Ecrire une scène difficile

[Flammy]

@elia a dit dans [Ecrire une scène difficile](/post/2964) :
> @flammy tu me donnes bien envie de découvrir tes écrits mouhaha
> La description sensorielle est un élément que je note. C'est évident mais le fait d'utiliser d'autres sens rend une scène encore plus glaçante !

J'aurai pas cru attirer des lecteurs avec ce message xD

Mais je trouve que pour ce genre de scène, le son est potentiellement très important, surtout que ça peut rythmer ton écriture, du coup c'est pas mal ^^ Mais le toucher ou l'odeur peuvent aussi jouer pas mal je pense.

[Gueule-de-Loup]

@Elia Je crois que pour du 16-18 ans, je me forcerai à écrire des scènes de sexe plus ou moins détaillé. Ils sont pile dans la tranche d'âge où la majorité des humains commencent à tenter des trucs et la plupart d'entre eux ont surtout une expérience du porno qui ne représentent pas bien ce que peut être le sexe en réalité. De mon point de vue c'est un atout de leur proposer du sexe un peu moins parfait et nettement plus romantique . Mais en tant qu'écrivain, on fait ce qu'on veut avec nos livres donc c'est à toi de voir.
Et ce sera un très grand plaisir que de te croiser sur VN .

[Elia]

@gueule-de-loup merci beaucoup !

[Roxane]

En tant que lectrice, moi je me pose avant tout la question de la necessité d'une scène. Que ce soit de la torture, du sexe ou autre, ce qui va le plus m'ennuyer c'est si ça sonne faux parce que le detail n'etait pas necessaire.
Des fois, une porte qui se referme sur une chambre d'amants, une salle de torture, ou juste le bip de électrocardiogramme de quelqu'un vaut milles descriptions.
C'est une question de sincérité selon moi, peut importe l'âge du lectorat.

[Eresia]

Un sujet aussi intéressant que les réponses !

Personnellement, je suis beaucoup dans la suggestion. J'aime beaucoup dire les choses sans les nommer, je trouve que le message passe mieux. Après, c'est pareil, ça dépends des scènes.
Je sais que j'ai tendance à me fixer sur les ressentis, parce que ben, je suis incapable de faire autrement en fait. J'aime l'idée que le lecteur tremble avec mon personnage et puisse compatir de ce que je lui inflige.

Pour ce qui est des scènes de sexe, ça dépends vraiment de ce que je veux faire passer. Après, je ne serais jamais plus aussi crue que j'ai pu l'être dans mes fanfic (et j'ai jamais utilisé turgescent), je m'attarde moins sur les descriptions que sur les "enjeux" des personnages à ce moment là.
Pour les scènes de viol, je pense à une en particulier là, que j'ai décrite, parce que je trouvais intéressant de voir le déroulement du ressentit, mais je vais l?ellipser finalement, parce que je me suis rendue compte que c'était trop. Enfin, moi ça m'a apporté quelque chose, mais je pense que ça peut se révéler trop difficile pour des lecteurs, du coup, je vais me censurer.
Pour la torture, je ne sais pas trop comment je vais l'aborder encore. Je sais que là, mon premier jet est mauvais, donc je vais voir comment rattraper ça. Et pour les morts, pareil, je suis dans le ressentit aussi, j'ai presque éclipsé l'évènement au profit de la réaction de mon personnage.
En fait, je crois que ma fascination pour l'esprit humain ressort vachement quand j'écris, et que j'ai tendance à détailler ce qui peut se passer dans leur crâne et l'évolution de leurs pensée. Du coup j'ai pas vraiment de tabou : j'ai écris un chapitre super difficile de souvenirs de pédophilie du point de vue de la victime, et s'il est affreux, j'ai trouvé ça intéressant (mais c'est un chapitre que je vais retirer du coup, parce que j'ai conscience que c'est trop).

[Eilish]

Mais pourquoi tant de torture ?
Mes personnages, je leur donne juste un état grippal. Même pas la *grippe*.

[Eresia]

Bonne question ! Pour ma part, c'est la prophétie, donc l'histoire qui veut ça, mais j'avoue, j'ai tendance à ne pas être tendre avec mes personnages. Je pense que c'est un exutoire pour moi. Mais j'ai bon espoir d'arriver à en traiter bien une fois que j'aurais fini cette histoire !

