnant joyeusement.
Après une matinée de marche, il fut heureux de retrouver des pommes disséminées sur le sol, surement abandonné par des animaux déjà repus. Il en rangea quelques-unes dans son sac.
Après une légère halte, où il en profita pour manger une pomme, il arriva face à une petite falaise. Briar pensa la contourner, mais après une rapide observation, il aperçut comme des escaliers taillés dans la pierre par le temps. Surement par de précédents aventuriers.
En fin de journée il descendit la falaise par une pente douce dont Briar prit plaisir à suivre un chemin de pâquerette.
Quand le soir arriva enfin, il trouva par chance un panneau de bois indiquant une auberge non loin. Il accéléra le pas lorsqu’il entendit le hurlement d’un loup à la voix étrangement rauque.
Lorsqu’enfin il arriva, il prit quelque temps avant de réaliser que l’auberge était en fait son chez lui et que ses parents l’attendaient tout sourire devant la porte. Il constata, quelque peu contrarié, que son chemin avait été un cercle dont ils avaient été les instigateurs.

[Sorryf]

Jour 5 - le chemin etait un cercle

[Seja]

04 | Souveraine des citrouilles

La pluie commence à tomber. Ploc-ploc. Tout doucement. Ploc-ploc.

Elle rebondit sur les feuilles rouges, sur l’herbe jaunie, sur les six chaussures. Et sur les habitantes du potager. Un, deux, trois… non, il y en a trop pour compter.

Ploc-ploc. Les gouttes rebondissent sur leurs ventres oranges et rebondis. Ploc-ploc-ploc.

Sploch-sploch, les six pieds avancent sur les planches, les enfoncent dans la gadoue. Sploch. Ils s’arrêtent devant les énormes citrouilles.

Inspiration profonde, expiration satisfaite. La récolte de cette année sera belle.

05 | Le chemin était un cercle

La pluie est passée, mais la bruine est là. Elle se colle partout-partout. Sur les arbres, sur le chemin, sur les cailloux. Elle se colle et elle camoufle tout.

Elle met un pied prudent sur le chemin. Elle enchaine avec les cinq autres.

Le chemin. Oui, il est bien là. Il… enfin, ça ressemble à un chemin. Celui qu’elle suivait quand elle est rentrée dans cette forêt. Il ressemble, mais peut-être pas.

Pas du tout, en fait. Ce qu’il y a sous ses pieds, c’est la bruine. Des petits morceaux de bruine.

Elle s’arrête, regarde autour d’elle. Rien. Rien à part le silence. Elle a l’impression de tourner en rond.

[Raza]

5 octobre – le chemin était un cercle

Une salle. Une autre. Encore une autre. Il poussait toujours plus loin, marmonnant l’énigme qu’on lui avait donné pour sortir. « Le chemin était un cercle », « le chemin était un cercle ». Mais quoi ! Ici, les salles étaient carrées, et les couloirs biscornus. Les murs d’acier peints en blanc, boulonnés à l’envie le narguaient. Il sortirait, oui. Il sortirait, mais quand ? Et où était donc ce cercle ?
Il s’arrêta un instant. Il avait déjà essayé de tourner en rond parmi les salles, sans succès. Peut-être un cercle se trouvait dans l’une d’elles ? Pourtant, il ne se rappelait pas en avoir vu un. Il devrait essayer de trouver un passage secret. Un mécanisme quelconque, qui, une fois activé, le libérerait. Autant commencer ici, et commencer par le sol. Méthodiquement, il testa chaque mètre carré avec un saut, puis une caresse, l’oreille collée au carrelage. Rien. Rien. Encore rien.
Les heures passaient, son esprit commençait à lâcher. Un cercle ? Un cercle… Le chemin… Et soudain, il comprit. Les pièces s’assemblèrent, ses errances prirent corps, la solution prit corps. Sa fulgurance le fit éclater de rire. Mais bien sûr ! Le chemin, était un cercle ! Et il sortit.

[Herbe Rouge]

05/10/2023 : Le chemin était un cercle

Dans cette vie, tous les chemins doivent mener quelque part. On va de l’avant, le plus souvent. Ou parfois on recule pour mieux sauter. Dans tous les cas, sur ces chemins, si on n’avance pas, on nous pousse. Rester statique, ce n’est pas possible. Marche ou crève. Et lorsqu’on s’écroule, c’est alors pour de bon, et notre chemin s’arrête là.
Mais mon chemin à moi, il n’est pas comme ça. Ce chemin que j’ai tracé dans le plus grand des secrets, jamais tu ne le remarqueras, il n’est pas fait pour ça. Ce chemin, mon chemin secret, il n’a ni destination, ni objectif. Il paraît que je ne tourne pas rond, et bien mon chemin, lui, le fait. Il tourne en rond, actif même sans objectif. Mon chemin est un cercle, un cercle privé, et je m’y sens bien.