L'Histoire dans l'histoire

[Zoju]

Après avoir cherché dans les différents sujets du forum, je n’ai pas trouvé de section sur l’Histoire dans la littérature. J’espère ne pas faire de doublon.

L’Histoire est quelque chose qui me passionne, mais je dois l’avouer à côté d’ouvrage historique, j’ai dû mal à me plonger dans des romans ayant pour thème un contexte historique précis. La seule période qui ne me dérange pas est la Seconde Guerre mondiale, peut-être est-ce parce que c’est encore proche de nous, qu’il existe encore des personnes pour en témoigner ? Et pourtant, c’est à travers les romans que mon intérêt s’est réveillé.

J’aimerais beaucoup savoir comment vous abordez l’Histoire que ce soit à travers des histoires que vous écrivez ou dans la littérature que vous lisez. Comment abordez-vous l’Histoire dans vos récits ? Quels sont vos choix ? Comment faites-vous vos recherches ?

Il arrive également que l’on utilise un contexte historique précis pour faire évoluer une intrigue fantastique. On part d’un mystère non résolu pour donner sa propre interprétation (Ex : Jack l’Éventreur). L’Histoire représente une source d’inspiration inépuisable que ce soit avec ses évènements, ses peuples, sa culture. Face à cette richesse, on peut facilement se perdre. Et vous, quel est votre point de vue sur l’Histoire dans la littérature ?

[Xanne]

Salut @Zoju,

comme toi, j'aime beaucoup l'Histoire, c'était l'une de mes matières préférées au lycée. Les évènements historiques sont une source d'inspiration incroyable pour mes propres récits. Pour mon roman "L'équation du remède X", je dévore les biographies des mathématiciens et autres savants pour trouver des éléments qui peuvent enrichir mon univers. Je regarde aussi pas mal de films qui reprennent des épisodes de la Première Guerre Mondiale (1917 quand tu nous tiens...) et de la deuxième Guerre Mondiale. J'ai également une fascination pour l'Allemagne et la Guerre Froide.

Côté lecture, je te recommande vivement les livres de Ken Follet, notamment sa trilogie "Le siècle" qui comporte "La chute des Géants", "L'Hiver du Monde" et "Aux portes de l'Éternité". L'auteur retrace toute l'Histoire du XXe siècle en suivant les personnages historiques via la narration de plusieurs personnages de fiction. J'ai adoré cette trilogie, mais je te préviens, ce sont des gros pavés.
Il en a écrit plein d'autres (et il en écrit toujours!). Apparemment "Les Piliers de la Terre" est son meilleur bouquin, mais je ne l'ai pas encore lu.

[Zoju]

Salut @Xanne,

Je n'ai jamais lu Ken Follet, mais beaucoup de personnes m'ont dit du bien dessus. Il va bien falloir que je m'y mette un jour

C'est intéressant ce que tu dis sur les biographies que tu lis, puisque connaissant ton histoire, tu t'inspires d'éléments historiques pour donner vie à de nouveaux personnages.

[Altin]

ooooooooh ce sujet ! *smiley étoiles dans les yeux*

J'ai toujours adoré les romans et récits historiques. Ce furent mes premières lectures (Le Messager d'Athènes si mes souvenirs sont bons), qui m'accompagnèrent tout au long de ma vie d'élève, collégien (Quo Vadis, L'Illyade et l'Odyssée qui m'ont amené à la fantasy, et tant d'autres...), lycéen (Les Rois Maudits...), étudiant et adulte. Je trouve que la fiction apporte à l'Histoire une distance qui permet de mieux s'y plonger. Cela dit, j'ai par ailleurs dévoré des œuvres plus documentaires !