[Isapass]

@Eilish excellent la fille qui materne ses persos

@Elia aussi surprenant que cela puisse paraître vu mon public, je trouve cette discussion très intéressante. Mais je suis surprise par la façon de l'aborder : que faut-il faire ou pas faire ?
Je plussoie @Roxane : je pense qu'il faut traiter le truc selon la nécessité. Aussi bien sur de la violence, que du sexe, que la mort.
Quel est ton but ? Si tu dois raconter un viol pour expliquer la personnalité, les phobies, l'état d'esprit de ton perso, je ne crois pas qu'une description factuelle soit intéressante. C'est le ressenti qui sera important. Savoir ce que ça lui a fait sur le moment et après. Et des métaphores peuvent alors être bien plus explicites. Dans le conte que j'ai envoyé au concours des arts et lettres : j'ai écrit pour raconter une scène pédophile : "Parfois ils arrêtaient sa ronde et, dévorés d?envie, ils la dévoraient, elle ; ils la broyaient, la mâchaient sous leurs grands corps de monstres. Puis ils la recrachaient vers sa prison humide." Je pense que tout le monde comprend... (enfin, tout le monde à partir de 13-14 ans)
En revanche, si tu décris un viol pour montrer, par exemple, l'atmosphère de violence dans une ville, là, il faudra surement être plus crue et factuelle. Pour transmettre le sentiment d'insécurité et parce que ce n'est pas vu du point de vue d'un personnage en particulier.
Le pire, comme plusieurs plumes l'ont dit, c'est que les choses soient gratuites.
Enfin, comme le disent @Gueule-de-Loup et @Eresia, il faut mesurer ce que tu veux faire à ton lecteur. Si tu veux lui épargner des choses ou au contraire, provoquer une réaction hyper forte.
J'ai été traumatisée (j'en ai réellement cauchemarder des années) par la scène du viol dans les Noces Barbares de Queffélec. Elle est hyper crue et factuelle, et elle dure plusieurs pages. Je pense que le roman ne m'aurait pas autant marqué si cette scène n'avait pas été écrite comme ça, et ce n'est pas gratuit : c'est pour expliquer le rejet de la mère pour l'enfant qui en a résulté.
Mais est-ce que tu veux que tes lecteurs se souviennent de ton histoire parce qu'elle leur donne encore envie de vomir des années après ? C'est une question à se poser, je pense.
Pardon pour ce ton très docte... quand je crois en ce que je dis, je mets les tripes sur la table, hein !
@Gueule-de-Loup tu me fais mourir de rire avec ton "turgescent" (Harlequin, champion de l'amour...)

[Nëthy]

Oh, encore un topic sympa ! Pour ce que est des scènes de mort et de torture, c'est officiel, je suis sadique. J'ai envie de faire souffrir mes personnages (et mes lecteurs 8D), que ce soit parce qu'un personnage auquel on s'était attaché meurt tragiquement, ou parce qu'un autre est torturé de fort cruelle façon par son némésis. J'ai déjà envisagé d'écrire ces scènes, mais vu que je n'ai pas encore d'histoire elles sont en projet dans ma tête.
Pour ce qui est du viol, je suis moins sûr. J'ai un personnage féminin basé sur le rape&revenge, quoi que ce ne soit pas son moteur principal, ça risque de prendre pas mal de place dans son caractère et ses motivations. J'ai déjà imaginé un truc hyper glauque à base de captivité et de viol à répétition, mais aucune idée de comment je l'écrirais. J'imagine bien une ellipse lors du moment fatidique, puis des fragments de scènes disséminés dans des cauchemars. Juste assez de détails pour que le lecteur comprenne, plusieurs chapitres plus tard, ce qui s'est vraiment passé. Enfin, là encore, c'est juste une ébauche d'idée pour l'instant.
Quand au sexe, je n'en ai absolument aucune idée. D'un côté c'est quelque chose que je considère comme tout à fait sain et naturel, et un élément important de la vie des gens, donc ça me paraît normal d'en mettre dans un roman. D'un autre côté, c'est quelque chose d'assez intime, donc je ne suis pas certain de décrire la scène dans ses moindres détails, quitte à laisser mes personnages entre eux, en fermant la porte et en laissant assez d'explications au lecteur pour qu'il n'ait pas de doute sur ce qui se passe.

[Elia]

Merci de tous vos conseils, j'espère n'oublier personne dans ma réponse.
@Isapass : merci, ton avis m'éclaire beaucoup. Mon objectif est précis, je veux me concentrer sur les ressentis des personnages. Le bourreau commet ce viol et les autres tortures sciemment (disons qu'il a conscience de ses actes, il sait très bien que ce qu'il fait est mal et il y prend du plaisir), pour briser sa victime. Je pense, au vu de vos retours et de mon ressenti, faire des descriptions légères, mais me concentrer aussi sur les métaphores. ça me semble très pertinent. En tout cas, ton avis m'a été très utile
@Eresia : une sadique, j'approuve ! Trêve de plaisanterie, je crois que je vais avoir tendance à suivre le même chemin que toi. Après pour l'autocensure, je pense qu'elle doit avoir lieu seulement si elle a un côté gratuit. Tes scènes apportent peut-être quelque chose à ton histoire ? Après, tu peux aussi garder ces chapitres et proposer une version plus soft, pourquoi pas ?
@Roxane : je suis d'accord et c'est une question que je n'arrête pas de me poser !