C'est quoi, un thread ? (Désolée, je ne parle pas franglais !
)
Ces critères sont extrêmement réducteurs, mais @Seja en a donné l'explication.
À prendre en compte peut-être que ce ne sont pas des conseils généraux valables partout, mais davantage pour la maison d'édition où il bosse. Maison numérique sur appli qui publie des histoires en épisodes. Donc forcément, il faut mettre le paquet sur la manière de capter l'attention du lecteur qui a tendance à très vite zapper.
Avec de tels critères, je ne pense pas qu'on aurait édité Balzac, Proust, Flaubert... et tant d'autres grands écrivains. Bien sûr, nous ne nous comparons pas à eux.
Toutefois, ne vous précipitez pas pour changer votre texte parce qu'il ne colle pas à ces critères. Je ne vise personne.
Malgré tout, j'ai envie de me faire l'avocat du diable, parce que si je suis d'accord avec ce monsieur sur certains points, il y en a d'autres qui ne sont pas forcément applicables aux genres littéraires autres que celui que sa maison publie.
— La météo : elle peut aider à créer une ambiance, elle peut être en accord avec les émotions des personnages et les renforcer ou, au contraire, sembler les narguer. Alors pourquoi devrait-on s'en priver ?
— Le démarrage de la voiture : une Ferrari ne démarre pas de la même manière qu'une 2CV. Le choix de la voiture en dit long sur le personnage, de même que sa manière de conduire, qui peut aller de pépère à agressive, en passant par toutes les nuances intermédiaires.
Alors quand je lis un manuscrit, si je ne comprends pas très vite ce dont a besoin le personnage, ce qu'il désire et quelles sont ses faiblesses, je perds très vite tout intérêt. C'est comme regarder un inconnu marcher dans la rue.
Sérieusement ? Il faudrait que ce soit dit dès la première page ? Si on n'a pas la patience de faire connaissance avec les personnages, est-ce vraiment raisonnable de lire un roman ? Si le personnage a un minimum de complexité, donc s'il est intéressant, il gagnera à être d'abord mystérieux. C'est justement parce qu'on a envie de savoir qui il est, ce qu'il veut et où ça va le mener qu'on lit la suite, non ?
Vous avez des images dans la tête, mais un livre s'écrit deux fois : une fois sur le clavier de son auteur, une fois dans la tête de son lecteur. Si vous vous substituez en permanence à l'imaginaire du lecteur, vous divisez l'impact par deux.
On reproche à l'auteur de se substituer à l'imaginaire du lecteur ? C'est le monde à l'envers : c'est quand même l'auteur qui invente l'histoire, l'univers et les personnages, jusqu'à preuve du contraire. Je trouve que le lecteur qui exige que l'auteur se limite dans ce qu'il imagine et ce qu'il exprime pour pouvoir réinventer son histoire et ses personnages à sa guise « lui chie carrément à la tronche », comme dirait ce monsieur.
Donc assez de : « il rangea son téléphone portable de marque Samsung acheté en 2008 dans la poche de sa parka orange aux manches légèrement élimées et haussa imperceptiblement les épaules en frémissant des narines ». ON S'EN FOUT. IL RANGE SON PORTABLE, POINT.
C'est vrai que cet exemple est un peu extrême : le haussement d'épaules imperceptible et le frémissement de narines semblent déconnectés du reste, sans signification, donc gratuits.
Quant au téléphone, ancien ou dernier cri, bon marché ou cher, il donne des renseignements sur son propriétaire.
La parka aussi peut être significative : tout le monde ne porte pas une parka orange, et le fait qu'elle soit élimée ou apparemment neuve donne aussi des indications sur le personnage.
Donc les phrases en majuscules sont, à mon sens, à relativiser.
Ou alors allez vous acheter une caméra et changez de carrière : devenez cinéaste.
J'ai envie de paraphraser cette remarque en disant : si vous n'avez pas la patience de lire une description qui va vous permettre de visualiser les personnages et le cadre du roman, ou une explication qui peut être déterminante pour la compréhension de l'histoire, ne lisez pas, regardez des séries ou des films.
Aujourd'hui, tout le monde est pressé ; on n'a plus de patience, on veut tout tout de suite, on ne veut plus prendre le temps de faire les choses.
Lire, n'est-ce pas aussi se promener dans l'univers d'un auteur, s'en imprégner, contempler les paysages, faire connaissance avec ses personnages en prenant le temps de les regarder, de les observer ? Un clignement de l’œil ou une ondulation de la rotule ne sont-ils pas des caractéristiques des personnages, ces petits rien qui les rendent plus réels, qui leur permettent de s'incarner ?
À force de formater les écrits, de rejeter les longues phrases, les adjectifs ou les adverbes, les descriptions ou les explications, ne risque-t-on pas d'ôter toute poésie, toute beauté aux histoires qu'on veut lire ? On n'écrit pas un roman comme on écrit un article de journal ; en privant les écrits de leur aspect artistique, on va finir par tuer la littérature.
Ce discours est volontairement un peu excessif et provocateur. Respirez bien avant d'éventuellement vous indigner...
Voilà. Si vous avez eu la patience de lire mon plaidoyer, vous pouvez reprendre une activité normale.