En plus de Ken Follet, dont je n'ai d'ailleurs lu que Les Pilliers de la Terre - un tort que je tâcherai de réparer, sans doute, un jour...- je recommande chaudement tous les livres de Jean-Philippe Jaworski (là encore, j'ai du retard à rattraper, bref.). C'est je crois un exemple de ce qui peut exister à la frontière bien ténue entre roman historique et fantasy. D'abord auteur de jeux de rôle dans chacun des deux genres (Seigneur des Anneaux et guerres de religion), il a publié un recueil de nouvelles (Janua Vera) prenant place dans un monde fantastique mais dont le côté magique n'apparaît que dans certains récits, alors que d'autres rentrent complètement dans le genre historique. Les descriptions sont incroyablement précises, le vocabulaire rigoureux et le texte très travaillé, on s'immerge complètement dans l'ambiance des guerres d'Italie entre le Moyen-Âge incarné par un royaume vieux, puissant mais en déclin, et la Renaissance italienne d'une cité-état ressemblant très fortement à la Venise des doges. L'une des nouvelles s'est développée en roman, Gagner la Guerre, dans lequel un assassin mercenaire sans vergogne va nous donner un aperçu de ce que l'humain peut faire de pire...

Si un jour je me mets à l'écriture historique, je m'inspirerai largement de ces deux auteurs qui, dans des styles bien différents, parviennent à retranscrire les époques qu'ils évoquent dans leur entièreté, avec leurs grandeurs, et aussi leurs laideurs qu'on a parfois tendance à cacher sous le tapis.

Dernier point essentiel à mes yeux: dans un style très différent, et parce que la réalité dépasse en horreur toutes les fictions, les deux textes les plus terribles que j'aie jamais lus sont aussi des récits historiques, quoiqu'autobiographiques et non romancés (mais on est encore dans le thème):
- À l'Ouest, rien de nouveau, d'Erich Maria Remarque, dont un extrait figurait dans mon manuel de 3e et que j'ai lu au lycée, puis relu cet été. Plus que la violence de la mort à la guerre, c'est celle de la guerre elle-même sur les soldats qui glace le sang, un siècle après.
- Si c'est un homme, de Primo Levi, et plus particulièrement son poème introductif, que je vous demande de lire (oui, je vous le demande) si vous ne craignez pas d'être frappés par la violence de l'Histoire et la nécessité inextinguible du devoir de mémoire. C'est de très loin le texte le plus bouleversant que j'aie pu lire, et il me hante à chaque relecture.

[Sissi84]

J’ai une grande passion pour les romans historiques, je crois bien que ça a commencé en lisant "Ivanhoé" de Walter Scott et "Quo vadis" de Henryk Sienkiewicz et plus tard j’ai eu un coup de foudre pour "les mémoires d’Hadrien" de Marguerite Yourcenar,"les Piliers de la Terre" de Ken Follett, "Salammbô" de Gustave Flaubert et bien évidemment "le nom de la rose" d’Umberto Eco que j’ai dû lire trois fois, il me semble.
Bon, je ne vais pas faire toute la liste de tout ce que j’ai aimé, parce que j’ai une certaine nostalgie envers le passé lointain, mais je trouve que c’est un genre extrêmement riche qui se décline aussi en sous-genres, comme les policiers les thrillers ou pour ceux qui aiment, il y a les romances historiques. Moi je n’aime pas trop mais j’ai adoré "les yeux de Sophie" de Jojo Moyes qui est structuré en deux parties, avec une double ligne du temps et qui suit les destins parallèles de Sophie, une jeune Française dont le mari est au front pendant la Première Guerre mondiale, et Liv, une Londonienne traumatisée par la mort inattendue de son mari dans les années 2000. J’adore ce genre de construction.
Bon, vous l’aurez compris, je suis une grande fan

Cependant je n'en écrirai jamais car je ne suis pas historienne. D'ailleurs dans un de mes romans, mon héroïne est historienne et à la fin du livre, elle souhaite écrire une saga sur sa famille. J'ai déjà pensé à l'écrire, mais si ça doit se faire un jour, ce sera en duo, bien évidemment.

