La réécriture : ce qui la rend pénible, ce qui la rend plaisante

[Rachael]

Il y a une citation que j'aime beaucoup sur la réécriture, même si je ne partage pas totalement le point de vue sur la pénibilité (moi j'aime plutôt cette phase, en fait) :

Rewriting [is] very painful. You know it’s finished when you can’t do anything more to it, though it’s never exactly the way you want it… The hardest thing in the world is simplicity. And the most fearful thing, too. You have to strip yourself of all your disguises, some of which you didn’t know you had. You want to write a sentence as clean as a bone. That is the goal.

Je traduis (au mieux...):

La réécriture est très pénible. Vous savez que c'est fini quand vous ne pouvez rien faire de plus au texte, même s'il n'est jamais exactement comme vous le voudriez... La chose la plus dure au monde est la simplicité. Et la plus effrayante aussi. Vous devez vous défaire de tous vos déguisements, même ceux que vous ignoriez posséder. Vous voulez écrire une phrase aussi propre qu'un os. C'est le but.

James Baldwin.
(et si vous voulez d'autres citations de lui tout aussi inspirantes sur l'écriture : ici)

[DylanLuka]

J'ai lu vos messages en diagonale et j'ai l'impression que la grande majorité parlent d'un certain type de réécriture, similaire à ce que j'avais fait pour mon dernier roman, et que, faute de trouver le bon terme, j'appelais "grosse correction" ou "remaniement." Ou peut-être que je me trompe ? Est-ce que vous réécrivez toute l'histoire à partir de 0 ? Car c'est ce que je me prépare à faire, en réalité.
Cela fait plusieurs mois que je prépare la réécriture de mon tout premier roman, que j'avais écrit en 2015/2016. J'avais 16 ans maximum, à l'époque, et autant vous dire que lorsque j'ai dû relire l'intégralité de la chose, bah c'était dur. Surtout que ça faisait plus de 140.000 mots et que y'avait plein de phrases pour le moins mal foutues et de passages inutiles.

Mais du coup, je m'en suis servi comme base, en notant certaines scènes ou dialogues que je voulais garder, pour allonger l'histoire, construire un tout nouveau plan en détail, modifier mes personnages, leur ajouter du caractère, etc. (et c'était super fun !) et je vais débuter l'écriture ce NaNo un peu comme si je débutais un tout nouveau roman, alors que je sais que ce n'est pas le cas ! C'est vraiment une réécriture poussée à son extrême. Et du coup, en ce qui me concerne, à part la relecture et le tri, ça n'était pas si différent que le développement d'un nouveau projet.

Et ça, c'est totalement différent de la "réécriture" d'un roman récent, où oui, on va peut-être réécrire certaines scènes, en déplacer, en supprimer, mais je vois ça surtout comme de la correction -- orthographique, oui, mais aussi scénaristique, etc. Et c'est vrai que c'est assez chiant, mais lorsque j'avais fini la mienne en début d'année (ou en tout cas, lorsque j'avais changé ce que je voulais changé), j'éprouvais une certaine satisfaction en comparant la nouvelle version à l'ancienne. Je savais que ce n'était pas parfait, mais c'était mieux, et c'est le principal.

Après, on a peut-être tous une vision différente de ce que c'est l'écriture.

[EryBlack]

Oh un topic ressuscité Ça fait plaisir de lire que la réécriture déchaîne encore les passions

Je crois qu'on s'était déjà un peu questionné sur les différents types de réécriture. Il y a clairement des degrés de profondeur, entre la simple correction et le remaniement complet. J'aime bien ta métaphore architecturale pour illustrer ça, @Rachael

@Pluma Atramenta Pour répondre à ta question sur la méthodologie de la réécriture, je crois que le topic dans son entier illustre bien que notre façon de réécrire dépend de notre façon d'écrire. Si tu es comme itchane (et d'autres ^^) du genre à bichonner ton premier jet, sans doute que tu n'auras pas besoin d'y passer trop de temps. Si tu es comme moi (et d'autres encore !) du genre à poser les mots en se disant qu'on verra plus tard si ça tient, ça prend plus de temps.
Tes étapes me paraissent cohérentes. La seule inquiétude que j'ai c'est pour cette histoire de tout recopier dans un carnet : je sais pas combien de commentaires tu as reçus, mais je crains que ça te prenne très très longtemps. À ta place, je ferais plutôt un fichier sur ordi pour profiter du copier-coller. Ou même, je me contenterai de faire une synthèse des remarques de fond (les miennes + les commentaires), je réécrirai en fonction de ça et, à chaque chapitre réécrit, j'irais vérifier dans les commentaires si on m'avait fait des remarques de forme que je peux encore améliorer.
Pour le dire plus simplement : séparer le fond et la forme pour se relier et retravailler. À trop se focaliser sur l'un, on délaisse l'autre (notre cerveau n'aime pas faire plusieurs choses en même temps. C'est pour ça qu'on conseille aux élèves de se relire en vérifiant les accords sujet-verbe PUIS nom-adjectif etc., pas tout en même temps).
(bon après les carnets c'est génial, et j'en utilise aussi, mais ce que je te déconseille c'est de noter un à un les retours qu'on t'a faits (ou alors j'ai mal compris ce que tu voulais faire ?), plutôt de synthétiser)
Autre conseil : relis-toi à voix haute ! Déjà, c'est savoureux. Moi j'adore ça, j'ai l'impression que j'ai écrit un truc fouuu, plein de belles sonorités ! Et quand c'est pas beau c'est qu'il faut reprendre Là encore, ça dépend de ta façon d'écrire et de tes exigences. Mais la relecture à voix haute oblige à aller lentement, donc permet de repérer des coquilles un peu planquées et des répétitions ; et tu te rends tout de suite compte si un passage est trop long, ennuyeux ou pas assez fluide telle cette phrase qui semble ne jamais vouloir finir OUF c'est fini.
Bonus : le lire à voix haute avec d'autres Plumes Ça a changé ma vie, si si.

Pour le reste, je dirais que je crois infiniment plus aux tâtonnements personnels qu'aux planifications. Donc si pendant ton étape 1, tu ressens le besoin urgent de te jeter sur cette petite phrase qui traîne pour déjà lui refaire une beauté, ne te réfrène pas, ce serait dommage. Réécrire ne doit pas briser la spontanéité, au contraire il faut pouvoir repasser sur des choses déjà créées sans leur ôter le goût de la nouveauté !

Bon et puis, bonne réécriture tout le monde, semble-t-il
Moi aussi je suis en plein dedans. Mais c'est la der-nière-fois, on ne m'y reprendra plus (pas sur ce bouquin). Je m'oblige à être impitoyable, et jusqu'ici c'est très satisfaisant quoiqu'interminable.