[Zoju]

@Altin Je te rejoins complètement en ce qui concerne Si c'est un homme de Primo Levi. C'est un ouvrage qui m'a marqué. J'ignore si tu connais, mais il a également écrit La Trêve où il raconte son retour en Italie. Ces ouvrages sont des témoignages inestimable pour se souvenir surtout dans une période où l'on oublie vite son passé. En tout cas, merci pour tes recommandations, il y en a quelques unes qui m'ont intriguée ! Personnellement, la dernière série que j'ai lu ayant un contexte historique est Lady Helen de Alison Goodman qui dans ses notes fait état de sa recherche.

@Sissi84 Ta dernière remarque relève un point que je ne cesse de me poser. Faut-il être historien pour écrire de l'histoire ? Faisant des études d'histoire, c'est un sujet qui revient fréquemment lors de mes cours. (s'il y a des historiens parmi les plumes, j'aimerais beaucoup avoir votre avis là-dessus.)Honnêtement pour avoir lu de nombreux ouvrages historiques, je peux t'assurer que nombreux d'entre eux bien que très intéressant ne sont pas forcément des plus agréables à lire. Faut-il nécessairement être historien pour faire de l'histoire ? Personnellement, je pense que non, même si comme pour les médecins avec la santé, les architectes avec les bâtiments, il existe une sorte de légitimité. Un roman historique est avant tout une fiction qui même s'il raconte la vie d'un personnage historique sera forcément romancée. Il ne faut pas négliger la recherche pour planter un décor réaliste, mais il faut prendre plaisir à sa lecture. En tout cas, ton projet me semble très intéressant. Courage !

[Napalm Dave]

Je suis historien de formation avec une spécialité (master histoire romaine), mais je peux vous garantir que presque 20 ans après l'obtention de mon diplôme, je suis toujours obligé de faire des recherches pour ne pas commettre de grosses coquilles dans le récit.
Il est vrai que j'aime mettre en scène des récits fantastiques à travers les différentes périodes périodes.
vous avez parlé de Folett, il raconte avec réalisme le vrai Moyen-âge, le fonctionnement d'une ville, les métiers etc. Mais il a créé son propre prieuré de Kingsbridge pour ne pas se heurter aux inévitables couacs, inexactitudes, ou découvertes récentes qui pourraient remettre en question la cohérence de son récit et de son univers.

Pour le coup, je me centre sur un contexte particulier: une ville une communauté, quelques personnages que j'essaie de rendre les plus pertinents possible, en limitant la prise de risque niveau incohérences et anachronisme. ça me permet d'aller plus dans le détail et l'ambiance comme lorsque j'écrivais des scénarios de jeu de rôle.

[Sissi84]

Ta dernière remarque relève un point que je ne cesse de me poser. Faut-il être historien pour écrire de l'histoire ?

Pas forcément puisque dans les ouvrages cités il n'y a pas que des historien.nes.

Maintenant, dans la catégorie d’historien.nes-écrivain.nes, on a de tout. Aux deux extrêmes je pourrai citer « La chambre des dames » de Jeanne Bourin, qui pour moi est totalement sublime et Christian Jacq qui avec ses romans sur l’Égypte - que certains ont comparé à Dallas ou Dynastie - m’ont bien plu quand même. Sans oublier que c’est un bon historien qui a publié des essais sur les symboles liés aux cathédrales, à la franc-maçonnerie, et des guides des sites comme Louxor.

[The Pighead]

Perso, j'avoue que même si l'Histoire est quelque chose de passionnant, je suis pas le genre de personne qui en fait une part prédominante de ses récits.

Je suis plus du genre à mettre des références à l'Histoire (surtout à tout ce qui concerne la culture populaire) par-ci par-là, histoire de situer l'époque et le contexte (et de parfois faire des blagues, ça aide aussi). Je trouve ça cool, c'est drôle à faire !